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Vous m’avez posé une question qui me semble digne d’être interrogée : vous me demandez ce que nous, les étrangers, espérons de la France. Eh bien, d’abord, il me faut relire votre proposition, c’est-à-dire, votre provocation. Je crois que vous voulez savoir qu’est ce que des étrangers comme nous espèrent de vous, de cette France qu’ainsi vous nous donnez à penser.
Il faut bien que je m’explique sur la modification que j’ai fait dans le contenu de la question. Elle m’était indispensable et voilà pourquoi : je ne vous suspecte point d’un ethnocentrisme aussi grossier que celui qui prévaut quand on oublie deux choses fondamentales, c’est-à-dire, lorsqu’on oublie, en premier lieu, qu’il n’existe point des « étrangers » comme une catégorie homogène, qu’il n’y a rien de plus hétéroclite que cette masse confuse dont la seule unité est construite de façon arbitraire par une distinction unilatérale et fortement biaisée, entre « nous autres » et « vous autres » (ce qu’on pourrait bien dire en espagnol de la manière suivante : entre nosotros y vosotros, mais qui dans votre langue comme dans la mienne ne sonne pas aussi « naturel »).
En second lieu, on ne peut pas oublier que quand nous parlons d’« étranger » et de « natif », nous avons pour ainsi dire affaire à des shifters sociologiques, puisque les positions ainsi distinguées sont toujours interchangeables, réversibles ; qu’elles ne sont en effet que des positions, puisque chacun est étranger pour les « autres » qu’il classifie comme çà. Qui veut ou voudrait éviter les conséquences éthiques et phénoménologiques de ce shifting, doit se faire prisonnier de son pays, de son peuple, de soi même, s’aveugler à un tel point qu’à la fin, il ne saura reconnaître sa conditions humaine. Eh, bien, quiconque s’occupe de la promotion de dialogues en humanité est très loin de cette ingénuité, très loin de la perversité d’un ethnocentrisme qui aboutirait à réduire les interlocuteurs à une altérité vide.
Il me semble aussi évident qu’il y a des spécifications implicites dans votre provocation. Je crois que vous voulez interroger des étrangers qui ont une relation spéciale avec la France, autrement dit, qui peuvent la regarder d’un point de vue capable d’autoriser (ou non) l’espoir, prenant aussi franchement en considération son contraire (c'est-à-dire, la crainte). Je ne suis qu’un de ces étranger et ne peux point parler au nom des autres, dont le nombre et la variété sont très grands et qui, par conséquent, peuvent avoir des points de vue très différents , qui certes, ne sont pas unanimes sur ce qui touche à la France et à ce que vous voulez savoir. Il y a, bien sûr, des étrangers comme moi, ou dans la même situation que moi, c’est-à-dire dans une position (historique, sociologique) qui les mène à voir votre pays à peu près de la même distance, peut-être d’une perspective sinon identique, en tout cas proche de la mienne. Cependant, je ne les connais pas tous ; je ne peux point les identifier ici sans risque d’erreur, si tant est qu’il en existe. Mais je crois reconnaître une condition qui nous rapproche, nous autres étranger, ici présents. Quand j’emploie l’expression, « des étrangers comme moi » ou « comme nous », je veux dire : des étrangers qui veulent bien participer de ce dialogue « en humanité » et veulent comprendre comment la France s’y révèle, ou du moins s’y avère interrogeable. Mais évidemment, il y a des différences entre nous, parce que nous sommes aussi, dans une grande mesure, étrangers les uns vis-à-vis des autres ; et notre communion peut osciller pour diverses raisons.
Somme toute, il ne me reste qu’une possibilité pour entreprendre la tâche dont vous m’avez chargé. Je renonce aux généralisations et parle simplement de ma vision personnelle, de ce que je vois et crois, de mes espoirs, désirés et craintes en relation à la France. Je ne crois pas souffrir d’originalité extrême ; il se peut bien que je coïncide ainsi avec un certain nombre d’autres. Et s’il arrive que mes amis non Français ici présents me trouvent un peu trop idiosyncratique, s’ils considèrent que mon discours et ma position sont vraiment excentriques, je ferai appel aux philosophes français pour qui souvent il faut décentrer pour comprendre.
Pour illustrer ce que je veux dire, je vous raconterai une petite histoire. Arrivé à Paris pour un stage au Centre Louis Germet de l’EHESS, j’ai eu l’occasion d’être logé dans un foyer des Pères du Saint Sacrement, rue Friedland. L’accueil et la cordialité de ces bons religieux nous ont rapprochés. Ils me demandèrent pourquoi j’avais choisi la France pour y conclure mes études et je leur répondis que c’était parce que j’ai du sang français. Ils voulurent alors savoir comment ma généalogie me rattachait à la France. Ma réponse fut simple : en fait, je descends d’un peuple indigène du Brésil, les Tupinambas, ces fameux cannibales tant loués par le Seigneur de Montaigne ; or, mes ancêtres avaient dévoré quantité de missionnaires français. J’ai ajouté que cela expliquait mon amour pour la France et, particulièrement pour la cuisine française. Ils ont reçu en riant mon explication et me l’ont faite répéter maintes fois aux autres hôtes de leur foyer, français et étrangers.
Il est évident que je parlais sur le ton de la boutade, mais il y a du vrai dans l’histoire que je leur ai racontée, et à laquelle j’ai fini par croire. Il est grandement probable que je descende effectivement des premiers habitants de la terre où je suis né ; les Bahianais sont le fruit d’un grand métissage auquel ont participé des européens, des indiens et des nègres africains, bien que les noirs prédominent dans notre population. Mais ce n’est pas le plus important. Mon ami François Laplantine pourra vous confirmer que dans l’histoire récente du Brésil (au XXème siècle), un mouvement culturel très important a fait bon usage métaphorique de l’anthropophagie pour indiquer son programme : celui d’un groupe d’artistes, d’écrivains et de penseurs qui proclamaient nécessaire non simplement d’imiter, mais aussi de consommer, d’absorber, de « dévorer » la civilisation européenne pour nourrir le chaos brésilien et lui faire produire une nouvelle culture. Ces modernistes, comme ils s’appelaient, étaient fortement impressionnés par l’art et la littérature français, en particulier, mais ils étaient à la fois fiers de la nouveauté du Brésil.
Quant à moi, avec ma petite histoire généalogique, je voulais dire que la France était déjà présente dans mon imagination, dans mon désir et dans ma mémoire bien avant d’en fouler pour la première fois le territoire.
Les premiers à me parler de votre pays ont été de pauvres poètes analphabètes que j’ai écouté chanter dans une foire de ma petite ville natale, les aventures de Roland et des Douzes Paires de France. Une chanson anonyme qui m’a beaucoup impressionné quand j’étais enfant parlait d’un homme à qui un grand roi promettait comme cadeau de noces, pour qu’il épousa sa fille, Europa, Françia et Bahia (Bahia est l’Etat du Brésil où je suis né). Et l’homme refusait ! Je déduisais que la princesse devait être terriblement laide et détestable, seule explication au renoncement d’un pauvre musicien aux trois parties les plus importantes du monde.
Dans mon pays, quand j’étais jeune, l’influence de la culture française était beaucoup plus forte qu’aujourd’hui et se faisait sentir même dans les classes populaires. Bien illustrative de ce prestige est la chanson de notre folklore dont je vous ai parlé. Et bien, si pour le peuple qui la chantait, la France était un continent aussi grand que l’Europe, pour beaucoup de Brésiliens plus instruits elle était, sans aucun doute, le centre de la civilisation européenne, de la civilisation tout court. Je reviens à la métaphore moderniste que j’ai élue et adaptée à ma façon : par sa richesse intellectuelle, historique et culturelle, par sa créativité et son raffinement, la France nous semblait très bonne à manger.
Je suis également conscient du fait qu’il n’y a point de nation homogène, que la France est très complexe, qu’elle est une « communauté imaginaire », tout comme le Brésil, avec une considérable diversité et des différences sociales, culturelles et politiques très grandes en son sein. Or, en matière d’amour et d’appétit, on est sélectif ! J’aime mon pays, mais il y a dans la société brésilienne beaucoup de choses que j’abhorre et déteste, que je refuse, que je trouve insupportables et répugnantes. Dans la France aussi, je dois le dire. Voilà….Mes ancêtres étaient anthropophages, non sarcophages ; bien au contraire, ils haïssaient la pourriture.
Je cours le risque de vous causer un certain dégoût avec mon insistance envers une rhétorique cannibale, ou, plus précisément, dans l’évocation d’un cannibalisme devenu rhétorique. L’anthropophagie provoque une horreur fort légitime et compréhensible. Mais je crois que le vice contraire est aussi horrible et même plus dangereux : l’attitude « anthropoémique », comme l’a qualifié Lévi-Strauss. Cette compulsion qui consiste à vomir les autres, les «différents », les étrangers, les pauvres, les « impurs », les migrants, les nomades, les « incapables », les « inférieurs » …. Ceux qui, en somme (comme proclament les xénophobes de tous les pays, à peu près dans le monde entier), ne doivent point être « ici » parce qu’ils ne sont pas « comme nous ». Les prétextes de l’exclusion varient : le ban se proclame au nom de la race, de la culture, de l’identité nationale, des raisons d’État, de l’économie, de la civilisation, du bon goût, etc.
A la rigueur, aujourd’hui, la xénophobie n’est qu’une expression entre autres d’une tendance qui s’universalise au sein d’un ordre capitaliste essentiellement destructif, un ordre qui crée l’obsolescence d’hommes et de femmes, de groupes entiers, et leur attribue la responsabilité de cette réduction ; qui arrive à convaincre des multitudes de la nécessité de pratiquer le rejet de ses proches et prépare ainsi souvent les convertis à sa logique d’exclusion, à être écartés, sans possibilité de défense, quand cela conviendra aux intérêts des contrôleurs de la richesse. Le prix de l’adhésion à ce credo est la perte progressive de la citoyenneté et, enfin, de l’humanité. C’est en réfléchissant à ce sujet que j’ai écrit un petit poème, dont l’original en portugais est encore inédit. Voici sa traduction :
Le visiteur qui, en vain, sonna
A ma porte, la nuit entière,
L’homme obscur, le vagabond
Que j’ai chassé de ma terre
Et par la force et par la loi,
L’étranger que je connais pas
_ Oh misère ! _C’était moi
Enfin, la France que j’aime, c’est celle où je me trouve aujourd’hui : la France des Dialogues en Humanité.
Un livre blanc sur « l’économie sociale et solidaire, une réponse entrepreneuriale face à la crise » est en cours d’une première finalisation et sera disponible, sous forme de synthèse de travaux, et soumis au débat à partir du 1 er novembre sur le site www.lelabo-ess.org. Intitulé désormais sous un vocable nouveau plus concret et plus audacieux « 50 propositions pour changer de cap », ce document est le fruit d’un travail qui a associé de nombreux acteurs de l’économie sociale et solidaire. Il sera débattu plus particulièrement au cours du mois de l’économie sociale et solidaire qui démarre le 1 er novembre et devrait être présenté lors des élections régionales en mars 2010 aux candidats des diverses listes en présence.
Mené à l’initiative de Claude Alphandery, président d’honneur de France active, en collaboration avec Laurent Fraisse du Crida (Centre de recherche et d’information sur la démocratie et l’autonomie) et Tarik Ghezali, avec l’appui de la Fondation Charles Léopold Meyer, ce document affirme les fondements de son choix en faveur d’une économie sociale et solidaire, synonyme « d’un autre modèle de développement », qui est une « manière de sortir de la crise par le haut », « un laboratoire qui ouvre les champs des possibles », tout « en mettant des limites au marché, à l’accumulation », devant « réduire les inégalités », et pouvant « faire du territoire l’économie réelle », etc.
Une fois ce cadre bien explicité, les propositions sont vastes, argumentées et opérationnelles. On retiendra parmi elles, celles concernant un nouveau partenariat sur les politiques d’intérêt général et la demande d’un « Etat qui investisse le social ». Puis plus précisément, celles ayant trait à l’emploi de qualité avec par exemple les demandes suivantes : « Préserver et maintenir les emplois de l’ESS face à la crise », « investir dans les capacités humaines pour répondre au besoin de main d’œuvre de demain », « conditionner la participation aux politiques d’emplois aidés à une politique de consolidation et développement d’activité d’intérêt général », et « faciliter la relocalisation de certaines activités économiques ».
Autre développement au sein de ces 50 propositions, « ouvrir la gouvernance des entreprises aux autres parties prenantes », « développer une finance solidaire et responsable », « faire émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs sociaux », etc.
Pour plus d'informations : « le labo de l’ESS met en débat 50 propositions pour changer de cap » sera disponible à partir du 1 er novembre sur www.lelabo-ess.org .
La dette des gouvernements, des entreprises et des ménages a atteint des proportions astronomiques et enfle de plus en plus démesurément de jour en jour.
D’ou vient tout cet argent ?
Comment peut-il y avoir TANT d’argent à prêter ?
La réponse est… qu’il n’y en a pas.
De nos jours, L’ARGENT S’EST FAIT DETTE.
S’il n’y avait PAS DE DETTE
Il n’y aurait PAS D’ARGENT
Si tout ceci vous laisse perplexe, rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul ou la seule.
Très peu de gens comprennent ce système, même si nous sommes tous touchés.
l'Argent Dette 1/4
envoyé par _____indubitablement_____
l'Argent Dette 2/4
envoyé par _____indubitablement_____
l'Argent Dette 3/4
envoyé par _____indubitablement_____
l'Argent Dette 4/4
envoyé par _____indubitablement_____
LA SOLUTION:
N'empruntez plus aux banques.
Car les banques n'ont pas d'argent, ils vivent grâce aux dettes, qui leur sert à fabriquer de l'argent.
La version long métrage d'animation, dynamique et divertissant, de l'artiste et vidéographe Paul Grignon, explique les effets magiques mais pervers du SYSTEME ACTUEL D'ARGENT-DETTE dans des termes compréhensibles pour tous.
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Jean Gadrey, économiste, est membre du Conseil scientifique d’Attac-France ; il est aussi membre de la « Commission de Mesure de la Performance Économique et du Progrès Social », présidée par Joseph Stiglitz. Il travaille depuis longtemps sur les indicateurs de richesse ; on trouvera ici le diaporama de sa dernière présentation intitulée "Croissance de la richesse économique ou bien-être durable pour tous ?" Cette question prête à des explications qui peuvent, au sein même du Conseil scientifique, parfois quelque peu diverger. Jean Gadrey lui-même recommande la prudence dans l’interprétation de certains graphiques (voir par exemple ce qu’il écrit sur l’espérance de vie). Tous s’accordent, en revanche sur le fait que le PIB ne peut être le seul, et hégémonique, indicateur de progrès de l’activité humaine.
Télécharger le document complet avec les graphiques : (pdf 1,2 Mo)
Croissance de la richesse économique ou «bien-être durable pour tous» ?
Comment en est-on venu à penser qu’un pays peut aller mieux alors que ses habitants vont moins bien ?
Croyance à droite comme à gauche :
Le doute s’installe, la contestation monte
Mettre en avant la croissance, le « toujours plus », c’est laisser de côté de grandes questions, comme : toujours plus de quoi, pour qui et avec quelles conséquences pour l’avenir ?
La métaphore du gâteau est « insoutenable » : le gâteau est de plus en plus gros, mais de plus en plus « empoisonné ».
De grandes institutions internationales commencent à prendre le virage : Nations Unies, OCDE, Union européenne…
Une croissance sans limite est-elle pensable ?
Des calculs à la portée de tous
Avec 2 % de croissance par an du PIB/h, nos descendants auraient, en 2100, de quoi acheter six fois plus de biens et de services !
Indépendamment même des questions écologiques, six fois plus de quoi ?
Quand arrête-t-on cette course éperdue pour réfléchir aux fondamentaux du bien vivre ? Sans attendre ? Plus tard ? Trop tard ?
Premiers éléments sur la différence radicale entre PIB et bien-être.
Qu’est-ce que le PIB ? Et la croissance ?
Le PIB = somme des valeurs produites dans la sphère marchande et des coûts de production des services non marchands
La croissance : c’est celle du PIB, déduction faite de l’inflation
Croissance de quoi ?
Croissance pour qui ?
Pauvreté, inégalités, insécurité sociale… ne sont pas comptées.
Selon Joseph Stiglitz, la croissance américaine de 2000 à 2007, montrée partout en exemple, n’était ni soutenable ni équitable. C’était « un mirage » : « même avant le crash, la majorité des Américains étaient moins bien lotis qu’en 2000. Nous avons connu une décennie de forte croissance du PIB et de déclin pour la plupart des gens ».
Croissance avec quelles conséquences dans le futur ?
Pour ne pas aggraver l’effet de serre, il faudrait émettre moins de 1,8 tonne de CO2 par personne dans le monde (ou, pour les spécialistes, 1/2 tonne d’équivalent carbone). L’économie et la population mondiales en émettent environ le double, la France quatre fois plus.
D’accord, le PIB/h n’est pas le bien-être, d’accord « l’argent ne fait pas le bonheur », mais, dit-on, ils y contribuent fortement.
Pour savoir s’il existe une relation positive entre PIB/h et bienêtre, ou entre croissance et mieux-être, ou « développement » (humain, durable…) on peut utiliser, outre la réflexion philosophique et l’introspection, diverses mesures :
On peut alors croiser ces mesures « objectives » ou « subjectives » du bien-être avec le PIB/h ou avec sa croissance.
pas de corrélation dans le groupe des 30 à 40 pays les plus riches !
Premier exemple : l’espérance de vie. L’espérance de vie progresse nettement avec le PIB/h, mais…
… au dessus de 18 000 dollars de PIB/h en 2004, l’espérance de vie n’est plus corrélée avec le PIB/h
Prudence dans l’interprétation :
au cours du temps, le « nuage de points » de ces graphiques se déplace vers le haut :
l’espérance de vie a progressé dans le monde : 58 ans au début des années 1970, 66 ans aujourd’hui. Il y a donc eu dans le passé une progression simultanée dans le monde, y compris les pays riches, du PIB/h et de l’espérance de vie. Mais l’absence de corrélation constatée précédemment indique que la croissance n’est plus, au-delà d’un certain seuil, une condition nécessaire à la progression de l’espérance de vie, laquelle renvoie à d’autres facteurs bien plus décisifs.
Comment expliquer que des pays dont le PIB/h est deux, trois voire quatre fois (Chili, Costa Rica) inférieur à celui des plus riches aient pratiquement la même espérance de vie, supérieure à 78 ans ? Il existe de multiples façons d’allonger l’espérance de vie.
À un pôle, le modèle américain inégalitaire et coûteux de « réparation médicale » des dégâts d’un mode de production et de vie qui affecte la santé, ce qui exige un haut niveau de richesse et un système médical hypertrophié.
De l’autre, des modèles où l’on dépense peu par habitant en « réparations médicales » parce que les modes de vie et de travail sont moins agressifs pour la santé et parce qu’il y a moins d’inégalités.
L’éducation, sous l’angle de la scolarisation : la corrélation avec le PIB/h est forte, mais elle disparaît au-delà de 12 000 $
PIB/habitant et cohésion sociale ? (le coefficient de Gini indique des inégalités plus fortes lorsqu’on va de 0 à 100).
Mais, au-dessus de 12 000 $, il n’y a plus aucune corrélation
Environnement : la croissance aggrave nettement une situation déjà très inquiétante. Le cas des émissions de CO2
Selon le PNUD (27 novembre 2007), il faudrait, pour éviter une catastrophe climatique, « peut-être la menace la plus grave qui ait jamais pesé sur l’humanité », que les pays riches réduisent de 80 % leurs émissions de CO2 d’ici 2050 (une division par 5). L’objectif officiel en France est une division par 4.
Cela voudrait dire en moyenne une réduction de 3,5 % PAR AN. C’est plus que ce qui a été obtenu en France entre 1990 et 2005 !
La consommation d’énergie, quant à elle, a continué à progresser au cours des dernières années en France. Il faudrait très vite changer de modèle de production et de consommation. On commence quand ?
Les indicateurs synthétiques du PNUD
IDH 2004 | PIB/hab.(PPA) | Pauvreté IPH-2 | Participation des femmes: IPF |
1. Norvège | 4 | 1. Suède | 1. Norvège |
2. Islande | 5 | 2. Norvège | 2. Suède |
3. Australie | 13 | 3. Pays-Bas | 3. Islande |
4. Irlande | 3 | 4. Finlande | 4. Danemark |
5. Suède | 15 | 5. Danemark | 5. Belgique |
6. Canada | 9 | 6. Allemagne | 6. Finlande |
7. Japon | 17 | 7. Suisse | 7. Pays-Bas |
8. États-Unis | 2 | 8. Canada | 8. Australie |
9. Suisse | 6 | 9. Luxembourg | 9. Allemagne |
10. Pays-Bas | 8 | 10. France | 10. Autriche |
11. Finlande | 14 | 11. Japon | 11. Canada |
12. Luxembourg | 1 | 12. Belgique | 12. États-Unis |
13. Belgique | 10 | 13. Espagne | 13. Nouv-Zélande |
14. Autriche | 5 | 14. Australie | 14. Suisse |
15. Danemark | 7 | 15. R-Uni | 15. Espagne |
16. France | 16 | 16. États-Unis | 16. Royaume-Uni |
17. Italie | 19 | 17. Irlande | 17. Irlande |
18. Royaume-Uni | 12 | 18. Italie | 18. Singapour |
19. Espagne | 21 | 19. Argentine | |
20. Nouv-Zélande | 24 | 20. Portugal | |
21. Allemagne | 18 | 21. Costa Rica |
L’indice de santé sociale américain
En baisse tandis que le PIB monte
Enfants | Adolescents | Adultes | Pers. âgées | Tous âges |
Mortalité Maltraitance Pauvreté |
Suicide des Usage de Abandons Enfants nés |
Chômage Salaires Couverture |
Pauvreté des Espérance de |
Délits violents Accidents de Accès à un Inégalités de |
Les composantes de l'indice de santé sociale
En France, le Baromètre des Inégalités et de la Pauvreté (BIP 40)
Six grands domaines, près de 60 variables
EMPLOI | REVENU | SANTE | LOGEMENT | EDUCATION | JUSTICE | |
Pondérations (en %) | 25 | 25 | 12,5 | 12,5 | 12,5 | 12,5 |
Le BIP 40 : les inégalités progressent quand l’indicateur augmente
L’empreinte écologique d’une population (une personne, une région, un pays, l’humanité…)
C’est la surface de la planète dont cette population dépend, compte tenu de son mode de vie et des techniques actuelles, pour ses besoins
Si toute l’humanité accédait au mode de vie américain (sur la base des techniques de production actuelles), il faudrait cinq planètes.
Il en faudrait trois si la référence était le mode de vie des Français.
Les écarts d’empreinte entre groupes sociaux au sein d’un même pays vont de 1 à 10, et nettement plus si l’on tient compte des modes de vie les plus luxueux.
Peu ou pas de corrélations au dessus de 15 000 $ de PIB/h
Corrélation entre le PIB/h et la satisfaction de vie, au-dessus de 15 000 $ de PIB/h, il n’y a plus de corrélation
Est-ce que, malgré tout, le fait d’avoir une vie JUGÉE satisfaisante progresse avec le temps, ou d’une génération à l’autre, alors que le PIB/h ne cesse de progresser ? NON, en tout cas dans beaucoup de pays riches, et dans les réponses aux enquêtes « subjectives ».
En France de 1973 à 2005, le PIB/h a été multiplié par deux.
Alors, plus heureux ?
Inquiétudes fortes pour l’avenir dans tous les pays « riches »
Selon le Centre d’analyse stratégique (29 octobre 2007), 76 % des Français pensent que la vie de leurs enfants sera plus difficile que la leur. Ce chiffre est de 63 % en Europe.
L’indispensable débat public sur ce qui compte et sur ce qu’il faut compter
L’usage politique de tels indicateurs implique qu’ils aient une légitimité, non seulement aux yeux d’experts, mais aussi et surtout aux yeux des citoyens. Cela suppose des débats ouverts visant à construire des cadres et des référentiels partagés, à « révéler des préférences collectives » sur le « développement humain durable ».
La crise rend encore plus nécessaire le recours à de nouveaux indicateurs
Si l’on reconnaît que la crise actuelle est la conjonction de phénomènes multidimensionnels, les indicateurs les plus pertinents comme repères de sortie de crise doivent accorder au moins autant de poids aux questions sociales et écologiques qu’à l’économie et à l’emploi.
L’humanité est confrontée à des rendez-vous cruciaux où elle joue sa propre existence. Elle se trouve devant des défis identifiés, en particulier les risques écologiques et les inégalités sociales qui mettent en danger le vivre-ensemble. Ces risques ne sont pas simplement juxtaposés. Ils peuvent interagir et provoquer des crises systémiques, par exemple des crises financières. À l’échelle générationnelle, l’ensemble de ces risques relève du court terme : ce sont des enfants déjà nés qui seront concernés.
Dans cette période critique de l'histoire de l'humanité, personne ne peut relever les défis séparément. Nous avons donc besoin de construire des alliances entre des types d’acteurs aux intérêts et visions de l’avenir diverses, voire contradictoires, mais qui ne peuvent pas s’enfermer dans des stratégies parallèles. Nous devons agir sur plusieurs leviers et passer des alliances, y compris conflictuelles.Le Forum de Lyon vient de montrer qu’elles sont envisageables.Face à l’ampleur des risques majeurs, nous devons construire ces alliances entre institutions internationales, acteurs économiques, société civile, territoires, puissance publique, traditions spirituelles…
Il ne s’agit pas de masquer les différences et les divergences mais, dans le cadre d’alliances nouvelles, de repérer des zones d’accord fondamentales et de construire des zones de désaccords et de conflits positifs. Des « plates-formes d’accords partiels » sont possibles sur des enjeux majeurs tels que l’eau, les risques de guerre, le dérèglement climatique, la lutte contre la misère, la prolifération des armes de destruction massive…
Ces stratégies supposent de s’appuyer sur la capacité de l’humanité à faire face aux défis qu’elle rencontre, comme elle l’a fait au long de son histoire. Il est donc urgent de développer notre désir d’humanité. Notre action ne peut pas s’appuyer seulement sur une « heuristique de la peur » (H. Jonas). La lucidité sur la gravité des risques est en effet nécessaire, mais la peur finit par générer impuissance et angoisse. Pour faire face aux risques, nous devons miser à la fois sur « le principe espérance » et sur le « principe de responsabilité ». Nous sommes ainsi mis au défi de développer de l’imaginaire positif, du désir d’humanité. Nous sommes devant la nécessité d’un saut qualitatif qui fasse passer l’humanité à un niveau de conscience supérieure ; pas seulement une conscience rationnelle supérieure, mais l’intelligence du cœur. Nous ne sommes plus dans l’ordre de l’hominisation, mais dans celui de l’humanisation [# C’est la perspective qui anime les « Dialogues en humanité » : à travers le dialogue et la confrontation entre les expériences, les cultures, les traditions, les disciplines (sciences, arts, spiritualités, politique, monde de l’entreprise…), nous pouvons tous ensemble tenter de mieux comprendre ce qui fait l’humain et tenter de grandir ensemble vers plus de sagesse, plus de confiance en soi, en l’autre, en l’avenir, vers plus de compréhension et plus de justice.]
Patrick Viveret, philosophe, directeur du Centre international Pierre Mendes France
Patrick Viveret, ancien compagnon de route de Michel Rocard, est conseiller référendaire à la Cour des Comptes. Également écrivain et philosophe, il est un altermondialiste convaincu, qui travaille notamment sur un projet de monnaie locale (ou open money). Pour lui, notre société est dans une crise éthique et spirituelle et sa publicité qui tente de nous faire croire que le mal-être se résoudra par l’avoir est une toxicomanie. De même les paradis fiscaux deviennent, sous sa plume, des enfers fiscaux pour le collectif. Cet homme de pensée et d’action est, avant tout, un constructeur. Il propose une méthode pour gérer les désaccords, tant affectifs que politiques, afin d’éviter les malentendus et les procès d’intention.
Nouvelles Clés : La crise actuelle, vient-elle des Etats-Unis ou du cœur de l’homme ?
Patrick Viveret : Les deux sont simultanément vrais. La crise est liée à de la démesure, à ce que les grecs appelaient "l’ibris". Dans son versant écologique, suite à deux siècles de productivisme, c’est de la démesure dans le rapport à la nature. La crise financière est liée à celle de l’économie spéculative dans son rapport à l’économie réelle. Il faut savoir que sur les 3.200 milliards de dollars qui s’échangeaient auparavant chaque jour, moins de 3 % seulement correspondaient à des biens et des services réels.
Démesure aussi dans le creusement des inégalités sociales quand 225 personnes ont des revenus équivalents à 2 milliards et demi d’êtres humains ou quand 3 personnes ont des revenus équivalents aux 48 pays les plus pauvres du monde (chiffres officiels des Nations Unies). Cela a été particulièrement spectaculaire aux Etats-Unis mais on retrouve cette crise sur la planète entière. Cela renvoie aussi à la question du cœur de l’homme car elle est aussi un dérèglement dans l’ordre émotionnel. On paye, à travers cette démesure, les conséquences du mal-être et du mal de vivre. Les budgets de stupéfiants et d’armements totalisent plus de vingt fois les sommes qui seraient nécessaires pour l’eau potable, l’accès aux soins de base, la lutte contre la malnutrition, etc...
Et au cœur de tout cela, il y a un poumon central qui s’appelle les "paradis fiscaux", que je préfère appeler les "enfers fiscaux". Ils ne sont paradis que pour les bénéficiaires de ce mécanisme scandaleux. Vus du côté des citoyens et des acteurs publics se sont des enfers fiscaux.
N.C. : Quelle est leur importance ?
P. V. : Ils représentent 11.000 milliards de dollars. Il faut avoir les ordres de grandeur en tête. Le plan Paulson de sauvetage des banques aux Etats-Unis, c’est 800 milliards de dollars. Cela nous paraît déjà démesuré. Pour le sauvetage du système bancaire on nous parle de centaines de milliards de dollars et on continue à nous dire, par ailleurs, que les caisses sont vides pour les enjeux sociaux, les enjeux écologiques, etc... Or là, c’est 11.000 milliards de dollars qui, eux-mêmes, ont des éléments d’effet levier. Il y a les systèmes d’assurance de l’économie spéculative, que l’on appelle les "swaps", et là c’est 18.000 milliards de dollars. Ensuite l’ensemble des produits dérivés correspond à 60.000 milliards de dollars.
Si l’on va jouer sur le levier de ces enfers fiscaux, on joue sur un levier extraordinairement important.
N.C. : Comment faire ?
P. V. : Nous pourrions poser une procédure d’engagement mutuel. Nous pourrions dire : "Nous citoyens, consommateurs, collectivités territoriales, nous prenons l’engagement mutuel d’arrêter tout commerce avec un acteur quel qu’il soit dont on aura fait la preuve qu’il a un lien avec un enfer fiscal. Nous demandons la création d’une commission d’enquête, pour être nets sur l’information, et d’une commission de veille et de suivi lorsque des opérations civiques auront été déclenchées". Par exemple, on peut imaginer donner un délai pour la partie des acteurs qui diraient en gros : "Je ne le savais pas". Il y a quantité d’acteurs, un peu comme l’histoire Madoff aux Etats-Unis, qui découvrent après coup, qu’ils avaient dans leur portefeuille des éléments qui transitaient par les (paradis) enfers fiscaux. Ces acteurs-là, on peut présumer de leur bonne foi. On peut alors leur donner un délai mais à ce moment-là il faut un dispositif de veille, de suivi et d’évaluation pour s’assurer qu’ils prennent les mesures nécessaires. S’ils les ont prises il n’y a pas de problème. S’ils ne les ont pas prises, on applique la procédure d’interdiction de tout commerce. Cet argent récupéré pourrait servir à du développement humain réellement soutenable. Cette procédure joue aussi bien sur les dimensions personnelles, sur les changements de posture individuelle que sur les changements de nature structurelle.
N.C. : Qu’entendez-vous par nouvelle citoyenneté planétaire ?
P. V. : Tout être humain est un citoyen de la terre des droits et des devoirs. Il n’y a pas de sans-papier possible. Nous avons besoin de faire vivre cette citoyenneté terrienne et l’opération "enfers fiscaux" en est un bon exemple.
Nous avons besoin de faire naître l’équivalent d’une contribution publique mondiale pour aller traiter les grands problèmes vitaux sur lesquels l’humanité risque la sortie de route : l’écologie, le climat, la biodiversité, le creusement des inégalités sociales et le dialogue des civilisations pour éviter les nouvelles formes de déviance. A travers l’opération "enfers fiscaux", nous avons un formidable moyen de commencer à faire vivre cette citoyenneté mondiale. On peut dire qu’une partie de cet argent pourrait être récupérée par des collectivités territoriales ou par des Etats. Et une partie pourrait être récupérée par un fonds mondial qui aurait vocation à devenir le premier fonds de contribution public de la citoyenneté terrienne.
N.C. : Pourquoi dîtes-vous que l’Occident est dans une misère éthique ?
P. V. : C’est une misère éthique, affective et spirituelle. Le monde occidental a principalement généré des systèmes comparables à la toxicomanie. Ils sont organisés autour de l’avoir, comme compensation de l’insatisfaction dans l’ordre de l’être. C’est dans le domaine de la publicité qu’on le voit avec le plus d’évidence. Il y a plus de 700 milliards de dollars annuels de publicité, dont l’essentiel tourne en rond. A quoi servent ces 700 milliards ? Que nous dit la publicité ? Elle nous fait rêver à du bonheur, à de la beauté, à de la sérénité, bref, à du développement dans l’ordre de l’être. Là où la publicité est mensongère, c’est qu’elle prétend que ce développement dans l’ordre de l’être passe par une consommation et une croissance dans l’ordre de l’avoir.
C’est comparable à la toxicomanie parce que c’est une promesse non tenue qui se traduit par une soustraction. La soustraction génère ensuite de l’addiction. Notre "société de consommation" est une "société de consolation". Face à la démesure, la réponse est du côté de la simplicité et de la sobriété... qu’il faut organiser avec la question du bonheur et celle du bien-être.
N.C. : Le mieux-être, est-ce la question de l’autre ?
P. V. : Le mieux-être se décline sur les trois grands modes de communication :
- Communication dans nos rapports avec la nature en cessant de la traiter comme un ennemi.
- Guerre avec autrui également, vous avez raison. Autrui, considéré comme un rival menaçant crée une tension permanente de compétition.
- Mais guerre aussi avec soi-même, rupture de communication avec l’être en nous, manque de vie intérieure, etc...
Le mieux-être, c’est rétablir la communication dans ces trois directions : avec la nature, avec autrui, avec nous-mêmes. Comme la plupart des grandes sagesses nous le disent, il y a un rapport étroit entre la qualité de relation avec soi-même et la qualité de relation que l’on a avec autrui. La plupart du temps, on est d’autant plus en guerre avec autrui que l’on est intérieurement en guerre avec soi-même.
N.C. : Vous approchez l’inconscient mais vous ne le nommez jamais ?
P. V. : L’inconscient est un sujet en soi ! Il faudrait, à mon avis, mieux le cerner. Il y a eu plusieurs variantes dans les traditions psychanalytiques. Ce n’est pas exactement la même chose si l’on est chez Freud ou chez Jung.
N.C. : Le travail sur soi est une nécessité ?
P. V. : Il y a besoin de l’émergence d’une qualité de conscience supérieure. Une part de cet inconscient est à reconnaître pour le faire advenir. L’émotion nous meut. Il n’y a pas d’intelligence sans désir et au cœur de l’émotion, il y a du désir. Avec du désir, on peut faire du meilleur : l’humanité a déplacé des montagnes ! Mais c’est aussi avec du désir que l’on a fait des génocides, des crimes, des guerres et des grandes sociétés totalitaires. Il nous faut donc réfléchir à ce que l’on pourrait appeler une intelligence émotionnelle collective et penser le lien entre la question émotionnelle et la question de l’intelligence.
N.C. : Que pensez-vous des monnaies alternatives ?
P. V. : La monnaie renvoie à de la confiance et à une communauté. Cela est vrai pour les monnaies alternatives ou complémentaires comme pour les monnaies officielles. La crise financière actuelle est une prise de conscience d’une communauté qui se dissout car, notamment, sous le poids des inégalités sociales, le "vivre ensemble" n’a plus de sens.
Je participe à des initiatives qui visent à promouvoir des monnaies solidaires et des monnaies d’utilité écologique et sociale. Il n’est pas trop difficile de trouver un vecteur qui serve d’étalon d’échange. Par contre, il est plus difficile de créer une qualité de confiance et de construire une communauté qui s’y appuie.
Des pays ont eu l’occasion d’aller très loin dans l’expérimentation de monnaie alternative. Je pense en particulier à l’Argentine au moment de la grande crise de ces dix dernières années. Le système des créditos a été utilisé par plus de 7 millions de personnes. C’était une réussite formidable en matière de monnaie alternative. Mais on a vu les mêmes comportements fétichistes à l’égard de l’argent se reproduire ensuite à l’égard de ces créditos. On a eu des spéculateurs et de la surémission. Il faut donc toujours se souvenir que la monnaie, y compris quand elle se veut alternative, reste un simple outil et un moyen au service d’une fin. Si l’on n’a pas travaillé sur la qualité de confiance, donc la qualité relationnelle, donc la qualité de mieux-être d’une communauté, la monnaie, fusse-t-elle alternative, ne résoudra pas les problèmes de la communauté.
N.C. : Elle nous oblige donc à bien gérer nos désaccords ?
P. V. : La monnaie est un outil d’échange. Dans une communauté politique on a besoin d’outils de délibération. Le savoir construire ses désaccords est un vecteur très important pour la qualité démocratique. Ce n’est jamais le désaccord qui est menaçant, pas plus que le conflit d’ailleurs. Le désaccord comme le conflit sont des outils au service d’un "vivre ensemble" et une alternative à la violence. Dans une méthodologie de construction de désaccord, il y a trois temps : d’abord "réduire l’opacité" pour s’assurer que l’on parle de la même chose et que l’on a bien le niveau d’information qui nous permet de parler de la même chose. Ensuite, construction du désaccord proprement dit. Puis, traitement du désaccord. Quand on fait ce type de procédure on se rend compte que les 2/3 et même souvent les ¾ des désaccords étaient en réalité des malentendus au sens le plus fort du terme. C’est-à-dire que l’on n’a pas entendu ce que disait l’autre. Le procès d’intention est l’une des conséquences directes du malentendu. Tandis que si l’on sait suffisamment écouter pour se mettre d’accord sur les objets de désaccord, le progrès que l’on a fait dans la qualité d’écoute et le plus souvent aussi dans la qualité d’estime d’autrui, fait que, même si le désaccord demeure, la qualité du désaccord de sortie est infiniment supérieure au désaccord d’entrée. De plus, l’expérience prouve que très souvent il y a des dépassements dynamiques de ce désaccord qui apparaissent possibles.
Reconsidérer la richesse, éd. de l’Aube
Pourquoi ça ne va pas plus mal ? éd. Fayard
De la guerre économique à la guerre sociale ? éd. Rue d’Ulm
Les vœux de Stéphane Hessel pour 2011 sur Mediapart
envoyé par Mediapart.
