Nuhé, chaumière indienne au cœur de la Tête d'Or
Construction d'une maison du dialogue, ou "Nuhé", à la manière des indiens Kogis (Colombie). Eric Julien (association Tchendukua). Collaboration potentielle : l'association Oïkos, la FRAPNA, les Compagnons, l'Amicale du Nid, l'association Unis-cité, COSI, les Scouts et guides de France
Montée de la nuée
envoyé par chris78830
S'il y a bien une chose à laquelle Eric Julien tient comme à la prunelle de ses yeux, c'est bien à la survie des indiens Kogis. Il y a quelques années, cette tribu vieille de 3000 ans sauve le géographe français d'un œdème pulmonaire lors d'un voyage en Colombie. Depuis, il œuvre pour sa sauvegarde en achetant pour ses membres des hectares de terre avec son association, Tchendukua. Pour sensibiliser les promeneurs au sort réservé à ces indiens de Colombie, il dirige jusqu'à ce mercredi au parc de la Tête d'Or les travaux d'une réplique de la Nuhé, lieu symbolique de la vie des Kogis.
Les Kogis entretiennent un rapport quasi-filial à la terre et se soignent par les plantes. Leur philosophie est simple : « chercher à dominer l'autre, c'est se détruire sois-même », explique Geneviève Ancel, conseillère technique pour le développement durable au Grand Lyon.
Traditionnellement, la tribu réunit ses membres dans la Nuhé pour discuter des problèmes du groupe. D'ordinaire sans chef, elle choisit à cette occasion le membre le plus compétent pour mener le débat. « Cette façon de procéder ne peut que nous interpeller sur notre manière de gérer les conflits », analyse Geneviève Ancel. Comme au sein des Kogis, la construction de la Nuhé du parc de la tête d'Or a permis à quelques bénévoles d'ouvrir un dialogue sur le chantier.
ERIC JULIEN ET MURIEL FIFILS
Les Indiens kogis
La mémoire des possibles
Mon rêve serait que les non-Indiens, les “civilisés”, comme ils s’appellent eux-mêmes, arrivent à comprendre un peu les Indiens. Cela nécessitera beaucoup de dialogues, je ne sais pas quand cela arrivera, mais je pense, qu’un
jour, le non-Indien devra commencer à penser la nature, en fait, à se penser lui, à ce qu’il est. Les “Indiens” peuvent encore nous enseigner cette “réalite”, ils n’ont pas oublié qu’ils font partie de la nature, que c’est une partie de nous, qu’il est possible de vivre en harmonie avec elle. Si on apprend à connaître un peu la nature, à la respecter, on peut apprendre à se respecter soi-même, pour cela il faut être patient et respecter le temps...
Gentil Cruz-Patiào, 1951-2005
Dans l’esprit de ce “message” laissé par Gentil Cruz-Patiào, Colombien métis qui a passé plus de vingt ans de sa vie auprès des Indiens kogis, en Colombie, ce livre nourri de textes, interviews et photos, est une “mise en dialogue” de notre modernité, via certains de ses experts, philosophes, biologistes, médecins, ethnologues, consultants, psychothérapeutes, et trois “mamus”, représentants “spirituels” de la société des Indiens kogis.
Dialogues entre deux regards mais aussi et surtout deux “praxis” du monde, deux manières d’y vivre, de s’y relier, d’être et d’agir. Un dialogue non plus pour opposer ou comparer, mais pour, enfin, s’enrichir de l’autre et de son expérience. Où l’on peut découvrir que loin d’être de simples témoins de ce que nous ne sommes plus, les peuples “racines”, dont font partie les Kogis, sont sans doute porteurs de solutions originales à même de nous aider à faire face aux grands enjeux de notre temps. Ce dialogue est mené en compagnie de plusieurs spécialistes venus d’horizons très divers.
Ce livre n’a pas strictement pour objet les Indiens kogis, en particulier leurs pensées ou leur mode de vie, mais plus la frontière qui sépare deux mondes : celui d’une tradition millénaire, basée sur une relation intime au vivant; celui de notre modernité toujours plus rapide, efficace et englobante. C’est l’occasion de découvrir qu’il existe des sociétés sans pauvres, où la solidarité est une réalité quotidienne et partagée, dont la finalité est de maintenir l’équilibre : équilibre de soi avec soi, de soi avec les autres et de soi avec le monde. Des sociétés qui luttent “pied à pied”, pour ne pas perdre leur mémoire. Celle-ci, disent-ils, est comme les yeux faits pour voir : si elle se perd, tout devient obscur.
Sauvé d’un oedème pulmonaire par les Indiens kogis, Eric Julien a vécu plusieurs années auprès des derniers héritiers des sociétés précolombiennes du continent sud-américain. Président de l’Association française “Tchendukua. Ici et Ailleurs”, il a rencontré Gentil Cruz en 1992. Ensemble, ils ont travaillé pendant plus de dix ans au service de cette communauté, afin de les aider à retrouver leurs terres ancestrales. Aujourd’hui, près de 1500 ha de terres qui ont été rachetés et restitués aux membres de la communauté kogi. Sur ces terres, plus de 300 personnes se sont réinstallées, faisant revivre leur culture. Il est l'auteur de deux ouvrages : Le Chemin des neuf mondes (Albin Michel, 2001) et Kogis, le réveil d'une société précolombienne (Albin Michel, 2004).
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