Né à Berlin en 1917, immigré en France en 1925, naturalisé en 1937, prisonnier évadé en 1940, il rejoint le général de Gaulle à Londres en 1941. Résistant, agent de liaison au BCRA, il est arrêté en France en 1944, puis déporté, notamment au camp de Dora, où il échappera de justesse à la pendaison. Diplomate à partir de 1945, ambassadeur de France, il fera de la question des droits de l’homme son combat sans partage ni relâche, comme l’illustre son ferme engagement pour la cause palestinienne. En cette fin d’année 2010, Stéphane Hessel est unanimement célébré comme une sorte d’incarnation de l’exact contraire de cette basse époque que symbolise le sarkozysme. Reprise de son appel lancé lors de la cérémonie annuellement organisée par Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui au plateau des Glières, haut lieu de la résistance et de son martyr, l’exceptionnel succès de librairie d’Indignez-vous ! est à lui seul un chaleureux signe d’espoir en cette froidure hivernale.
Ami et soutien de la première heure de Mediapart, Stéphane Hessel a volontiers accepté de présenter ses vœux d’un citoyen résistant à tous « les citoyens et citoyennes qui savent résister ». L’enregistrement a eu lieu en son domicile parisien, jeudi matin 30 décembre. Qu’il en soit chaleureusement remercié. Voici donc avec un peu d’avance des vœux de résistance, en quelque sorte nos contre-vœux avant ceux que prononcera, vendredi 31 décembre 2010 au soir, un président aussi discrédité qu’inaudible. Leur texte est en-dessous de la vidéo, et tous deux sont en accès libre. N’hésitez donc pas à les faire circuler, à les envoyer à vos proches et à vos amis, à les transformer en une grande vague d’espérance face à l’inquiétude.
La première décennie de notre siècle s’achève aujourd’hui sur un échec. Un échec pénible pour la France ; un échec grave pour l’Europe ; un échec inquiétant pour la société mondiale.
Souvenez-vous des objectifs du millénaire pour le développement, proclamés en 2000 par la Conférence mondiale des Nations-Unies. On se proposait de diviser par deux en quinze ans le nombre des pauvres dans le monde. A la même date, on entamait une nouvelle négociation pour mettre un terme au conflit vieux de trente ans du Proche Orient - les Palestiniens auraient droit à un État sous deux ans. Échec sur toute la ligne ! Une plus équitable répartition entre tous des biens communs essentiels que sont l’eau, l’air la terre et la lumière ? Elle a plutôt régressé, avec plus de très riches et plus de très très pauvres que jamais.
Les motifs d’indignation sont donc nombreux. Ce petit livre Indignez-vous ! - qui a eu un extraordinaire succès auprès des parents, et plus encore de leurs enfants, auxquels il s’adresse -, c’est quelque chose qui me touche profondément. De quoi faut-il donc que ces jeunes s’indignent aujourd’hui ? Je dirais d’abord de la complicité entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques et financiers. Ceux-ci bien organisés sur le plan mondial pour satisfaire la cupidité et l’avidité de quelques-uns de leurs dirigeants ; ceux-là divisés et incapables de s’entendre pour maîtriser l’économie au bénéfice des peuples, même s’ils ont à leur disposition la première organisation vraiment mondiale de l’histoire, ces Nations-Unies auxquelles pourraient être confiées d’un commun accord l’autorité et les forces nécessaires pour porter remède à ce qui va mal.
Au moins nous reste-t-il une conquête démocratique essentielle, résultant de deux siècles de lutte citoyenne. Elle nous permet de revendiquer le droit de choisir pour nous diriger des femmes et des hommes ayant une vision claire et enthousiasmante de ce que la deuxième décennie qui s’ouvre demain peut et doit obtenir. Voilà la tâche que je propose à tous ceux qui m’écoutent. Qu’ils prennent appui sur les auteurs courageux qui se sont exprimés ces derniers mois, sur Susan George et son beau livre Leurs crises, nos solutions, sur Edgar Morin et son dernier tome L’Ethique, sur Claude Alphandéry et ses propositions pour une économie sociale et solidaire. Avec eux, nous savons ce qu’il est possible d’obtenir.
Le philosophe Edgar Morin, le politologue Pierre Monod et l’artiste Paskua lancent un « Manifeste pour la métamorphose du monde ».
Ils y proposent sept réformes fondatrices : réformes politiques, économiques, sociales, de la pensée, de l’éducation, des modes de vie et de la morale. Les trois auteurs préfèrent s’adresser aux artistes du monde entier qu’aux dirigeants du G20. « Il y a des raisons d’espérer », écrivent-ils. « Les grands mouvements de transformation commencent toujours de façon marginale, déviante, modeste, voire invisible. (…) Aujourd’hui l’alter mondialisme devient un terme à prendre à la lettre : l’aspiration à un autre monde. Elle se manifeste par des myriades de pensées, d’initiatives, d’actions multiples dispersées dans la société civile et qui sont ignorées par les structures politiques et administratives sclérosées. »
Paskua, artiste, à l’origine de l’« International Art Movement for the Metamorphosis of the World »
« La maison brûle mais nous regardons ailleurs ». La phrase qui ouvrait le discours du Président de la République française lors du « sommet de la terre » à Johannesburg reste toujours dramatiquement juste, y compris pour son propre gouvernement. Les signaux d’alerte qui montrent que l’humanité est à l’un des plus décisifs moments de sa jeune histoire ne cessent de s’allumer mais nous continuons à gérer nos petites affaires, à défendre nos petits intérêts, à mijoter nos petites haines, comme si nous avions l’éternité devant nous. Il nous faut, sur la plupart des grands défis où l’humanité joue son avenir, adopter désormais la méthode du pacte de Genève dont les deux camps de la paix palestiniens et israéliens viennent démontrer la possibilité et l’utilité. Au lieu d’une politique de petits pas à partir de la situation existante, il faut partir du problème et des éléments de sa solution. C’est un processus analogue alors au sevrage et à la cure de désintoxication dont on sait qu’il est infiniment plus efficace que la simple réduction dans la prise de drogue, de tabac ou d’alcool. Mais la drogue cette fois ci c’est celle de l’argent, de l’avoir et du pouvoir.
Il faudrait, pour ne prendre que le seul exemple du défi écologique, organiser un conclave de chefs d’état, leur projeter l’exposition Climax (actuellement à la Villette) et ne les laisser sortir qu’une fois adopté un plan mondial pour réduire drastiquement nos émissions de gaz carbonique allant bien au delà du protocole de Kyoto. Si nous n’avons plus la possibilité, du fait de nos aveuglements antérieurs, d’empêcher un réchauffement de l’ordre de 2° d’ici la fin du siècle, il est de notre responsabilité d’éviter qu’il avoisine ou dépasse les 6° ce qui constituerait un bouleversement aux conséquences incalculables dans tous les domaines de la vie humaine. Le changement radical de nos modes de production, de consommation et de vie n’est plus un sujet de colloque mais une nécessité vitale pour cet homo si peu sapiens qu’il a réussi, en deux siècles de productivisme forcené, à épuiser des ressources écologiques qui ont pris des millions d’années à se former et à dérégler des écosystèmes pourtant vitaux pour sa survie. Comme le note justement Jean Pierre Dupuy dans son livre « Pour un catastrophisme éclairé1 » notre problème , s’agissant des catastrophes, c’est que nous savons qu’elles se produiront si nous continuons cette course de vitesse insensée, mais que nous n’y croyons pas. Comme nous réduisons le principe de précaution à un simple risque statistique potentiel, nous avons toujours plus urgent, plus profitable à faire que de mobiliser nos énergies pour prévenir ces risques. Or ceux ci non seulement s’accumulent mais font système car les défis sanitaires, sociaux, alimentaires, pour ne prendre que les plus criants sont, si on les regarde lucidement, de même nature que les défis écologiques.
C’est l’objet de « Dialogues en humanité2 » que de sonner le tocsin tout en montrant que l’humanité, peut, tout en assurant sa survie, franchir un saut qualitatif décisif dans son histoire et réussir, dans l’ordre de l’humanisation, ce que la vie a su inventer dans l’ordre de l’hominisation. Car il s’en est fallu de peu que le fragile rameau hominien des mammifères ne disparaisse. S’il a pu, malgré sa vulnérabilité, poursuivre sa route, c’est du fait de l’émergence de la conscience et de sa capacité créatrice et adaptatrice inédite. Mais c’est aussi cette conscience réduite à une rationalité instrumentale devenue destructrice qui est à la source des pages les plus noires de l’histoire humaine qui culminèrent dans la solution finale, ce génocide construit comme une entreprise industrielle efficace. C’est donc dans son rapport à elle même, dans sa vigilance à éviter les dérèglements de sa conscience, dans sa lutte contre sa propre barbarie intérieure que l’humanité joue son avenir.
L’une des leçons les plus claires des études internationales sur les grands risques de l’avenir est en effet la suivante : la plupart des grands maux qu’une logique de développement durable cherche à combattre : pauvreté, faim, non accès à l’eau potable, soins insuffisants ou inexistants, dérèglements écologiques etc. ne sont pas dus à des raretés physiques, techniques ou monétaires. Selon le PNUD les dépenses de publicité annuelles dans le monde sont dix fois supérieures aux sommes qu’il faudrait mobiliser chaque année pour éradiquer la plupart de ces fléaux.
Les comparaisons n’ont qu’une valeur d’exemple mais elles n’en illustrent pas moins de façon frappante l’utilisation qui est faite des ressources de la planète . Les chiffres suivants, issus du rapport du Pnud3 , illustrent jusqu’à la caricature le décalage entre ces ressources que l’on ne trouve pas pour traiter le nécessaire mais que l’on sait dégager pour s’occuper du superflu. 6 milliards de dollars pour l’éducation, on ne les trouve pas. Mais les achats de cosmétiques aux USA en représentent déjà 8 milliards. L’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous exigerait 9 milliards de dollars (évidemment avec des technologies simples et de la main d’oeuvre locale ; si l’on prend les chiffres des multinationales de l’eau il en faudrait dix fois plus). Mais ces neuf milliards restent inaccessibles tandis que, dans le même temps, les achats de crèmes glacés en Europe en représentent 11 milliards. La satisfaction des besoins nutritionnels et sanitaires de base supposerait, elle, 13 milliards ; l’achats d’aliments d’animaux en Europe et aux USA en représente 17 !
Et si l’on évoque cette fois le superflu dangereux, le décalage tourne à l’obscénité :
consommation de cigarettes en Europe (50 Md$), achat de boissons alcoolisés en Europe (105 Md$), consommation de stupéfiants dans le monde (400 Md$) et, last but not least, dépenses militaires dans le monde (780 Md$) !
La prédiction de Gandhi se trouve ainsi vérifiée : « il y a suffisamment de ressources sur cette planète pour répondre aux besoins de tous mais pas assez pour satisfaire le désir de possession (au sens de la cupidité) de chacun ». C’est dire que c’est plus l’avidité et la dureté des coeurs que la rareté des ressources qui fait problème tant pour cette génération que pour les suivantes. La définition du développement durable en termes de besoins est trop réductrice par rapport à la principale difficulté qui est moins celle de la satisfaction des besoins (entendus comme besoins vitaux) que la propension à satisfaire des désirs de richesse ou de pouvoir, très au delà du nécessaire pour les riches et les puissants, et souvent en deça du seuil vital pour les nouveaux misérables de cette planète.
Or, on peut difficilement nier qu’il existe un lien entre le creusement de ces inégalités mondiales et la question centrale de la sécurité. Nombre d’êtres humains sont potentiellement dans la situation de considérer qu’ils n’ont rien à perdre, au minimum en émigrant illégalement, au pire en tuant ou en se tuant dans des actes de suicides meurtriers à l’encontre des symboles de la puissance et de la richesse. Ils sont une proie facile pour les entreprises terroristes, mafieuses ou sectaires.
En ce sens on ne peut dissocier le développement humain du développement durable et il faut donner à l’objectif de développement humain sa pleine épaisseur éthique et spirituelle. L’humanité est menacée certes, et même menacée gravement et à court terme, de voir son aventure se terminer prématurément mais cette menace est pour l’essentiel due à sa propre inhumanité. S’il est nécessaire de réunir, comme à Rio et à Johannesburg, des « sommets de la terre », s’il est très utile comme l’a déjà fait la ville de Lyon, en partenariat avec la Croix Verte présidée par Michael Gorbatchev, d’organiser des « Dialogues pour la Terre », il est non moins nécessaire d’organiser des « Dialogues en Humanité ». Ces Dialogues visent à construire un processus international permettant de réunir, si possible d’ici la fin de la décennie, et en lien avec les objectifs du Millenium des Nations Unies, ce que nous avons provisoirement appelé un « forum mondial sur la question humaine ».
Pourquoi parler de « question humaine » alors que nous présentons souvent le fait de replacer « l’homme au centre » comme une réponse à nombre de difficultés sociales, économiques ou politiques ? Et bien justement parce que cette réponse ne va pas de soi. Veut-on replacer au centre du processus de la vie l’espèce qui, de la St Barthelemy a Auschwitz, a inventé le carnage ? On voit bien que l’humanité n’est une avancée qualitative du processus vital que si elle est capable de traiter sa propre inhumanité. Vieille question pour la sagesse. Mais question neuve, si on la traite comme question politique, ce qu’Edgar Morin appelait le projet « anthropolitique ».
Ce projet, Dialogues en humanité propose de le construire autour de sept grands défis, sept rendez vous de l’humanité avec elle même où notre famille humaine risque la régression voire la destruction mais ou elle peut aussi franchir des sauts qualitatifs dans la voie de sa propre humanisation.
L'espace planétaire appelle en effet un renversement radical d'une logique de civilisation et de pacification fondée sur la peur de la barbarie extérieure. La plupart des grandes philosophies politiques ont distingué “un état de nature”, où l'homme était renvoyé à la violence et à la guerre, d'un “état civil” où les rapports étaient pacifiés, l'État disposant seul du monopole de la violence légitime, selon l'expression fameuse de Max Weber. La guerre interdite à l'intérieur mais licite à l'extérieur, tel est le fondement des grandes formes politiques que s'est donnée l'humanité de lacité grecque aux États-Nations en passant par les empires. L'étranger, l'infidèle, le barbare ont constitué ainsi les figures de l'adversaire, celui face auquel la communauté se constituait et maintenait son unité.
Nous n'avons pas encore pleinement mesuré à quel point la mondialité et le fait démocratique bouleversent radicalement cette distinction pluri- millénaire. La démocratie en organisant une division à l'intérieur de la cité ou de la nation, fait baisser nécessairement la tension par rapport à l'extérieur. La mondialité, elle, conduit l'humanité à se poser la question de son unité et de sa gouvernance sans que, pour le moment du moins, elle puisse recourir à la facilité d'ennemis extra-humains pour construire sa propre pacification. Depuis 1492 et la découverte de l'Amérique, c'est-à-dire depuis qu'il n'existe plus de terra incognita pour l'humanité, c'est ainsi contre la barbarie intérieure que se joue le destin de la mondialité et c'est en Europe que le déplacement de cet enjeu de civilisation a pris sa dimension la plus tragique. C'est aussi sans doute pourquoi l'Europe, parce qu'elle a su inventer un au-delà à Auschwitz, se doit de montrer qu'il existe une voie planétaire vers le meilleur, elle qui porte dans sa chair la démonstration que l'humanité, quand elle s'enivre de volonté de puissance, peut toucher le fond de l'inhumanité.
Il nous reste peu de temps, probablement à peine un demi siècle pour que notre famille humaine évite la « sortie de route » pour des raisons écologiques, des risques d’autodestruction ou de mutation génétique incontrôlée. Les vieilles conceptions geopolitiques de la rivalité de puissance sont inadaptées à ces défis qui exigent au contraire une formidable capacité d’intelligence collective, la mise en oeuvre de stratégies coopératives et non guerrières, et un changement radical de mode de développement qui place le désir d’humanité au coeur de sa perspective. Comme le notait justement Eric Fromm dans son ouvrage prophétique « Avoir ou Etre » : Pour la première fois dans l’histoire, la survie de l’espèce humaine dépend d’un changement radical du coeur humain. Mais ce changement n’est possible que dans la mesure où interviennent des changements économiques et sociaux capables de donner au coeur humain la chance de changer, le courage et l’envie d’accomplir ce changement.
Viveret Quand l'humanité joue son avenir (fichier pdf).
Patrick Viveret, magistrat à la Cour des Comptes, auteur de « reconsidérer la Richesse » (ed de l’Aube) est l’un des initiateurs du projet « Dialogues en humanité »
Sortir d’une vision réductrice de l’activité
Patrick Viveret [i]
Une grande partie des problèmes écologiques et sociaux auxquels nous nous heurtons vient d’une conception réductrice, voire contre- productive de la notion d’activité. Celle-ci repose sur la vision de la comptabilité nationale construite après la seconde guerre mondiale dans une vision industrialiste de la reconstruction des économies d’après guerre.
Prenons d’abord l’exemple de ce que l’on pourrait nommer l’impensé écologique de nos modèles de représentation et de calcul de la richesse. Dans cette perspective la question écologique ne se pose pas puisque la nature est traitée comme un réservoir de ressources quasi inépuisable et gratuit. Dès lors que l’on définit la valeur économique par sa rareté et son prix un bien écologique abondant et gratuit –fut-il aussi vital que l’air ou l’eau- n’a aucune valeur économique. Paradoxalement c’est lorsqu’il est en voie de destruction - du fait de sa pollution notamment - qu’il va rentrer dans le circuit de la valeur économique. Dans le cas de l’eau c’est la construction d’une usine d’assainissement ou l’exploitation d’une source d’eau minérale qui va être créatrice de valeur économique dès lors que l’eau potable n’est plus directement accessible. Une compagnie multinationale de l’air organisant un marché de l’air pur pour ses clients pourrait bien remplir demain des fonctions analogues si la dégradation de l’air respirable continue de se poursuivre. On voit clairement aujourd’hui les effets contreproductifs de notre modèle de valorisation économique sur des secteurs tels que l’agriculture. Toutes les fonctions écologiques et sociales remplies par les métiers de pays (les paysans) se trouvaient dévalorisées : préservation de la nature, aménagement du territoire, lien social etc. tandis que seule la production agro alimentaire massive sur le modèle industriel se trouvait valorisée. La disparition des haies, la pollution des nappes phréatiques, la désertification des campagnes, le dégagement excessif de gaz à effet de serre et les atteintes majeures à la biodiversité étaient inscrites dans cette approche réductrice de la valeur économique.
Sur le plan social, les conséquences sont tout aussi redoutables en particulier dans les domaines clefs que sont l’éducation, l’emploi, les retraites et le système de protection sociale. Si l’on considère la vie dite active au sens économique et statistique du terme celle-ci ne correspond guère qu’à un peu plus de 10% du temps de vie global[ii]. En sont par exemple exclues les activités domestiques non marchandes, le capital social[iii] considérable que représentent la vie associative bénévole et l’ensemble des échanges de connaissance non marchands. Dans cette vision le financement d’un système de protection sociale qui, par nature, doit couvrir les 100% du temps de vie (et même davantage car l’accompagnement de la naissance est aussi pris en charge) suppose que les 11% de vie active soient « pressurés » à l’extrême avec toutes les conséquences contreproductives en termes de stress et de souffrance au travail que cette pression peut engendrer.
Sur le plan des retraites la contre-productivité est totale. Trois éléments de progrès social manifestes : la prolongation de l’espérance de vie, l’allongement du temps éducatif et la réduction du temps de travail se transforment en deux sources de régression sociale, la réduction des pensions et/ou la mise en cause des droits à la retraite dès lors que les éléments de progrès vont avoir pour effet mécanique de déséquilibrer le rapport entre les prétendus actifs et les prétendus inactifs. Le seul fait par exemple que le report de la moyenne d’entrée dans la vie dite active du fait du nombre croissant de jeunes faisant des études supérieures devient à l’autre bout de la chaîne de vie une source de régression sociale. Et l’on vante par ailleurs le fait que nous soyons entrés dans des économies et des sociétés de la connaissance ! De même on se félicite régulièrement de la vitalité de la vie associative que l’on a dotée d’une charte lors du centenaire de la loi de 1901. Mais les activités bénévoles continuent à être considérées comme improductives et ceux qui s’y adonnent comme inactifs au sens de la comptabilité nationale. C’est évidemment absurde : la contribution sociale apportée par la vie associative non marchande est absolument essentielle et il suffit d’imaginer une grève générale des associations pour comprendre qu’une bonne partie d’un pays moderne se trouverait paralysée. Or le rôle des jeunes retraités dans la vie associative est déterminant. Repousser l’âge de ce temps de libre activité qu’est la retraite (terme de plus en plus inadapté à la situation du 3ème âge), c’est se priver de cette contribution essentielle. D’autant que, circonstance aggravante, on continue de licencier massivement les seniors malgré tous les discours officiels et que l’on est en train de recréer les conditions d’une pauvreté de masse pour nos aînés avec les conséquences sociales et humaines dramatiques que nos sociétés ont déjà connu à l’époque où la plupart des personnes âgées étaient dans un statut d’ »économiquement pauvres ».
Si l’on aborde maintenant les problèmes de l’emploi la vision réductrice de l’activité a pour effet de passer à côté de la question la plus importante qu’est conduit à se poser un être humain. Et cette question ce n’est pas seulement : « qu’est ce que je fais dans la vie ? » mais, plus fondamentalement « qu’est ce que je fais de ma vie ? ». Cette interrogation, au sens le plus fort du terme, nous amène à nous interroger sur la notion d’œuvre et de métier beaucoup plus riche que celle job, de travail ou d’emploi.
Ainsi le mot métier est construit par le compagnonnage à partir de deux mots : le ministère, qui signifie « le service » et le « mystère ». Un métier c’est un ministère mystérieux. Que l’on soit dans le rapport à la nature, dans la transformation de la nature, c’est à dire dans les métiers manuels, ou que l’on soit dans le rapport à autrui dans les métiers relationnels, c’est toujours un accès au mystère de l’univers et de l’altérité qui est en cause. Le mot « métier » est un mot très fort, qui n’a rien à voir avec un mot aussi pauvre que « boulot ». C’est un mot qui renvoie à un autre terme qui a gardé sens encore aujourd’hui, c’est le mot « vocation ».
Quand on parle de vocation, on est bien sur l’axe de projet de vie et c’est le même mot qui est à l’origine de profession avant sa réduction techniciste. Parce qu’aujourd’hui quand on dit qu’on va professionnaliser un milieu, cela signifie tout simplement que l’on va serrer des boulons par ci, standardiser par là, ou encore techniciser. Mais professare, c’est la même racine que prophétie. On ne professe que si l’on est habité par le projet que l’on veut transmettre.
Cette question n’est pas simplement de nature culturelle ou civilisationnelle, elle est de nature économique. Si par exemple on continue à raisonner simplement dans les catégories classiques de job ou d’emploi, nous allons rapidement vers une contradiction insoluble. Pour reprendre l’expression consacrée trois pays le Brésil, l’Inde et la Chine pourraient à eux seuls être à la fois la ferme du monde, le bureau du monde et l’usine du monde. Si notre raisonnement se limite à l’idée que l’emploi est une offre d’entreprises et qu’elle est corrélée au degré d’employabilité, nous irons de plus en plus vers des formes de chômage de masse mondial, avec tous les effets dramatiques que cela peut entraîner. Il y a un moment où il faut prendre le problème par l’autre bout. Celui du métier au sens fort du terme et qui consiste à dire que tout être humain a au moins un métier de base, un métier matriciel dont les autres dépendent. Ce métier matriciel porte un nom : c’est un métier de chargé de projet. Chargé de projet de sa propre vie. Et c’est tout l’intérêt de la société que ce métier soit détecté (rôle de l’éducation) et ensuite exercé dans de bonnes conditions. Parce qu’un être humain qui n’arrive pas à prendre en charge sa propre vie, non seulement se détruit lui-même, mais les dégâts collatéraux de la non prise en charge de son propre projet de vie finissent par coûter très cher à la société.
Le droit au métier est ainsi beaucoup plus fondamental que le droit au travail et correspond mieux à l’objectif historique que s’était fixé le mouvement ouvrier à l’origine : celui de se libérer à terme de la pénibilité du travail et de la dépendance du salariat pour aller vers ce que Hannah Arendt appelait l’œuvre[iv]. Et si l’on veut conserver malgré tout le mot travail au moins faut il reprendre cette distinction chère à André Gorz de travail contraint et de travail choisi car sinon on confond deux réalités contradictoires. D’un côté il y a le trépied positif qui correspond à ce que le syndicalisme place sous le terme de droit au travail. Ce trépied c’est a) l’aspiration de tout être humain à disposer des moyens de mener une vie décente (grâce à un revenu et une protection sociale suffisants) ; b) l’aspiration à être reconnu comme utile et donc à prendre sa place dans la société ; c) la possibilité de se construire soi même (l’estime de soi) en lien avec cette reconnaissance et ces moyens de vivre. Mais il existe un autre trépied qui correspond à l’origine historique et étymologique du travail comme « tripalium », cet outil destiné à empêcher les chevaux de se débattre pendant qu’on les ferre et que l’on pouvait utiliser également comme instrument de torture. Le travail alors c’est un rapport entre la pénibilité, la dépendance et la nécessité. Pour des raisons de survie une personne accepte une activité pénible qui la place en situation de dépendance. Au sens précis du terme une personne condamnée à la mendicité est un travailleur : pour des raisons de survie elle accepte une situation humiliante qui la rend complètement dépendante du bon vouloir d’autrui. On comprend bien que lors qu’on parle de la valeur- travail ce n’est pas du tout la même chose d’évoquer le premier trépied ou le second. C’est la raison pour laquelle je préfère personnellement parler de droit au métier, plutôt que du droit au travail. Le droit de chaque être humain à faire de sa vie une œuvre constitue alors le lien du syndicalisme de demain et des objectifs historiques du mouvement ouvrier d’hier. Un syndicalisme « ouvrier » ne se réduirait pas dans cette perspective à un syndicalisme de salariés. Non seulement il prendrait en charge l’aspiration des salariés à aller vers le travail choisi plutôt que vers le travail contraint, mais il se préoccuperait aussi, en lien avec toutes les forces sociales qui sont déjà sur ce terrain à prendre en charge l’aspiration de tout être humain à s’accomplir dans des projets de vie. Ce syndicalisme là est alors par exemple l’allié naturel de forces qui œuvrent pour ne pas réduire l’éducation à la formation car ex-ducere, conduire au dehors, c’est permettre à un être humain d’accéder à l’autonomie, ou pour reprendre une belle expression de la philosophe Simone Veil : « élever un être humain c’est l’élever à ses propres yeux ». C’est l’allié de toutes les forces qui œuvrent à une émancipation des êtres humains, c’est un acteur qui ne cantonne pas sa perspective à la défense du salariat mais qui situe cette défense et cette humanisation légitime dans une perspective transformatrice et émancipatrice d’ensemble qui s’intéresse à la totalité du temps de vie et pas seulement aux 11% qualifiés de « productifs ». C’est parce que ce syndicalisme là est déjà en marche dans les fait d’ailleurs qu’il est possible d’avoir des syndicats dans des domaines aussi divers que l’éducation, l’habitat, la consommation que des chômeurs ont pu se syndiquer et que l’économie sociale et solidaire à travers ses coopératives, ses mutuelles et ses associatives fait tous les jours la preuve qu’il existe un syndicalisme d’entrepreneurs alternatif au syndicalisme patronal.
[i] Philosophe, conseiller maître honoraire à la Cour des Comptes, auteur de « reconsidérer la Richesse » (éditions de l’Aube)
[ii] 11% si l’on prend une vie de 76 ans exprimée en heures de vie. En fait c’est déjà moins puisque l’entrée dans la vie active est désormais davantage à 24 ans qu’à 20 (cf. Roger Sue les temps sociaux)
[iii] Terme utilisé par Putnam l’un des participants à la commission présidée par Joseph Stiglitz et Amartya Sen.
[iv] Cf. Hannah Arendt : la condition de l’homme moderne.
Depuis le temps que nous disons les uns et les autres dans nos réseaux respectifs que « nous allons dans le mur » si nous continuons dans la voie d’un productivisme insoutenable aggravé par un capitalisme financier de plus en plus autoritaire posons nous la question : et si le mur nous ne l’avions pas déjà percuté ?
Et si donc la question était désormais non pas d’éviter d’y aller mais de commencer à en sortir.
Car après tout que voyons nous si nous regardons un peu le rétroviseur de ces trente cinq dernières années (pour prendre avec 1972 une date qui soit écologiquement significative d’un début de prise de conscience, la conférence de Stockholm, mais cette date est aussi intéressante sur le plan culturel et politique : la suite proche des mouvements internationaux de 68, l’après Breton wood sur le plan économique par exemple) ?
Nous constatons que quantité de situations que nous vivons actuellement régulièrement, parfois au quotidien, auraient paru à l’époque relever du fameux risque de percussion mural :
l’élévation gravissime du CO2 et son cortège de catastrophes naturelles (sécheresses, canicules, inondations, tempêtes etc.), l’expérience de catastrophes technologiques majeures (Seveso, Bhopal, Tchernobyl) en constituent des exemples sur le plan écologique.
Mais le creusement des inégalités sur le plan social, l’explosion du capitalisme financier, la montée de l’intolérance se traduisant par une influence démesurée de courants xénophobes au cœur même de l’Europe auraient paru à l’époque aux courants humanistes, fussent ils de tradition conservatrice, relever du fameux mur à éviter.
Nous sommes en réalité en plein dans le bain de la grenouille que l’on ébouillante progressivement pour éviter qu’elle ne saute de la bassine.
Nous avons déjà fait un long chemin avec l’inacceptable et paradoxalement notre peur du mur à éviter a pour effet de nous rendre aussi impuissants que le lapin face au boa. D’où la nécessité d’un renversement de perspective susceptible, en nous rendant beaucoup plus lucide que nous le sommes habituellement sur notre présent et notre passé proche, de nous ouvrir paradoxalement des voies d’avenir plus lumineuses en repérant dans ce mur dans lequel nous sommes déjà bien entrés quelques brèches à élargir pour mieux en sortir.
Certes, le mur en question se présente davantage comme une série de murailles entrelacées que comme une simple barrière à franchir. Et il est vrai que si nous avons rencontré déjà nombre de murets, percuté des murs plus costauds qui ont déjà beaucoup blessé ou tué il y a toujours un ensemble de remparts plus lourds encore qui, dans le gymkana où l’humanité est engagée, peuvent produire encore beaucoup plus de dégâts voire, dans l’hypothèse de la sixième grande extinction, mettre fin à sa brève aventure dans le cosmos.
Mais si nous restons dans l’analogie de l’enchevêtrement de murailles plutôt que du mur simple nous pouvons dans le même temps où nous repérons les obstacles les plus dangereux encore devant nous nous diriger vers les brèches et tenter d’entraîner vers des paysages plus doux un maximum de compagnons d’infortune.
Le projet SDM ! « Sortons du mur ! » esquissé ici pour provoquer la discussion, l’imagination et l’action se nourrit d’abord de désir dont l’énergie est très supérieure à la peur.
Car il existe aussi des brouillards artificiels que nous prenons pour des remparts et ceux-ci sont parmi les principaux obstacles que nous rencontrons car ils nous bloquent à la racine même de tout processus d’imagination alternative.
Il s’agit en particulier de l’effet de « sidération » que produit le capitalisme contemporain. Sidération car il provoque une panne d’imaginaire telle que même ce qui reste de révolutionnaires professionnels n’ont pour tout programme que de revenir au bon temps des trente glorieuses et de sa croissance pilotée par l’état nation.
Quant aux plus radicaux des écologistes, tels de nouveaux cathares, ils n’ont pour tout message que de prêcher une décroissance peu propice à mobiliser les énergies.
Or quel est le contraire de la sidération.
L’étymologie nous renseigne sur ce point. Face au « sidus » de l’immobilité de la voûte celeste à laquelle croyaient les grecs et les latins, la terre et le monde sublunaire étaient le siège de la vie (et de son corollaire la mort) et du mouvement. « Desidere », racine étymologique du mot désir c’était donc être dans une situation inverse de l’éternelle immobilité : la vie et le mouvement.
Voilà pourquoi, comme nous le disons dans le cadre du processus international « Dialogues en humanité », nous avons besoin de réinventer du désir , un désir d’humanité. Face aux logiques mortifères, de Thanatos nous avons besoin comme le notait déjà Freud en 1930 de retrouver la force de vie de l’Eros. Il nous faut pourrions nous dire construire la SEM, la « stratégie érotique mondiale »
Cet enjeu renouvelé des logiques de vie face aux sidérations mortifères nous permet de traiter le plus difficile : notre propre barbarie intérieure.
Rien n’est plus facile que de se construire un ennemi supposé cause de tous nos maux.
Rien n’est plus difficile que d’organiser le travail d’une communauté sur elle-même afin de progresser dans sa qualité d’humanité.
C’est la raison pour laquelle les effondrements les plus graves viennent de crises intérieures à des collectivités qui sont alors source de désespoir et pas seulement de défaite ou d’échec.
Ce n’est pas la force du capitalisme qui a conduit à l’échec du communisme.
Et pour prendre des exemples français récents sur le plan politique, l’échec d’une candidature de la gauche « antilibérale » aux présidentielles, la crise gravissime (incluant la fraude) au sein d’Attac, l’autodestruction du parti socialiste organisée par ses responsables, l’incapacité des verts à porter une question écologique désormais reconnue comme centrale ont pour point commun d’être des phénomènes intérieurs liés notamment à une incapacité à traiter les enjeux émotionnels en leur sein.
Toute action transformatrice, surtout si elle se veut radicale, doit donc tenter de traiter la difficulté de la question humaine à sa racine et ne pas se contenter de prôner le changement pour les autres.
nous avons à juste titre insisté les uns et les autres depuis le livre majeur de Hans Jonas sur le principe de responsabilité. Mais il nous faut aussi retrouver le principe d’espérance bien repris par Edgar Morin à travers trois modalités qui peuvent nous être très utiles dans les temps cahotiques que nous allons de plus en plus traverser : l’improbable, les potentialités créatrices, la métamorphose.
tension dynamique du personnel et du mondial et pas seulement du local et du global. Car le plus difficile n’est pas la production économique mais l’organisation d’un vivre ensemble qui fasse sens et réponde à la demande fondamentale de tout être humain : le désir de trouver sa place dans une histoire qui fasse sens. Là où les économistes croyaient que la question préalable à résoudre était celle de la production abondante face à la pénurie nous voyons bien aujourd’hui que l’abondance est porteuse de dépression si les communautés humaines sont sans repères sur leurs projets de vie.
non seulement pour résister au mal être et à la maltraitance du capitalisme et du productivisme mais aussi pour échapper aux dérives sectaires et non démocratiques de que l’on pourrait appeler le « militantisme sacrificiel ».
l’art de vivre « à la bonne heure » ; opposer la puissance créatrice et la capacité d’émerveillement (et d’indignation !) à la puissance dominatrice et au cynisme désabusé.
construire le conflit comme alternative à la violence, le désaccord fécond comme outil de progression de la discussion dans un débat ; la démocratie étant notamment l’art de transformer des ennemis en partenaires-adversaires ; la pratique des arts martiaux et du « judo de masse » (cf Alinsky) est une école très riche de cette conflictualité non violente.
il ne suffit pas d’affirmer qu’un autre monde est possible ; en fait une autre manière d’être au monde est déjà là et il nous faut apprendre à voir pour à donner à voir et à mettre en réseau toutes les initiatives de ce que l’on appelle souvent l’émergence des « créatifs culturels »; cela permet d’articuler à l’instar de l’expérience du mouvement ouvrier mutualiste et coopératif au 19 ème siècle trois postures complémentaires et non contradictoires : la lutte, la proposition transformatrice (donnant lieu à bataille juridique par exemple) et l’expérimentation sociale (tout ce qui est immédiatement réalisable est entrepris).
importance de la cohérence de la forme et du fond, et de la capacité à vivre réellement nos valeurs affichées en se souvenant du sens fort du mot valeur : la force de vie !
Les premiers réseaux potentiellement concernés
Ces réseaux s’inscrivent dans ce que l’on appelle de plus en plus l’émergence des créatifs culturels (ou des coopérateurs ludiques) dont l’enquête américaine a montré qu’ils représentaient 12 à 25% des plus de quinze ans.
L’enquête française, évoque, elle, les six traits des créatifs culturels représentant 17% des plus de 15 ans : (l’écologie, les valeurs féminines, l’être plutôt que le paraître, l’ouverture multiculturelle, l’implication sociale, l’intérêt pour les enjeux de développement personnel et les questions « spirituelles » ), et les quatre des « altercréatifs » (21%) (les quatre premières caractéristiques)
A titre indicatif et évidemment non exclusif on peut citer plusieurs réseaux directement concernés par ce projet :
Alliance pour la planète, Adels, ACIID, Banyan (réseau en lien avec les forums sociaux mondiaux) , Communication non violente, Collectif richesse, Dialogues en Humanité, 4D, Demain maintenant, Forum de la gauche citoyenne, GRIT-Transversales, Groupe veille Grenelle, Interactions transformation personnelle-transformation sociale, ODP, Association Sol, Terre et Humanisme (P Rahbi), Recit, Vecam, Villes Internet etc.
Se nourrir des tentatives antérieures, comprendre leurs réussites et leurs échecs (ex mvt ouvrier, coopératives et mutuelles)
Les apports théoriques (Proudhon, Fourier, part actuelle de Marx) et pluridisciplinaires (cf GRIT)
Parc tête d’or Lyon
Parc Bercy (festival terre Paris)
Main d’œuvre
Maison ouverte
Festival du vent Calvi
Mise en réseau des projets identifiés par approche de type « syndication » (pas seulement pour les sites)
Modules communs et repérables SDM par ex dans les différents événements et festivals
Incluant lien intelligence sensible, cohérence forme et fond
Permettant échanges de savoirs et d’expériences
Avancée et capitalisation
Rencontre de Recit à Grenoble | 4, 5 janvier 2008 |
Journée décentralisée du forum social mondial | 26 janvier 2008 |
Printemps créatif St Ouen | mars 2008 |
Festival de la terre Paris | juin 2008 |
Dialogues en Humanité Lyon | juillet 2008 |
festival du vent Clavi | Toussaint 2008 |
Bengalore (Inde) | novembre 2008 |
Fez (Maroc) rencontre sur les créatifs culturels | (date en cours de fixation) |
Berlin (Allemagne) fin juillet 2009 |
Une charte : Il s’agit de mettre en réseau tous ces acteurs en respectant leur diversité et surtout une logique de puissance créatrice et non de pouvoir dominateur: voir projet Celina ;
Un usage commun des NTIC afin de favoriser les synergies d’information, de délibération, de calendrier etc. et d’œuvrer ensemble dans l’esprit « coopérer pour ralentir » (et mieux vivre en sortant des cadences infernales du militantisme !)
Une monnaie commune : le sol en lien avec des systèmes d’échange locaux, des coopératives de temps et des réseaux d’échange de savoirs ;
Des méthodes déjà utilisées : les parcours « produit intérieur doux », les carnets d’étonnement du FSM et de Dialogues en Humanité, la méthode de construction de désaccords féconds (mvts de citoyenneté) les ateliers de TPTS, l’approche « nanoub » (nous allons nous faire du bien !) etc.
Et quantité d’autres idées à débattre et à expérimenter dans la gaieté , l’humour et la tendresse en se souvenant de la phrase de Sénèque : « ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les faire, mais parce que nous n’osons pas les faire qu’elles sont difficiles ! »
Patrick Viveret
"Des ponts pas des murs". Montreuil, 18 octobre 2008.
Des ponts pas des murs. Hessel
envoyé par cathgegout
L'effet miroir
envoyé par cheshirecatfr
Cet ouvrage est un signal d'alarme lancé par les philosophes Miguel Benasayag et Angélique del Rey, et des membres du Réseau Éducation sans frontières (RESF), confrontés quotidiennement à la réalité de la traque des sans-papiers et de leurs enfants scolarisés en France.
Il montre que la politique discriminatoire dont ces derniers sont l'objet a des conséquences beaucoup plus profondes qu'il n'y paraît, puisque c'est la société tout entière qui est traumatisée quand elle est amputée de certains de ses membres : les violences faites aux migrants étant des atteintes à ce qu'ils sont et non à ce qu'ils font, elles provoquent de profonds chocs psychologiques. Cela vaut en particulier pour les camarades de classe des "enfants chassés", confrontés à d'insupportables contradictions quand les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité sont bafouées au nom d'une certaine conception de l'ordre et de la tranquillité sociale, quand des enseignants, des responsables d'établissement ou des parents doivent s'opposer ouvertement aux agents de la force publique qui procèdent aux arrestations ou aux expulsions, quand l'autorité scolaire ou parentale doit contredire une autorité censée assurer la sécurité de tous.
Nourri de nombreux témoignages sur les violences de la " chasse aux enfants" et l'engagement de militants de RESF, ce livre montre que cet engagement au nom de la solidarité active, maintenant pénalisée, relève, au-delà de la conscience morale, beaucoup plus fondamentalement de la possibilité réelle de vivre ensemble.
A l'occasion de la semaine Nations Unies, organisée par l'association EDHEC Nations Unies, le 21 janvier 2009. Etaient invités pour débattre sur ce thème : Pierre Fournel, Délégué Général de la LICRA, et Stéphane Hessel, ambassadeur de France et co-rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Droits De l'Homme - 60 ans
envoyé par CulturePaix
Le 1er décembre, Stéphane Hessel, co-rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, était l’invité des Amis de l’Humanité et des Amis de l’hebdomadaire La Vie.
Au cours de la première partie, il nous parle de l'adoption des Droits de l'Homme, puis
dans la seconde partie, il aborde les sujets actuels de l'immigration, de Chefs d'Etat tel que N. Sarkozy, G. Bush,
et enfin, bien sûr, d'Israël et de la Palestine...
Une rencontre historique.
C'est au Palais de Chaillot, à Paris, le 10 décembre 1948, que cinquante-quatre Etats ont adopté la déclaration universelle des droits de l’homme.
Extraits du discours de Stéphane Hessel lors de la célébration du 60è anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, le 11 décembre 2008.
Nous vous présentons le texte de l'appel à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil National de la Résistance adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944, lu par les figures historiques de la Résistance.
Vous pouvez voir et entendre Lise London, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Philippe Dechartre, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Georges Séguy, Maurice Voutey.
Nous avons tourné ces images (2004) en réaction au refus de la publication de ce texte par les médias dominants.
Vous pouvez diffuser ce lien sans modération. Rendez-vous sur notre site http://www.alternatives-images.net/ pour faire l'aquisition du double DVD "Résistances".
Stéphane Hessel évoque l’articulation entre un texte aux valeurs toujours intactes et les nouvelles questions posées à la communauté internationale. Le terrorisme et la protection de l’environnement, en particulier, sont deux problématiques qui n’étaient pas abordées dans le texte de 1948. L’idéal, les principes et l’audace des rédacteurs n’en restent pas moins les armes indispensables pour considérer ces nouveaux enjeux. Stéphane Hessel fut un témoin privilégié de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme le 10 décembre 1948. Résistant, déporté, il assiste à New York à partir de 1946 à la genèse de la Déclaration. Alors jeune diplomate, proche du secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des droits sociaux et des droits de l’homme Henri Laugier, il revient 60 ans plus tard sur l’ambiance qui présida à l’élaboration d’un texte à la portée considérable.
Entretien : Antonin Guyader, Michel Lefèbvre Réalisation : Karim El Hadj
Le projet de Pacte Civique tente de fédérer diverses associations ou mouvements qui appellent à des changements de comportements et des orientations politiques nouvelles, avec pour objectif de revitaliser le civisme et la responsabilité citoyenne.
Au cours de ces dernières années, un ensemble de manifestes ou de pétitions ont été lancés par différents protagonistes et acteurs sociaux en vue de promouvoir des changements de comportements et des orientations politiques nouvelles. Certaines parmi ces initiatives ont obtenu des résultats réels, bien que partiels. En particulier, la démarche suivie pour élaborer un pacte écologique, fondée sur la mobilisation d’une expertise de qualité et de forts relais politiques et médiatiques, a permis de tenir le « Grenelle de l’environnement » avec le concours de la société civile.
Ces démarches ont en commun de mener des actions militantes pour un monde plus juste, plus humain, plus solidaire et plus respectueux de l’environnement. Elles sont originales aux trois titres suivants : elles lient transformation personnelle et transformation sociale ; elles s’adressent de manière non partisane aux instances politiques ; elles expriment des valeurs morales et spirituelles fortes tout en étant soucieuses de réalisations concrètes.
Face aux bouleversements écologiques et économiques en cours, alors même que la question sociale prend de nouvelles formes, que la question éthique et spirituelle du sens individuel et collectif à donner au vivre ensemble prend une importance croissante sans trouver d’expression démocratique satisfaisante, que les institutions politiques patinent face aux défis nouveaux qui leur sont posés, une initiative commune d’associations et mouvements ne doit-elle pas être envisagée pour fédérer des énergies militantes souvent dispersées et pour engager des dynamiques efficaces porteuses d’avenir ?
Alors que notre humanité est confrontée à une série de problèmes, certains inédits par leur ampleur, leur rapidité et leur complexité, il est important d’aider chaque citoyen à chercher et à trouver à la fois des réponses individuelles, en lien avec une transformation personnelle porteuse de confiance et du sens des responsabilités, et des réponses collectives mettant l’homme et sa dignité au centre du débat politique. Il convient aussi d’aider les institutions démocratiques à faire face dans de meilleurs conditions aux défis qui leur sont posés.
A un moment de pertes de repères, de manque de confiance dans l’avenir, de perte de foi dans les forces qui peuvent mobiliser nos sociétés sur des projets porteurs de sens pour une majorité de français, il est fondamental de rassembler les énergies d’hommes et de femmes de conviction rassemblés dans divers mouvements et associations pour proposer une initiative commune promouvant le civisme et la responsabilité citoyenne et appliquant celle-ci de manière concrète sur un certain nombre de terrains choisis.
Cette démarche que l’on pourrait intituler « Pacte civique » (ou Pacte citoyen) - ou une formulation de ce type à trouver en commun - devrait comporter, selon nous, les trois dimensions suivantes :
L’idée de Pacte Civique est née de la dynamique créée par le colloque La politique au risque de la spiritualité de décembre 2006 à Saint-Denis. Les trois associations organisatrices, D&S, Vie Nouvelle et Poursuivre ont depuis proposé à d’autres mouvements et associations intéressées de s’associer à cette démarche.
L’objectif est de présenter publiquement le pacte tel qu’il aura été construit ensemble dans un grand colloque qui devrait avoir lieu avant le lancement de la prochaine campagne présidentielle et législative française de 2010.
Six thèmes de travail sont proposés, dont les contours peuvent encore être modifiés :
En parallèle, des réflexions doivent être engagées sur la méthode et les moyens :
L'écologie politique, si elle veut être à la hauteur des espérances qu'elle suscite, doit construire une réponse réellement systémique à la crise en articulant une critique de l'insoutenabilité de nos formes de croissance avec l'exigence du mieux-être.
Cette articulation suppose qu'elle intègre pleinement dans sa perspective la question sociale, de même que les socialistes européens se doivent eux de penser radicalement la question écologique. Et la question sociale pose plus radicalement encore la question humaine et la difficulté propre à notre espèce de penser et de vivre le rapport entre notre intelligence et nos émotions. C'est toute la question de ce que Félix Guattari nommait l'écosophie, la capacité de penser écologiquement et politiquement la question de la sagesse. C'est aussi ce que Pierre Rabhi nomme les enjeux d'une "sobriété heureuse" où s'articule, dans la justice sociale, le choix de la simplicité avec celui d'un art de vivre affranchi de sa boulimie consommatrice et consolatrice.
Il nous faut d'abord voir que ce qui est commun à toutes les facettes de la crise, ce qui la rend donc systémique, c'est le couple formé par la démesure et le mal-être. Ce que les Grecs nommaient l'ubris, la démesure, est en effet au coeur de notre rapport déréglé à la nature par deux siècles de productivisme et ses deux grandes conséquences : le dérèglement climatique et ce danger à ce point majeur pour la biodiversité que l'on peut évoquer le risque d'une "sixième grande extinction" des espèces, cette fois provoquée par le comportement irresponsable de notre propre famille humaine.
C'est la démesure aussi qui a caractérisé le découplage entre l'économie financière et l'économie réelle : un ancien responsable de la Banque centrale de Belgique, Bernard Lietaer, a pu avancer qu'avant la crise, sur les 3 200 milliards de dollars (2 272 milliards d'euros) qui s'échangeaient quotidiennement sur les marchés financiers, seuls 2,7 % correspondaient à des biens et services réels !... Démesure encore dans le creusement des inégalités sociales mondiales tant à l'échelle de la planète qu'au coeur même de nos sociétés : lorsque la fortune personnelle de 225 personnes correspond au revenu de 2 milliards d'êtres humains, lorsque les indemnités de départ d'un PDG qui a mis son entreprise en difficulté peuvent représenter plus de mille fois le salaire mensuel de l'un de ses employés.
Démesure enfin, il ne faudrait pas l'oublier, cette fois dans les rapports au pouvoir, qui a été à l'origine de l'autre grand effondrement politique récent, il y a tout juste vingt ans, celui du système soviétique et de sa logique totalitaire. Il est important de le rappeler si l'on veut éviter le mouvement pendulaire des années 1930 qui vit un politique de plus en plus autoritaire, guerrier et finalement totalitaire, prendre la relève du capitalisme dérégulé des années d'avant-crise.
Ainsi le caractère transversal de cette démesure permet de comprendre le caractère systémique de la crise, et l'on comprend alors que des réponses cloisonnées qui cherchent, par exemple, à n'aborder que son volet financier se traduisent finalement par une fuite en avant dans le cas de la crise bancaire doublé de fuites en arrière dans le cas de la crise sociale. Comme quoi les caisses ne sont pas vides pour tout le monde !
Mais pour construire, au-delà d'une écologie politique, une "écosophie politique", il faut faire un pas supplémentaire dans l'analyse et comprendre ce qui lie profondément cette démesure au mal de vivre de nos sociétés.
Celle-ci constitue en effet une forme compensatrice pour des sociétés malades de vitesse, de stress, de compétition, qui génèrent un triple comportement guerrier à l'égard de la nature, d'autrui et de nous-mêmes. En ce sens, nos "sociétés de consommation" sont en réalité des "sociétés de consolation" et cette caractéristique se lit économiquement dans le décalage entre les "budgets vitaux", et les dépenses de stupéfiants, de publicité et d'armement.
En 1998, le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) comparait en effet les budgets supplémentaires nécessaires pour couvrir les besoins vitaux de la planète (faim, non-accès à l'eau potable, soins de base, logement, etc.) et mettait en évidence que les seules dépenses de stupéfiants représentaient dix fois les sommes requises pour ces besoins vitaux (à l'époque 400 milliards de dollars par rapport aux 40 milliards recherchés par les Nations unies). On note le même écart s'agissant des dépenses annuelles de publicité.
La société dure est en permanence compensée par la production du rêve d'une société harmonieuse, et l'endroit par excellence où s'opère ce rapport est la publicité qui ne cesse de nous vendre de la beauté, du bonheur, de l'amour, voire de l'authenticité, messages dans l'ordre de l'être, pour mieux nous faire consommer dans l'ordre de l'avoir. Quant aux budgets militaires qui expriment les logiques de peur, de domination et caractérisent par conséquent les coûts (et les coups) de la maltraitance interhumaine, ils représentaient eux vingt fois ces sommes ! Ces dépenses passives de mal-être représentent (car le même écart est maintenu dix ans après) environ quarante fois les dépenses actives de mieux-être nécessaires pour sortir l'humanité de la misère et assurer un développement humain soutenable tout à la fois écologique et social.
Il nous faut donc répondre au couple formé par la démesure et le mal-être par un autre couple, celui de la "sobriété heureuse", formé par l'acceptation des limites et par l'enjeu positif du "bien-vivre" ou par ce que les prochains "Dialogues en humanité", qui se tiendront début juillet, évoquent sous le terme de la construction de politiques et d'économies du mieux-être.
Et c'est ici que l'écologie doit non seulement intégrer pleinement la question sociale, celle de la lutte contre les inégalités, mais aussi la question humaine proprement dite, c'est-à-dire la capacité à traiter ce que l'on pourrait appeler le "bug émotionnel" de l'humanité, qui est à la racine de ce qu'Edgar Morin nomme "Homo sapiens demens". La question est en effet moins de "sauver la planète" - qui a de toutes manières plusieurs milliards d'années devant elle avant son absorption par le Soleil ! - que de sauver l'humanité qui peut, elle, terminer prématurément en tête-à-queue sa brève aventure consciente dans l'Univers.
Or, comme le soulignait Spinoza, la grande alternative à la peur est du côté de la joie. La différence aujourd'hui réside dans le fait que ce qui était traditionnellement de l'ordre personnel et privé devient un enjeu politique planétaire. La question de la sagesse, c'est-à-dire la question fondamentale de l'art de vivre, qui cherche à épouser pleinement la condition humaine au lieu de vouloir la fuir, devient alors une question pleinement politique.
Nous sommes en effet à la fin du cycle des temps modernes qui furent marqués par ce que Max Weber, d'une formule saisissante, avait caractérisé comme "le passage de l'économie du salut au salut par l'économie". La crise actuelle démontre que ces promesses n'ont pas été tenues. L'un des enjeux aujourd'hui est de savoir comment sortir de ce grand cycle de la modernité par le haut, les intégristes le faisant par le bas : garder le meilleur de la modernité, l'émancipation, les droits humains et singulièrement ceux des femmes qui en constituent l'indicateur le plus significatif, la liberté de conscience, le doute méthodologique, mais sans le pire, la chosification de la nature, du vivant, des animaux et à terme des humains, la marchandisation n'étant qu'une des formes de cette chosification. Et retrouver, dans le même temps, ce qu'il y a de meilleur dans les sociétés de tradition, mais là aussi en procédant à un tri sélectif par rapport au pire : un rapport respectueux à la nature, sans qu'il soit de pure soumission, un lien social fort mais non un contrôle social, des enjeux de sens ouverts et pluralistes et non des intégrismes excluant. Une grande partie du destin de l'humanité se joue en effet dans l'alternative guerre ou dialogue des civilisations.
Nous ne sommes pas condamnés soit à la projection mondiale du modèle occidental, soit à l'acceptation au nom du relativisme culturel d'atteintes fondamentales aux droits humains, à commencer par ceux des femmes. On peut récuser l'impérialisme et le colonialisme sans être obligés de tolérer l'intégrisme et l'exclusion. C'est alors la co-construction d'une citoyenneté terrienne qui est en jeu, et la rencontre des sagesses du monde est alors un enjeu capital dans cette perspective où l'Homo sapiens sapiens, à défaut d'être une origine, pourrait être, devrait être un projet.
C'est à ce projet planétaire qu'une Europe, qui a payé le prix lourd pour comprendre que la barbarie n'est pas un danger extérieur, mais le risque intérieur par excellence de l'humanité, peut pleinement contribuer.
Philosophe, essayiste altermondialiste et ancien conseiller à la Cour des comptes, Patrick Viveret a été rédacteur en chef de la revue "Transversales Science Culture" entre 1992 et 1996.
Il a notamment publié "Pourquoi ça ne va pas plus mal ?" (Fayard, 2005) et "Reconsidérer la richesse" (éd. de l'Aube, 2002)
Ce texte est issu des conférences que l'Université de tous les savoirs organise sur le thème "La croissance verte, comment ?" en partenariat avec l'Ademe, la ville de Bordeaux et France Culture.
L’insoutenabilité écologique, sociale, civilisationelle et financière du paradigme dominant, le « risque de l’abyme », appellent à une nécessaire transition (énergétique - vers l’après pétrole, mais également plus large, civilisationelle, vers un autre paradigme), à inscrire dans une perspective de métamorphose (Edgar Morin).
A ces deux éléments, transition et métamorphose, nous proposons d’adjoindre la question de la résilience proprement dite. A l’échelle sociétale, les éléments conjugués des différentes crises aboutissent à « des chocs traumatiques », et il est probable que nous en connaitrons d’autres. L’idée de la résilience est celle de dire qu’il est nécessaire de se préparer face à des chocs traumatiques et de rebondir positivement (énergies de vie).
Sortir de l’impensé, de la dénégation, prendre le choc au sérieux et construire une capacité de réaction transformatrice positive.
Démesure qui se manifeste dans plusieurs registres…
Choix de zoomer sur la crise financière, non pas pour la déconnecter des « autres crises », mais pour dire que l’on a atteint là une forme de démesure particulièrement accentuée, et qui plus est capable de générer des effets de chaos plus importants encore que les autres crises, ou se répercutant sur les autres crises.
La démesure au cœur de la crise financière
En réaction, stratégies guerrières
(Exemple : comportement de la FED pour enrayer la crise américaine, qui y répond par la fuite en avant par l’émission massive de dollars. C’est une stratégie qui n’aboutit pas, dont le seul effet est de venir gonfler la bulle spéculative. Pas d’impact sur une reprise de l’économie américaine, mais au-delà fragilisation des autres économies (en particulier des pays émergents) (rôle du dollar comme « monnaie mondiale »).
La conjonction de ces trois éléments, robotisation + psychose maniaco-dépressive + et part rationnelle dans une logique guerrière, renforcent l’hypothèse de chocs traumatiques.
La thèse dominante, « rassurer les marchés financiers », est incapable de répondre à cette trilogie. (Il faudrait à minima interdire les transactions automatisées et instaurer un niveau de taxation sur les transactions suffisamment important pour casser la spéculation).
Et la crise financière est encore moins préparée, en termes de prévision face à un choc, que les autres.
C'est-à-dire lancer un processus qui ose dire que le problème peut se poser, que le choc traumatique peut se produire, et du coup, construire de l’imaginaire par rapport à cela. Trois pistes pour démarrer …
Dans un choc traumatique, le plus difficile n’est jamais le niveau de la casse matérielle mais celui de la casse sociale, de la capacité à générer confiance et espérance, à construire une réponse qui génère espérance et vision du futur.
Oser penser des éléments de résilience positive suppose de s’appuyer sur toute la créativité sociale existante aujourd’hui, comme des ressources à mutualiser et à utiliser dans cette situation. C'est-à-dire réintégrer le trépied du REV : Résistance créative / Vision transformatrice et déblocage des imaginaires / Expérimentations anticipatrices. Les initiatives et expériences existantes, réinsérées dans cette perspective, montrent que l’on est capables de se tourner vers l’avenir, y compris dans l’existence de chocs traumatiques, y compris sur le plan financier.
Le sens n’est pas celui du retour à ce qui était, à la forme ou l’état antérieur.
Le sens donné au mot résilience est celui de restaurer son intégrité, celui de la possibilité d’absorber les chocs et de s’adapter rapidement.
Il peut être intéressant d’aller revoir ce que sous tend le concept de résilience, pour qu’il serve d’outil d’analyse.
Ulanowicz et Bernard Lietaer (en l’appliquant au domaine monétaire) parlent du couple « opposé » Efficacité / Résilience pour mesurer la durabilité d’un système. Ces variables dépendent à leur tour de 2 variables structurelles du réseau: diversité et inter connectivité.
Cette approche de la résilience permet d’argumenter la pensée à l’inverse du paradigme actuel de l’efficacité.
Sommes-nous à la « fin d’un cycle » ? Ou dans un « grand moment de transformation au sein d’un cycle plus long » ? (Élisabeth Meichelbeck, Thierry Gaudin), une métamorphose à l’intérieur d’un processus de naissance d’un nouveau mythe ?
Quoi qu’il en soit, on est dans un moment de changement.
Ne pas sous-estimer la question du pouvoir
Logiques de guerre
Les enfants et l’éducation
Zoom sur la crise monétaire et financière mais….
Par exemple :
Exemples :
Colibris : Elaboration d’un ouvrage (avec la participation par exemple de Patrick Viveret, Bernard Lietaer, etc.…) qui doit sortir en janvier (Actes Sud), proposant des solutions possibles à différentes échelles de territoire.
Scénario Negawatt.
Etc…
Exemple : République Démocratique du Congo (et ce qui se fait au Nord Kivu / recréation d’une vie collective alors qu’il n’y a plus d’Etat, d’argent, de travail) / Haïti (situation terrible, mais ressources et capacités, la sensibilité artistique)
Exemples :
Exemples
Pour proposer ce travail avec d’autres réseaux, mettre en pratique les façons de faire proposées par le groupe 2 pour éviter les désillusions.
Le Collectif et « Forel » sont des lieux de propositions d’action, à partir du croisement de personnes venant d’horizons divers.
Ce croisement d’horizons différents, ce carrefour permet de faire ressortir des questions transversales, des points aveugles, des interrogations, des articulations à faire, à renvoyer vers les uns et les autres.
A partir de là, différents axes de travail peuvent être explorés, pris en charge par les uns ou les autres, selon les priorités et énergies de chacun.
http://www.larrouturou.net/2010/01/crise-financiere-comment-eviter-lexpl...
http://financerlavenir.fnh.org http://financerlavenir.fnh.org/propositions/financer-lavenir-proposition...financiere/
Premières pistes de travail et de croisement entre échelles locale et macro.
Synthèse des échanges du groupe "articulation entre les différentes échelles, coopération" Animé par Alain Aubry (Colibris), CR par Philippe Piau et Anne Amblès
Problématique : comment favoriser le travail en commune, à chaque échelle, de différents groupes (associations, réseaux, etc.) ayant des champs d'activité complémentaires ou similaires, et comment articuler les échelles
Lecture conseillée : petit livre d'Ivan Maltcheff, Les nouveaux collectifs citoyens (éd. Yves Michel, 2011)
Deux questions posées au groupe, et pour chacune, une réponse en deux mots par les participants au groupe.
Qu'est ce qui m'empêche d'avoir la paix à l'intérieur de moi ?
Le besoin, le manque d'amour,
La violence, la mort des enfants,
La déconnexion, l'inconscient,
L’orgueil, la gloutonnerie,
Les peurs, l'incompréhension,
Le mensonge, le non respect de la parole,
L’injustice, la culpabilité,
Les limites, l’égoïsme,
Les blessures, les freins.
Qu'est ce que vous imaginez qui vous donnerait la paix ?
La nature, la foi,
L'acceptation de ma non toute puissance, la réalité,
L'empathie, la Joie,
Arbres, le partage,
Espérance, confiance,
Le déploiement, au delà de l'égo,
L'amour, la conscience,
La nature, la simplicité,
La cohérence, le sourire des autres,
La reconnaissance du don reçu, le désintéressement.
Première approche : travail collectif sur ce que représente pour chacun cet effondrement.
Nous sommes dans un monde en crise(s).
La proposition = construire la résilience
Préparer des stratégies transformatrices (et porteuses d’espoir, de futurs souhaitables), mobilisables rapidement (déjà en œuvre ou à mettre en œuvre) y compris en cas de crise majeure.
La porte d’entrée, l’accent principal : la crise financière et monétaire
La proposition : A partir d’un scénario de rupture majeure (crise financière et monétaire majeure / écroulement de la confiance dans le système et dans la monnaie officielle).
Le lieu et les horaires
Proposition de déroulé
En préparation au 10 Octobre, ce qu’on essayera de faire….
Participants : Véronique Andrieux, Geneviève Ancel, Valentin Leblanc, Sandrine Fortina, Joëlle Bouchez, Delphine Grandcolas, Claire Chouvet, Véronique Jubault, Lucie Jacquet, Évelyne Foucher, Christian Foucher, Isshane Bekhaye, Natacha Kaminski, Viviane
Déroulement :
Distribution des flyers + affiches provisoires + programme 2013
Présentation du fonctionnement du site
Tour de table des participant(E)s
À faire au retour :
ACCOMPAGNEMENTS SOLIDAIRES DE TALENTS pour l’emploi - recherche d’emploi
Ministère des talents ?
- La fanette : à mettre dans la prog artistique - vérifier avec Daniella
Possible création pour les tout-petits en 2014
GA : regroupement en parcours / demande à Natacha et Evelyne (exemple Parcours petits-parents pour Grains de sel) / parcours bien être (Evelyne et Christian)
Info +++ : réseau couch surfing pendant la fête des lumières / tableau excel +++
Rencontre chaque lundi soir (voir sur le site)
Proposition de Forum d’un atelier de rencontre d’une femme congolaise Immaculée Biraheka, présidente de l’associationvictime « Promotion et appui aux initiatives féminines » (Goma - Province de Khivu) - Droit des femmes / Violences sexuelles / Société civile congolaise. Prix Martin Ennals des droits de l’homme. Atelier Citoyen n° 35 ? Relancer Marianne Leroux (sms de GA le we dernier) à la région.
Jean-Philippe Seunevel : chant vital ?
Natacha : bénévole pour être avec Piwaï
2014 : faire atterrir toute petite enfance - association ACEP
Université populaire de parents → agora : devenons artistes de nos vies
-Problème du cadre (2 pages par jours) pour un rendu lisible des activités.
Yoga : idéal une fois le matin (10h30) et une seconde l’après-midi (16h).
Le vendredi 5 juillet, ajout d’une rubrique « palabre à doudou », avec un sous-titre plus détaillé (découverte pour les plus petits), à partir de 10h30. Puis l’après midi, 16h (pendant les agoras).
-Suggestion d’inspiration : Concept perché de « papillon voyageur ». Temps de métamorphose important pour pouvoir voyager. Tiré du livre pour enfant « le papillon voyageur », de Susumu Shingu (inspiré par une migration de papillon monarque).
Atelier accompagnement solidaire, dialoguer pour l’emploi
Dans un espace d’écoute et de bienveillance, échangeons ensemble et pratiquons l’entraide. L’objectif de cet atelier est de vous soutenir dans votre recherche d’emploi : partage d’expériences, simulation d’entretiens de recrutement, etc.
Ihsane BEKKAYE, Philippe DELERCE
Participants : Geneviève Ancel, Véronique Andrieux, Diane Santes, Nicolas Wiplier, Evelyne et Christian Foucher, Ihsane Bekkaye, Natacha Kaminski, Claire Chouvet, Viviane Baret Rouanet, Salma Dakkini, Daniella Chiarella, Mathieu Fourest, Sandrine Fortina
1er temps : démonstration en ligne de modification du programme
Distribution du document sur les thématiques émergentes.
Tour de table.
G Ancel : faciliter la coordination des différents dialogues à l’échelle nationale & internationale.
V Andrieux. Assistante de G Ancel. Direction de la propreté.
Diane : école d’ingénieur, Lyon TPE, stage sur la résilience, ville de Feyzin
Nicolas. Gestion des espaces publics du point de vue de leurs usages, sécurité routière, veille sur l’éthique et le développement durable, intéressé par la résilience.
Natacha : participante depuis 3 ans aux dialogues, congé parental, Ville de Lyon, participation des habitants (culture, éducation, politique de la ville). Approches participatives. Investissement dans le comité d’orientation. 1ère réunion le 12 mars.
Christiane. Connaît les dialogues depuis plusieurs années. RH en reconversion de coaching. Sensible aux dialogues car fonctionnement participatif. Viveret est intervenu dans l’association de coachs, amène de la transformation. Aimerait être plus active cette année, était en mission au Congo l’an dernier (mission RH en entreprise, implication au Niger et au Congo sur un versant plus social, lien pauvreté). Un congolais est à Lyon que l’on peut inviter aux dialogues, nous donnera ses coordonnées.
Evelyne Foucher : chargée de la gestion de l’équipe de bénévoles d’une association de yoga & développement personnel. Compassion envers autrui, paix autour de soi, sensibilité aux dialogues, fille, Isabelle Foucher au collectif pouvoir d’agir (Paris) → mouvement à Vaulx en Velin sur l’empowerment, Bénévole cette année.
Christian Foucher: plus intéressé par les questions de compostage et de prévention des déchets. Bénévole cette année.
Projet Rabat : développer des dialogues dans les jardins de la bibliothèque (sortir de l’HEM)
Claire : représente plusieurs associations : Terre du ciel, groupe local de Colibris (résilience), Villes en en transition, Alees.
2 agoras en projet cette année avec Alees.
2ème temps : Regards sur la programmation en cours des ateliers
Le rythme de chaque journée de Dialogues (Démarche) :
Le temps du lancement, de la simplicité
Ateliers du sensible dans l’objectif de formation au discernement - recherche d’harmonie - corporalité affective - retrouver une forme d’humilité
Agoras sur le modèle de l’arbre à palabres à l’africaine
Temps de coopération/action : construire, tisser ensemble
Témoignages de vies croisées
Temps de la fête : rencontres autour de musiques du monde, théâtre de transformation
- Appel à bénévolat pour Piwaï : Natacha intéressée, peut-être aussi Evelyne et Christian.
- Fonctionnement par capillarités.
- Université du Nous : ne se prononcent pas encore. Association qui propose du développement personnel, comment s’organiser de manière plus humaine. Ludique et profond. Atelier de 2012 avec un anneau à cordes / résistance dans les prises de parole.
Pour smoothie-zeybus : recherche de fruits : paniers de Martin ? Autres maraîchers ?
3ème temps : travail sur les propositions en cours
Construction de désaccords féconds : Cf. livre d’Ivan Maltcheff sur les nouveaux collectifs citoyens.
Propositions de Natacha
1ère idée : On part d’un manque de la part des participants et de ne pas consommer de l’atelier. On va aux dialogues ajd comme on va ailleurs. Communication institutionnelle qui ne correspond pas à l’esprit des dialogues.
Une communication plus visuelle sur les itinéraires proposés. Mettre la puce à l’oreille sur la démarche de fonds des dialogues. Idée : un guide du routard des dialogues (de la démarche et de l’état d’esprit des dialogues).
Juillet : déplacements / voyages, dans l’idée du Routard
Un voyage : tu construis une carte mais tu ne sais pas ce que tu vas vivre.
Part du constat d’une difficulté : embarquer dans l’état d’esprit des dialogues
→ Les citoyens reçoivent chez eux une carte en amont : vous ne partez pas en voyage cette année, mais vous allez vivre un voyage en humanité… Ils la conservent jusqu’au jour J. tu seras amené à bouger pour découvrir. Une carte du parc avec les ateliers.
Idée : une carte d’embarquement pour 1 à 3 jours / passeport
Éviter de vivre tout et rien*
Choisis ton parcours dans les journées, ce que tu pourrais faire, tes choix, ta recherche.
Autre idée de Natacha : Vendredi : 1er jour = ateliers pour les tout-petits (en direction du public crèche 18 mois à 3 ans). On communique auprès des crèches pour ensuite attirer les familles le weekend.
Spectacles du printemps des petits lecteurs (Lyon 7) : chaque crèche amène 5 enfants, 100 au total.
Osons la métamorphose pour les dialogues eux-mêmes.
Exemple du salon primevère : une tente animée par la CNV (transition pour 2014), cnv.org qui raconte des histoires aux tout-petits.
Éveil musical marche aussi très bien → magasin « Noisy kid » qui propose des ateliers d’éveil musical et ont un réseau d’intervenants (7ème, rue de la Thibaudière). CFMI = centre de formation intervenants-musique.
Sortir de la crèche pour vivre des choses en dehors.
Assistantes maternelles, crèches familiales.
Crèches associatives & parentales, collectif de parents.
Mixité sociale : Pour élargir : fédération de l’ACEPP, pôle ressource
Universités populaires parentales (UPP)
Proposition Claire : pas mieux que le texte d’origine.
Qu’est-ce que l’éco féminisme ? L’éco féminisme existe-t-il ? Une provocation !
Cerveau droit / cerveau gauche
À retravailler avec Nathalie Blanc
Proposition du groupe sur la citation des fauteuils et du Titanic
La métaphore parle bien.
Crise pas du tout nouvelle ou récente !
Enjeu : vaincre la situation de déni & trouver ce qui maintient dans le déni.
La question de l’exemplarité individuelle, institutionnelle, étatique/ investissement local / enjeux globaux → agora de construction de désaccords autour des résistances au changement avec des citoyens qui expliquent pourquoi ils ne s’investissent pas, des entreprises sur la situation économique et des acteurs politiques →
Proposition sur la politique de l’amitié :
Oxymore
Référence à l’éthique et au discernement. Comment les faire se rejoindre
Thème d’oser la métamorphose, construction de désaccords !
Thème à décliner sur les trois jours sur un cheminement : désaccord / approfondissement / potentialité créatrice
Très illustratif des dialogues : entre les français et les brésiliens au départ.
Proposition d’atelier sur le coaching solidaire. Ateliers sur le retour à l’emploi, l’insertion : construire un parcours sur 3 jours, dont un atelier de coaching pour les personnes en recherche d’emploi, groupe de parole en insistant sur le silence.
Cf : Pascal + Ihsane + ADAPT Rhône = slow dating dans l’herbe
Ateliers humanistes
Solidarités nouvelles face au chômage
Brigitte Bourquin : travail chez EDF avec les femmes
Invitation à un parcours d’écoute de soi et de l’autre plutôt que coaching
Proposition de Viviane :
Modifications ateliers : réseau environnement-santé : consommer plus sain au quotidien (plutôt que les cosmétiques). À partir d’exemples concerts, repérer les substances présentant un risque pour la santé.
Agora de désaccord : les perturbateurs endocriniens : évoluer vers une réglementation plus respectueuse de notre santé.
Conditions de vie non sécuritaires ? À développer.
AF : envoi du CR aux participants + envoi construction désaccord fécond et bénévolat Piwaï à Natacha.
Comité d’Orientation à Lyon des Dialogues en humanité du 10 janvier 2012
- Justine Lascar Laboratoire ICAR CNRS-ENS Lyon2 linguistique. Contact avec les Dialogues en humanité (merci de remplir l’autorisation ou de dire si acceptation ou non du droit à l’image à usage de recherches)
- Mathieu Quignard chercheur CNRS
- Emilie Jouin-Chardon Ingénieur CNRS labo Icar
- Solange Djenab étudiante au labo + stage Master 2 + lien interface entre labo et
- Ya Mutuale Balume vous m’avez reconnu en vous, je vous ai reconnu en moi. Origine RDC, migrant jusqu’à Lyon, passion passerelle entre les humains, déconstruction des murs surtout invisible + association des Dialogues en humanité, amplificateur de l’initiative
- Sandrine Dupeuble termine une thèse d’anthropologie sur la gestion des déchets et le tri sélectif et le comportement des usages (dispositif sur le fonctionnement , le comportement + Comm urbaine de Marseille .intéret :curiosité
- Clémence Brunnel Master 1 prévoit master 2 environnement
- Marion Valentin étudiante en philo « économie et temporalité : le DD est il soutenable théoriquement »
- Marion Sessiecq, « nomade en pause active», ex AFEV (7 ans) et membre du Conseil de développement. Intérêt pour ce qui se passe sur l’agglo. A participé sur le temps de coopération action sur l’empowerment, de capabilités, le pouvoir de chacun puisse émerger. Préfigurant l’université d’été de l’AFEV
- Olivier Pastor collectif Université du Nous, qui souhaite faire son colibris, espace d’expérimentation et de partage, inventons le faire ensemble, propose un parcours d’accompagnement des individus des collectifs sur le chemin de la transition, jeu du TAO sociocratie, holacratie, expérimentation en son sei, expérimentation des nouveaux facteurs et indicateurs de richesse, expé des monnaies complémentaires (Chambéry, + région Rhone Alpes avec Cyrille Kretzschmar), voir les ateliers ou animations (Partie de TAO, ateliers de gestion par consentement,.. rencontres partages.. pour nouvelles façons d’envisager le collectif)
- Christophe Grandfils, en parcours de formation à l’université du Nous, de Chambéry, intérêt pour les Dialogues, Comment faire ensemble sur l’habitat groupé, l’agriculture, la construction écologique ? à pérenniser
- Marine Bonnell suit les Dialogues depuis 2008, puis à l’étranger, actuellement chez EDF sur le DD et les ENr « j’aime beaucoup »
- Carine Berthillot Ville de Lyon, service Université recherche anime la pépinière associative étudiante, Lyon campus
- Vanessa Desmaret, comédienne à la Cie Le Fanal, travaille sur le quartier de la Duchère, missionné par la VdL, OPAC du Rhône, sur la barre 230, accompagnement des habitants, entretiens et actions artistiques, avec les Dialogues pour accompagner les habitants + lien avec « la sauvegarde » sur la thème de la résilience, il est prévu de lancer le Festival D’art et D’air
- Annie Gourdel, Démocratie et spiritualité et Pacte civique, a participé aux Dialogues au Brésil et en Inde,
- Geneviève Ancel
- Jean Clément chef d’entreprise à la retraite, Conseil de Dev, a participé aux Dialogues depuis le début
- Pascal Loviconi, bénévole pour l’association et les Dialogues jeunes, compétence « bénévolat » auprès de collectivités locales et entreprises… délégation et donner du pouvoir
- Véronique Andrieux assistante à la Direction de la propreté ancienne de la collecte et la gestion des déchets
- Jacques Martin travailleur et humanitaire émérite, asso 25 grand rue, passage de l’urbain (62 ans) au rural, à la frontière d’un départ de 3 comité de communes, lance des Dialogues en humanité le 25 juin au pied du volcan du jurassique (15 millions d’années) pour se souvenir d’une mobilisation des années 60, engagement avec CAPSAA et du COSI, très heureux d’être là ! lien avec le peintre Daniel Kambéré et ses œuvres « transit » lié aux problèmes des migrations vue du sud.
- Geneviève Brichet Pdte de l’Association lyonnaise d’Ethique et d’Economie Sociale » + Association Dialogues humanité l’Association, très engagée pour Dialogues jeunes, travaille avec paul sur la stratégie de communication proposant que l’événement qui a lieu dans le parc « Forum Dialogues en humanité », élue à la ville de Lyon
- Paul Brichet, Retraité actif, ex dirigeant d’une entreprise publicitaire, Prédt du « Pass » structure d’insertion par l’économique, mobilisant les chefs d’entreprises, site internet Tanger.com, reconfiguration de la problématique des Dialogues, car qqchose de formidable pour devenir un forum mondial sur la question humaine
- Alain Barbier consultant indépendant, accompagnement d’équipe, et de projet, + au service de GA et des stagiaires chaque année pour du coatching opérationnel + équipe Dialogues jeunes
- Joana Jacusi Science et Art, « il faut créer aimer, aimer pour créer et pour créer pour comprendre », déclinaison en ballades poétiques, en jeu sur la faune et la flore approche sensible
- Simone Blazy suit les Dialogues en humanité d’abord comme directrice du musée Gadagne puis comme membre du Conseil de développement + groupe « pole métropolitain » considère que l’espace ouvert par les Dialogues est un « lieu où on peut rêver la vie »
- Linda Bruckert impliquée Dialogues jeunes, spécialité l’interculturalisme dans des universités, grandes écoles ,entreprises, « créatrice d’une culture de rêve » lancement d’un atelier mise aux enchères « culture de rêve », çà change pour du bon et pour du mieux
- Christelle Mougenot juriste (accès au droit, et aux droits, défense des droits des enfants, faire découvrir les droits aux enfants…) + collectif du Pacte civique sur Lyon, très impliquée
- Lionel Belot travaille au Grand Lyon, a participé pour ses activités artistiques, atelier du sensible sur la danse contact improvisation, les Dialogues à partir de la danse a du sens
- Patrick Viveret auteur de « Reconsidérer la richesse » et co fondateur des Dialogues en humanité
- Bruno Coudret Directeur de la Propreté - Grand
Lyon
Points de débat :
Programme 2012 en co élaboration
En particulier la question de la résilience/transition/métamorphose
Débat sur la charte à minima pour ceux qui veulent organiser des Dialogues dans le
monde
Commission artistique//
Commission de contenu/ petit groupe bien mélangé (intergénérationnel, inter compétences), comité des sages, éviter la partie égotique ou captatrice, et éviter les risques de manipulations
Titre sur le concept de résilience, accessible à tous, en sortant de la bulle d’initiés, trouver une périphrase
Proposition : métaphore du phœnix
Dictionnaire antidote : résistance aux chocs des matériaux, aptitude à affronter un stress intense et à s’y adapter
Cyrulnik parle du « merveilleux malheur » « à l’assaut du merveilleux malheur »
Mourir ou ne pas mourir ? mort symbolique, pour nous dégonfler
lien avec ville en transition
Capacité à retrouver sa forme d’avant
Retour à un état précédent, importance de savoir à quel état on revient ?
Pas d’accord ! définition physique sur la résistance des matériaux, jusqu’ou on peut taper avant que cela ne se déforme
Voyage initiatique, voyage de la vie, pour revenir à nous même un retour sur soi, en intégrant tout ce qu’on a vécu et qui nous transforme,
Se rapprocher de soi ?
Jusqu’à l’injonction « tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » car dans le champ humain !
Capacité à être dans l’humain
Dans le sens de l’humain, c’est la capacité de devenir meilleurs à partir de ce qui nous aurait endommagé, par la culture de l’intégrité de
l’humain
Reprendre le texte d’introduction pour le programme 2012 : un constat on est arrivé à la fin d’un monde et non du monde,
+ intéressant de partir de la métamorphose (Ovide, Kafka, Morin…) aller + loin vers qq chose de mieux
Or, Esprit joyeux et non catastrophique pour les Dialogues en humanité. Pas de façon béate, mais avec l’esprit positif, trouver l’équilibre entre le coté bobo. Éviter de tomber « à la fin du monde »
Résumé : résilience beau mot, mais trop intello, recherche d’un autre mot, expression, difficile de partir sur du positif
Le faire passer pendant les Dialogues mais en affichant plus le concept de métamorphose en insistant
Idée « on est ce qu’ on est avant, mais le stress ou le malheur le révèle, la culture de l’intégrité rend résilient. Éviter le mot malheur, pour insister sur le soi, ce qui nous rend résilient »
Si on sait qui on est !
pas un mot trop savant
Le mot intégrité, la sobriété heureuse, l’abondance frugale,
Épreuve qui révèle, personne ne peut devenir autre chose que ce qu’on est, mais l’épreuve peut révéler, l’humanité peut-elle autre chose
« deviens ce que tu es ! »
Je suis un cercle donc rien ne m’entame, donc je suis
Apprendre la résilience, c’est comment renaitre du chaos ?
On est dans un certain chaos, façon positive de renaitre du chaos
Dialogues en humanité : Opération phoenix
Ou Village phoenix
« Ce qui me gène c’est l’histoire du chaos actuel, mais quand n’y a t’ -il pas eu de chaos ? »
Un thème qui gène est possible
On est dans le chaos seulement si on regarde à court terme pas à l’échelle de l’histoire.
Physique quantique,
Réaction très viscérale au précédent Comité
Donner la matière aux communiquants
Subir une transformation alors qu’il serait plutot un appel à résistance ? Indignez vous ?
Que restera- t’-il de nous quand nous aurons fini d’avoir peur de ce qui nous arrive ?
N’ayez pas peur !
Résilience état où on est affaibli, car on est dispersé, or il faut se connaître et connaître ses limites, on retrouve l’intégrité comme à l’adolescence en grandissant et en devenant adulte …
Comme la déesse kali, il y a des bras qui poussent, comme une mobilisation de toutes les forces et ressources (qu’on ne se connaît pas)
Ce qu’on veut faire et ce qu’il faut faire pour etre compris
+ loin que la résistance,
L’accumulation des logiques d’aveuglement, on est rentré dans des cycles traumatiques (financier, nature, ..)
Happés par les situations traumatiques alors que nous ne sommes qu’au début (ex effondrement cumulé de l’euro et du dollars conduit à une circonstance ou ensemble des phénomènes extrêmes climatiques, qui risquent de générer de la panique, de la peur, comment on construit de la résistance face à tout cela ?
Renverser face au traumatisme // résilience
Ce qui plaide pour le garder et ce qui plaide pour le maintenir ?
Le terme correspond t’ -il à ce qu’on veut faire : l’abandonner ou l’inclure dans un dispositif plus ample.
Oser entrer dans une nouvelle ère
Gramsci « …au moment d’entrer dans un nouveau monde, on évitera les miasmes du vieux monde si on assume la germination du nouveau monde qui en train de naitre »
Regarder la construction du parcours des 3 jours pour éviter de s’auto bloquer.
Nos dirigeants ont une vision différente, or on est au 5eme sommet européen voir du G 20 de la dernière chance depuis 3 mois. Malgré eux ils sont dans une logique traumatique ! loin de la mondialisation heureuse. Les responsables politiques actuels sont complètement paumés.
Oser la transition y compris pour faire face à des situations traumatiques
Lien avec des initiatives nombreuses avec nécessité de coopérer
Cheminement ou fil conducteur :
- écouter la foret qui pousse (l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la foret qui pousse), or il y a déjà bcp de personnes qui n’arrivent pas à voir ce qui pousse. Rendre visible ce qui est bcp + constructif
- dépasser ses peurs individuelles et se mettre en mouvement « Transformons nos territoires (ville, pays) mais aussi soi même « il est temps de risquer ma liberté » il n’appartient qu’à moi de risquer sa liberté
- amplifier le mouvement et la puissance du changement, générer de la coopération et du lien, juste le temps de ces trois jours, par ex sur les pratiques corporelles (danse contact)
pas de transformation sociale sans transformation personnelle, au-delà du chaos
« être soi » est très porteur et
communiquant
TPTS, ce n’est pas séquentiel mais interactif
Cf rencontres écologiques de DIE « Vivre la transition »
La question de la guerre économique ?
Accord/désaccord sur les guerres physiques existent-elles toujours ici ? oui par ex à Clermont
Je veux bien agir mais je veux savoir sur quoi. Car je suis déboussolé, or si on est dans le brouillard, on ne sait plus où on est et on ne sait plus où on va. Or la pub nous vend les 4X4 comme le reve alors que nous devons faire face au réchauffement climatique, idem pour
Ateliers pour apporter le discernement pour déjouer les financiers qui détruisent la vie
Quels moyens on se donne pour intéresser les personnes très éloignées ?
Posture positive en lien avec de nombreuses initiatives à croiser, à
tricoter
La charte du réseau des Dialogues : « nous sommes tous experts en humanité »
Construire le parcours sur les 3 jours est nécessaire, donc construire le fil d’ariane du labyrinthe
On n’arrive jamais à tout faire donner à un seul titre, ex écouter la foret qui pousse, insiste sur la dynamique créatrice, il s’agit de développer les autres volets
Imaginons : écouter la foret qui pousse en proposant la suite pour les 3 jours. Ils sont où ces nouveaux arbres, la question de la reliance, mais il y a aussi de la conflictualité nécessaire, (il y a de la déforestation par ex), éviter de rebasculer vers la TP en attendant si la TS aura lieu peut-être. Nous sommes dans une démarche où il s’agit de tenir les 2 bouts de la chaine. Donc ne pas abandonner le terrain de la conflictualité ce qui construit aussi de la d, la démocratie est mise à mal par la finance (temps et réaction au rythme journalier de la démocratie) donc mise en cause de la paix elle-même. On est dans une logique de conflit, la part de conflictualité doit aussi etre fortement présente.
Pour l’ouverture et ne pas etre entre gens initiés, le fait d’etre dans le Parc de la Tete d’or, permet cette ouverture en laissant pénétrer subrepticement dans le dialogue. Ils ne sont souvent pas conscient de ce qu’ils peuvent faire collectivement. Évoquer le conflit pour des gens non initiés, c’est une possibilité de se remobiliser avec le sentiment d’etre dans une capacité anticipatrice. Le terme du Dialogue implique cette
dialectique
Lien avec Collectif pouvoir d’agir
Bangalore
Diois
Brain storming imaginaire et méthodologie : 27eme région de tous les futurs souhaitables en déroulant ce qui se fait pour y arriver
Idem pour un futur mondial vers des sociétés du bien vivre qui travaille sa capacité démocratique, émotionnelle, qu’est ce nouveau continent avec les nouveaux outils d’information, de monnaies complémentaires, s’autoriser à imaginer à quoi cela ressemblerait du point de vue de la résistance, de
Derrière « écoutons ensemble la foret qui pousse », ceux qui proposent ne sont que des amplificateurs, et non une injonction comme indignez vous ! différent de Indignons nous en s’incluant, marchons nos mots !
Sensible et poétique, je l’entends et qu’est ce que je fais, comment je m’engage. Ce qui transforme c’est l’engagement, l’action.
L’écoute est aussi un temps qu’on se donne pour se poser et voir ensemble. « Prenons le temps » d’agir, de réfléchir et de faire. Exigence du ralentissement, le dérèglement du temps est matriciel, (slow, vitesse, désastre de la souffrance au travail,
Faire plusieurs scénarii :
Thèmes différents pour construire la progression des 3 jours
Ex du scénario sur la dynamique des 3 jours et la valeur ajoutée par rapport aux initiatives des « ecoutons la foret qui pousse » et la question de la temporalité
Si je pars du point de vue j’arrive aux Dialogues et je ne connais rien. Comment je peux me repérer si je passe en promenade. Comment je trouve quelque intelligibilité à ce qui se passe là. Comme si je suis dans une fête foraine dont je vois les attractions ? ce qui nécessiterait de réviser la démarche car elle ne se veut pas sur ce registre en principe.
Posture du butinage : sur un atelier, je voudrais en savoir plus, grace au lieu d’accueil
Trouver un compromis dynamique.
Impact de la stratégie Com, en anticipant
Comité d’orientation du 14 décembre 2011-12-14
Proposition d’ordre du jour
Voiron, Université d’été du CRID à la Doua avec un millier de participants, Calendrier 2012, contenu
Roanne (mémoire à venir),
Duchère (autour du SOL),
Villeurbanne,
Parc Tête d’or,
Mobilisation des artistes,
Tour de table
Sylvie Bruxelle Laboratoire ICAR Lyon2 CNRS linguistique sur les interactions à l’oral, avec des corpus, Merci de signer l’autorisation d’enregistrement et d’exploitation de données enregistrées (CLAPI Corpus de langues parlées en interactions+ gestuelle), intérêt du processus de prise de décision, les procédures de négociation, cadre de participation, insertion et écoute
Zeynab Badreddine chercheure CNRS ICAR, science de l’éducation, ingénieur du labo,
Hervé Derriennic, (breton du VI siècle) événement en lien avec l’université d’été du CRID, depuis 2004, la dernière a eu lieu à Bordeaux avec mille personnes toutes les associations de solidarité internationale et mouvement dans un collectif, né dans les années 80. En région 13 à 14 collectifs qui travaillent avec le CRID. En Rhône Alpes depuis 25 ans CADR (régulièrement aussi univ d’été régional).
4 au 7 juillet 2012 université d’été à la Doua à Villeurbanne Lyon pour faire le lien avec les Dialogues en humanité du 6 au 8 juillet, avec la Duchère le 5 au soir
Le CADR et le CRID mutualisent leur compétence pour travailler sur les temps communs.
Projet de marche pour la dignité contre la pauvreté en 2012, le collectif des marches a des soucis de supports institutionnels car la fédé des Centres sociaux se retire et se désengage. Mais plusieurs collectifs départementaux se retrouvent dans l’Isère, la Drôme, en Savoie, un peu dans le Rhône. Le CADR et les Dialogues sont concernés par le lien avec Ragagopal, marche Janadesh, avec projet de 100 000 paysans sans terre pour interpeller le gouvernement indien sur la situation des peuples et tribus de l’Inde.
Souhait qu’il y ait une organisation du collectif de la marche le vendredi le 6 juillet + accompagner des personnes en précarité en Inde et d’être en écho en octobre à partir du 2 octobre pour 33 jours. Althaï, ex stagiaire du CADR fait le lien mais difficulté pour Visa. + Lien avec Foyer Notre dame des sans abri, avec un travail de théâtre avec les personnes concernées par la question de la santé mentale (Franck Biazini + Martine Duhrig).
Jean Jacques Ancel webmaster du site et membre de l’association, wiki, outil collaboratif ou tous les gens qui s’inscrivent peuvent écrire ce qu’ils veulent. Le site était construit comme outil collaboratif de production du contenu des Dialogues de Lyon avec une page sur les autres dialogues dans le monde. L’objectif est de restructurer le site en partant du réseau qui se met en place dans le monde, avec la démarche de Dialogues en ouvrage (le site contient tout une partie de l’historique) pour travailler sur ce matériau en inventant d’autres formes (livre, théâtre, objet d’art, poème, portail des Dialogues en humanité avec Geneviève Brichet, Paul Brichet, Caroline Chabot, Maria Gonzales…)
Proposition de changement pour à partir d’une stratégie de communication que Geneviève Brichet
JJ je suis le maçon, vous êtes les architectes
Louise Amenouche Association AWAL Grand Lyon, franco berbère, action éducative et citoyenne, 7 rue de l’Epée (quartier politique de la ville) travail avec les enfants et les parents pour surmonter à la rupture numérique. Accueil des enfants aussi pendant les vacances. Promotion de la culture berbère à partir de la parole. Sur la discrimination, la mémoire, témoignages de femmes berbères installées ici depuis longtemps avec 13 témoignage de la vie quotidienne en Kabylie et ici. (Livre et faire connaître partie de l’histoire peu connue, échanger et dialogues sur cette mémoire entre les différentes)
René Rodrigue membre de Dialogues en humanité l’Association. Membre associé du Conseil de développement. Intéressé par le désert psychiatrique et cherche à dialoguer avec les laissés pour compte. Musée africain et exposition itinérante (2010 et 2011)
François Portais membre adhérent de l’association des Dialogues et s’intéresse à tout ce qui peut se faire + agent territorial et formateur (groupes d’élus, et asso) s’intéresse au monde qui bouge
Jaona Jacuzzi a travaillé en 2008 aux Dialogues + représente Science et Art pour ressentir l’intégration de l’homme à l’Art et la nature. Ballade sensible, ressentir sous différentes formes. Refus d’être mis dans les cases. Travaille actuellement sur l’Éducation au développement durable. A fini ses études d’anthropologie et de gestion des actions culturelles.
Varinia Vinay-Forga a cheminé depuis 2008 aux Dialogues en humanité + active dans l’association des Dialogues en humanité pour faire perdurer tout au long de l’année l’esprit des Dialogues. Collectif d’animation intergénérationnel. A partir du forum jeune en humanité, un Dialogue jeune à été rendu possible avec une grande diversité d’une vingtaine de jeunes et leurs parrains avec projet de restitution en 2012, lors du temps de coopération
Financements de la Ville de Villeurbanne, la Fondation un Monde par tous, la Région Rhône Alpes. + Contribution à la réalisation d’une monnaie complémentaire au service des valeurs que nous définissons collectivement ensemble (vous pouvez rejoindre quand vous voulez) + Dialogues en ouvrage. Renouvellement dans l’association en janvier/février appel à rejoindre le collectif d’animation. Marie Gaudfernau stagiaire de Dialogues jeunes vient de terminer son stage. Œuvre pour le vrai le beau le vrai. En ce moment à la Région Rhône Alpes.
Prévoir Dialogues en humanité avec les jeunes enfants ? Ou intergénérationnel avec présidence ou animation tournante. + Travail fait par Joana
Joel Poulet membre de l’association Entr’actif de Voiron qui ont initié les premiers Dialogues en humanité du pays voironnais, fraternité et environnement, économie et fraternité, fraternité et social, et fraternité et solidarité internationale avec une cinquième journée en invitant des personnalités avec un projet de Maison de la Fraternité .soutien fort de Patrick VIveret et jean Paul Delevoye. Mais difficultés avec la municipalité. Aide de l’asso les Arpenteurs. Trouver une appellation proche des palabres citoyennes. Puis participation comme témoins de vie aux Dialogues
Cécile Toniutti membre d’entr’actifs depuis sa création. Association fondée pour moitié par des professionnels de l’insertion et des personnes en situation difficile. Travail de l’entraide et non dans l’aide pour que chacun se sente utile. Qq fois on ne propose rien. Aujourd’hui 130 adhérents dont la moitié sont aux minima sociaux avec des libraires, artistes, médecins, élus, chefs d’entreprises, … Cafés, on pousse la porte, personne n’est comptabilisé, chacun vient comme il est et avec l’envie qu’il a. les Dialogues en humanité nous parlent BCP. Projet de construction de la maison de la fraternité (soutien d’Edgar Morin), lieu ressource citoyen et fabriquer du lien en nous ouvrant aux autres acteurs. Volonté de refaire les Dial en hum dans l’Isère en 2012 en donnant envie et le relais à d’autres structures associatives ou autres.
24 novembre venue de Patrick Viveret, Jean Paul Delevoye, G et JJ Ancel, Giovany, Alain Faure, Marie Odile Novelli, 250 participants…pour poser la question humaine comme question politique et sociale.
Sarah Perrin membre entr’actifs
Voiron 20 000 habitants, et Entr’actif 130 adhérents
Association libre. Nous avons cherché le local et nous payons notre loyer. On se bat avec une personne qui est en posture d’accueil chaque jour.
Association de précaires, nous sommes devenues association précaire. Dans le bistrot puis projet éco citoyen d’une maison de la fraternité + l’association de « la passion du bois » qui organise lors de soirées conviviales, pour apprendre à créer des choses avec le bois (cf. l’histoire de la Chartreuse proche de Tourneurs sur bois).
Linda Bruckert enseigne le management interculturel, tout ce qui touche à l’entente entre les cultures, et marraine Dialogues jeunes. Née en ex Yougoslavie, a grandi en Egypte, en Inde. Puis au Mexique, Afrique du Sud, ne parle que 4 langues.
L’inter culturalisme, c’est l’eau du bain entre les différentes cultures, via les sciences cognitives, en apprenant par la réalité et la curiosité à comprendre les cultures et surtout le dialogue entre les cultures. De la CNV à la gestion de son cerveau engorgé, la psycho, pourquoi ? Ce qui est sain ou dysfonctionnel, or c’est important lorsqu’on vit un changement culturel dans le monde.
Marie-Neige Blanc, conseillère munip, présidte conseil de quartier Gratte ciel Charmettes organise les rencontres participatives relayé par le service démocratie participative. Partir du constat que Villeurbanne est riche de sa diversité, des ses nombreuses asso, groupes qui n’avaient pas de temps pour s’inter connaitre, donc orga d’un espace de rencontre pendant 2heures en fin d journée. Dire ce que c’est le Conseil de quartier puis lâcher d’idées pendant ¾ d’heure, sans restriction car nous sommes riches et qu’il est possible… puis obligation de quitter sa chaise pour aller à la rencontre d’une autre personne, moment d’échauffement, en toute simplicité, faire connaissance, pendant que les chargés de missions travaillent en direct sur l’écran sur ce qui peut ressortir des expression, rassemblt des idées. On boit un coup et on mange qq chose. Puis on délibère sur les 3 questions qui seront priorisées et feront l’objet d’un financement direct du conseil de quartier en lien avec les techniciens. Travail sur la mémoire (ex transmission du savoir de dentellière, échanger sur les autres projets) on délibère ensemble puis les personnes se retrouvent et échangent encore (possibilité de réserver des salles 9 place Lazare Goujon, au Palais du travail). Projet de Dialogues en humanité au Parc des Droits de l’homme et de la Maison des Ainés pour faciliter les liens, avec le Conseil des Ainés, mémoires des anciens.
Pas de censure, inspiration de la démarche des Dialogues Début en 2010, de 20 à 30 puis 40 personnes. C’est magique ! Nous rencontrons les personnes mais elles se rencontrent aussi entr’elles et montent des projets suite à ces réunions de créativité inspirées des Dialogues.
Est intervenue dans le parc sur la démocratie locale. Comment intéresser d’autres personnes que
L’aventure humaine est en marche.
+ Café citoyen du CCO à Villeurbanne une fois par mois. Ex Pourquoi s’engager ?
Isabelle Foucher coordinatrice du collectif de Pouvoir d’agir (politique de la ville + 17 réseaux en luttant contre l’exclusion par le développement du pouvoir d’agir des citoyens en expérimentant les possibilités en rendant visible ce qui se fait car éparpillement et laisser + d’espaces à l’autonomie des initiatives de citoyens. Co production avec Hélène Balazar à l’ENTPE. Ce qu’est l’empowerment à la française, ateliers découverte, avec ateliers stratégiques sur le financement et changement des fabriquant de la ville, changement des postures des militants
Construction de la 3eme journée le mars à l’ENTPE 14 au 16 mars. Cf. courant des community organising qui a formé Obama.
Envie d’échanger et de contribuer à un renouveau démocratique ;
La question de l’alternative au chaos
Chaos, masse informe
Théorie du chaos,
Conflit comme alternative à la violence
Résilience
Cela fait peur, mais cela rappelle un état d’urgence, rappeler le bien vivre ensemble
Il n’y a pas résilience sans descente aux enfers, la déchirure va continuer au fond. Si tout est structurer rien ne change, vivre le chaos comme moment de changement, mobilisant
Regarder le diable en face et continuer quand même c’est une anti peur, le pire est possible
Le chaos est très négatif, mais il faut tirer profit du chaos,
Je ne suis pas pour le chaos, mais si cela me semble inévitable comment je vais pouvoir vire avec cela et si il y a moyen de l’éviter, c’est mieux. Ex de l’humour des anglais, Blitz, churchill au début de la résistance, « je vous promets du sang de la sueur et des larmes », ils ont été remarquables et c’est rentré dans le mythe fondateur de cette population, dignité de londonien qui peuvent tout faire et cela rentre dans la mémoire collective du peuple londonien.
En Espagne « je ne vais pas faire des miracles »
Pas alternatives du chaos, c’est plutôt comment on le transforme
Métaphore : la mer, c’est nager en Adriatique. Au bord de l’Océan Atlantique, il faut plonger dedans et sortir de l’autre coté, en apprenant à jouer en surfant sur le ventre avec la vague.
La seule façon
Connaissance du chaos, perception fine ou sans perception pour d’aucuns. Différents degrés de prise de conscience, certains peuvent être sur le registre « après moi le déluge !» Comment apporter la démonstration du chaos ? Apportons notre petite pierre ? Faire peut devant des gens fragile ?
On pressent que cela peut arriver, mais on a le sentiment qu’on n’y est pas ! cf. la grenouille qui chauffe progressivement dans son eau
Trouver sa capacité d’action, sa créativité,
Lumière dans les ténèbres
Les personnes vivent déjà
Le pb est d’abord un apprentissage qui s’est fait d’une impuissance intérieure, qu’il faut dépasser ? La vie humaine sert à nous apprendre à vivre et à nous rendre + compétent. Ns sommes la pour apprendre à faire face. Si je m’énerve je vais le faire avec BCP de gens. Si je dis je me demande pourquoi qu’est ce que je ne peux supporter et qui m’indigne comme si on appuie sur un bouton. La résilience se travaille jusqu’à ce qu’on a compris les effets et les déclencheurs.
Besoin de compréhension et de pédagogie. Chacun a sa propre interprétation du chaos, comment on le vit, on n’a qu’une perception parcellaire du chaos.
Mots clefs :
Percevoir
Comprendre
Masse informe
Systémique
Élaborer laboratoire
Désordre mondial, avons-nous conscience du désordre mondial ? Ce qui suggérait un « ordre mondial »
La transformation ?
Ne faut-il pas désordonner ces ordres qui ont été mis en place sans tenir compte de l’intérêt des gens
C’est un cycle : l’ordre sort du chaos comme le désordre
Le système n’est plus pertinent
Sous alternative au chaos, il y a changeons le monde
À partir du moment où je peux changer, que tu peux changer, on commence à casser les impuissances, et on sort de son rôle de l’enfant adapté pour remettre en question
Parce qu’on n’a plus peur ;
Le monde change, choisissons notre monde plutôt que de le subir. Le chaos c’est la biodiversité. La nature s’adapte à la situation sur des siècles.
Ateliers à proposer
- chercher la pierre philosophale à partir de l’alchimie de son vécu, chercher la pépite d’or chez chacun
- - communication avec l’autre qui a une vision différente, les malheurs qu’on subit et les malheurs qu’on a généré soi même
- Pardonner à soi, pardonner à ce qui m’a fabriqué ainsi ??? se mettre en situation de conflit par
Comment expliquer aux somaliens qui tombent comme des mouches ? Ce sont de vieilles amés qui nous interpellent dans notre folie.
Capacité de prendre conscience et de comprendre ce qui se passe
Faire le lien entre des traumatismes personnels et sociaux ? Travail de Nelson Mandela. Difficulté dans le traumatisme entre Israël et la Palestine
Comment cela va nous parler ? Comment on va faire ?
Sommes dans une entreprise collective, il faut qu’on se sente concerné.
Comprendre les bonnes choses dans la vie est des extensions de notre comportement, et nos réactions vont être très variables. Ex test sur les étudiants HEC issus de différents pays : 3 groupes, Fr, Al, Angl. ont le même Pb à résoudre. Les Fr ont dit que c’était un enjeu de pouvoir, dont aller vers le supérieur hiérarchique pour résoudre le Pb. En Al comment se fait il que notre système de répartition de respo n’est pas suffisamment clair, il faut dont le revoir pour le clarifier. Les angl on dit le pb quel pb, s’il y en a un ils se réunissent et cherchent une solution. La forme de pensée prend moins de prise sur nous au fur et à mesure. Le pb s’étiole. C’est notre pensée qui crée notre difficulté à faire face autrement.
Ouvrir nos imaginaires sur le monde.
Ex de Durban avec l’expérimentation de l’Indaba proposé par la Présidence sud africaine « je suis ce que je suis parce que nous sommes » or la conscience de la communauté de destin ou la reconnaissance de la communauté humaine nécessitant de dépasser les forts intérêts nationaux.
Voyons l’Europe qui doit reconstituer un état nation européen, et les difficultés dans lesquelles nous sommes. Avec des oligarchies qui organisent très bien la situation d’aujourd’hui (cf. le livre d’Hervé Kempf)
Atelier : comment coopérer ? Apprendre l’art de la coopération. Montrer aux gens ce qu’ils gagnent en coopérant. Mouvements de coopérative à l’école, ex mouvt Freinet, travail coopératif.
Il existe très peu de jeux ou on gagne tous ou on perd tous.
Arche de Saint Antoine pour les jeux. Laisser tomber la théorie et apprendre par le jeu.
Réapprendre à coopérer par le jeu : faire un appel à projet et à l’imaginaire
Tout fait peur, apprendre à aller au delà de sa peur, en avoir conscience de sa véritable peur pour mieux aller au delà,
Apprendre à construire des métaphores pour faire face à ses peurs ou apprendre à coopérer : Olivier Clerc et Linda Bruckner
Ex des dessins de mandala par Entr’actifs, enchainant les relais, les débats, la profondeur, aspect très apaisant
Technique du « cadavre exquis » chacun se passe un bout de papier, le cadavre exquis est sorti du placard, l’art de composer une phrase ou une partition avec ses mots, ses notes, son expression. On ne laisse dépasser que le dernier mot et on se le passe.
Ex comment l’ordre s’organise dans le chaos. « L’attracteur étrange » c’est un souffle qui se met en place. Partir des choses qui nous plombent et proposer une approche ludique
Visualiser des arborescences sur de grands arbres ou papier à Co produire sur le site
Arbres à vœux
Approche numérique sur la place bahadourian,
Après avoir fait des expérimentations comment vous le transférer sur votre quartier, panneaux de débriefing,
Sous les arbres, soupe à faire ensemble
Expo de peintures « Haiti, 500 ans d’histoire » 9 janvier au 24 fev à l’ENS lettre, métro debourg (tous les jours sauf dimanche)
Prochaines rencontres
ORDRE DU JOUR
Comité d’orientation Dialogues en humanité
16 novembre2011
Lyon
Tour de table
Dialogues en humanité Retours Bresil et Maroc
Calendrier a venir
Dialogues jeunes - } Giovanny Payet et Sebastien Dorschner témoignages
} Marie Gaudfernau - Alain Barbier- Myriam Abtroun
} Geneviève Brichet Varinia Vinay Forga
} Autres intervenants + parrains
Evaluation de l’impact des dialogues
interne
Externe
Régional - national - international
Dialogues en ouvrage et site internet valorisation des ressources
Communication /créa - visuel Geneviève Brichet + équipe
Partenariat avec l’UNESCO - Tagora Neruda Césaire
Partenariat avec l’ENS/CNRS et le laboratoire ICAR Interactions Corpus Apprentissage Représentations
les 2 films de Sabrina Merzoughi et les anthropologues de la faculté
la recherche de stagiaires pour 2012
le contenu pour Lyon 2012 ? résilience ? Transition ? Métamorphose (Collectif richesse + Science et Art - Birmanie - Bengladesh - Haïti..
1- Tour de table
2- Dialogues en humanité
Retours et Calendrier à venir voir ordre du jour et évolution du pré programme sur le site
3- Dialogues jeunes Du 23 au 29 octobre 2011:
inspirés par Forum jeune en humanité (organisé par Arnaud Billard et Geneviève Ancel avec l’association Art de Vivre la veille des Dialogues en humanité de juillet 2008) avec 23 jeunes. Portage au départ par Marion une des participantes jeunes en 2008 qui a souhaité en faire bénéficier d’autres jeunes.
Portage en 2011 par un comité de pilotage dont Alain Barbier et Marie Gaudfernau (chef de projet recrutée par l’association). Projet fortement basé sur l’inter culturalité et la diversité.
Prise de poste de Marie en avril 2011 à partir du travail préalable du Forum Jeunes en humanité.
Recrutement des jeunes en lien avec de multiples structures (Centres sociaux, MJC, Missions locales…) des intervenants pour le projet,
Mise ne place d’un parrainage pour les 6 mois qui suivent les 6 jours en résidentiel pour garder la dynamique pour approfondir.
Structure : ossature entre les différents ateliers du séminaire
Matin : ateliers du sensible, en passant du Je au Tu, du Tu au Nous
Enjeux de société (place ,…)
Méditations du matin, invitation à changer de postures et travail sur les « yo yo émotionnels ».
Pari réussi des diversités sociales, origines, constructions de liens,
Cela se passait à la campagne, pour apprendre à se connaître hors les murs, 18 participants, Pour faciliter l’accessibilité à tous une recherche de fonds a permis d’accueillir tous les participants jeune sur la base de 30 euros pour toute la semaine, y compris logés, nourris, blanchis !
Témoignage de Giovanny Payet: « cette semaine, je l’ai superbement bien vécu ! Cela m’a permis de découvrir les richesses de gens totalement différents, d’analyser d’échanger par les dialogues. Au départ, je suis arrivé et j’avais un coté observateur, je ne me mettais pas en avant, petit à petit après avoir appris à partager différents problèmes, joies, cela m’a permis de découvrir et d’accentuer les qualités que j’avais déjà, de les faire rayonner. J’ai découvert des émotions un peu cachées. J’ai retrouvé des sentiments que je n’avais pas ressentis depuis 5 à 6 ans ! Cela continue de résonner dans ma tête. Je souhaite m’investir pour la suite. Conscience de soi en harmonie avec les autres. Je suis hyper fier de cette semaine ! »
« Comment as-tu pris connaissance de cette semaine ? » « Via Marie et du mouvement des Indignés de Lyon. Beaucoup d’éléments inconnus. Cela m’interrogeait aussi sur les questions sociétales sur le monde ».
Complément par GA sur le parcours de Giovanny qui est arrivé en 2005 depuis l’Ile de la Réunion jusqu’à Orly avec 5 euros en poche et qui après de années de découverte et de galère a réussi à réaliser son projet de studio de production musicale en 3 ans sur la friche RVI, en apprenant tous les métiers, avec 500 euros en monnaie et tout le reste à partir de la valorisation de ressources jetées par d’autres ou à partir d’échanges de savoir de savoir faire et de savoir être !
Témoignage de Sébastien : « J’ai beaucoup apprécié l’endroit assez original dans les vignes. Nous avons monté une petite société à l’écart pendant une semaine. Riche en rencontres, qq chose de très fort. Je suis arrivé là par hasard après 2 ans de voyage et de baroudage depuis la Réunion, je me suis un peu perdu, je n’avais plus de clef et plus de téléphone. Sans argent, sans…Je reviens en France et j’ai tenté de faire face à l’administration. Cela m’a plombé, je n’ai pas réussi à me relever. Me retrouver aux Dialogues jeunes, cela m’a donné un élan. Je me suis senti vivre de nouveau. C’est un élan à conserver. J’ai envie de construire qqchose.
J’ai connu les Dialogues par Varinia et ma petite amie qui travaille à la Région avec elle. »
Echanges :
Importance de la capilarité, en parler autour de soi « Be to be » comment toucher les jeunes, plus facile avec les étudiants mais problème de temps dispo fin octobre. Qualité de la rencontre. Toucher chaque personne à partir de sa propre envie.
Difficultés de relayer les info par ex pour l’AFEV et ses 400 bénévoles et les jeunes en service civique volontaire. C’est qq chose d’assez fort qui nécessite un engagement personnel et donc un contact en amont personnalisé.
« Nous nous sommes lancés, en nous retrouvant au départ sur le quai de la gare ; et nous avons vécu qq chose de très fort, quelque chose que je mettrai sur le registre du mot amour ».
Ya Mutuale Balume rappelle le sens étymologique du mot amour « ad movere » posture d’aller vers, de sortir de soi, ne pas avoir honte de parler d’amour. De sortir de chez soi, d’aller vers, de revenir.
Pour autant, il s’agit aussi d’une formation au discernement, permettant à chacun de se construire et de penser par lui-même.
Alain a « contribué de façon structurante sur la conduite de projet, en étant exigeant, en particulier pour clarifier constamment ce que nous avons essayé de faire. C’est quoi, avant, après ? Déclencher c’est très facile !! Veiller à être très exigeant avec nous même. Pourquoi faire ? C’est très subjectif. On s’est imposé une certaine discipline. On s’est inspiré bcp de la structure des Dialogues en humanité pour architecturer les 6 jours Un parcours permettant à chacun de bouger, en soi, avec les autres, avec le monde,
Nous avions conscience d’un coté laboratoire
Le comité de pilotage, bénévole, a donné autant de temps que possible
Nous avions le sentiment d’un assemblage et vers la fin nous partageons une vision ensemble à partir de ce qui a été transmis
Présentation des photos
Proposition d’apprentissage par ex de Cuisine végétarienne et locale, représentation d’une pièce de théâtre par tous les participants jeunes avec des comédiens et l’ensemble des jeunes devant les 18 parrains,
Cadre du vignoble à l’automne magnifique, viticulture biologique, Le Domaine des grottes à Saint Etienne des Oullières dans le Beaujolais.
Bases des relations sur les 3 règles des Dialogues en humanité au départ : liberté de propos, qualité d’écoute bienveillante et égalité de tous devant la question humaine.
Or ces règles simples ne sont pas intégrées par chacun ; d’où jeux de rôle, apprentissage et évolution de cercles de parole, répéter et éprouver les cercles de parole, par ex, on ne parle pas juste pour se libérer d’un fardeau mais pour tout le groupe, apprendre le lâcher prise, dernière soirée pour les petits groupes sur le thème « quel est ton reve le plus fou ? »
Est-ce une démarche autogestionnaire ?
Co élaboration par le comité de pilotage,
débriefing chaque jour,
co réalisation visant à l’autonomie ,
à partir de l’éducation par l’exemple
Maitres mots dans la relation dynamique, « transparence »
Le groupe s’est auto géré, auto pris en charge
Entraide favorisée par certains
Il n’y a pas eu de sous clan
Il y avait les fourmis et les cigales, sans dégénérer en clans, même s’il y a eu des affinités.
Cohésion du groupe, de tous les horizons, hétérogénéité.
Ce qui a abouti à cela ?
De multi critères :
Des objectifs suffisamment clarifiés
La semaine a été très structurée, avec les différents temps de la journée avec une progressivité, + construction d’une alchimie ou dynamique de groupe ;
Quelle structure ?
Ce qu’on met dedans ? Quels intervenants ?
Quels jeunes vont venir ?
La question de l’équilibre par ex de genre :
Les participants jeunes : 11 garçons, 7 filles,
Coordination : 4 femmes, 2 hommes, puis 6 femmes 3 hommes
Intervenants moitié moitié parmi lesquels :
Philippe Derudder (sur l’économie sociale et les monnaies sociales), Patrick Viveret (philosophe), Ryadh sallem champion international de sport et Directeur Ashoka de CAPSAAA, Prosper Ataka (association ECODIE), Celina Whitaker (Collectif richesse et Projet SOL national, Marc Thirel, Linda Brucknert (enseigne la diversité culturelle à la Fac Catho), Oukadelia (chorégraphe Hip Hop)et Marc vivre l’intelligence collective à travers la danse, 2 élus Leila Benchariff (Région Rhône Alpes), Jean Bertinier (Ville de Villeurbanne),
Certains participants jeunes sont venus avec des projets, d’autres pas
Parrainage : Co élaboration du parrainage par les parrains et marraines, groupe très éclectique, sur 6 mois, en prévoyant des rencontres au minimum 1 fois par mois, en continuant
Constitution en groupe ressources sur plusieurs registres
Par ex : tri parties : binome entre le parrain et le participant, par groupe de 3+3
De cette alchimie, sont nés des rencontres et des interactions qui permettent de continuer des rencontres d’où peuvent naitre d’autres choses (cela échappe bien entendu à l’association et au comité de pilotage)
Objectif de changer de paradigme : comment je vais changer le monde, en changeant de filtre, en interférant sur la dimension bcp plus émotionnelle, d’accueil et d’ouverture
Évaluation
des intervenants ? Par les jeunes par le comité de pilotage, par les intervenants eux-mêmes ?
Évaluation chaque jour voire plusieurs fois par jour, en marchant
Support formel en cours d’exploitation en ce moment avec des questions fermées
Évaluation du parrainage et des interventions
Évaluation du parcours complet des 6 mois.
Discussion sur la présence des organisateurs dans les groupes avec les intervenants
Impressionnante richesse des discussions et des ressentis sur place, difficile à retranscrire mentalement.
Restitution possible,
Mais pas d’évaluation par les jeunes eux-mêmes ?!
Quels fonds , quels partenaires ?
Région Rhone Alpes
Fondation Un Par Tous
Financement d’entreprises privées : Ecoles 3A, Lyon Parc Auto, Véolia,
Parrains et Marraines en charchant des fonds privés ou perso
30 000 euros estimation au départ
Mais 11 000 euros en favorisant les échanges réciproques de savoir et le bénévolats
Le coût a été de 620 euros par participants jeunes pour une semaine (transports, défraiements, nourriture, hébergement, tout compris)
Proposition de restitution lors des Dialogues en humanité à Lyon lors d’un temps de coopération action
Quelles perspectives ?
Est-il possible de transposer cette ossature de Dialogues jeunes dans des entreprises, ou ailleurs. Au départ on a voulu créer une méthode en logiciel libre ou à co créer avec des asso comme l’AFEV…. Réflexion sur quel avenir possible pour Dialogues jeunes ? Quelles passerelles possibles ?
Ex pour les cycles de formation à dynamiser pour les jeunes en service civique par ex ?
Certains vont continuer l’aventure + ouverture de réflexions, appel à amener des personnes intéressées en amont, pour construire dans cette dynamique qui a été lancée
4- Dialogues en ouvrage : encore provisoire et en recherche
Les objectifs : rendre compte des 10 ans des Dialogues en humanité, rendre visible les Dialogues en dehors (à l’étranger, dans les quartiers …) faciliter la compréhension de ce que sont les Dialogues et donner envie de s’engager dans les Dialogues, favoriser la transmission..
Quelle forme cela pourrait prendre, ne pas s’arrêter à la forme écrite, envisager bcp d’approches dont les approches sensibles, poétiques et artistiques (poésies, œuvres d’art..) la forme ne doit pas rester figée. D’où appel à créativité pour continuer à co construire.
Métaphores pour rendre compte de cela : malle au trésor, tissage, parcours d’une famille (avec la représentation de l’humanité : un homme, une femme, un enfant).
Repartir des 7 défis identifiés lors de la session de lancement des Dialogues en humanité en juin 2003 :
L’humanité face à la pauvreté et à la misère ou comment construire de la solidarité ?
L’humanité face aux logiques de guerre ou comment construire des logiques de paix ?
L’humanité face à la révolution du vivant ou comment construire une conscience
L’humanité face au choc des civilisations ou comment construire le dialogue entre les cultures
L’humanité face aux crises systémiques et écologiques ou comment construire un nouvel art de vivre ?
L’humanité face aux logiques autoritaires ou comment construire une haute qualité démocratique ?
L’humanité face à sa propre inhumanité ou comment grandir en humanité ?
Importance de la posture, ce qui constitue les règles des Dialogues en humanité : la bienveillance et l’écoute, la liberté de propos, l’égalité de tous devant la question humaine
Un site pourrait être dédié à cela et privilégié pour alimenter aussi La Voie 2 piloté par Edgar Morin et Patrick Viveret afin d’alimenter de façon concrète ce qu’il a déjà évoqué dans La Voie
Groupe ouvert avec ce qui se tisse, « Dialogues en ouvrage » démarche en cours et non terminé, + artisanat
Objectif dans le temps : cela devra être en route au printemps
En reprenant l’image du tissage : il s’agit de poser les fils de chaine et la trame peut se continuer pour que cela devienne évolutif
Revoir avec des éditeurs : les éditions Autrement (cf le livre « Lyon l’humaniste » paru en 2004)
Cf aussi le livre d’Henryane de Chaponay : « Toile filante » qui parraitra en brésilien, espagnol et français
Nombreuses vidéos existent, amateurs, étudiants, documentaires, à mixer
Pas toujours dans des formes abouties, mais cela fait partie des « perles » qu’il s’agit de donner à voir
Le grand défi est de rendre compte de la complexité, le sens des mots (tout le vocabulaire qui a émergé)
Prendre en compte ce trésor pour faire émerger une structure formelle suffisante pour tisser et rendre compte ce qui s’est déjà tissé et ce qui va encore se profiler.
5- Échanges sur l’élaboration du programme 2012:
- Construire le fil rouge chaque jour et jour après jour (cf compte rendu du comité à Paris le 7 novembre 2011, avec aussi les 3 formes d’agoras)
- Marquer les 10 ans des Dialogues en humanité :
2012, l’année du changement ? C’est la fin d’un monde et non la fin du monde !
C’est entrain de changer insensiblement, sans s’en rendre compte
Ces dernières années semblent correspondre à une modification permanente.
« C’est une chance inouïe de soi même se déstabiliser dans une attention à l’autre, dans un éco système tous azimut, apprendre à être heureux correspond au domaine de la survie ; car je ne vois pas comment avoir des certitudes aujourd’hui. Les Dialogues participent à rassurer face à la mise en danger, face aux incertitudes.
Faire ressortir cette grande aide par la perméabilité à tous les possibles»
« On a tous l’impression de couler mais en même temps il y a prise de conscience d’un monde en pleine transformation avec le déni des uns ou des autres et en même temps un vrai sentiment qui affleure de responsabilité et d’espérance conjuguées »
« Rendre compte du vivant »
« On est serré dans une vieille peau qui craque avec une jeune peau qui est toute timide et qui a peur de sortir à l’air libre »
Geneviève Ancel est intervenue sur « le management face à l’errance et à l’incertitude » lors de l’université d’été du Management Public Territorial à Toulouse en août dernier à la demande de directeurs généraux de collectivités locales et d’universitaires.
Évidence du besoin de l’autre pour accomplir cette mutation/transformation et l’importance de l’échange humain
Faire venir Boris Cyrulnik sur le lien avec la résilience, enjeu présent en physique, en psychologie et en devenir pour le social et le politique (Cyrulnik a parrainé un travail avec l’AFEV, Marion pourrait se procurer ses coordonnées, + liens multiples via plusieurs membres du collectif des Dialogues). CF La proposition de faire venir Cyrulnik a aussi été suggérée par un courriel de Philippe Piau le comédien/crieur public aux Dialogues et metteur en scène des textes de Patrick Viveret
Intérêt de faire le lien avec la biologie : Par quel mécanisme de biomimétisme ou comment un vertébré/un végétal arrive à se re construire, pour construire ses capacités
L’intelligence est une vertu d’adaptation, c’est rassurant d’être intelligent (qui caractérise l’adaptation)
Bio mimétisme Gauthier Chapelle serait un excellent intervenant à solliciter d’autant qu’il connaît bien les Dialogues en humanité.
La Directrice générale de guyapy en lien avec les indiens d’Amérique (grande sensibilité de respect de la nature et des peuples d’Amazonie, RSE exemplaire, jusqu’au transport par un bateau à voile qui importe la marchandise,
+ Joao Capiberibe, Sénateur au Brésil sur son exemplarité éducative, politique, économique et sociale en AMAPA
+ Ordep Serra Anthropologue au Brésil
Applications d’intelligence numérique possibles pour les prochains Dialogues :
Cf TED X excellence dans l’innovation et le cas échéant surprenant (ex Pierre rahbi, encouragement sens du travail, mutualisation des savoirs être, la taille du cerveau et la discrimination de genres…) la forme de la présentation : des gens assis, qqun qui parle avec un micro, avec ppt en 12 mn en parlant à partir d’eux mêmes
Demande de wifi ou ligne ADSL pour cette année pour faire le lien entre l’intelligence collective sous les arbres et la mise en lien ailleurs dans le monde, donner à voir et le re transmettre
Construire en live, ce qui se passe dans le parc, le sens qui est donné, pour le rendre accessible ailleurs dans le monde : Marc Thirel pour la coordination, nécessite une équipe de 10 personnes responsables sur le plan informatique et numérique, bénévoles qui pourraient être d’avantage mis à contribution pour faire connaître
Mettre en lien ceux qui ont du matériel (ENS ? ENSAT, ..), montrer aux lyonnais ce qui se fait ailleurs dans le monde en matière de Dialogues en humanité (film Berlin, Brecho éco solidario, HEM Rabat…), mettre en lien les compétences (ex webmaster Jean Jacques, monteur Giovanny, conseil communication Isabelle (Lille) David Gauthier resp service culturel à l’ENS, l’équipe com autour de Geneviève Brichet
Faire le lien entre Dialogues en ouvrage, Dialogues communication et Dialogues numériques.
Compte rendu « Dialogues en ouvrage », deuxième réunion
Le mardi 4 octobre 2011, 12h30-14h
Présents :
Réunion avec Caroline Chabot, Geneviève et JJ Ancel, Varinia Vinay-Forga et Emmanuelle Coratti
Définition des objectifs du projet
Un point de départ possible : les 7 défis
Pour rappel :
Ces 7 défis peuvent constituer un point de départ pour « tisser la toile ».
Quelle forme pour Dialogue en ouvrage ?
Il ne s’agit pas de s’arrêter sur la forme écrite, qui peut bien sûr être une piste. Tout peut être envisagé, notamment des approches plus sensibles ou artistiques : poèmes, théâtre, objets, œuvres d’art…
La forme ne doit pas être enfermante et figée, l’idée étant que chacun puisse « tirer son fil » de la pelote de laine et fouiller, puiser dans la « malle aux trésors » des Dialogues.
Un appel à créativité pourra être lancé, dès que les objectifs seront clarifiés pour éviter de partir dans trop de directions.
Une idée est aussi de valoriser ce qui a été donné et de « quantifier » les « valeurs » créées en dehors du système monétaire, dans le cadre des Dialogues.
Une métaphore ?
Un point de départ pourrait aussi être de trouver la métaphore la plus proche de ce que nous souhaitons décliner au travers de Dialogue en ouvrage : une toile, une malle aux trésors, une pelote de laine, l’auberge espagnole, une boîte à merveille ?
Quel lien avec « La voie 2 »
Le projet d’Edgar Morin au travers de La voie 2 est de valoriser toutes les initiatives concrètes qui illustrent les grandes propositions de La voie 1, son testament.
Divers experts seront contributeurs, mais Edgar Morin souhaite que les Dialogues puissent « alimenter » ce projet.
Doit-on se caler avec Dialogue en ouvrage sur cette démarche ?
Quels outils collaboratifs
Jean-Jacques nous proposera divers outils possibles type Dropbox ou Googledoc pour pouvoir échanger et nourrir le projet.
Prochaine réunion :
le 15 novembre entre midi et deux
Compte rendu « Dialogues en ouvrage », première réunion
Le mardi 12 janvier 2011, 15h30 à 17h30
Présents :
Réunion avec Caroline Chabot, Renaud Joubert, Fabrice Brochot, Geneviève Ancel et Varinia Vinay-Forga
Présentation de 2, 3 propositions qui ont été déjà faites dans le passé
Par Nathalie Calmé, écrivain (belles interviews, de la parole) mais comment montrer que ce n’est pas toujours la parole, mais aussi le ressenti
Ce serait avec les Editions Albin Michel, Nouvelles Clés, Editions du Rocher
Claire Harpet, Master 2 Ethique et DD à la fac philo, avec Guillaume Decitre, a ouvert une première piste d’abandonner le support du livre qui n’est pas forcément le bon média pour transmettre les émotions.
Thanh Nghiem consultante présente en 2004, a créé Angénius, vient de sortir un livre « les abeilles et les hommes », à Bayard Presse
Il serait assez cohérent de ressortir le livre « Lyon, l’humaniste » aux éditions Autrement (est-il épuisé ? reste-t-il qq chose en stock ?
D’autres éditeurs sont envisageables :
Henry Dugier, ça collerait car ce sont des personnes qui ont envie de réfléchir sur des nouveaux modes d’édition (Renaud)
Le lien avec Yves Michel est régulier, mais il faudra aussi trouver un financement
Ou la Fondation « un monde par tous » de Yves Lescure et Stéphane Hessel
Ce qui existe comme matières dans les archives des Dialogues en humanité depuis 2003 :
Sous forme de Sténotypie : enregistrement des agoras du début des Dialogues (2003 à 2005) Textes : dans les mails et sur le serveur du Grand Lyon, témoignages, de personnalités, petits comptes rendus des bénévoles y compris certains qui ne sont pas encore publié tout comme des textes inspirants, verbatim, etc.
Audio CD de la Radio RCF (2X30minutes), le Mouv,
Nombreux enregistrements audio des agoras depuis 2006 jusqu’à 2010 au moins
Films : Claude Tourtet « les couleurs grimpent aux arbres », TLM interviews sur le site, films de l’essaimage (les Dialogues à Berlin), l’ARFIS, Centre de formation qui a filmé avec des étudiants et du matériel professionnel (cf les 12 mn de film sur le professeur Joseph Ki-Zerbo), témoignages de personnes en grande précarité, + l’équipe deVincent Glenn (filleul de Bertrand Tavernier), un vidéaste de la Compagnie Ki-Wat, donc il y a plusieurs regards subjectifs pro qui existent. Techniciens du Grand Lyon aussi. Cinéaste de Berlin, vidéos amateurs assez fidèles à l’esprit des Dialogues (par ex Nadine Outin en 2009 ou l’association France Ethiopie en 2010)…
Évidemment, tout dépend de l’objectif. Est-ce que c’est l’objectif de valoriser Lyon et les Dialogues en humanité ? A ce moment là, le livre d’interview de personnalités reste une valeur sûre
Quelle valeur ajoutée peut-on imaginer ?
(Renaud) Une proposition théâtrale possible : « Les brèves du comptoir» devenant « Les brèves des Dialogues » ou les brèves du comptoir des Dialogues , chercher « les perles », les extraire, en faire quelque chose. Le côté négatif du café de commerce peut être renversé et devenir intéressant sur la question humaine avec une dimension artistique.
(Caroline) L’idée de la pièce de théâtre est très intéressante. Cela renvoie à la « Controverse de Valladolid », thèmes profonds sur l’existence humaine ?
Avec une hypothèse complémentaire d’un livre objet artistique, d’une réflexion dans la composition.
Cela met en perspective le projet de Forum mondial sur la question humaine.
En référence, le film d’animation sur la création de la monnaie (voir sur le site) permet de toucher le grand public, à travers l’humour, avec un aspect intéressant sur le plan artistique et sur la profondeur, pour aller vers l’avenir. Les gens peuvent s’emparer de l’idée.
La question de la mémoire est également à prendre en compte pour répertorier, créer une banque de ressource vivante. Ça peut être le rôle de l’association. (Caroline)
Laisser à disposition quelques passages pour des personnes qui souhaitent en faire qq chose. Faire un appel à bonne volonté, un appel à créativité (Renaud), comme des bouteilles à la mer au sens positif, pour ne pas emprisonner, pour faire confiance.
(Varinia, Carline) Profiter du moment, marquer l’étape des 10 ans d’existence (en 2012) des Dialogues en humanité. « De la Tourette au Parc de la tête d’Or», c'est-à-dire de 80 à120 personnes au départ qui ont ouvert à des milliers de participants à Lyon et dans le monde, avec une communication qui marche principalement par capillarité.
Il faudrait revisiter les œuvres collectives déjà faites/ comme des expo par ex
Il y a trois niveaux pour l’enjeu des Dialogues en ouvrage :
- un sujet un peu politique, institutionnel
- traduire l’émotion, lue, vue, ressentie
- éviter l’écueil de l’élitisme, ne pas se perdre,
+ réaliser un visuel simple sur l’actualité de l’association (plus accessible à tous)
Question de base revient : Mais pourquoi « capitaliser » ? (Renaud)
Il y a un besoin de tracer, de capitaliser un peu, mais il n’est pas dans notre esprit de tout vouloir embrasser. (Varinia)
L’ENSAT, Ecole de théâtre, (jeunes qui ont fait une formation de scénariste).
L’idée de la contamination est à traduire, faire quelques chose de moins classique, cf « stend by me !» en proposant des scénettes différentes de Bangalore, Rabat, Salvador de Bahia, Berlin, Lyon, Villeurbanne, c’est une expérimentation sans fin, ça peut être reproduit car chacun peut se sentir libre d’ajouter qq chose etc. laisser couler le flux. Il n’y a pas de finalité a priori. On est dans l’émergence de qq chose (Caroline)
C’est l’occasion de repartager du sens ensemble.
Réseaux des artistes existent déjà avec les différentes pièces de théâtre qui ont été jouées et imaginées au Brésil, au Québec, en Belgique, en Italie, à partir des premières mises en scène de la compagnie de la Tribouille sur les textes de Patrick Viveret sur « Reconsidérer la richesse »
Finalement, est-ce qu’il faudrait vraiment faire quelque chose ou pas ?
L’idée de marquer les 10 ans est importante.
(Varinia) Peut-être pourrait-on construire un fil rouge à travers un sorte de « teasing » ce que le Grand Lyon a fait avec le service de la propreté (EtvousCombien ?)
« Qu’est qui compte vraiment pour vous ? », « Qu’est-ce qui vous a rendu plus humain ? » avec le thème la bourse des vraies valeurs. Très participative. « C’est quoi la vraie valeur pour vous ? »
Les valeurs ajoutées, la force de vie, comment noter ? Comment chacun se l’approprie ?
Idée de faire des petits films, envoyé sur internet qui suscite des émotions (Renaud).
Car ce qui est regardé le plus sur le site internet des Dialogues : les photos, les films, les programmes et les textes ressources.
Il y aurait des perles à twitter chaque soir, des best-off, c’est quand même dommage de ne pas les diffuser.
Les vignettes, pastilles envoyées librement (avec un nuage de tags) style open source pour partager toutes les perles. Comment rendre le site internet plus simple pour tous ? (Fabrice). Comme une application pour iPhone.
Une question phare pour Geneviève :
Pourquoi est-ce que les marcheurs, y compris des SDF sont revenus au parc le dimanche (le lendemain de leur arrivée avec la marche) ?/ Tout comme les petits frères des pauvres, les mamans maghrébines, pourquoi est-ce qu’ils reviennent ?
Ca mérite de leur poser la question directement.
Ecoute attentive à long terme, pourquoi et comment retrouvent-ils leur place ???
Faire un arrêt sur image. Est-ce qu’ils se sentent concernés ? Est-ce qu’il y a un sentiment d’appartenance à la famille humaine ?
Le labo « Sens du langage » de l’ENS intéressé de venir, pour enregistrer les interactions aux Dialogues. Voir avec Justine Lascar à l’ENS (1 des 3 labos). Ils ont du très bon matériel.
Faire un appel à créativité sur le site de l’association. Quelles tournures de phrases ? « C’est quoi la valeur, au sens de force de vie, pour vous ?
Voir aussi avec Dominique Sonjon, Najat Vallaud Belkacem à la ville de Lyon ou avec la Région Rhône Alpes
Récompense : Promouvoir la démarche, faire remonter les propositions, les soutenir à la recherche de financement
Créer une petite commission ?
Compte rendu « Dialogues en ouvrage », deuxième réunion
Le mardi 15 novembre 2011, 12h30-14h
Présents :
Réunion avec Caroline Chabot, Geneviève Ancel, Varinia Vinay-Forga et Emmanuelle Coratti
Quelle métaphore comme point de départ :
Forme et fonds
Attention à ne pas trop privilégier l’esthétique dans un premier temps au dépens du fonds. A trop vouloir concentrer les efforts sur la beauté de l’outil (que nous pourrions confier à des professionnels), on pourrait négliger le travail préalable sur ce que nous voulons communiquer.
En revanche, il ne faut pas dissocier le fond et la forme, la réflexion sur l’un nourrissant l’autre. Commencer uniquement par le travail sur le fond, avec une approche uniquement analytique et synthétique risquerait d’appauvrir Dialogue en ouvrage.
Quels outils pour échanger ?
La deuxième proposition de Jean-Jacques, plus simple d’usage a été retenue.
Partenariat avec l’ENS
Un laboratoire de l’ENS (linguistique), se passionne pour les Dialogues et se propose de dédier une équipe d’étudiants pour alimenter Dialogues en ouvrage via leurs travaux de recherche. Il s’agit là d’une ressource très intéressante pour appuyer le projet.
Documents de base pour le travail
Geneviève pourra nous envoyer ses récents courriers, reçus d’ »amis » des Dialogues, résumant bien l’esprit dans lesquels ils sont organisés.
Par ailleurs, nous pourrons également repartir de présentations powerpoint réalisées récemment pour les présenter. Enfin, il faudra aller « fouiller » dans l’armoire de Geneviève à la recherche d’enregistrements vidéos, sons divers, une mine d’or à exploiter.
Prochaine réunion à fixer
Cet ouvrage, à quatre mains, issu de la rencontre entre Lygia Segala et Henryane de Chaponay, et préfacé par Stéphane Hessel nous ouvre les archives vivantes et illustrées d’une traversée du siècle qui se poursuit,
celle d’Henryane de Chaponay.
http://henryanedechaponay.free.fr/
La présentation originale de ce livre tissé d’apports extérieurs réside dans le fait qu’il est le fruit d’une collaboration sud-nord.
Henryane de Chaponay incarne une vie d’engagements enthousiasmants ! Une traversée du Siècle hors des sentiers battus ou qui lui étaient apparemment destinés, mais un exemple joyeux et courageux, à qui veut le suivre ?
Arrivée au Maroc avec ses parents pendant l’Occupation, elle participe avec eux à la lutte pour l’indépendance au Maroc puis coopère à plusieurs initiatives pour transformer ce pays dont la participation à un journal en tenant une rubrique sur la femme marocaine et à un journal pour néo-alphabètes en arabe et au lancement de l’Animation Rurale à partir de la Province de Marrakech, initiative étendue ensuite à d’autres pays d’Afrique puis d’Amérique du sud par l’Association IRAM.
En 1970, une mission lui est confiée par le Conseil Œcuménique des Églises en Amérique du Sud pour définir les critères de sélection des projets. Elle rentre ensuite au CCFD pour poursuivre le travail entrepris par Chico Whitaker. C’est le début de son engagement sur ce continent. Elle milite pour des émancipations individuelles et collectives et la lutte non-violente contre les oppressions. Elle est de plus en plus activement proche des collectifs qui luttent contre les dictatures et alliée active de mouvements d’éducation populaire d’Amérique latine.
En 1975, avec Paulo Freire entre autres, elle fonde le CEDAL (centre d’étude du développement en Amérique latine). Elle organise pendant quelques années des échanges d’expériences entre des acteurs sociaux (associations, syndicats, organismes de formations…) de différents pays d’Amérique du Sud et d’Europe de l’Ouest : une démarche de formations réciproques par des rencontres et imprégnations construisant ainsi une méthode rigoureuse, souple, ouverte, s’appuyant sur l’intelligence des participants.
Citoyenne active de sa vie, du Mouvement de Citoyenneté Active, au Collectif «richesses», aux Réseaux de Réciprocité des savoirs et du Cercle des pédagogies émancipatrices, elle contribue au lancement du processus du Forum Social Mondial et des Dialogues en Humanité avec cette perspective : celle d’agir sur nos comportements individuels et collectifs pour mieux vivre ensemble et changer notre regard sur la politique.
Elle est une précurseuse et une tisseuse de réseaux.
Elle apprend des peuples qu’elle a rencontrés en Amérique du sud, en Afrique ou en Inde :
«la réciprocité existe dans le temps long de l’histoire lorsque nous redécouvrons des richesses oubliées qui indiquent à quel point, tout au long du parcours à la fois dramatique et merveilleux de l’aventure humaine, des avancées positives ont lieu».
Intégrer le pari de l’incertitude et de l’inattendu dans nos rêves et nos manières de penser peut renforcer nos capacités de résistance et d’initiative » écrit-elle dans la conclusion du livre collectif qu’elle a contribué à élaborer avec 22 autres auteurs : «Parier sur la réciprocité ed Chroniques Sociales 2011…».
– Réciprocité entre les humains et réciprocité entre les humains et la nature, voilà le défi qu’elle nous aide à relever.
Ce qui fait du sens à sa vie :
«Je veux contribuer à lutter contre les inégalités, changer les rapports du vivre ensemble car il y a trop de dédain de la part de beaucoup envers les plus défavorisés. La question de la dignité et du respect est au coeur de ma réflexion, tout comme celle de la nécessité de la reconnaissance de la valeur de tout être humain.
A mon échelle, j’essaye de militer pour la capacité de chaque personne à se réaliser et je souligne notre responsabilité à nous, Européens, par rapport à des drames comme celui des migrations.
Nous vivons une époque de transformations profondes et de grands dangers menacent notre espèce et la planète, dus à la folie humaine et à l’argent roi. Je vois pourtant beaucoup d’initiatives qui donnent espoir mais qui sont dispersées et malheureusement peu valorisées. Il y a tant à faire !».
Henryane de Chaponay par dialoguesenhumanite
Par Dominique Méda
« Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse », Champs-Actuel, 2008. Extraits de la préface.
Au début de l’année 2008, alors que l’augmentation tant désirée du taux de croissance faisait défaut et que les revendications relatives au pouvoir d’achat s’intensifiaient, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, s’indigna, au cours d’une conférence de presse, de l’incapacité du Produit Intérieur Brut (PIB) à représenter les évolutions économiques et sociales et déclara qu’il était urgent d’élaborer d’autres indicateurs de croissance. Il précisa qu’il avait demandé à Amartya Sen et Joseph Stiglitz de constituer une Commission sur « les limites du produit national brut comme critère de mesure de la performance économique et du bien-être », dont il attendait des propositions.
Cet évènement fut peu commenté. Les journalistes revinrent notamment fort peu sur les origines intellectuelles d’une telle proposition, pas plus que sur le sort qui avait pu être fait à ses timides apparitions dans le débat public français dans la décennie précédente, sur les expériences étrangères ou encore sur les contradictions existant (ou susceptibles d’exister) entre le programme politique déjà mis en oeuvre par le Gouvernement de Nicolas Sarkozy et les conséquences de l’usage de nouveaux indicateurs. C’est ce à quoi je voudrais m’employer dans les pages qui suivent de manière à donner tout son sens à la question de savoir à quoi a réellement servi cette annonce et quel était le but qu’elle visait (…)
Une idée enracinée à gauche
Comme on le verra dans ce livre, les courants de pensée ayant remis en cause l’usage du PIB comme indicateur principal de l’évolution de la société se situent clairement à gauche, si l’on entend par là le fait de ne pas considérer le prix comme ultime signe de la valeur des choses, de penser que le fait d’être en société et particulièrement dans une société bien liée a une valeur particulière et de croire que la réduction des inégalités est souhaitable et possible, tout comme la diminution de la pression écologique des activités humaines (…) En 1999, paraît en France Qu’est-ce que la richesse ? L’ouvrage, dont on trouvera ci-après les principaux extraits, tente de comprendre comment nos sociétés ont pu accepter, pour se représenter leur progrès et leur situation, un indicateur qui ne prend en considération que les opérations de vente de biens et services et le coût de production des services non marchands. Comment nos sociétés ont-elles pu accepter que leur richesse soit réduite au seul échange de biens et services au mépris de toutes les autres activités, des autres formes de liens, des autres formes de progrès ou de mise en valeur du monde ? Quel rôle la science économique (et la volonté que celle-ci devienne une science exacte) a-t-elle joué dans ce processus ? De quelle preuve dispose-t-on qu’une société qui produit beaucoup et a un gros PIB est une société qui va bien, progresse et se dote des éléments susceptibles de la faire s’inscrire dans la durée ?
Le livre revient sur les insuffisances du PIB et les résume ainsi : le PIB ne valorise pas des types d’activité ou des temps essentiels pour la vie des sociétés : « temps avec les proches », « temps des activités citoyennes et démocratiques », « temps domestique »… Il ne s’intéresse pas à la manière dont la contribution à la production et les revenus issus de celle-ci sont répartis entre les membres de la société et ne peut donc pas donner de signaux sur d’éventuels facteurs de décohésion sociale. Il ne prend pas en compte les dégâts engendrés à l’occasion de la production, les atteintes au patrimoine collectif dont est dotée une société à un moment donné, notamment les déprédations opérées sur le patrimoine naturel par l’activité industrielle et commerciale.
Existe-t-il alors des indicateurs alternatifs au PIB qui seraient susceptibles de mettre en évidence, mieux qu’à l’heure actuelle, les facteurs de décohésion sociale ou de dégradation du patrimoine dont une société est dotée à un moment donné, qui pourraient nous être utiles pour évaluer à la fois la qualité de notre développement et celle des politiques (publiques et d’entreprises) mises en oeuvre ? Une telle ambition suppose que l’on ait une idée – à mettre en discussion – de ce que peut être un « bon » développement de la société, voire une « bonne société ». Ne faut-il pas substituer à l’objectif purement opératoire et processuel – sans aucun contenu – de mondialisation, dont on nous rebat les oreilles, un objectif de civilisation, reprenant à nouveaux frais l’idée kantienne d’une paix perpétuelle entre les Nations et visant à mettre en place l’ensemble des conditions sociales à l’autoréalisation des individus ? (…)
En mars 2003, c’est le Congrès de Dijon. Utopia décide de présenter une motion (1), qui sera l’une des cinq proposée au vote des militants. Elle est tout entière construite sur l’ambition de promouvoir une nouvelle société plus attentive à sa perpétuation et donc au développement de son patrimoine naturel et social (…) Bien que de nombreux témoignages d’intérêt soient parvenus aux tenants de la motion, celle-ci n’obtiendra qu’1% des suffrages…Il est difficile de savoir si, dans un autre contexte, à un autre moment, moins stratégique (car il ne s’agissait une fois de plus lors de ce Congrès que de se compter) ces idées auraient pu être plus amplement reprises par le Parti Socialiste. Je formule l’hypothèse que la volonté de ne pas écorner la réputation de sérieux et l’image d’un parti responsable et parfaitement capable de gouverner a grandement joué dans la méfiance dont cette organisation a fait preuve à l’égard d’idées qui apparaissaient encore comme largement iconoclastes. De même que l’idée de critiquer la place occupée dans nos sociétés par le travail à un moment où le chômage était au plus haut, un discours critique sur la croissance et la consommation devaient apparaître comme impossible à tenir pour un parti qui voulait éperdument renouer le contact avec les classes populaires. Comment remettre un tant soit peu en cause l’impérialisme de la croissance alors que celle-ci est absolument nécessaire, nous dit-on, à la création d’emplois ? Comment remettre un tant soit peu en cause l’obsession de la consommation alors que tant de personnes manquent de tout et aspirent au moins à accéder aux biens élémentaires ? Comment mettre en place des politiques taxant les entreprises polluantes si une telle opération a pour conséquences des fermetures d’entreprise ou des délocalisations ? Toutes ces questions étaient trop explosives. L’adoption de nouvelles perspectives de développement social intégrant la dimension environnementale et la question des inégalités, ainsi que l’adoption de nouveaux indicateurs auraient exigé la mise à plat de ces différents foyers de conflits. On préféra ne pas ouvrir la boîte de Pandore.
On touche néanmoins là à un point de doctrine très important : comment faire tenir ensemble dans un programme politique la volonté de tout mettre en oeuvre pour promouvoir le développement durable (ce qui implique clairement la mise en oeuvre de moyens de production plus économes en ressources naturelles et une consommation sans doute elle aussi moins gourmande en ces matières) et l’appel à la croissance qui continue d’être, sans doute encore pour un certain temps, selon la plupart des économistes, la clé de la lutte contre le chômage ? Ces réflexions proposaient de regarder en face cette contradiction et de tenter d’y apporter des réponses, avec les citoyens. Ces questions n’ont en tous cas, me semble-t-il, toujours pas été tranchées (…)
Travailler tous, consommer mieux, se civiliser
Tous les indicateurs alternatifs ou complémentaires au PIB mettent en évidence le fait que, alors que le PIB n’a cessé d’augmenter, on observe une évolution au mieux stable mais le plus souvent en régression, comme si le bien-être diminuait depuis le milieu des années 70. Ainsi ces indicateurs permettent-ils de conforter le sentiment que l’augmentation de la croissance et de la consommation ne s’accompagne pas toujours de gains de bien-être. Les classements auxquels aboutissent les comparaisons internationales sont par ailleurs édifiants : ce sont les pays qui consentent les plus gros efforts pour protéger leurs ressources naturelles, qui mettent tout en oeuvre pour maintenir une certaine égalité des conditions de vie, qui opèrent une redistribution massive des revenus et qui permettent à toute la population active d’accéder à l’emploi tout en reconnaissant la valeur du temps familial, domestique et de loisirs qui occupent les premières place des palmarès. Les pays nordiques y caracolent en tête. La capacité des indicateurs synthétiques à être déclinés en plusieurs sous-indices permet également de voir à quoi est due la dégradation de l’indice général. Ainsi, dans le cas de l’indicateur de bien-être économique d’Osberg et Sharpe, la dégradation des vingt dernières années apparaît-elle clairement due à la dégradation de l’indice de sécurité économique et notamment au recul de l’indemnisation du chômage et à la montée de la monoparentalité. Le programme politique qui découle de l’analyse de ces indicateurs est clair. C’est celui qu’indiquait déjà le Rapport mondial sur le développement humain de 1998 : il nous faut opérer une redistribution entre les consommateurs à hauts et bas revenus, abandonner les produits et procédés de production polluants, favoriser les marchandises donnant une place aux producteurs pauvres, faire en sorte que la consommation ostentatoire laisse place à la satisfaction des besoins essentiels (…)
Forums démocratiques et commission d’experts
J’en viens à ma seconde question, celle qui concerne la méthode adoptée par le Président de la République pour choisir de nouveaux indicateurs de croissance. C’est un gage évident de grande qualité que des prix Nobel d’économie, aussi ouverts que Sen ou Stiglitz, aient été choisis pour animer la Commission dont le Président de la République a souhaité la réunion. Elaborer un nouvel indicateur ou une nouvelle batterie d’indicateurs suppose en effet des compétences techniques et une expertise économique pointue. Mais l’essentiel n’est pas là (…) Si de nombreux économistes – et les institutions publiques dans lesquels où ils exercent – se sont le plus souvent déclarés réticents à la mise en place de tels indicateurs, on l’a dit, c’est parce qu’ils se heurtaient à la question de savoir qui peut décider légitimement des critères à prendre en considération pour déterminer ce qu’est une « bonne » société ou pour qualifier ses évolutions. Qu’est-ce que qu’une société riche ? Une société qui produit beaucoup en ne faisant participer qu’une petite partie de la population ? Une société qui répartit bien ses revenus, qui donne accès à tous aux principales ressources, qui équilibre ses temps entre les tâches rémunérées et les tâches de soins ? Qui va décider de cela ? Sommes-nous prêts à admettre que le fait même d’être en société nous importe et que la cohésion de cette société constitue un bien commun qui a une valeur ? Beaucoup d’économistes en doutent. Et s’interdisent même de parler de « la société », voyant dans cette expression une abstraction dangereuse et refusant a fortiori de qualifier la société ou ses évolutions (…)
Si la Commission mise en place par le Président de la République est constituée de la fine fleur de l’élite économique mondiale et se réunit en chambre pour nous délivrer sa formule magique, gageons que celle-ci, quelque soit sa perfection technique, ne nous sera d’aucune utilité, incapable qu’elle sera de rendre visibles les malaises de notre civilisation. En revanche, si, réunissant des savants de toutes disciplines, elle parvient à mettre en place les conditions d’une délibération publique éclairée et permet aux experts d’être les médiateurs du dialogue dont la société a aujourd’hui besoin avec elle-même pour concevoir les politiques publiques et les évaluer, mais aussi pour aider les citoyens à formuler ensemble les contours de la société dans laquelle ils voudraient vivre, alors cette Commission nous aura permis de faire un pas important dans la résolution de nos maux.
C'est un morceau de mon livre sur le FSM ("Changer le monde"),
raccontant une experience menée au Forum de 2003 par tout un groupe animé par Patrick Viveret, autour d'un théme que nous avons commencé à debattre sous les arbres de Lyon :
comment reussir à echouer...
Chico Whitaker
Si l'attraction exercée par les forums est due à leurs modalités d'organisation et aux règles qu'ils propose dans les relations entre participants, il est alors important de prendre conscience de ce qui fait leur originalité.
Sinon, l'invention politique qu'est le forum risque de se diluer dans l'ensemble des initiatives prises de par le monde pour le dépassement des dominations, et de perdre toutes ses potentialités.
Un groupe de personnes, en France et au Brésil - groupe dont je faisais partie - s'est emparé de cette question en octobre 2002, lors de la préparation du 3e FSM, et a pris l'initiative de lancer un processus de réflexion sur le Forum lui-même. Ce groupe avait l'intuition de la nécessité de changements dans les comportements, au niveau personnel. Des changements nécessaires pour l'organisation même des Forums, au niveau des organisateurs, et qui ouvrent la voie pour des pratiques politiques réellement nouvelles. En réalité ce sentiment se faisait sentir à l'aune des difficultés vécues au sein des Comités d'organisation et du comité international, à chaque fois que le tentacule du vieux monde faisait irruption dans ces instances.
Pour stimuler cette réflexion, le groupe a crée une liste de discussion par Internet - « WSFitself », le Forum en lui-même - ouverte à toutes les personnes intéressés par cette réflexion et voulant échanger analyses et idées. Tous les participants des Forums et du Conseil International, dans différents pays, qui avaient exprimé le même type de préoccupation ont été invités à participer à cette liste de discussion.
L'initiative a soulevé beaucoup d'intérêt, mais le débat qui a suivi a été insuffisant. Son lancement a cependant été utile pour mettre en évidence combien nous étions nombreux à avoir la même préoccupation.
Cette dynamique a débouché sur un certain nombre d'activités lors des FSM de 2003 à Porto Alegre et de 2004 à Mumbai. En 2003, l'association française « Interactions Transformation Personnelle / transformation sociale » a proposé un atelier autour du thème « Dépasser les logiques de rivalité et de pouvoir : un enjeu pour le FSM ? ». En 2004, une table ronde sur « le futur du FSM » a été organisée.
L'atelier de 2003 à Porto Alegre a utilisé une méthode particulièrement intéressante. En amont du Forum, l'association Interactions TP/TS a envoyé à tous les participants des Forums l'invitation suivante :
« Afin de préparer les éléments à travailler collectivement à Porto Alegre dans l'atelier 'Se dégager des logiques de pouvoir et de rivalité, un enjeu pour le FSM ?' nous vous proposons une série de questions, dans l'idée lancer le débat et de recueillir les contributions de toutes les personnes intéressées : »
Durant le FSM, l'atelier, qui a réuni une cinquantaine participants, a utilisé la méthode d'inversion proposée par Paul Watslawick, de l'école de Palo Alto (californie, USA), qui a écrit un livre au titre provocateur :
Son éditeur le présente ainsi :
« Paul Watzlawick nous avait enseignés, dans son précédent livre, 'Faites vous-même votre malheur', les moyens les plus raffinés pour devenir malheureux . Maintenant il cherche à comprendre et à approfondir les recettes qui mènent infailliblement à l'échec.
Comment réussir à échouer ?
C'est simple. À chaque problème, il suffit de trouver l'ultrasolution.
Qu'est-ce qu'une ultrasolution ?
C'est une solution qui nous débarrasse non seulement du problème mais aussi de tout le reste.
C'est un peu comme la vieille blague du carabin : mission accomplie, patient décédé.
Il existe beaucoup d'ultrasolutions, étudiées et répertoriées dans ce livre : elles s'appliquent tout autant aux conflits conjugaux qu'aux relations internationales.
La règle est simple :
il faut que le jeu que l'on joue avec l'autre soit de somme nulle, c'est à dire que vous ne puissiez gagner que si l'autre perd, et vice versa. Il est par conséquent impossible que les deux gagnent, mais normal que les deux perdent. Personne n'aura pas de mal à trouver dans sa vie et dans celle de ces proches des ultrasolutions. Il suffit de lire les journaux ou d'écouter les informations, mais leur mécanisme est dans ce livre minutieusement détaillé et mis à la portée de tous ».
La proposition était présentée de la façon suivante :
« Le capitalisme, l'impérialisme, le G7, les grands médias et les multinationales n'ont pas réussi, malgré leurs moyens considérables, à empêcher l'émergence d'une société civile et civique mondiale et la réussite de ses rendez vous annuels dans le cadre du FSM à Porto Alegre. Pour réussir à faire échouer les prochains forums sociaux mondiaux, continentaux ou locaux, il nous faut donc compter sur nos propres forces. Il est donc temps d'en finir avec ces formes démocratiques nouvelles qui prétendent garantir le pluralisme, la créativité, l'indépendance à l'égard des partis, la transparence et la convivialité. La tâche semble à priori impossible tant sont considérables les acquis positifs des trois premiers Forums Sociaux Mondiaux ?
Des efforts louables dans la voie de l'échec apparaissent cependant de plus en plus. Exploités systématiquement, ils pourraient, contre toute attente, nous permettre de réussir à faire échouer la dynamique future des Forums. »
À partir de là, les participants ont rédigé un texte indiquant ce qui devrait être fait pour faire imploser le FSM.
Cependant, une fois le texte rédigé, ils ont conclu que ce texte, diffusé en l'état, pourrait être source d'incompréhensions et de malentendus.
La démarche reproduirait alors les mêmes effets qu'elle voulait analyser :
installer des procès d'intention au lieu de construire les désaccords dans le cadre du pluralisme qui caractérise la dynamique du forum depuis son origine.
Ils ont donc pris l'option - après avoir travaillé sous forme humoristique autour de la méthode de Paul Watzlavick - de reprendre, de façon affirmative, quelques-uns uns des risques que leur semblait courir la dynamique des Forums, d'énoncer clairement leurs sources d'inquiétude et de proposer aux participants des forums, présents et futurs,
un débat autour des points suivants :
Sur tous ces points comme sur bien d'autres que l'atelier n'a fait qu'esquisser, il existe nombre d'antidotes aux toxines qui pourraient empoisonner la dynamique des forums. Dans la plupart des cas rester fidèle à l'esprit et pas seulement à la lettre de la Charte des principes du FSM pourrait suffire à garantir cette qualité démocratique et relationnelle qui a assuré la réussite des forums jusqu'ici. En tout état de cause il nous semble important d'en débattre ouvertement.
Et, en conclusion :
« C'est pourquoi nous invitons toutes celles et tous ceux que ce débat intéresse à le poursuivre avec nous en s'inscrivant sur la liste de discussion l'adresse suivante : wsfitself@no-log.org[# Cette liste existe toujours, même si elle est presque désactivée. Ses organisateurs pensent la réactiver, en se concentrant plus sur la discussion de l'expérience des forums sociaux mondiaux locaux.] »
La continuité de la « méthode forum » est à mon sens un élément très important. Ainsi, j'ai été marqué par le nombre important de personnes qui s'y intéressaient, qui s'engageaient cette réflexion, essayaient d'améliorer cette méthode en préservant sa continuité. À Mumbai, en 2004, une grande plénière a été organisée, dans une salle pouvant accueillir 300 ou 400 personnes, ainsi qu'un grand séminaire de 100 personnes. Il s'agissait de discuter simplement de ce que le Forum apporte de nouveau dans l'action politique, en tant qu' « espace ouvert ». À Porto Alegre, en 2003, il n'y avait eu qu'un seul atelier sur ce thème.
Cet atelier n'a réuni qu'une cinquantaine de personnes, et un nombre assez réduit de participants du Forum en a eu connaissance. Mais le moins que l'on puisse dire est que le travail explosif de ce petit atelier donne beaucoup de pistes pour ceux qui veulent approfondir la réflexion sur les nouvelles pratiques expérimentées dans les rencontres du FSM.
Le Forum Social Mondial peut se définir comme la convergence des mouvements sociaux dans un espace commun, au niveau mondial, en réponse à la mondialisation des marchés et à la logique économiciste qui continue de tout régir. En arrière des Forums Sociaux Mondiaux, il y a la volonté des mouvements féministes, écologistes, autochtones et antimondialistes de créer un espace commun où d’autres logiques pourraient être débattues et d’autres alternatives pourraient se créer.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Forum_social_mondial
http://www.forumsocialmundial.org.br/
Le constat est là, que nous cherchions à ne pas le voir ou à le nier, la fin de l’énergie gratuite c’est pour aujourd’hui et pas demain. La quasi totalité des cadres travaillant dans le domaine de l’énergie nous le disent : il ne reste pas 40 ans de pétrole, c’est une ineptie de parler en années de réserves, la réalité physique c’est le pic qui va intervenir entre aujourd’hui et 2020 (avec une plus forte probabilité pour aujourd’hui que 2020) et cela cassera nécessairement le mythe de la Sainte Croissance Éternelle du Grand PIB.
Oui nous mangerons moins de viande rouge. Oui la voiture va être divisée par quatre (moins lourde, moins puissante, moins nombreuse et plus cher). Oui ceux qui habitent loin de leur travail devront déménager pour un appartement plus petit et plus cher ou changer de travail. Oui certains métiers comme chauffeurs routier ou pêcheur vont largement se réduire ! C’est une certitude physique, n’en déplaisent aux démagogues de tous bords, les discours ni changerons rien.
Alors quoi ? Que doit-on faire ? Rester là à pleurer ? Écouter nos vieux croûtons de politiques Saints Évêques de la Croissance éternelle continuer à nous endetter pour gaspiller ? Sombrer dans l’écologisme religieux, prêcher l’apocalypse face à toutes ces technologies du XXème siècle et vouloir revenir à l’âge préhistorique ? Profiter jusqu’au suicide de nos derniers instants d’énergies gratuites ? Débattre éternellement de savoir si dans 50 ans on pourra peut-être mettre sur le marché une machine merveilleuse capable de sauver notre mode de gaspillage ?
Non ! Ce dont nous avons besoin c’est d’une vraie vision d’avenir. Nous avons besoin de leaders qui soient capables de nous dire les choses en face, de tracer un cap à 50 ans et de s’y tenir. Nous devons revoir notre économie pour qu’elle ne soit plus centrée sur le seul PIB (les coquillages) mais inclure les vraies ressources physiques (les arbres et les poissons).
L’union Européenne s’est constituée à la sortie de la guerre autour du commerce dans le but d’établir une paix durable et la démocratie. Devant le succès du commerce nous avons oublié le but premier ( la paix et la démocratie) au profit de la dévastation de nos ressources au nom de la Très Sainte Dé-régulation des marchés.
C’est au nom de cette même paix et démocratie que les pays européens doivent maintenant lancer un véritable plan Marshall pour reconstruire leurs pays autour d’une énergie dont la valeur réelle va augmenter (progressivement si nous prenons le problème à bras le corps, violemment si nous ne faisons rien).
Parce que c’est bien d’une reconstruction qu’il faut parler, dé-construire les habitats qui ne peuvent-être rénovés et rénover ce qui est rénovable,
déconstruire certaines autoroutes devenues inutiles et reconstruire les centres urbains des petites villes non plus autour de la bagnole mais de transports plus doux.
Alors vite, retroussons nos manches avant qu’un nouveau malade vienne réduire l’Europe à feu et à sang avec une idéologie nauséabonde récupérée sur le terreau fertile de la misère et du désespoir.
C’est avec force et conviction que nos deux compère A.Grandjean et JM.Jancovici nous livrent ici leur deuxième opus sur l’énergie et l’environnement. Lecture salutaire qui vous apprendra le fonctionnement de l’économie avec nos amis de l’île de Pâque intéressés par les coquillages peints, les arbres, les poissons et les énarques qu’ils sachent ou non compter. Cet ouvrage n’est pas un cri alarme mais un cri d’espoir !
Oui on peut faire quelque chose ! Oui on peut le faire vite ! Oui ! Il suffit de s’y mettre.
La psychologie positive, initiée au début du nouveau millénaire, se développe rapidement dans de nombreux pays du monde.
Trois caractéristiques majeures de ce courant sont présentées dans cet ouvrage collectif. La psychologie positive est une discipline scientifique. Chaque chapitre constitue donc une synthèse des connaissances les plus récentes acquises dans ce domaine. Elle s'intéresse au fonctionnement positif, non seulement de l'individu, mais aussi des groupes humains, des institutions et de la société dans son ensemble.
Ce qui explique la division de cet ouvrage en trois parties : la psychologie positive comme art de vivre avec soi-même ; la psychologie positive comme art de vivre avec autrui ; la psychologie positive comme instrument de changement social. C'est ainsi que le lecteur découvrira entre autres des chapitres sur les émotions positives, le sens de l'existence, la gratitude, la vie de couple, ou encore la réconciliation après conflits meurtriers et la justice restauratrice.
Enfin, la psychologie positive est fortement orientée vers la recherche-action. La plupart des chapitres de cet ouvrage présentent des pistes d'action, scientifiquement validées, permettant d'améliorer la vie quotidienne des individus et des groupes humains. Cet ouvrage est destiné aux étudiants, chercheurs et praticiens, ainsi qu'à toute personne intéressée par le fonctionnement optimal des individus et des sociétés.
Jacques Lecomte : Chargé de cours à l'Université Paris Ouest-Nanterre La Défense et à la Faculté de sciences sociales de l'UCP (Université Catholique de Paris), il est aussi membre de l'IPPA (International Positive Psychology Association).
Paru le: 19/01/2011
Nb. de pages: 307 pages
Dimensions: 13,5cm x 21,5cm x 2,3cm
dernier opus d’Edgar Morin, la Voie www.rue89.com
(« pour l’avenir de l’humanité » - éditions Fayard, 19 €).
La voie :
Les réformes pour le XXIe siecle
Texte d'Edgar Morin version mars 2010.
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« La grande Voie n'a pas de porte. Des milliers de routes y débouchent ». Proverbe zen
« Il y a ceux qui voudraient améliorer les hommes et il y a ceux qui estiment que cela ne se peut qu'en améliorant d'abord les conditions de leur vie. Mais il apparaît que l'un ne va pas sans l'autre et on ne sait par quoi commencer. » André Gide Journal 1942-49, p.31
« Les forces "extérieures" du monde sont les memes que celles qui nous agitent intérieurement ; ses drames, ses tentations, ses lâchetés, ses cruautés procedent aussi de la vie intérieure de tous les autres etres humains..Les cruautés des tyrans leur viennent d'une vie intérieure qui nous est commune a tous. »
« Il faudrait voir d'une part si le projet humain réalisé durant ces six millénaires par l'homo historicus est le seul projet humain possible et d'autre part voir s'il ne faudrait pas faire aujourd'hui quelque chose d'autre. » Raimundo Pannikar
« Si le domaine des idées est révolutionné, la réalité ne peut demeurer telle qu'elle est. » Hegel
« Nous continuons a chercher des dépanneurs de la planete alpha, alors que nous sommes sur la planete beta. » Ph. Caillé
« Une terre finie peut-elle supporter un projet infini? » Leonardo Boff
« Quiconque croit qu'une croissance exponentielle peut durer toujours dans un monde fini, est ou un fou ou un économiste. » Kenneth Boulding
« Nous sommes condamnés a murir si nous ne voulons pas etre condamnés a mourir. » -xx
« Je ne cesse d'avoir de nouvelles preuves qu'un grand potentiel de bonne volonté sommeille en nous. Celle-ci n'est qu'atomisée, intimidée, piégée, paralysée et désemparée. Dans cette situation, il est du devoir des hommes politiques de ramener a la vie ce potentiel timide et sommeillant, de lui proposer une voie, de lui frayer un passage, de lui redonner assurance, possibilité de se réaliser, bref espoir. » Vaclav Havel
«Chaque chose en tout temps marche avec son contraire. » Les mille et une nuits
« Liez les extremes et vous aurez le véritable milieu. » Fiedrich Schlegel
« Pour atteindre l'humanité il faut le sens d'un au-dela de l'humanité. » Friedrich Schlegel
« Notre temps n'est pas assez mur pour cela, disent-ils toujours. Est ce une raison pour y renoncer? » Friedrich Schlegel
« La réalité envoie des signes annonciateurs a l'humanité. » Peter Sloterdyk
« Tout se passe comme si nous savions que quelque chose d'énorme va soit se produire, soit échouer lamentablement. » Mahaswata Devi
« La crise sociale, économique et spirituelle actuelle peut etre dépassée grâce a la science, la spiritualité et la fraternité. » Krishnammal Jagannathan
« Il ne s'agit pas de trouver des "solutions" pour certains "problemes" mais de viser a une alternative globale a l'état de choses existant, une civilisation nouvelle, un mode de vie autre, qui ne serait pas la négation abstraite de la modernité, mais son dépassement (aufhebung), sa négation déterminée, la conservation de ses meilleurs acquis, et son au-dela vers une forme supérieure de la culture - une forme qui restituerait a la société certaines qualités humaines détruites par la civilisation bourgeoise industrielle. Cela ne signifie pas un retour au passé, mais un détour par le passé, vers un avenir nouveau. » Michaël Lowy
Le processus de mondialisation commence a la fin du XVe siecle avec la conquete des Amériques et la circumnavigation autour du globe.La globalisation commence en 1989 avec l'effondrement des économies dites socialistes, l'universalisation du marché et du capitalisme[2], la constitution d'un réseau de télécommunications immédiates sur tout le globe (fax, téléphone portable, Internet). Cette globalisation opere une unification techno-économique occidentalisante sur la planete en croissance rapide.
La globalisation a comporté, suite a l'effondrement de l'URSS et la déconfiture du maoisme, une vague démocratisante en diverses parties de la planete, une valorisation des droits de l'homme et des droits de la femme, dont les effets sont demeurés incertains et limités. Elle a comporté également trois processus culturels a la fois concurrents et antagonistes, d'une part un processus d'homogénéisation et de standardisation selon les modeles nord-américains, d'autre part un contre processus de résistances et de refloraisons de cultures autochtones, et, en meme temps, un processus de métissages culturels.
Enfin la globalisation a produit comme l'infra-texture d'une société-monde. Une société nécessite un territoire comportant de permanentes et innombrables intercommunications, ce qui est arrivé a la planete; elle nécessite sa propre économie, ce qui est la cas de l'économie mondialisée; mais il lui manque le contrôle de l'économie; il lui manque les autorités légitimes dotées de pouvoirs de décision ; il lui manque la conscience d'une communauté de destin, indispensable pour que cette société devienne Terre Patrie. Aussi ce ne sont pas seulement les souverainetés absolues des Etats-Nations, c'est aussi le mouvement techno-économique de la globalisation qui, parce qu'incontrôlé, empeche la formation d'une société monde
L'ensemble de ces multiples crises interdépendantes et interférentes est provoqué par le développement, qui est encore considéré comme la voie de salut pour l'humanité.
Le développement a certes suscité sur toute la planete des zones de prospérité selon le modele occidental et il a déterminé la formation de classes moyennes accédant aux standards de vie de la civilisation occidentale. Il a certes permis des autonomies individuelles délivrées de l'autorité inconditionnelle de la famille, l'accession aux mariages choisis et non plus imposés, l'apparition des libertés sexuelles, des loisirs nouveaux, la consommation de produits inconnus, la découverte d'un monde étranger magique, y compris sous l'aspect du Macdonald et du Coca-cola, et il a suscité de grandes aspirations démocratiques.
Il a apporté aussi, au sein des nouvelles classes moyennes, les intoxications consuméristes propres aux classes moyennes occidentales, l'accroissement de la composante imaginaire des désirs ainsi que l'insatiabilité de besoins toujours nouveaux.
Il a apporté aussi les côtés sombres de l'individualisme, c'est-a-dire l'égocentrisme, la soif du profit, et l'autojustification (qui suscite l'incompréhension d'autrui) . Le développement a créé de nouvelles corruptions dans les Etats, les administrations, les relations économiques. Il a détruit les solidarités traditionnelles, exacerbé les égoismes sans récréer de nouvelles solidarités et de nouvelles communautés. D'ou la multiplication des solitudes individuelles.
De plus, le développement a créé d'énormes zones de misere, ce dont témoignent les ceintures démesurées de bidonvilles qui auréolent les mégapoles d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine. Comme l'a dit Majid Rahnema, la misere y chasse la pauvreté des petits paysans ou artisans qui jouissaient d'une relative autonomie en disposant de leurs polycultures ou de leurs outils de travail. Je ne sais qui a dit « le développement est un voyage qui comprend plus de naufragés que de passagers ».
Le moteur du développement est techno-économique. Il est censé entraîner les wagons du bien-etre, de l'harmonie sociale, de la démocratie. De fait, il est compatible avec les dictatures pour qui le développement économique comporte l'esclavagisation des travailleurs et la répression policiere comme ce fut le cas au Chili et au Brésil et comme le montre l'hyper développement de la Chine actuelle..
D'autre part, le développement instaure un mode d'organisation de la société et des esprits ou la spécialisation compartimente les individus les uns par rapport aux autres et ne donne a chacun qu'une part close de responsabilité. Et, dans cette fermeture, on perd de vue l'ensemble, le global, et la solidarité. De plus, l'éducation hyper spécialisée remplace les anciennes ignorances par le nouvel aveuglement.
Cet aveuglement vient également de la conception techno-économique du développement qui ne connaît que le calcul comme instrument de connaissance (indices de croissance, de prospérité, de revenus, statistiques qui prétendent tout mesurer). Autrement dit, il ne fonctionne qu'avec le quantifiable. Il ignore non seulement les activités non monétarisées comme les productions domestiques et/ou de subsistance, les services mutuels, l'usage de biens communs, la part gratuite de l'existence, mais aussi et surtout ce qui ne peut etre calculé: la joie, l'amour, la souffrance, l'honneur c'est-a-dire le tissu meme de nos vies.
Le développement est une formule standard qui ignore les contextes humains et culturels. Il s'applique de façon indifférenciée a des sociétés et cultures tres diverses, sans tenir compte de leurs singularités, de leurs savoirs, savoir-faire, arts de vivre, présents aussi chez les peuples que l'on réduit a leur analphabétisme, et dont on ignore par la meme les richesses de leurs cultures orales traditionnelles. Il constitue un véritable ethnocide pour les petits peuples indigenes sans Etats.
Le développement, promu comme vérité universelle pour la planete, est en réalité pseudo-universaliste, puisqu'il donne le modele occidental comme modele universel. C'est un produit du sociocentrisme occidental et c'est aussi un moteur d'occidentalisation forcené. Il suppose que les sociétés occidentales sont la finalité de l'histoire humaine.
Or le développement-solution ignore que les sociétés occidentales sont en crise du fait meme de leur développement. Celui-ci a produit un sous-développement intellectuel, psychique et moral. Intellectuel parce que la formation disciplinaire que nous recevons, en nous apprenant a séparer les choses, nous a fait perdre l'aptitude a relier, et du coup l'aptitude a penser les problemes fondamentaux et globaux. Psychique parce que nous sommes dominés par la logique purement économique et quantitative, qui ne voit comme perspective politique que la croissance et le développement, et que nous sommes poussés a tout considérer en termes quantitatifs et matériels. Moral parce que partout l'egocentrisme prime la solidarité. Il faut dire aussi que l'hyper-spécialisation, l'hyper-individualisme, la perte de solidarité, tout ceci conduit a un mal-etre, y compris au sein du bien-etre matériel. Et ainsi nous vivons dans une société ou les solutions que nous voulons apporter aux autres sont devenues nos problemes.
Aussi, l'occident ressent en lui un vide et un manque, puisque de plus en plus nos esprits désemparés font appel aux psychanalyses et psychothérapies, au yoga, au bouddhisme Zen, aux marabouts; on essaie de trouver dans les cultures et les sagesses d'autres continents, des remedes a notre vide créé par le caractere quantitatif et compétitif de nos vies.
La conscience de la crise du développement n'est arrivée que de façon partielle, insuffisante, limitée a la problématique écologique, ce qui a conduit a attendrir la notion de développement en lui accolant l'épithete « durable ». Mais l'os demeure.
Enfin, si l'on considere que le développement, l'occidentalisation et la globalisation sont les moteurs l'un de l'autre, alors toutes les crises que nous avons énumérées peuvent etre considérées aussi comme les composantes d'une mega-crise a trois visages inséparables: crise du développement, crise de l'occidentalisation, crise de la mondialisation
La globalisation, l'occidentalisation, le développement sont donc les trois faces du meme dynamisme qui produit une pluralité de crises interdépendantes et enchevetrées, et qui elles-memes produisant la crise de la globalisation, celle de l'occidentalisation, celle du développement. Mais comme ce caractere complexe meme de la crise planétaire est généralement ignoré, cela indique que la multi crise est aussi cognitive.. La gigantesque crise planétaire n'est autre que la crise de l'humanité qui n'arrive pas a accéder a l'humanité.
Le développement du développement développe la crise du développement et conduit l'humanité vers de probables catastrophes en chaînes.
Le vaisseau spatial terre est propulsé par quatre moteurs incontrôlés: la science, la technique, l'économie, le profit. Leurs effets sont ambivalents. La science a produit non seulement des élucidations et suscité des applications bénéfiques, mais a produit aussi les armes de destruction massive, notamment nucléaires, et des possibilités inconnues de manipulation des genes et des cerveau humains. La technique, ambivalente par nature, a permis d'asservir les énergies naturelles mais aussi les etres humains a son service. L'économie a produit non seulement des richesses inouies mais aussi des miseres inouies, et son manque de régulation laisse libre cours au profit lui-meme propulsé et propulseur d'un capitalisme déchaîné hors de tout contrôle, ce qui contribue a la course vers l'abîme.
A cela se combine l'aggravation des diverses crises enchevetrées qui, dans un monde disloqué, aggravent les antagonismes, lesquels aggravent les déferlements idéologiques-politiques-religieux, lesquels eux-memes intensifient les manichéismes et les haines aveugles, suscitant des hystéries de guerre. Deux barbaries sont plus que jamais alliées. La barbarie venue du fond des âges historiques qui mutile, détruit, torture, massacre, et la barbarie froide et glacée de l'hégémonie du calcul, du quantitatif, de la technique sur les sociétés et les vies humaines.
L'issue catastrophique du cours actuel est ainsi hautement probable, la probabilité étant définie par ce qu'un observateur, en un temps et un lieu donnés, peut induire de la continuation des processus en cours.
Aussi peut-on dire que la globalisation constitue le pire qui soit arrivé a l'humanité.
Mais il faut dire également qu'elle en constitue le meilleur. Le meilleur est que pour la premiere fois dans l'histoire humaine sont réunies les conditions d'un dépassement de cette histoire faite de guerres s'aggravant jusqu'au point de permettre le suicide global de l'humanité.
Le meilleur est qu'il y ait désormais interdépendance accrue de chacun et de tous, nations, communautés, individus sur la planete terre, et que se multiplient symbioses et métissages culturels en tous domaines, en dépit des processus d'homogénéisation qui par ailleurs tendent a détruire les diversités.
Le meilleur est que les menaces mortelles et les problemes fondamentaux communs aient créé une communauté de destin pour toute l'humanité.
Le meilleur est que la globalisation ait créé l'infratexture d'une société-monde. Le meilleur est que dans les conditions de communauté de destin et de possible société-monde nous puissions envisager la terre comme patrie, sans que cette patrie nie les patries existantes, mais au contraire les englobe et les protege.
Mais la conscience des périls est encore faible et dispersée. Mais la conscience de la nécessité de dépasser l'histoire n'a pas encore émergé. Mais la conscience de la communauté de destin reste déficiente. Mais la conscience d'une Terre Patrie est encore marginale et disséminée. Mais la globalisation techno-économique empeche la société-monde dont elle a pourtant créé les infratextures. Mais il y a contradiction entre les souverainetés nationales encore absolues et la nécessité d'autorités supra-nationales pour traiter les problemes vitaux de la planete.
Ainsi effectivement, la mondialisation est a la fois le meilleur (la possibilité d'émergence d'un monde nouveau) et le pire (la possibilité d'auto-destruction de l'humanité) Elle porte en elle des périls inouis. Elle porte en elle des chances inouies. Elle porte en elle la probable catastrophe. Elle porte en elle l'improbable donc possible espérance.
Tous les processus actuels portent en eux des ambivalences. Toute crise, et la crise planétaire de façon paroxystique, porte en elle risque et chance. La chance est dans le risque. La chance s'accroît avec le risque. « La ou croit le péril aussi ce qui sauve » (Holderlin).
La voie: tout est a recommencer, tout est a repenser
Epoque qui devrait etre comme la renaissancce et plus encore l'occasion d'une repensée reproblématisation généralisée
Mais la chance n'est possible que s'il est possible de changer de voie. Est ce possible ?
Quand un systeme est incapable de traiter ses problemes vitaux, il se dégrade, se désintegre ou alors il est capable de susciter un meta-systeme capable de traiter ses problemes: il se métamorphose
Le systeme terre est incapable de s'organiser pour traiter ses problemesvitaux:
L'amplification et l'accélération de tous ces processus peuvent etre considérés comme le déchaînement d'un formidable feed-back négatif, processus par lequel se désintegre irrémédiablement un systeme.
Le probable est la désintégration.
L'improbable mais possible est la métamorphose.
Qu'est ce qu'une métamorphose? Nous en voyons d'innombrables exemples dans le regne animal notammentchez les insectes. Une chenille s'enferme dans une chrysalide. Elle commence alors un processus qui est a la fois d'autodestruction et d'auto-reconstruction selon une organisation et une forme différentes. Quand la chrysalide se déchire, il s'est formé un papillon, qui est autre que la chenille, tout en demeurant le meme. L'identité s'est maintenue et transformée dans l'altérité.
La naissance de la vie peut etre conçue comme la métamorphose d'une organisation physico-chimique, qui, arrivée a un point de saturation, a créé une méta-organisation, l'auto-éco-organisation vivante, laquelle, tout en comportant exactement les memes constituants physico-chimiques, a produit des qualités nouvelles, dont l'autoreproduction, l'autoréparation, l'alimentation en énergie extérieure, la capacité cognitive.
La formation des sociétés historiques, au Moyen-Orient, en Inde, en Chine,au Mexique, au Pérou constitue une métamorphose a partir d'un agrégat de sociétés archaiques de chasseurs-cueilleurs, qui a produit les villes, l'Etat, les classes sociales, la spécialisation du travail, les grandes religions, l'architecture, les arts, la littérature, la philosophie. Et cela pour le meilleur comme aussi pour le pire: la guerre, l'esclavage, la barbarie.
A partir du XXIe siecle se pose le probleme de la métamorphose des sociétés historiques en une société-monde d'un type nouveau, qui engloberait les Etats-nations sans les supprimer. Car la poursuite de l'histoire, c'est-a-dire des guerres, par des Etats disposant des armes d'anéantissement, conduit a la quasi-destruction de l'humanité. Il y a la nécessité vitale d'une métahistoire. Alors que pour Fukuyama les capacités créatrices de l'évolution humaine sont épuisées avec la démocratie représentative et l'économie libérale, nous devons penser qu'au contraire c'est l'histoire qui est épuisée et non les capacités créatrices de l'humanité.
C'est dans la métamorphose que se régénéreraient les capacités créatrices de l'humanité. L'idée de métamorphose est plus riche que l'idée de révolution. Elle en garde la radicalité novatrice, mais la lie a la conservation (de la vie, des cultures, de l'héritage des pensées et des sagesses de l'humanité).
Pour aller vers la métamorphose, il est nécessaire de changer de Voie. Mais s'il semble possible d'en modifier certains cheminements, de corriger certains maux, il est impossible de meme freiner le déferlement techno-scientifico-économico-civilisationnel qui conduit la planete aux désastres
Et pourtant l'Histoire humaine a souvent changé de voie. Comment? Tout commence, toujours, par une initiative, une innovation, un nouveau message de caractere déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains. Ainsi ont commencé les grandes religions. Le prince Sakyamuni a élaboré le bouddhisme au terme d'une méditation solitaire sur la vie puis a partir de quelques disciples s'est développée une religion qui s'est répandue en Asie. Jésus était un chaman galiléen qui énonça sa prédiction sans succes aupres du peuple juif, mais son message, repris et universalisé par un pharisien dissident, Paul de Tarse, se répandit lentement dans l'Empire romain pour devenir finalement sa religion officielle. Mahomet dut fuir La Mecque et se réfugier a Médine; le Coran se propagea de disciples en disciples, et devint le texte sacré d'innombrables populations en Afrique,Asie, Europe. Le capitalisme se développa en parasite des sociétés féodales pour finalement prendre son essor et, avec l'aide des royautés, les désintégrer. La science moderne s'est formée a partir de quelques esprits déviants dispersés, Galilée, Bacon, Descartes, puis créa ses réseaux et ses associations, s'introduisit dans les Universités au XIXe siecle, puis au XXe siecle dans les économies et les Etats pour devenir l'un des quatre puissants moteurs du vaisseau spatial Terre. Le socialisme est né dans quelques esprits autodidactes et marginalisés au XIXe siecle pour devenir une formidable force historique au XXe.
Aujourd'hui, tout est a repenser. Notre époque devrait etre, comme fut la renaissance, et plus encore, l'occasion d'une reproblématisation généralisée. Tout est a repenser. Tout est a recommencer.
Tout en fait, a recommencé mais sans qu'on le sache. Nous en sommes au stade de commencements, modestes, invisibles, marginaux, dispersés.
Mais il existe déja, sur tous continents, en toutes nations, un bouillonnement créatif, une multitude d'initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de vie. Mais leur dispersion est inouie. (Tout ce qui devrait etre relié est séparé, compartimenté, dispersé). Ces initiatives ne se connaissent pas les unes les autres, nulle administration ne les dénombre, nul parti n'en prend connaissance. Mais elles sont le vivier du futur. Le salut commencera par la base. Il s'agit de les reconnaître, de les recenser,de les collationner, de les répertorier, et de les conjuguer en une pluralité de chemins réformateurs. En chacun et en tous, il s'agit de relier, améliorer, stimuler. Ce sont ces voies multiples qui pourront, en se développant conjointement, se conjuguer pour former la Voie nouvelle, laquelle altérerait et décomposerait la voie que nous suivons, et nous menerait vers l'encore invisible et inconcevable Métamorphose.
Pour élaborer les voies qui se rejoindront dans la voie, il nous faut nous dégager des alternatives bornées, auxquelles nous contraint le mode de connaissance et de pensée hégémonique:
Mondialisation/démondialisation
Croissance/décroissance
Développement/enveloppement
Il faut a la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et envelopper ou « introverser »
Disons rapidement ce qui apparaîtra nettement en cours d'exposé. L'orientation mondialisation/démondialisation signifie que s'il faut multiplier les processus de communications et de planétarisation culturelles, s'il faut que se constitue une conscience de « terre-patrie » qui est une conscience de communauté de destin, il faut aussi promouvoir, de façon démondialisante, l'alimentation de proximité, les artisanat de proximité, les commerces de proximité, le maraîchage périurbain, les communautés locales et régionales. Autrement dit il faut développer a la fois le global et le local sans que l'un dégrade l'autre. Du meme coup, le monde humain doit évoluer en spirale, retourner partiellement au passé pour repartir vers le futur: c'est a dire retourner aux paysans, aux villages, a l'artisanat.
L'orientation croissance/décroissance signifie qu'il faut faire croître les services, les énergies vertes, les transports publics, l'économie plurielle dont l'économie sociale et solidaire, les aménagements d'humanisation des mégapoles, les agricultures et élevages fermiers et biologiques, mais décroître les intoxications consommationnistes, la nourriture industrialisée, la production d'objets jetables et non réparables, le trafic automobile, le trafic camion (au profit du ferroutage).
L'orientation développement/enveloppement signifie que l'objectif n'est plus fondamentalement le développement des biens matériels, de l'efficacité, de la rentabilité, du calculable, il est aussi du retour de chacun sur soi, sur ses besoins intérieurs, de la stimulation de nos aptitudes a comprendre autrui, notre prochain et notre lointain, d'un retour au temps long et non strictement chronométré. L'enveloppement signifie le grand retour a la vie intérieure et au primat de l'amour et de l'amitié
Il ne suffit plus de dénoncer. Il nous faut maintenant énoncer. Il ne suffit pas de rappeler l'Urgence. Il faut savoir aussi commencer, et commencer par définir les voies qui conduiraient a la Voie. Le Message qui indique la Voie n'a pas encore été formulé, il est en cours d'élaboration, ce a quoi nous essayons de contribuer.
L'origine est devant nous disait Heidegger. La métamorphose serait effectivement une nouvelle origine.
Quelles sont les raisons d'espérer? Nous pouvons formuler cinq principes d'espérance:
L'espérance était morte. Les vieilles générations sont désabusées des fausses promesses et des faux espoirs. Les jeunes générations sont en désarroi. Elles se désolent qu'il n'ait plus de cause a laquelle se vouer, comme fut celle de notre résistance durant le seconde guerre mondiale. Mais notre cause portait en elle meme son contraire. Comme disait Vassili Grossman de Stalingrad, la plus grande victoire de l'humanité était en meme temps sa plus grande défaite, puisque le totalitarisme stalinien en sortait vainqueur. La victoire des démocraties rétablissait du meme coup leur colonialisme. Aujourd'hui, la cause est sans équivoque, sublime: il s'agit de sauver l'humanité.
L'espérance est ressuscitée! L'espérance n'est pas illusion. L'espérance vraie sait qu'elle n'est pas certitude, mais sait que l'on peut faire un chemin en marchant (caminante no hay camino, se hace el camino al andar), l'espérance non pas au meilleur des mondes, mais en un monde meilleur, l'espérance qui sait que le salut par la métamorphose est possible.
Les réformes politiques seules, les réformes économiques seules, les réformes éducatives seules, les réformes de vie seules ont été et seront condamnées a l'insuffisance et a l'échec. Chaque voie ne peut progresser que si progressent les autres. Les voies réformatrices sont corrélatives, interactives, interdépendantes.
Pas de réforme politique sans réforme de la pensée politique, qui suppose une réforme de la pensée elle-meme, qui suppose une réforme de l'éducation, laquelle elle meme suppose une réforme politique. Pas de réforme économique et sociale sans réforme politique qui elle meme suppose réforme de la pensée. Pas de réforme de vie ni de réforme éthique sans réforme des conditions économique et sociales du vivre, et pas de réforme sociale ni économique sans réforme de vie et réforme éthique.
Plus profondément encore la conscience de la nécessité vitale de changer de voie est désormais inséparable de la conscience que le grand probleme de l'humanité est celui de l'état souvent monstrueux et misérable des relations entre individus, groupes, peuples. La question tres ancienne de l'amélioration des relations entre humains, qui a suscité tant d'aspirations révolutionnaires et tant de projets politiques, économiques, sociaux, éthiques, est désormais indissolublement liée a la question vitale du 21eme siecle qui est celui de la Voie nouvelle et de la Métamorphose.
J'ai déja indiqué qu'a la base, dans toutes les sociétés civiles il y a multiplicité d'initiatives dispersées, ignorées des partis, des administrations, des médias. Tout est épars, séparé, compartimenté. Mais les reliances, développements et convergences des innombrables initiatives permettraient de frayer des voies qui convergeraient pour former La Voie.
L'action politique s'est toujours fondée, implicitement ou explicitement sur une conception de la société, de l'homme, et du monde, c'est a dire sur une pensée. C'est ainsi qu'une politique réactionnaire a pu se fonder sur Bonald, Joseph de Maistre, Maurras, qu'une politique modérée a pu se fonder sur Tocqueville, que des politiques révolutionnaires ont pu se fonder sur Marx, Proudhon, Bakounine. Une politique qui vise a l'amélioration des relations entre humains (peuples, groupes, individus) doit plus qu'une autre se fonder non seulement sur une conception de l'homme de la société et du monde (ou anthropologie) mais aussi pouvoir se baser sur une conception pertinente du monde contemporain et de son devenir.
C'est bien l'effort que j'ai tenté dans « Introduction a une politique de l'homme », « Pour une politique de civilisation », « Terre Patrie ».
Il nous faut plus encore: un diagnostic pertinent sur le cours actuel de l'ere planétaire qui emporte l'espece l'humaine: c'est ce que j'ai tenté dans « Vers l'abîme » et c'est un concentré de ce diagnostic qui se trouve présenté dans la premiere partie du présent document.
La régénération de la pensée politique suppose conjointement la réforme de la pensée que nous indiquons plus loin. La nouvelle politique obéirait a une double orientation, celle d'une politique de l'humanité et celle d'une politique de la civilisation. Et elle veillerait a penser en permanence et simultanément planétaire, continental, national et local.
La politique de l'humanité se justifie comme politique de la communauté de destin de l'espece humaine face a des problemes vitaux et mortels communs; elle concrétiserait cette conscience dans l'idée de Terre patrie, laquelle loin de nier les patries singulieres les intégreraient dans une patrie commune. Les internationalismes ignoraient l'importance des diversités culturelles et nationales. La « terre patrie » comporterait le souci de sauvegarder indissolublement l'UNITE/DIVERSITE humaine: le trésor de l'unité humaine est la diversité, le trésor de la diversité humaine est l'unité humaine.
Elle partirait du constat que la globalisation a créé le substrat d'une société-monde (reseau de communications multiples sur le globe et économie désormais planétaire) mais sans créer des institutions propres et une conscience commune. Elle ouvrerait pour la création d'institutions planétaires compétentes pour les problemes vitaux de l'économie, de la biosphere, des armes de destruction massive, de protection des richesses culturelles. Il devient désormais nécessaire, d'élaborer, a partir d'une ONU réformée, les premieres institutions d'une société-monde qui pourraient éventuellement par la suite constituer une premiere forme de gouvernance mondiale.
La politique de l'humanité opérerait le dépassement de l'idée de développement, meme soutenable (durable).
L'idée de soutenabilité, apporte au développement la prise en compte de la sauvegarde de la biosphere et corrélativement de la sauvegarde des générations futures. Cette idée a une composante éthique importante. Mais cette composante éthique ne peut améliorer profondément l'idée meme de développement.
La notion de développement appliquée a la société dérive de la notion de développement biologique, de l'embryon a la personne devenue adulte. Mais le développement biologique comporte corrélativement progres en qualités et en quantités, progres en complexité, dont en solidarité entre tous les éléments en développement, accroissement des communications entre les parties et le tout, accroissement corrélatif de l'unité et des diversités
Or l'idée admise du développement se fonde essentiellement sur le moteur techno-économique, conçu comme locomotive entrainant démocratie et vie meilleure. C'est une idée réductrice, privée de complexité et du sens des solidarités; elle est sous-développée..
Enfin, la notion de sous-développement a quelque chose d'injustement péjoratif, parce qu'on appelle sous-développées des cultures qui comportent des savoirs, des savoir-faire (en médecine par exemple), des sagesses, des arts de vivre souvent absents chez nous ; bien entendu, elles comportent des superstitions, des illusions, mais nous-memes nous avons nourri de nombreuses illusions, dont le mythe du progres comme loi de l'histoire, la derniere étant la capacité de l'économie libérale a résoudre tous les problemes humains. Nous avons a nous défaire de l'arrogance intellectuelle occidentalocentrique, et non des supposés sanglots de l'homme blanc.
Il ne s'agit nullement ici d'idéaliser les sociétés traditionnelles, qui ont leurs carences, leurs fermetures leurs injustices, leurs autoritarismes. Il faut voir aussi leurs qualités, et considérer leurs ambivalences. Nous devons également concevoir toutes les ambivalences du développement et promouvoir les aspects positifs de l'occidentalisation (les droits humains, les autonomies individuelles, la culture humaniste, la démocratie). Ces éléments positifs peuvent et doivent féconder une politique de l'humanité, tandis qu'une politique de civilisation devrait refouler au second plan le négatif, qui aujourd'hui est au premier plan, c'est-a-dire l'hégémonie de la quantité sur la qualité, la réduction de la politique a l'économie, la réduction de la connaissance au calcul, (lequel ignore la multi dimensionnalité de l'existence humaine), la domination de la rationalisation (qui écarte tout ce qui échappe a sa logique close), sur la rationalité ouverte. Cela nous confirme que le probleme désormais n'est pas de continuer sur la voie du développement, n'est pas meme de l'aménager avec quelques adoucisseurs qui le rendraient soutenable; il est de changer de voie.
Nous pouvons commencer a élaborer une voie nouvelle avec une politique de l'humanité et une politique de la civilisation. Une politique de l'humanité peut et doit prendre en charge des problemes que normalement devrait résoudre le développement, par exemple le probleme accru de la faim. Une politique de la santé devrait pouvoir fournir gratuitement les médicaments, notamment contre le Sida aux pays du Sud. Une politique de l'humanité devrait fournir gratuitement aux memes pays tous les dispositifs producteurs d'énergie verte , dont les centrales solaires et marémotrices. La politique de l'humanité, c'est aussi une politique humanitaire a l'échelle de la planete qui devrait mobiliser, non seulement les ressources matérielles, mais aussi la jeunesse des pays qu'on appelle développées, mobilisées dans un service civique planétaire, qui remplacerait les services militaires, afin d'aider sur place les populations dans le besoin. Une politique de l'humanité voit les différents problemes tels qu'ils se posent dans les différentes régions du globe, et au lieu d'une formule standard appliquée dans les contextes les plus divers, elle élaborerait des actions convenant a ces contextes. Une politique de l'humanité est surtout une politique de LA civilisation, qui serait la symbiose entre ce qu'il y a de meilleur de la civilisation occidentale, et les apports extremement riches des autres civilisations.
La politique de l'humanité comporte le respect des savoirs, savoir faire, arts de vivre des cultures y compris orales. Il integre ce qu'il y a de valable dans l'idée actuelle de développement mais pour le concevoir dans les contextes singuliers de chaque culture ou nation. De plus, comme je l'ai indiqué, il faut compléter la notion de développement par celle d'enveloppement, c'est a dire de sauvegarde des qualités que le développement tend a détruire, de retournement vers les valeurs non matérielles de sensibilité, de cour et d'âme.
La politique de l'humanité est une politique de symbioses planétaires: elle prône le grand rendez vous du donner et du recevoir dont parlait Senghor. Ainsi pour les médecines: elle comporte l'apport des médecines occidentales en hygiene, médicaments antisida, etc, mais l'intégration des médecines indigenes, non seulement dans les nations de traditions médicales millénaires, Inde et Chine, mais aussi dans les peuples archaiques d'Amazonie connaissant vertus et venins des plantes ainsi que les thérapies chamaniques.
Quant a la politique de civilisation, elle ne saurait etre limitée aux sociétés occidentales « développées »; elle vaut aussi pour toutes les parties occidentalisées du monde.
La politique de civilisation s'exercerait contre les effets négatifs croissants du développement de notre civilisation occidentale (cf mon diagnostic dans Politique de civilisation, Arlea). Elle viserait a restaurer les solidarités, a réhumaniser les villes, revitaliser les campagnes, renverserait l'hégémonie du quantitatif au profit de la qualité de la vie, prônerait le mieux plutôt que le plus, et contribuerait a la réforme de vie.
Elle dépasserait l'alternative croissance/décroissance dans la considération de ce qui doit croitre/décroitre/demeurer stationnaire
Tout en étant de portée planétaire, la politique de civilisation peut déja etre entreprise a l'échelle d'une nation et, du meme coup contribuer par l'exemple a développer, pour l'Europe ou l'Amérique latine, une réforme a l'échelle d'un continent
L'établissement d'une institution permanente (conseil de sécurité économique) vouée aux régulations de l'économie planétaire et au contrôle des spéculations financieres
Le développement d'une économie plurielle comportant le développement des mutuelles, coopératives, entreprises citoyennes, agriculture fermiere, agriculture biologique, alimentation de proximité (en meme temps que régression de l'agriculture et de l'élevage industrialisés), généralisation du biochar[6] qui supprimerait la faim dans le monde, microcrédit, commerce équitable, entreprises citoyenne.
Le maintien ou la résurrection des services publics nationaux (poste, télécommunications, chemins de fer) et pour l'Europe, l'institution de services publics européens
Un new deal de grands travaux de salut collectif (énergies renouvelables, ceinture de parkings autour des villes, transports publics non polluants, aménagement des chemins de fer pour le ferroutage)
Toutes les crises de l'humanité planétaire, dans la mesure ou elles sont mal perçues, sous-évaluées, disjointes les unes les autres sont en meme temps des crises cognitives. Nous sommes arrivés au paradoxe ou ce qui nous aveugle est notre systeme de connaissance.
Les aveuglements résultant d'une connaissance parcellaire, les illusions propres a une vision unidimensionnelle de toutes choses vont de pair avec le mirage que nous sommes arrivés a la société de la connaissance, alors que nous sommes arrivés a la société des connaissances séparées les unes des autres ,et que nous sommes inconscients notre aveuglement.
Nous nous croyons détenteurs d'une pensée rationnelle alors que nous ne savons pas distinguer rationalité et rationalisation ni reconnaître les limites de la raison.
Notre connaissance séparatrice a perdu l'aptitude a contextualiser l'information et a l'intégrer dans un ensemble qui lui donne sens. Le morcellement et la compartimentation de la connaissance en des disciplines non communicantes rendent inapte a percevoir et concevoir les problemes fondamentaux et globaux. La réforme de la pensée nécessité une pensée de reliance, qui puisse relier les connaissances entre elles, relier les parties au tout, le tout aux parties et qui puisse concevoir la relation du global au local et celle du local au global. Nos modes de pensée doivent intégrer un va et vient constant entre ces niveaux.[8]
Si nos esprits restent dominés par une façon mutilée et abstraite de connaître, par l'incapacité de saisir les réalités dans leur complexité et dans leur globalité, si la pensée philosophique au lieu d'affronter le monde, demeure enfermée dans des préciosités moliéresques, alors paradoxalement notre intelligence nous aveugle. Notre mode de connaissance parcellarisé produit des ignorances globales. Notre mode de pensée mutilé conduit a des actions mutilantes. Seule une pensée apte a saisir la complexité non seulement de nos vies, de nos destins, de la relation individu/société/espece mais aussi de l'ere planétaire, peut tenter le diagnostic de la course actuelle de la planete vers l'abîme et définir les réformes vitalement nécessaires pour changer de voie. Seule une pensée complexe peut nous nous armer pour préparer la métamorphose a la fois sociale, individuelle et anthropologique.
Un nouveau systeme d'éducation, fondé sur la reliance, radicalement différent donc de l'actuel, devrait s'y substituer. Ce systeme permettrait de favoriser les capacités de l'esprit a penser les problemes individuels et collectifs dans leur complexité. Il introduirait aux problemes vitaux, fondamentaux et globaux occultés par le morcellement disciplinaire.
La réforme introduirait a tous les niveaux de l'enseignement, depuis le primaire jusqu'a l'université, les matieres suivantes:
Elle introduirait un enseignement de civilisation portant sur les médias, la publicité, la consommation, la famille, les relations entre générations, la culture adolescente, les addictions et intoxications de civilisation (le consumérisme, l'intoxication automobile, etc...)
Une telle réforme d'éducation serait indispensable pour le développement des voies nouvelles. Elle est inséparable de la réforme de pensée. Paradoxalement l'une suppose l'autre. Seuls des esprits réformés pourraient réformer le systeme éducatif, mais seul un systeme éducatif réformé pourrait former des esprits réformés. Marx déja, se demandait « qui éduquera les éducateurs ». De fait ce sera par une multiplication d'expériences pilotes que pourrait naître la réforme de l'éducation, réforme particulierement difficile a introduire car aucune loi générale ne permettrait de l'implanter. C'est elle pourtant qui conduirait a créer la forme d'esprit capable d'affronter les problemes fondamentaux et globaux, de les relier au concret, et qui conduirait a réformer la pensée. Réforme de l'éducation et réforme de la pensée se stimuleraient l'une l'autre, en un cercle vertueux.[10]
C'est le probleme concret sur lequel devraient converger toutes les autres réformes.
Nos vies sont dégradées et polluées par l'état lamentable et souvent monstrueux des relations entre les humains, individus, peuples, par l'incompréhension généralisée d'autrui, par la prosaisassion de l'existence consacrée aux tâches obligatoires que ne donnent pas de satisfaction, au détriment de la poésie de l'existence qui s'épanouit dans l'amour, l'amitié, la communion, le jeu.
La recherche d'un art de vivre est un probleme tres ancien abordé par les traditions de sagesse des différentes civilisations et en occident par la philosophie grecque. Il se présente de maniere particuliere dans notre civilisation caractérisée par l'industrialisation, l'urbanisation, la recherche du profit, la suprématie donné au quantitatif. La mécanisation de la vie, l'hyperspécialisation, la chronométrisation, l'application du calcul et de la logique de la machine artificielle a la vie des individus, la généralisation d'un mal-etre au sein du bien-etre matériel provoquent en réaction une aspiration a la « vraie vie »
La réforme de vie vise a échapper a la vie soumise aux contraintes et obligations extérieures comme a nos intoxications de civilisation, elle est de chercher a vivre poétiquement, dans la dialogique permanente entre raison et passion.
La réforme de vie doit nous conduire a vivre les qualités de la vie, a retrouver un sens esthétique, a travers l'art bien sur mais également dans la relation a la nature, dans la relation au corps, et a revoir nos relations les uns aux autres, a nous inscrire dans des communautés sans perdre notre autonomie. C'est le theme de la convivialité évoqué par Illich dans les années 70. Il existe aujourd'hui, un peu partout, des germes de cette réforme. Ils apparaissent a travers l'aspiration a une autre vie, a travers les choix de vie visant a mieux vivre avec soi-meme et autrui, parfois le renoncement a une vie lucrative pour une vie d'épanouissement, ainsi que dans une recherche d'accord avec soi meme et le monde que l'on constate dans les attractions pour le bouddhisme zen, les sagesses orientales, dans la recherche de l'alimentation saine que proposent l'agriculture fermiere et l'agriculture biologique. Cette aspiration a vivre « autrement » se manifeste de façons multiples et l'on assiste un peu partout a des recherches tâtonnantes de la poésie de la vie, amours, fetes, copains, rave parties. Les vacances sont antidotes a la vie prosaique Une partie des citadins partage le temps entre, d'un côté une vie urbaine a laquelle ils sont soumis avec ses contraintes et obligations, et d'un autre côté une vie de week-end ou de vacances durant laquelle ils se déprogramment, échappent a la chronométrie, abandonnent les vetements citadins pour des rustiques, voire la nudité, et vivent librement pendant ce temps: le club méditerranée est l'utopie concrete d'une vie libérée meme de la monnaie (il faut évidemment payer au préalable pour y vivre sans argent) Le contraste est aussi fort que celui évoqué par Mauss lorsqu'il nous apprend que les esquimaux ont une religion d'été et une religion d'hiver, avec des dieux différents en fonction des saisons. Tout se passe comme si nous n'avions, nous aussi, des dieux différents en fonction des périodes de la semaine ou de l'année. Mais il ne suffit pas d'alterner : nous devons intégrer dans nos vies quelques-unes des vertus que nous pouvons trouver dans nos vacances et loisirs. Il y a mille ébauches de réforme de vie, d'aspirations a bien vivre, a échapper au mal-etre qu'a produit la civilisation du bien-etre matériel, a pratiquer la convivialité, qui ne sont pas encore reliées. Mais si on considere ensemble ces éléments qui, séparément, semblent insignifiants, il est possible de montrer que la réforme de vie est inscrite dans les possibilités de notre temps. Le dénominateur commun en est : la qualité prime sur la quantité, le besoin d'autonomie est lié et le besoin de communauté doivent etre associés, la poésie de l'amour est notre vérité supreme.
Relater ici l'expérience du Monte Verita, celle d'Auroville a travers ses problemes, celle de communes californiennes, qui ont voulu réaliser la réforme de vie, mais ont échoué, tous ces échecs étant dus, semble t'il a l'isolement de ces expériences de vie, a l'inconscience des difficultés a maintenir une continuité, et a l'absence d'une conjonction avec d'autres réformes qui leur auraient été solidaires
Parler du besoin d'harmonie qui traverse toute l'histoire humaine et s'est exprimé dans les paradis, les utopies, les idées libertaires-communistes-socialistes, les « communes » californiennes et autres, les explosions juvéniles de mai 68 et qui renaîtront sans cesse sous d'autres formes. Avec toujours les memes aspirations a l'autonomie, la communauté, l'aspiration a vivre poétiquement.
La prise de conscience que « la réforme de vie » est une des aspirations fondamentales dans nos sociétés est un levier qui peut puissamment nous aider a ouvrir la Voie.
Aller au dela de l'esprit de conquete, de domination, de réussite non pas l'annihiler, mais le réguler par le développement des valeurs féminines (amour, tendresse) Aller vers l'esprit d'épanouissement de communion de poésie (impossibilité d'éliminer la prose, mais la subordonner).
La réforme de pensée dépend de la réforme de l'éducation, mais celle ci dépend aussi d'une réforme de pensée préliminaire, ce sont deux réformes maitresses en boucle récursive l'une productrice/produit de la réforme de l'autre, et indispensable pour la réforme de la pensée politique laquelle commandera les réformes sociales, économiques, etc. En meme temps la réforme de vie est cruciale, en relation de boucle avec réforme de l'alimentation, de la consommation, de l'habitat, des loisirs/vacances. Ces trois méta-réformes permettent de concevoir la solidarité de toutes les réformes, lesquelles les nourriront...
Constater la barbarie de nos vies. Nous ne sommes pas intérieurement civilisés. La possessivité, la jalousie, l'incompréhension, le mépris, la haine. L'aveuglement sur soi meme et sur autrui, phénomene général et quotidien. Que d'enfers domestiques, microcosmes des enfers plus vastes des relations humaines.
Nous retombons la sur une préoccupation tres ancienne puisque les principes moraux sont présents tant dans les grandes religions universalistes que dans la morale laique. Mais les religions qui ont prôné l'amour du prochain ont déchaîné des haines épouvantables, et rien n'a été plus cruel que ces religions d'amour.
Il semble donc évident que la morale mérite d'etre repensée et qu'une réforme doit l'inscrire dans le vif du sujet humain.
Si on définit le sujet humain comme un etre vivant capable de dire « je », autrement dit d'occuper une position qui le met au centre de son monde, il s'avere que chacun de nous porte en lui un principe d'exclusion (personne ne peut dire « je » a ma place). Ce principe agit comme un logiciel d'auto-affirmation égocentrique, qui donne priorité a soi sur toute autre personne ou considération et favorise les égoismes. Dans le meme temps, le sujet porte en lui un principe d'inclusion qui nous donne la possibilité de nous inclure dans une relation avec autrui, avec les « nôtres » (famille, amis, patrie), et qui apparaît des la naissance ou l'enfant ressent un besoin vital d'attachement. Ce principe est un quasi logiciel d'intégration dans un « nous », et il subordonne le sujet, parfois jusqu'au sacrifice de sa vie. L'etre humain est caractérisé par ce double principe, un quasi double logiciel: l'un pousse a l'égocentrisme, a sacrifier les autres a soi ; l'autre pousse a l'altruisme, a l'amitié, a l'amour... Tout, dans notre civilisation, tend a favoriser le logiciel égocentrique. Le logiciel altruiste et solidaire est partout présent, mais inhibé et dormant. Il peut se réveiller. C'est donc ce logiciel qui doit etre stimulé.
Il faut concevoir également une éthique a trois directions, en vertu de la trinité humaine: Individu/société/espece.
La réforme morale nécessite l'intégration, dans sa propre conscience et sa propre personnalité, d'un principe d'auto-examen permanent, car, sans le savoir, nous nous mentons a nous-memes, nous nous dupons sans cesse. Nos souvenirs se transforment, nous avons une vision de ce que nous sommes et des autres entierement pervertie par l'égocentrisme. Nous ne pouvons donc faire l'économie de pratiquer l'auto-examen et l'autocritique. Or, la encore, dans notre civilisation, il semble que nous ayons completement oublié cette possibilité, préférant confier la solution de nos maux moraux et psychiques a des tiers tels les psychiatres, les psychanalystes. Autrui est important pour nous connaître nous-memes, mais seul l'auto-examen nous permet d'intégrer le regard d'autrui, dans notre effort pour mieux nous comprendre nous-memes, avec nos carences, nos lacunes, nos faiblesses. . .
Aller vers les compréhensions mutuelles. Se comprendre est indispensable si l'on veut comprendre l'autre. Cette compréhension, nous l'avons potentiellement. Nous la manifestons lorsque nous sommes au théâtre, au cinéma, ou lorsque nous lisons un roman. Nous sommes alors capables de comprendre des personnages totalement éloignés de nous, vivant dans des mondes exotiques, ou de personnages ambigus, parfois criminels, comme le parrain de Coppola ou les personnages de Shakespeare. Nous comprenons la misere du clochard, nous comprenons un vagabond comme Charlot. Mais lorsque nous retournons dans la vie courante, nous perdons notre capacité a comprendre autrui. Alors que nous l'avons dans l'imaginaire, nous la perdons dans la réalité.
La réforme morale doit développer deux caractéristiques fondamentales chez tout etre humain: l'auto-examen permanent et l'aptitude a la compréhension d'autrui. La réforme morale doit bien évidemment etre conjuguée avec la réforme de l'éducation et avec la réforme de vie, qui elles memes doivent ere conjuguées av ec les autres réformes.
C'est l'éthique du citoyen qui, dans une société ou il dispose de droits, doit assumer ses devoirs pour la collectivité
Autant une éthique universelle concernant tous les hommes était abstraite avant l'ere planétaire, autant la communauté de destin de tous les humains la rend concrete. Nous pouvons aujourdhui tenter d'agir pour l'humanité, c'est-a-dire d'abord contribuer a la prise de conscience de la communauté de destin humain et a notre inscription comme citoyen de la terre-patrie.
Les réformes sont interdépendantes La réforme morale, la réforme de pensée, la réforme de l'éducation, la réforme de civilisation, la réforme politique la réforme de vie s'entr'appellent les uns les autres et par la meme leurs développements leur permettraient de s'entre dynamiser
Nous devons etre conscience de la limite des réformes ( de vie, éthique, donc aussi des autres) Homo est non seulement sapiens, faber, economicus, mais aussi demens mythologicus, ludens. On ne pourra jamais éliminer la capacité délirante, on ne pourra jamais rationaliser l'existence (ce qui serait la normaliser, la standardiser, la mécaniser) On ne pourra jamais réaliser l'utopie de l'harmonie permanente, du bonheur assuré,
Ce qu'on peut espérer c'est non plus le meilleur des mondes, mais un monde meilleur. Seul le cheminement des sept réformes régénérera assez le monde pour faire advenir la Voie vers la métamorphose. Seule la métamorphose pourra améliorer le monde.
Tout est a réformer et transformer. Mais tout a commencé sans qu'on le sache encore. Apportons la reliance, la conscience. Travaillons a diagnostiquer, réformer, transformer chacun dans sa voie
Travailler a relier, relier, toujours relier.
Répétons le les réformes sont solidaires : la réforme de pensée dépend de la réforme de l'éducation, mais celle ci dépend aussi d'une réforme de pensée, ce sont deux réformes maîtresses en boucle récursive l'une productrice/produit de la réforme de l'autre, et indispensables pour la réforme de la pensée politique laquelle commandera les réformes sociales, économiques, etc. En meme temps la réforme de vie est cruciale, en relation de boucle avec réforme de l'alimentation, de la consommation, de l'habitat, des loisirs/vacances. Ces trois méta-réformes permettent de concevoir la solidarité de toutes les réformes, lesquelles les nourriront...
Les chemins des réformes pourront se relier pour formerla Voie. C'est la Voie qui régénérera le monde pour faire advenir la métamorphose.
[1] « Je réunis ce qui est épars, je rassemble ce qui est dispersé. »
[2] Les conséquences de l'échec du communisme ont été énormes: déchaînement capitaliste, déchaînements ethno religieux (y compris et parfois surtout dans les pays ex-socialistes).
[3] Le Progres, grand mythe providentiel du monde occidental, avait envahi toute la planete: il prétendait apporter a l'Ouest avec les développements de la démocratie libérale, la meilleure société possible, a l'Est « l'avenir radieux » du socialisme et partout ailleurs les accomplissements heureux du développement. Partout science, raison, technique, économie libérale et capitalisme ici, socialisme la, semblait etre les moteurs d'un avenir humain d'harmonie. Nous avons eu l'illusion du progres mécanique, automatique de l'histoire et nous avons perdu cette illusion au cours des quinze dernieres années, quand nous avons commencé a comprendre que l'histoire n'allait pas vers un progres assuré, mais vers une incertitude extraordinaire - personne ne sait ce que sera demain, personne ne peut dire si dans un mois nous sommes en guerre avec l'Iran ou non, personne ne peut dire ce que sortirait de cette guerre éventuelle avec l'Iran, etc. Donc, une incertitude, mais pas seulement l'incertitude; c'est que tout ce qui était bénéfique pour nous, qui nous semblait raisonnablement bénéfique, c'est-a-dire le développement de la science, a montré son ambivalence. Effectivement la science produit des bienfaits considérables, mais elle produit aussi des menaces et des dangers a travers les armes ou les manipulations génétiques. La science produit des connaissances fabuleuses, que seule elle a pu provoquer. Mais aussi la science produit, avec ses compartimentations disciplinaires, des fermetures et des ignorances qui empechent de voir, je le répete, les problemes globaux. La technique elle-meme - parce que aujourd'hui le vaisseau spatial (la Terre) est emporté par un quadrimoteur, qui sont tous issus du développement, c'est-a-dire la science, la technique, l'industrie et l'économie. Ce sont des forces qui ont eu un aspect bénéfique, mais les aspects maléfiques, périlleux, voire mortels, ce sont développés de façon considérable et le vaisseau spatial n'a pas de pilote. Et, en plus, les passagers se disputent les uns avec les autres.
[4] Alors que le grand probleme posé par la globalisation est de sauvegarder inséparablement l'unité et la diversité humaines. Ce qui exige de comprendre que la trésor de l'humanité humaine est sa diversité que le trésor de la diversité humaine est sa diversité. Que le propre de l'unité humaine est de produire de la différence (entre individus, cultures, langues, cultures) et que le propre de la diversité humaine est d'etre produite par l'unité humaine ( cf plus loin réforme politique).
[5] Il suffit de citer deux auteurs qui parlent de l'intérieur du systeme puisqu'il s'agit de Patrick Artus directeur de la recherche de Natixis et Marie Paule Virard rédactrice en chef de Enjeux-les Echos de 2003 a 2008. Apres avoir écrit « le capitalisme est en train de s'autodétruire » , ils récidivent en 2008 avec: Globalisation le pire est a venir. Le livre est écrit, précisons le, avant la grande crise de septembre 2008 ouverte par la faillite de la quatrieme banque d'affaires américaines Lehman Brother. La page de garde de l'ouvrage est édifiante et pourrait relever de la littérature altermondialistesi elle n'émanait d'auteurs au cour du systeme: « le pire est a venir de la conjonction de cinq caractéristiques majeures de la globalisation: une machine inégalitaire qui mine les tissus sociaux et attise les tensions protectrices; un chaudron qui brule les ressources rares, encourage les politiques d'accaparement et accélere le réchauffement de la planete; une machine a inonder le monde de liquidités et a encourager l'irresponsabilité bancaire; un casino ou s'expriment tous les exces du capitalisme financier; une centrifugeuse qui peut faire exploser l'Europe ». Fermez le ban! ce sont la des avis venus de l'intérieur du systeme financier lui-meme tout comme ceux d'Alan Greenspan, l'ancien patron de la FED (la banque fédérale américaine) qui dans son livre « le temps des turbulences » montre a quel point la finance mondiale est devenue un bateau ivre ou Jean Peyrelevade, l'ancien patron du Crédit Lyonnais qui dresse un constat accablant dans son livre « le capitalisme total » de l'état d'un systeme financier incapable d'investir au-dela du court terme. Et le fait que l'on puisse, a juste titre, s'interroger sur la cohérence éthique de ces différents auteurs qui ont tres largement profité de rémunérations indécentes du systeme avant de le critiquer, ne retire rien a des analyses d'autant plus percutantes qu'elles viennent. Patrick Viveret dans , La découverte, 2009
[6] ce_nest-pas_comme_ca_quon_reglera_la_fain_dans_le_monde.pdf http://www.pronatura.org/
[7] sur l'aptitude a la solidarité, cf Réforme morale, les deux logiciels.
[8] Voir Edgar Morin « Introduction a la pensée complexe » ESF 1990.
[9] Tous ces points sont développés dans Edgar Morin, « les sept savoirs nécessaires a l'éducation du futur » éditions du Seuil, 2000.
[10] Une telle réforme intégrerait l'expérience des enseignements « d'éducation nouvelle » initiées par de grands pédagogues comme Decroly, Freinet, Montessori et autres.
Une première certitude :
les Terriens ne pourront pas quitter leur planète et s’installer sur une autre.
Une seconde certitude :
nous devons nous projeter dans le futur, car le futur c’est demain.
A partir de là, il faut dresser la liste des impasses où nous sommes engagés et montrer, si nous persévérons dans cette voie, quel type de catastrophe s’ensuit à chaque fois.
Longtemps, l'humanité a vécu en pensant qu'elle avait tout son temps, que le progrès n'en finirait pas de transformer le monde à notre avantage, que les hommes seraient toujours plus riches, plus beaux, plus performants, que l'on pouvait fabriquer indéfiniment des bombes nucléaires sans risquer de les employer et que nous avions le droit de prélever à l'envi toutes les richesses de la planète sans jamais entamer son capital.
Cette époque est révolue. Nous savons maintenant que le temps nous est compté et qu'à force de travailler contre nous-mêmes, nous risquons de fabriquer une Terre où aucun de nous ne voudra vivre.
Dans ce livre qui ressemble à un avis de tempête, Albert Jacquard passe en revue les questions à propos desquelles il est urgent de procéder à une refonte complète de nos habitudes.
Les questions traitées sont :
Non, le pire n'est pas certain, mais nous devons nous hâter.
Pratiques et perspectives
Ivan Maltcheff Préface de Patrick Viveret
Ou comment développer l’intelligence émotionnelle collective pour lier le local et le global
Réflexion et expérimentation des
collectifs de citoyens engagés au niveau local
Aide dans les problématiques qu’ils rencontrent au quotidien
L’hypothèse de départ est simple : une vaste transformation citoyenne est en cours, encore peu visible. Or, cette transformation est certainement le creuset d’une nouvelle façon d’être et d’agir ensemble et peut¬être même d’un renouveau démocratique.
Basé sur les pratiques et observations de l’auteur sur l’accompagnement de nombreuses personnes et groupes, ce livre traite notamment de la gestion de projet, des écueils du travail en groupe, de l’animation de groupe, et bien sûr de l’interaction entre transformation personnelle et transformation du collectif.
Table des matières
Préambule : Regards sur un monde en gestation
Chapitre 1 : Ecueils et questions : « dissiper le brouillard »
Chapitre 2 : Expériences et recherches.« Dessiner un chemin »
Conclusion.
Annexe 1 : Enquête sur le militantisme juin 2010
Annexe 2 : Extrait des Textes fondamentaux de l’association interactions TP-TSR
Situé à la croisée de différents types de publication -développement personnel ou coaching d’une part, et de renouveau citoyen, de démocratie participative, de nouvelles valeurs, de nouveaux paradigmes (créatifs culturels, coopération, écovillages etc.) d’autre part-, cet ouvrage est concis, pratique, et centré sur l’action.
L’auteur, ancien DRH, coach et spécialiste en accompagnement des changements en entreprise, a co-animé le projet Interactions Transformation Personnelle-Transformation Sociale, initié la démarche Cercles bleus reliances citoyennes, et est proche de plusieurs initiatives ou projets portés par les associations ou collectifs suivants : Dialogues en humanité, Beija flor, Alliance pour la planète, Klub terre, Ecopsychologie au sein de la FNH, Nature Humaine, Pacte civique, Colibris, Emmaüs, Ecole de la nature et des savoirs...
Ce petit livre donne la composition des principaux [indicateurs plus aptes que le PIB à calculer la véritable richesse des nations] : indice de bien-être économique durable, indicateur de progrès véritable, tout en faisant aussi allusion à d'autres (indicateurs de sécurité personnelle, indice de développement humain, de santé sociale, de la pauvreté humaine, baromètre des inégalités et de la pauvreté).
Le véritable intérêt du livre réside dans son grand souci méthodologique. Car tout indicateur repose sur une convention, qui reflète elle-même la culture dominante. De quoi ouvrir la carrière d'une recherche jamais achevée tout en étant nécessaire. On peut saluer un ouvrage clair et stimulant qui met l'accent sur les enjeux cruciaux liés aux nouveaux indicateurs de richesse. Mais ce qui fait selon nous la première force de cet ouvrage est de prendre à contre-pied les approches souvent essentiellement technicistes pour, au contraire, proposer et assumer un statut d'économistes citoyens.
Jean Gadrey, professeur émérite d'économie à l'université Lille-1, est l'auteur ou le coauteur d'une vingtaine d'ouvrages portant sur les services, l'emploi et la mesure des performances économiques et sociales. II a également publié, dans la même collection, Socioéconomie des services (2003).
Florence Jany-Catrice, maître de conférences d'économie à l'université Lille-I et membre de l'Institut universitaire de France, est une spécialiste des comparaisons internationales portant sur l'emploi tertiaire, de l'emploi non qualifié dans les services, et des indicateurs sociaux. Elle est l'auteur ou la coauteur de cinq ouvrages sur ces questions.
Les "sept Savoirs fondamentaux nécessaires à l'homme du futur" issus de l'observation des "sept trous noirs" de l'enseignement ont pour visée d'exposer les problèmes fondamentaux totalement ignorés ou oubliés qui me semblent nécessaires pour que l'homme vive en paix, pour la pérennité de l'espèce. Ils s'organisent de la façon suivante :
L’objet de ce livre n’est pas de rappeler une nouvelle fois les périls qui nous menacent, mais de critiquer la raison qui les a rendus possibles. C’est toujours la raison économique qui gagne. Mais elle est incapable de donner son prix à la nature et d’intégrer les droits des générations qui viennent. Cette raison est sans avenir. Quelles valeurs, quelles règles sociales, quels modes de pensée peuvent alors nous donner le sentiment de vivre dans un monde cohérent ? Nous avons besoin de nouveaux repères qui nous indiquent, très concrètement et en toute situation, comment préserver la planète : alerte quotidienne sur notre empreinte écologique, généralisation des « comptes carbones », souci du monde naturel, culture de la complexité… Plaidoyer convaincant pour une raison écologique, définie comme une conversion de la raison économique, cet essai conçu comme un manifeste libère l’écologie de son ghetto idéologique afin d’en faire la préoccupation de tous.
Bernard Perret, ancien élève de l’École polytechnique, est ingénieur et socio-économiste. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels :
L’Économie contre la société (1993), L’Avenir du travail (1995), Les Nouvelles Frontières de l’argent (1999) ou, plus récemment, Logique de l’espérance (2005).
De multiples signaux alertent l’humanité sur les dangers qui la menacent, et tout se passe comme si, à l’échelle planétaire, l’espèce humaine ne se sentait pas concernée, comme si les voix de plus en plus nombreuses et inquiètes de groupes de citoyens n’étaient que le fruit de l’imagination de contestataires ignorants et irresponsables.
Et pourtant, contrairement à ce que pourrait laisser croire un certain fatalisme ambiant, l’essentiel des problèmes auxquels l’humanité est confrontée peut trouver des solutions. À condition de comprendre que la plupart des difficultés ne se situent pas dans l’ordre de l’avoir, celui des ressources physiques, monétaires, techniques, mais dans l’ordre de l’être, de la façon de concevoir sa place dans l’univers, de donner un sens à sa vie, de s’en sentir responsable et de se montrer solidaire de la vie des autres.
Pourquoi ça ne va pas plus mal extraits (fichier pdf 2Mo).
En s’appuyant sur la définition que le prix Nobel d’économie Amartya Sen donnait de la prospérité (opulence+utilité+capabilités d’épanouissement), l’auteur de cet ouvrage, Tim Jackson, professeur de développement durable à l’Université du Surrey et commissaire à l’économie de la très officielle Commission du développement durable du Royaume-Uni nous montre que la croissance continue est non seulement un mythe impossible mais qu’elle est à partir d’un certain point inutile voire nuisible.
L’intérêt de ce livre est qu’il montre surtout qu’un autre modèle est possible, qui n’est ni la décroissance, ni une « croissance verte » et dont on a encore du mal à définir les contours, pour peu qu’on accepte de changer de paradigme.
Le premier changement est évidemment de passer d’un modèle économique à deux dimensions Travail-Capital à un modèle macroéconomique à au moins trois dimensions introduisant le principal facteur de rareté qu’est notre planète elle-même dont les ressources sont par définition épuisables (du moins avec le mod’exploitation actuelle).
Le second changement est évidemment de modifier notre rapport au travail. Dans le système tel qu’il fonctionne actuellement, le travail est avant tout un coût de production qu’il convient de réduire (pour les entreprises) et le moyen d’assurer son existence, qu’il convient de conserver coûte que coûte (pour le travailleur). En introduisant la dimension sociale du travail comme un des éléments d’exister dans une société, il ajoute une nouvelle valeur à ce travail. Le travail devient du coup une valeur sociale centrale du modèle macroéconomique qu’il faut à tout prix préserver développer et PARTAGER.
Le troisième changement auquel il nous invite c’est de modifier notre rapport aux objets et, à travers cela, modifier notre façon de « consommer », c’est-à-dire passer d’un acte d’achat qui relève au moins autant de la représentation sociale que du besoin véritable vers un acte raisonné où le service rendu (la satisfaction du besoin réel) et la façon dont ce produit ou ce service est obtenu sont les principaux paramètres du choix.
Partant de là , il redéfinit les contours d’une nouvelle macroéconomie, que faute de mieux, il appelle écologique mais qui pourrait tout aussi bien s’appeler « durable » ou « soutenable » voire « responsable », où l’action politique reprend tous ses droits où l’Etat retrouve sa place d’investisseur de long terme et où le capitalisme (enfin une certaine forme de capitalisme, qu’il appelle entrepreneurial) aurait encore sa place pour peu qu’il accepte l’ensemble des paramètres définis ci dessus.
Certains parlent de ce livre comme d’un nouveau rapport Brundtland. C’est peut-être lui faire trop d’honneur.
Mais c’est certainement un livre à lire (collection etopia, éditions De Boeck)
Vous trouverez ci-dessous la lecture commentée des 200 pages de ce livres de 12 chapitres qui vous redonnent le moral (si vous l’aviez perdu)
[toc]
Tim JACKSON
Prospérité =croissance du revenu, c’est vrai pour un milliard d’habitants de la Terre qui vivent avec moins de 1 dollar par jour. Pour les autres, et notamment le milliard le plus riche, cette équation n’est pas vraiment vérifiée
Les débats autour du peak oil et de tous les autres « peak » n’a pas grand sens. Tôt ou tard, ces points de rupture INELUCTABLEMENT seront atteints. Malthus avait certainement tort sur le moyen terme quand il écrivait sa théorie sur la rareté et l’appauvrissement car il ne tenait pas compte des gains de productivité ni de l’innovation technologique, mais sur le très long terme, il a indubitablement raison : aucun arbre ne montera jamais jusqu’au ciel.
« L’idée d’une économie qui ne croît pas est une hérésie pour un économiste. L’idée d’une économie en croissance continue est une hérésie pour un écologiste. » L’économie a failli dans sa tentative d’apporter la prospérité par la croissance continue de la richesse puisqu’elle a surtout produit inégalité et instabilité
Pourquoi l’économie a failli à sa double mission d’assurer la prospérité pour tous et la stabilité de cet état d’aisance universel ?
C’est à cause essentiellement du mythe de la croissance qui pousse les pays développés à vivre de plus en plus en plus à crédit [La question reste cependant posée du pourquoi il est nécessaire à ces économies développées de vivre à crédit pour soutenir « sa » croissance. La réponse est évidemment dans la répartition inégale de la richesse créée].
L’irresponsabilité ne vient ni du laxisme du contrôle, ni de la cupidité individuelle, encore moins de fautes professionnelles des banquiers. Cette irresponsabilité est systémique et tient à l’obsession de la croissance à tout prix y compris l’endettement inconsidéré. C’est par la croissance que le marché à finalement été défait. Cette dette financière dont nous n’arriverons pas à nous défaire à court terme ne doit pas masquer d’autres dettes à plus long terme, les dettes écologiques et c’est peut-être là qu’est la plus grande preuve d’irresponsabilité du marché
Le prix Nobel d’économie Amartya Sen définit la prospérité à partir de trois substantifs dont un néologisme : L’opulence, l’utilité et les capabilités d’épanouissement. Il précise aussi que la prospérité ne peut se concevoir que comme une condition incluant des obligations et des responsabilités avec autrui.
S’agissant de l’opulence, il note que « plus » peut parfois revenir à « moins » : l’épidémie d’obésité en est la manifestation la plus symbolique mais elle est loin d’en être la seule.
L’utilité se traduit comme étant le degré de satisfaction qu’on retire de son niveau de vie. La satisfaction n’a évidemment rien à voir avec le prix et la quantité de ce qu’on consomme puisqu’il peut y avoir des satisfactions gratuites, mais les études menées par la Commission pour le Développement Durable britannique montre que le lien entre niveau de vie et bien-être suit une courbe asymptotique qui montre qu’au-delà d’un certain niveau de revenu (environ 15.000 €uros en 1995), le sentiment de mieux-être ne progresse quasiment plus alors qu’en deçà la progression est très rapide.
En introduisant le concept de capabilités d’épanouissement, Sen veut indiquer qu’au-delà du revenu disponible, une autre dimension doit être prise en compte pour définir la prospérité : les possibilités qui sont offertes à chacun de trouver sa place dans la société où il vit. Cette définition des capabilités est complétée par la philosophe Martha Nussbaum autour de cinq éléments
La vie (durée de vie, santé corporelle)
L’intégrité corporelle (sécurité, sexualité)
La raison pratique : capacité de se forger une conception de la vie bonne
L’affiliation : vivre avec et tourné vers les autres
La maîtrise de son propre environnement
[Cela peut constituer les bases d’un « nouveau contrat social »]
Dans ce chapitre, l’auteur se pose la question : « Et si à défaut de croissance, nos capabilités d’épanouissement diminuaient sensiblement ? » et il y répond en trois temps
L’opulence et la capabilité d’épanouissement : la propriété est un marqueur social fort tout comme notre mode de consommation
Trois courbes asymptotiques (PIB et espérance de vie, PIB et mortalité infantile PIB et accès à l’enseignement) montrent qu’il existe un niveau de revenu par tête (compris entre 15.000 et 20.000 €uros) au-delà duquel les gains marginaux sont quasiment nuls.
Dans une économie fondée sur la croissance, la croissance est essentielle pour la stabilité : c’est soit la croissance continue, soit l’effondrement. [Un peu comme à bicyclette : tu pédales ou tu te casses la figure]
D’où ce dilemme majeur puisque LA CROISSANCE CONTINUE EST IMPOSSIBLE.
De ce dilemme est née l’idée du découplage, c’est-à-dire l’idée que la consommation des ressources peut ne pas suivre l’évolution du PIB avec deux niveaux possibles de découplage, le découplage relatif, qui n’est qu’un ralentissement de la croissance de la consommation des ressources en période de croissance et le découplage absolu, où la consommation des ressources diminue de toute façon. Pour l’instant, malgré la récession qu’ont connu la plupart des pays, nous n’avons la preuve ni de l’une, encore de l’autre : même les bilans carbone présentés comme positifs sont faux car fondés sur des données tronquées.
Une arithmétique simple permet de comprendre les données du problème :
Impact de la croissance = croissance de la population+croissance du revenu par tête-croissance de l’efficacité technologique
Si on considère que la population mondiale va augmenter au rythme de 1,3%, que le revenu par tête doit progresser de 1,4% et que l’efficacité technologique permet des gains de 0,7%, cela fait quand même un impact de 2% (1,4+1,3-0,7).
Cela souligne l’importance du saut technologique global qu’il conviendrait d’accomplir à partir du moment où l’évolution démographique est une tendance de long terme, où la croissance du revenu (hors OCDE) est une exigence démocratique.
Mais le rapport Stern montre que même en investissant 2% du PIB pendant au moins une décennie, le gain technologique qu’on en tirerait ne permettrait pas d’atteindre ce que l’AIE considère comme un objectif minimal.
Le découplage est donc un mythe : il ne se fera pas tout seul.
L’économiste William Baumol, dans un ouvrage collectif « Good capitalism, bad capitalism » identifie quatre types de capitalismes : le capitalisme dirigé (par exemple la France, l’Allemagne mais aussi évidemment la Chine et la Russie), le capitalisme oligarchique (l’Inde mais aussi évidemment la Chine et la Russie), le capitalisme des grandes entreprises et le capitalisme entrepreneurial qui n’ont en commun que le primat du droit de propriété et la propriété privé des moyens de production. Pour eux, le seul bon capitalisme est le dernier.
Mais
Le moteur de ce système, le profit ne peut fonctionner que par un abaissement continu des coûts de production et en l’occurrence du coût du travail via la productivité horaire. Cette efficacité croissante se fonde sur l’innovation mais celle-ci a ses limites sauf saut technologique, ce que Schumpeter appelle « la destruction créatrice ». Toutefois, on peut se poser légitiment la question de l’utilité (au sens Sennien) de la plupart de ces innovations.
C’est là dessus que vient se greffer un autre aspect de la question qui est le rapport que nous avons aux choses, cette forme d’attachement qui fait de la possession matérielle une sorte de « moi élargi ». Nous sommes ce que nous consommons et c’est cette consommation-spectacle qui crée une angoisse du vide. Pour reprendre l’expression que Max Weber utilisait pour définir la bureaucratie, l’auteur parle alors de la « cage de fer » du consumérisme.
La rencontre de la destruction créatrice et de l’angoisse née de cette consommation spectacle produit in fine une croissance sans fin [une croissance sans faim !]
A la base de ce New Deal vert, il y a la volonté affichée que La relance NE SOIT PAS le retour au « business as usual ». D’autant que ce retour au statu quo ante a été exprimé de façon très imagée par un éditorialiste de « the Independant on Sunday » de la façon suivante « Nous n’avons aucun désir de vivre dans une yourte sous un soviet de travailleurs » .Mais qui le voudrait ? Et qui même le propose ?
Quatre options se présentent pour la relance :
Ne rien faire, la main invisible du marché et les stabilisateurs vont faire repartir la mécanique. C’est risqué car rien ne prouve l’existence de l’une et des autres
Faire une relance monétaire par l’expansion du crédit. Guérir le mal par le mal en quelque sorte. C’est risqué, le malade est trop atteint et puis l’inflation, ni la BCE, ni le FMI n’en veulent…
Faire une relance budgétaire par des baisses d’impôts et une augmentation des prestations sociales. Avec des déficits publics qui frôlent déjà les 10% dans de nombreux pays, c’est osé.
Une relance keynesienne classique fondée sur les dépenses publiques d’investissement. C’est osé pour les mêmes raisons et ça ne rapporte qu’à moyen terme. Or il y a le feu à la maison.
Toutefois cette dernière option semble la moins mauvaise à condition de cibler l’investissement public sur des objectifs précis et dont le retour sur investissement est rapide et puissant. C’est ainsi qu’est né une sorte de consensus mondial autour d’un New Deal vert dont les 5 axes sont :
Pour le court/moyen terme
*La réduction des coûts énergétiques libèrent de suite du pouvoir d’achat des ménages
*La réduction des dépenses énergétiques réduit la dépendance extérieure et restaure la balance commerciale
*Les industries de l’environnement tirent l’emploi
Pour le plus long terme
*Faire des progrès en direction des objectifs exigeants de réduction des émission de GES nécessaires pours stabiliser l’atmosphère de la planète
*Protéger les actifs écologiques précieux et améliorer la qualité de notre environnement de vie pour les générations futures
Pour chiffrer les choses, l’AEI estime que les besoins d’investissements énergétiques de 2010 à 2030 seront de 35.000 milliards de dollars
De son côté l’université du Massachussets a calculé qu’investir en DEUX ans 100 milliards de dollars dans les bâtiments, les transports en commun, les énergies renouvelables permettrait de créer 2.000.000 d’emplois ( le même montant investit dans le pétrolier n’en créerait que 600.000 mois durable)
Malheureusement à quelques exceptions près (la Corée et la Chine), la plupart des pays ont proposé en 2009 des plans de relance qui ne font pas forcément la part belle aux investissements « verts ». Sur 2.796 milliards de financement public prévu, seul 435 (15.6%) sont des financements verts (dont 221 milliards pour la Chine -38% de son plan de relance et 80 milliards pour la Corée)
Compte tenu de l’état des finances publiques dans la plupart des pays, il faudra trouver de nouvelles sources de financement. Toutefois, sauf peut-être aux Etats Unis et en Grande-Bretagne, il existe une forte épargne disponible : l’idée est donc de l’ »éponger » en créant des produits d’épargne « verts », les « bons verts »(green bonds)
La théorie macroéconomique classique est actuellement incapable de résoudre ce dilemme entre la sécurité (symboliser par la stabilité économique) et la sûreté (rester à l’intérieur des limites écologiquement soutenables).
Le progrès technique n’y suffira pas, [encore qu’en y mettant les moyens (voir le rapport Stern précité)on pourrait améliorer le bilan global )] si on ne change pas simultanément la structure économique et la logique sociale.
1. C’est là qu’on se rend compte immédiatement que le P.I.B. n’est pas un bon outil de mesure
2. Le modèle classique ne connaît que deux facteurs de production, le capital et le travail, oubliant naturellement le troisième, la Nature.
3. Il faut changer le moteur de la croissance et ne plus raisonner en terme de produit mais en terme de services rendus par le produit
4. L’innovation technologique n’a de sens que si elle permet de rendre le même service avec une empreinte écologique globale plus faible. En la matière, les limites de la thermodynamique n’ont pas encore été atteintes et les potentialités de l’économie circulaire commencent à peine à être explorées.
De tels schémas de production existent déjà de façon embryonnaires mais actuellement ces expériences sont encore peu reconnues car elles cumulent tout ce que l’économie classique considèrent comme des défauts rédhibitoires : une productivité déplorable, une recherche de la qualité qui est même antinomique avec la notion de productivité (s’agissant en particulier de services à la personne), une conception du travail fondée sur la capabilité sociale et non sur la productivité individuelle. Pour toutes ces raisons, l’auteur l’appelle pour l’instant l’économie Cendrillon.[Notons que les champs d’activité de cette économie recouvre assez largement ce qui se développe actuellement en France dans le champ de l’Economie Sociale et Solidaire]
Le partage du travail est aussi un des paramètres de cette nouvelle macroéconomie, en partant justement du fait que le travail avant d’être un facteur de production est une capabilité sociale. Si les gains de productivité perpétuels ne sont plus dans ce schéma un impératif inéluctable, il n’en demeure pas moins qu’il sont pourtant utiles parfois.
Dans ce cas, à production constante, les gains de productivité se traduisent évidemment par une diminution de la masse de travail nécessaire . Deux options se présentent alors, soit diminuer le nombre de travailleurs, soit diminuer la quantité de travail de chacun. C’est évidemment vers la seconde solution qu’il faut et qu’on peut aller[voir à cet égard, les travaux de Pierre Larrouturou sur la semaine de 32 puis maintenant 28 heures]
Un investissement écologique suppose qu’on change les équilibres entre consommation et investissements, via l’épargne d’une part (par exemple dépenser plus pour construire son habitat de façon à dépenser moins en valeur et en quantité pour y habiter) et d’autre part qu’on choisisse judicieusement ces investissements :
*investissement qui améliorent l’efficacité dans l’utilisation des ressources (efficacité énergétique, réduction des déchets, recyclage)
*investissements qui substituent aux technologies conventionnelles des technologies plus propres et plus sobres
*investissements dans l’amélioration des écosystèmes (adaptation climatique, reforestation, renouvellement des zones humides)
Les fondements d’une nouvelle macroéconomie écologique sont
- une économie « résiliente », capable d’absorber des chocs éxogènes sans remettre en cause la stabilité
- la garantie de la sécurité des moyens de subsistance (niveau stable de flux de biens et service, répartition équitable et protection du capital naturel
- conservation des équilibres macro-économiques traditionnels (la transition ne peut être que progressive)
- introduction des nouvelles variables : dépendance énergétique, dépendance aux ressources naturelles, plafond d’émission de GES, valeur des services écosystémiques, valorisation du stock de capital naturel. [ces indicateurs existent mais ne sont pas pris en compte actuellement].
Dns ce chapitre, nous touchons à un des paradoxes de la société de consommation. Nous consommons parce que la consommation est un facteur d’intégration et pourtant jamais il n’y a eu un sentiment aussi fort de non-intégration. C’est le piège d’une « vie sans honte ». D’où l’appel à un hédonisme alternatif, c’est-à-dire une forme de simplicité volontaire que résume bien cette phrase de Gandhi « Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre. ».
Ce n’est pas actuellement le contenu des messages que ne cessent de nous envoyer le monde politique et les médias qui ne voient la fin de la crise que dans la reprise de la consommation. C’est dire la nécessité d’un changement culturel et l’importance que prend alors en terme d’exemplarité de ce que dans le chapitre précédent l’auteur a appelé l’économie Cendrillon. La stratégie vise alors à favoriser toutes les initiatives visant à modifier les rapports de consommation.[A titre d’illustration, la réintroduction de la blouse à l’école, à défaut de pouvoir introduire l’uniforme comme dans les écoles primaires et secondaires britanniques, serait un bon moyen de lutter contre la dictature des vêtements « de marque »et ce que cela entraîne en termes de gaspillages financiers et physiques]
Les deux composantes du changement sont d’une part le paradigme de la macroéconomie écologique et d’autre part un nouveau consumérisme.
Dans ce changement le rôle de l’Etat est d’abord de contribuer à changer les référents des représentations sociales et ensuite de réintroduire du long terme là où à présent, nous ne voulons que du court terme.
En dehors de l’Etat, il faut également que se constituent des institutions permettant un équilibre entre égoïsme et altruisme. Actuellement, il est grand temps de renvoyer le balancier vers la valorisation de l’engagement personnel [Les entreprises ont compris cela avant l’Etat en mettant en place des modes de rémunérations non financiers, comme justement l’engagement des cadres dans la société, notamment par le biais des fondations d’entreprises et cela les arrange bien puisqu’elles font d’une pierre trois coups : les cadres se sentent mieux « dans leurs baskets », cela leur évite une nièeme augmentation des primes et c’est bon pour l’image de la marque].
Pris entre ces deux exigences : la promotion de la consommation à outrance pour soutenir le court terme et promouvoir des changements culturels parce que c’est la condition d’un nouvel équilibre à long terme rend l’Etat schizophrène [Le gouvernement de François Fillon étant jusqu’à ces derniers mois caractéristique de cette schizophrénie avec d’un côté un Martin Hirsch, voire même un Fadela Amara et de l’autre une Christine Lagarde ou un Christian Estrosi, Jean-Louis Borloo étant à lui seul l’exemple parfait de l’Etat schizophrène, d’une part réussissant comme on l’a vu le Grenelle de l’Environnement et d’autre part sacrifiant sur l’autel de la rigueur budgétaire la plupart des incitations fiscales qui y étaient liées]
Etablir les limites
Ici , il est inutile de résumer ce chapitre les sous-titres et titres intermédiaires suffisent à comprendre le contenu déjà largement explicité dans les chapitres précédents.
La double crise économique et écologique va nous mettre de façon très crue face à l’incohérence de nos politiques consuméristes et nous faire redécouvrir les vertus de la frugalité dont l’auteur nous rappelle l’étymologie (le bon fruit).
Les défis sont au moins autant sociaux qu’économiques car il nous faut retrouver le sentiment mutuel de participer à une action commune, non seulement à travers ce que nous sommes mais aussi à travers de ce que nous faisons et produisons, « des citoyens embarqués dans une aventure commune » .
Pour cela, il faut un discours public plus robuste dans lequel le travail reste une valeur forte du modèle dans ces deux sens d’acception (moyen d’existence et moyen « d’exister »).
L’économie relationnelle et l’économie de recyclage nous rendent moins dépendant des activités d’extraction, donc de destruction, des ressources. L’économie classique sera elle-même profondément bouleversée (aller vers une économie circulaire)
Il convient de souligner que dans ce schéma trois facteurs vont limiter la croissance :
1. L’imposition de limites écologiques, à travers par exemple des budgets carbone
2. L’évolution structurelle vers des activités à faible croissance de productivité voire à productivité décroissante, conséquence d’une amélioration de la qualité d’un service mieux rendu
3. L’orientation des ressources vers des investissements écologiques moins « directement productifs », la productivité étant mesurée par le ratio médiocre profit financiers générés/capital financier investi
Et que parmi ces trois facteurs, il y a une contrainte extérieure et deux orientations politiques.
Il convient de noter également que le travail est une telle valeur qu’il faut apprendre à le partager.
La conséquence de ces choix est : les investissements écologiques étant de long terme et globalement moins productifs on doit assister à un glissement progressif de l’investissement privé vers l’investissement public, [c'est-à-dire l’évolution exactement inverse de ce qui se passe actuellement où même les économies d’énergie en matière d’éclairage public sont financés par le secteur privé via ce qu’on appelle pudiquement des partenariats publics privés, en abrégé PPP, qui sont façon trouvée par ces grands opérateurs de capter une part croissante des budgets des collectivités locales].
Plutôt que la fin du capitalisme, cela signifie une nouvelle approche du rapport entre public et privé dans la gestion des actifs et de l’investissement c’est-à-dire à la fois une « nouvelle gouvernance des territoires » et une « nouvelle gouvernance des entreprises »
C’est donc peut-être à terme, le triomphe de l’économie Cendrillon mais dans la période de transition, la question reste posée de comment organiser le transfert financier de l’économie « classique », même verdie, vers l’économie Cendrillon.
Préface à l’édition de l’automne 2008 de Reconsidérer la richesse, éditions de l’Aube.
La réédition par les éditions de l’Aube du rapport que j’avais présenté au gouvernement français en 2002 sous le titre «Reconsidérer la richesse» est une occasion de mesurer le chemin parcouru depuis cette date et de penser le nouveau paysage économique social, écologique et culturel dans lequel nous allons vivre désormais. Ce qui était encore il y a six ans une approche extrêmement marginale commence en effet à s’imposer dans le débat public international sous le double effet de la crise écologique et financière.
Ce ne sont plus les seules institutions les plus en pointe comme le Programme des Nations unies pour le développement, à l’origine des « indicateurs de développement humain », ou les courants «alternatifs» qui mettent en cause l’agrégat principal des comptabilités nationales connu sous le terme de PIB (produit intérieur brut).
Retrouvez l'interview de
Patrick Viveret, philosophe et auteur du rapport
«Reconsidérer la richesse»
Au cours des trois dernières années des institutions internationales comme la banque mondiale et l’OCDE ont commencé à réviser en profondeur leur position sur les indicateurs de richesse. Plusieurs conférences internationales ont lancé le débat sur la question du décalage entre les enjeux écologiques et sociaux d’une part et la description dominante de la richesse des nations. Le Parlement européen a organisé récemment une grande rencontre intitulée de manière significative « Beyond GDP » (« Au-delà du PIB »). Et il est significatif que cette rencontre ait été construite avec des acteurs importants de la société civile à l’instar de ce que nous avions entrepris en mars 2002 en co-organisant une rencontre internationale avec le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), le secrétaire d’état à l’économie solidaire de l’époque (Guy Hascoët) et le collectif richesse rassemblant des acteurs associatifs soucieux de donner un prolongement citoyen à la mission que je conduisais à l’époque.
Dernière évolution significative en date, l’acceptation par deux prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz et Amartya Sen, de conduire les travaux d’une commission internationale sur la question de nouveaux indicateurs de richesse à la demande du président français.
Sans doute cette dernière initiative montre à quel point cette question de la nature de la richesse des nations peut présenter des aspects contradictoires. Comme le note justement Dominique Meda dans la préface d’une réédition de son livre anticipateur « Qu’est ce que la Richesse1 », on peut se demander si le président de la République française a une claire conscience de ce que la plupart des nouveaux indicateurs de richesse actuellement développés sur le plan international auraient pour effet de mettre davantage en évidence les effets de creusement des inégalités sociales de sa propre politique économique. Mais si contradiction il y a, elle est préférable à la dénégation des problèmes de représentation et de calcul de la richesse qui restait dominante il y a encore quelques années.
La situation écologique, sociale et financière qui structure désormais l’horizon planétaire n’autorise plus sans conséquences aggravées, la position dénégatrice. C’est la même logique de démesure (ce que les grecs nommaient « l’ubris ») qui est à l’origine de la crise écologique (dérèglement climatique et risques majeurs pour la biodiversité), de la crise sociale (dont la forme la plus dramatique s’exprime par la crise alimentaire) et de la crise financière. Et cette démesure s’est trouvée accentuée par une représentation et un mode de calcul de la richesse qui en sous évaluant gravement les biens écologiques et sociaux non marchands a lancé le monde dans la course folle d’abord du productivisme industriel oublieux des enjeux écologiques, ensuite d’une financiarisation largement excessive par rapport à l’économie réelle2.
Les alertes de plus en plus fréquentes lancées par les grandes conférences internationales sur le climat, la biodiversité, les sommets de la terre comme ceux de Johannesburg dix ans après celui de Rio, resteront sans effet si nous continuons à être guidés dans le quotidien des entreprises et des institutions par des indicateurs construits dans une époque (l’après seconde guerre mondiale) où la question écologique était totalement ignorée, celle des services non marchands gravement sous estimée et où la vie associative et le travail domestique étaient considérés comme « improductifs ». Nous sommes dans la situation d’un marin qui aurait choisi un nouveau cap mais dont les instruments de bord resteraient réglés sur l’ancien, celui précisément qui nous mène droit sur l’iceberg !
Mais changer nos indicateurs de richesse ne suffit pas. C’est une réorientation en profondeur de nos modes de production, de consommation, de vie qui est en cause. Et cette question vaut à l’échelle mondiale car les pays du Sud sont aux premières lignes des conséquences écologiques et sociales dramatiques de la croissance insoutenable qui est aujourd’hui la nôtre. Le Brésil ne pourra supporter longtemps la destruction de la forêt amazonienne, la péninsule indienne la conséquence de la montée des eaux et la Chine les avancées de la désertification. Il faut cesser de croire que les préoccupations écologiques et de bien être seraient un luxe réservé à des sociétés occidentales tandis que le reste de la planète devrait, lui, parcourir le chemin de l’industrialisation à outrance. La théorie des prétendues étapes obligées du développement s’avère non seulement fausse mais dangereuse. La question écologique est mondiale comme est mondiale la question sociale sans laquelle le défi écologique ne pourra pas être pris à bras le corps car on ne peut demander à des humains dont le projet de vie est à 24 heures (pour reprendre l’expression forte de Bertrand Schwartz) de se soucier de l’avenir de la planète dans quelques décennies.
Il faudra aussi oser la même approche iconoclaste sur la question monétaire. Comme j’ai eu l’occasion de le souligner lors du colloque à l’initiative du Parlement européen, « Beyond GDP », les avancées sur la question des indicateurs devront s’accompagner d’avancées de même nature sur la question monétaire dans les prochaines années. On ne peut remettre en cause les thermomètres sans s’interroger sur la pertinence de leurs unités de graduation qui sont le plus souvent monétaires. Comme le souligne Bernard Lietaer, l’un des anciens directeurs de la banque de Belgique3, la crise financière actuelle va réouvrir le débat de Breton Woods sur la nécessité d’une monnaie réellement mondiale qui ne soit pas, comme le dollar aujourd’hui ou la livre sterling hier, une monnaie nationale. Au moment de la célèbre conférence d’après guerre, Keynes s’était fait le fervent défenseur de cette option également prônée en France par Pierre Mendès France. Une véritable régulation financière mondiale a besoin de cette monnaie mondiale mais celle-ci doit être alors conçue en cohérence avec les enjeux d’un développement écologique et humain réellement soutenable. Il nous faut traiter conjointement et de manière cohérente les problèmes de la crise financière, de la crise écologique et de la crise sociale.
L’ancien directeur de la banque de Belgique fait une proposition très originale pour traiter ce problème : celle d’une monnaie complémentaire mondiale qu’il nomme « la Terra » et dont la caractéristique est de s’appuyer sur un panier de ressources en matières premières afin d’éviter le décollage par rapport à l’économie réelle4. Cette monnaie mondiale aurait en outre l’avantage de favoriser les investissements à long terme par le biais d’un mécanisme théorisé par un ancien banquier Silvio Gesell : celui de la « monnaie franche » qui perd de la valeur au fil du temps si la monnaie n’est pas utilisée ce qui constitue un puissant outil d’évitement de l’emballement spéculatif à court terme. Cette monnaie mondiale complémentaire (car ne se substituant pas aux monnaies nationales) aurait aussi l’avantage de servir d’ancrage aux multiples expériences de monnaies ou de systèmes d’échange complémentaires ou alternatifs qui existent aujourd’hui à l’échelle locale, régionale voire nationale à l’instar du projet SOL que j’avais proposé dans le rapport « Reconsidérer la Richesse » et qui a depuis été expérimenté dans le cadre d’un programme Equal européen dans cinq régions françaises5.
En outre l’existence d’une telle monnaie complémentaire axée sur la valorisation des activités d’utilité écologique et sociale comme l’est aujourd’hui le SOL permettrait de proposer une solution tout à la fois radicale et libérale (au sens positif du terme) à des problèmes tels que les paradis fiscaux. Ceux-ci constituent le poumon financier de l’économie spéculative mondiale et le moyen privilégié de paupérisation des systèmes publics et sociaux du fait de l’évasion fiscale. Ils sont officiellement condamnés par tous les états démocratiques mais maintenus dans l’hypocrisie la plus totale au motif que si un état interdit les paradis fiscaux dans sa zone d’influence il va se trouver pénalisé par la concurrence des autres. Or si une telle monnaie mondiale existait il serait possible de décider que tout flux financier transitant par un paradis fiscal serait converti immédiatement en cette monnaie. Les sommes colossales (onze mille milliards de dollars alors que quelques centaines suffiraient selon les Nations Unies à traiter les problèmes vitaux de la planète comme la faim, l’accès à l’eau potable ou aux soins de base !) seraient alors recyclées dans une économie réelle d’utilité écologique et sociale. Le tout serait réalisé sans imposition et offrirait aux « ultrariches » de la planète6 la possibilité de réaliser plus simplement leurs rêves philantropiques dont la nouvelle mode a été lancée par Bill Gates. Ils auraient en effet le plein usage de cette monnaie dès lors qu’ils satisferaient aux critères écologiques et sociaux sur laquelle elle serait fondée.
Dans le même mouvement, d’autres propositions de mon rapport telle la création d’un plafond de revenu individuel par la création d’un « revenu maximal acceptable » indexé sur les minima sociaux pourrait utiliser ce mécanisme. Toute somme au-delà de ce plafond pourrait être converti en monnaie complémentaire qui n’aurait rien d’une monnaie de singe puisqu’elle serait utilisable partout sur la planète. Dans le même esprit la dette publique des Etats qui, pour l’essentiel, ne provient pas d’un gaspillage démesuré des 35 dernières années mais du changement de mode de création monétaire7, pourrait être libellée partiellement en monnaie complémentaire mondiale ce qui constituerait un fond d’investissement considérable au service de grands travaux d’utilité écologique et sociale.
Ce qui serait pénalisé dans une telle perspective, ce ne serait ni l’emploi ni l’investissement productif, ni l’habitat, ni les soins, ni l’éducation …ni aucun usage de la monnaie au service de ce fameux développement durable dont les conférences internationales font régulièrement la promotion. Les seules activités pénalisées par ce mécanisme seraient les activités mafieuses, le luxe démesuré, la spéculation sans rapport avec l’économie réelle, bref ce qui est officiellement condamné ou critiqué par la totalité des autorités morales et la quasi-totalité des personnalités politiques.
Certes les bénéficiaires du système actuel mobiliseraient des moyens de pression considérables pour maintenir un statu quo qui pénalise par ailleurs au moins 80% de la population mondiale. C’est bien pourquoi de telles réformes exigent le développement déjà bien entamé d’une société civile mondiale qui porte de tels projets. L’unification du mouvement syndical mondial saluée par Jacques Delors lors du forum pour un mondialisation responsable8, survenue depuis la première publication du rapport, est une étape importante réalisée dans cette direction. Le projet d’une banque solidaire mondiale qui doit être débattu lors du prochain forum social mondial en fait également partie. Les projets peuvent paraître ambitieux. Mais ils sont à la hauteur des rendez vous critiques auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée. Si la globalisation financière a été pour l’essentiel une arme pour déréguler les protections sociales mises en place à l’échelle des nations, la construction d’une véritable mondialité est aujourd’hui à l’ordre du jour. Et celle-ci passe par l’émergence d’une citoyenneté et d’une gouvernance démocratique terrienne dans laquelle la prise en compte des enjeux écologiques et humains est la seule manière d’éviter l’enchaînement systémique de drames liés aux crises climatiques, financières et sociales en cours.
C’est pourquoi il est nécessaire de porter les questions d’une nouvelle approche de la richesse à la fois dans l’espace des institutions internationales, dans celui des entreprises et bien sûr dans celui de la société civile mondiale. La création du réseau FAIR (forum pour d’autres indicateurs de richesse), destiné à provoquer un débat civique sur ces questions9, la préparation d’une rencontre lors du prochain forum social mondial de Belem, le débat public nécessaire avec la commission Stiglitz et les organisations financières internationales constituent des enjeux importants des prochaines années. Puisse la réédition de ce rapport contribuer à nourrir ce débat démocratique essentiel.
Patrick Viveret, Dinard, août 2008.
Viveret rapport Reconsiderer la Richesse (fichier pdf 230Ko).
Viveret Reconsiderer la Richesse complet (fichier pdf 1,5Mo).
Plus de quinze ans après la conférence de Rio, la question se pose encore, renouvelée par l'intense mobilisation d'acteurs non étatiques, ONG, entreprises, communautés locales. Constater l'inadaptation du système de gouvernance actuel n'est pas suffisant et il convient d'identifier, parmi les nombreuses dynamiques en cours, les prémices d'une nouvelle gouvernance.
Regards sur la Terre a choisi la gouvernance du développement durable comme thème de son dossier 2009, avec l'ambition de contribuer à la réflexion en cours sur le système de gouvernance actuel et ses évolutions souhaitables.
http://www.iddri.org/Publications/Ouvrages-en-partenariat/Regards-sur-la...
Depuis les années 1980, l'auteur est engagé dans de nombreux débats d'éthique de l'économie. Une évocation très concrète de diverses expériences constitue l'ouverture de ce livre. L'analyse opère ensuite une distinction entre l'ethos et l'éthique. Si l'éthique ou la morale concerne l'agir humain en tant qu'il se réfère à un sens, l'ethos est une représentation sous-jacente de nature plus implicite et collective qui façonne de manière plus ou moins consciente les comportements des acteurs de l'économie à travers les différents modes de penser la religion, le pouvoir ou l'individu.
L'économie étant un processus de destruction créatrice, il n'est pas étonnant que les acteurs de l'économie se trouvent bousculés par une multitude de crises où les facteurs techniques jouent un rôle essentiel. Mais intervient aussi fortement le grand mouvement de monétarisation et de « financiarisation » de l'économie. Cette dernière a pris des formes nouvelles depuis les années 1980 et les crises financières n'ont cessé de se répéter jusqu'à celle de 2007-2008 dont les répercussions se font encore sentir.
Une éthique pour l'économie procède donc d'un discernement complexe sur la réalité des changements en cours et propose des orientations pragmatiques, inspirées de la tradition sociale chrétienne, mais ouvertes à la rencontre d'humanismes divers. Cet ouvrage devrait intéresser les responsables d'entreprises, les militants sociaux, ainsi que tous ceux qui, à différents niveaux, sont concernés par les défis à relever par l'action publique.
Hugues Puel est un spécialiste reconnu par ses travaux en économie du travail et du développement. Frère dominicain depuis 1957, il a travaillé avec le Mouvement « Economie et Humanisme ». Il a été rédacteur en chef de sa revue éponyme de 1968 à 1979, puis secrétaire général de l’association de 1985 à l’arrêt de ses activités en 2007. Assistant de recherche à l’Université de Berkeley (Californie) en 1966-67, il a soutenu une thèse de doctorat d’Etat en sciences économiques sur le thème du chômage aux États-unis en 1968. Il a été maître de conférences à l’Université Lumière Lyon 2 de 1968 à 1993. Il publie régulièrement dans des revues comme « Lumière et vie » et la « Revue d’éthique et de théologie morale » et contribue au Forum du quotidien « La Croix ». Il a écrit une trentaine d’ouvrages seul ou en collaboration. Membre de l’Association des théologiens pour l’étude de la morale depuis son origine, il milite aussi dans plusieurs associations lyonnaises de défense des populations en difficulté.
Introduction 7
EXPÉRIENCES
Quand Wall Street subventionne Harvard 13
Quand un Premier ministre français soutient l'éthique économique 14
Quand la Lyonnaise des eaux et le groupe Schneider fondent une chaire d'éthique à l'École de management de Lyon 17
Quand un mouvement patronal traque la corruption 19
Quand un collectif d'ONG élabore un code de bonne conduite face à l'endettement du tiers-monde 20
Quand le milieu bancaire se soucie de déontologie 22
Quand des patrons français s'intéressent à l'exclusion sociale 24
Quand des chefs d'entreprises catalanes lancent le Manifeste pour des entreprises de qualité humaine 26
Quand des universitaires suisses élaborent une charte des responsabilités communes dans l'activité économique 28
Quand des gaullistes de gauche, des syndicalistes salariés et des chrétiens sociaux promeuvent la société à gestion paritaire 29
Questions et débats 31
PREMIÈRE PARTIE
LA RECONNAISSANCE DES ETHOS
Avant-propos. Qu'est-ce que l'ethos ? 35
Chapitre premier. Les représentations de la religion 43
La prise en compte de l'ethos relativise la place de l'économie 43
Évolution des représentations religieuses 45
Ethos religieux ou ethos séculier ? 49
Chapitre II. Les représentations du pouvoir 57
Le pouvoir substantiel 59
Le pouvoir totalitaire 63
Le pouvoir vide 66
Le pouvoir relatif 67
Le pouvoir démocratique 68
Chapitre III. Les représentations de soi 75
L'émergence du sujet 76
Entre émancipation et aliénation 80
Le sujet et sa conscience 83
Les représentations de soi de l'homme économique 86
« Homo oeconomicus » « versus » « homo donator » 89
Représentations anthropologiques et transformation de l'ethos 94
DEUXIÈME PARTIE
UN MONDE EN CRISES
Introduction. Crises et temporalités 101
Chapitre premier. Les figures bousculées des acteurs de l'économie 105
De l'entrepreneur au financier 105
Travailleur, prolétaire, salarié 110
Du consommateur de l'opulence à celui de la décroissance 116
Chapitre II. La technique entre bienfaits et catastrophes 123
Les révolutions techniques 124
Les effets de la technique sur le travail humain 125
Le débat sur la nature de la technique 131
Techniques et catastrophes 133
Une économie de l'information 135
Chapitre III. De l'économie naturelle à l'économie monétarisée 143
L'ethos catholique nostalgique de l'économie naturelle 145
La monétarisation de l'économie 149
De la monétarisation à la financiarisation 154
Chapitre IV. Les crises de l'économie financiarisée 159
Le système monétaire de Bretton Woods et son effondrement 160
Première conséquence : le tiers-monde et le poids de la dette 162
Deuxième conséquence : les crises financières à répétition 164
Le scandale d'Enron 166
2007 : les prodromes d'une nouvelle crise 171
Titrisation et dissémination du risque 172
Les calamités de l'année 2008 175 La crise est systémique 177
TROISIÈME PARTIE
LES CHOIX
Introduction. Le discernement des choix 183
Chapitre premier. Une économie au service de l'homme 187
Étude de cas : les actions de groupe 187
Libéralisme, capitalisme, démocratie 190
Socialisme, totalitarisme, économie de marché 193
Le socialisme et le libéralisme sont-ils associables ? 196
Où sont les vrais défis à relever ? 197
L'apport de la tradition sociale chrétienne 200
Chapitre II. L'entreprise, lieu de production des biens et des services 203
L'enseignement social catholique 203
L'entreprise est un lieu de fictions juridiques qui défient l'éthique 208
Une pédagogie d'éthique de l'entreprise 213
Crise financière et économie cognitive 215
Des voies nouvelles sont à trouver 220
Chapitre III. Ancrages territoriaux 223
Qu'est-ce qu'un territoire ? 224
L'intégration économique 227
La dynamique urbaine 232
Chapitre IV. L'État entre violence et fraternité 241
L'État a-t-il le monopole de la violence légitime ? 242
Reconnaissance et limite de l'État 245
Un code de déontologie de l'action gouvernementale 247
L'État, la nation, la République 251
Chapitre V. Interdépendances et ouverture au monde 255
Entre inscription dans le quotidien et apocalypse écologique 256
Les dimensions économiques de la mondialisation 260
Les acteurs de la gouvernance mondiale 265
Une humanité en mouvement 274
Chapitre VI. Humanisme séculier et personnalisme chrétien 281
Un humanisme ordinaire 281
L'humanisme séculier 284
Le personnalisme chrétien 287
Témoignages d'un humanisme évangélique 291
Conclusion 297
Index des noms propres 301
Dialogue : Échange entre personnes. Presentation Dialogues en Humanite (fichier pdf 2Mo). |
Les témoignages de grands témoins de notre siècle, qui ont accepté de se prêter au jeu suivant : raconter leur vie comme l’histoire d’une libération.
Temoignages Dialogues en Humanite (fichier pdf 420Ko). |
Nos diversités sont notre richesse Le Forum pour une Mondialisation Responsable est le grand rendez-vous d’échanges de tous ceux que l’enjeu planétaire de ce siècle préoccupe et qui croient pouvoir agir pour y répondre, chacun à sa place, chacun sur son territoire. Forum mondialisation responsable (fichier pdf 2,5Mo). http://fr.wikipedia.org/wiki/Forum_pour_une_mondialisation_responsable |
[toc]
I. LA QUESTION HUMAINE INHÉRENTE AU DÉVELOPPEMENT DURABLE LOCAL ET GLOBAL
A/Naissance et origine de la démarche
B/ Une rencontre constructive
1. Une posture comme postulat
2. L’intelligence collective pour répondre à des défis communs
3. Utiliser l’intelligence sensible autant que la raison
C/ Essaimer localement et mondialement pour favoriser les convergences et enrichir le débat
II. UN SYSTÈME ORGANISATIONNEL NOVATEUR
A/ Sociogramme des Dialogues
1. Trois fondateurs pour une vision convergente et complémentaire
2. Grand Lyon et villes limitrophe : rôle de la mise en réseau
3. Des apports extérieurs éclectiques
B/ L’implication des acteurs comme processus organique
1. Le Cercle des acteurs moteurs
2. Les Rencontres du Comité d’Orientation
3. Les Groupes de travail thématiques
4. Les Rencontres du Comité Artistique
5. Les Réunions d’accompagnement de l’équipe
I. DE L’ÉTHIQUE DE LA COMPRÉHENSION DANS LA GESTION DE PROJETS COMPLEXES
A/ Le principe hologrammatique, ou l’importance du maillage territorial
B/La perception des acteurs
II. L’ACCOMPAGNEMENT AU CHANGEMENT : LE CAS DE LA DIRECTION DE LA PROPRETE
A/ Injecter l’ouverture
1. Une coopération public/privé innovante
2. Coopération locale/internationale : De l’usage de la coopération décentralisée
B/ Reconstruire l’intentionnalité et adopter la compréhension pour faire émerger la reliance
1. Construire lune représentation collective
2. Faire le choix de la diversité
III. DIALOGUES ET ENTREPRISES : INSCRIRE L’ENTREPRISE DANS UNE ÉCONOMIE DU GENRE HUMAIN.
A/ Relevons les défis
B/ Les fondements, voies d’une nouvelle gouvernance ?
I. ANALYSER LES ENJEUX DE LA DEMARCHE
A/ Un maillage organisationnel complexe
B/ Swot
II. DÉVELOPPER UNE PROGRAMMATION 2010 RICHE
A/ Le choix du thème
B/ Parcours initiatique au rythme des journées
1. Le Temps de la convivialité
2. Le Temps de sensible et de l’expérimentation
3. Le Temps de la palabre : des thématiques délibérément provocatrices
4. Le Temps de coopérations-actions, en parallèle avec des témoignages de vie
5. Le Temps de la Fête
6. Les événements associés
III. INTÉGRER UNE NOUVELLE VISION DE LA COMMUNICATION ET LA DÉVELOPPER
A/ Développement du site internet wiki
B/ Création et mise en place du plan média
C/ Communiquer de façon atypique
IV. COORDONNER LES RELATIONS PRESSE
V. ENCADRER, MANAGER
VI. MOBILISER UN PUBLIC VARIE : ENTREPRISES, ARTISTES, PERSONNALITES, ASSOCIATIONS
A/ Participation d’entreprises engagées
B/ Rencontres avec des passeurs d’humanité
C/ L’investissement associatif et universitaire
VII. CAPITALISER SUR L’ EVENEMENT
ANNEXES
Séminaire inaugural de 2003 – discours de Patrick Viveret et Gérard Collomb, Plaquette de présentation, Rétro planning, Plan de communication, Programme des Dialogues en Humanité 2010, Dialogues et entreprises
Revue de presse (extraits) :
Tiré à part Courrier International, Article Côté Cour Côté Jardin : Averroès, Article Séché- le Monde 2007, Article -CK Ganguly et Mary Vattamattam (traduction), Lettre de référence
BIBLIOGRAPHIE
Rapport de Stage Nathalie LAFRIE (fichier pdf 684Ko).
Rapport de Stage Arnaud Billard (fichier pdf 780Ko).
Rapport de Stage V.GUNTHER (fichier pdf 1Mo).
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Et maintenant à vous de jouer dans le dialogue constructif
TRANSIT , huile sur toile 185cm x 165 cm
Cette oeuvre de grandes dimensions est exposée au siège de Forum Réfugiés
TRANSIT, fruit d’un séjour de Daniel Kambere à Dakar en 2006, est un ensemble de toiles dans lesquelles l’artiste évoque le long et incertain voyage effectué par les migrants clandestins à la recherche d’une vie meilleure.
Dans ce travail qui nous invite à porter un regard nouveau sur l’émigration, les migrations, Daniel nous interroge : Comment une pirogue peut-elle affronter la furie de la mer ?
Lors de son premier accrochage, à Kinshasa, c’est autour d’une véritable pirogue décorée par des artistes locaux que furent installées les toiles de l’exposition TRANSIT.
Ici, le centre de la présentation est une caisse de transport décorée par l’artiste avec la complicité du public à l’occasion des Dialogues en Humanités de Lyon en juillet 2009, son dernier séjour en Europe.
Pour faciliter les déplacements, la caisse de transport est associée à une petite remorque routière, elle devient ainsi objet de mobilité.
Daniel Kambere (1964-2009) a vécu et travaillé en République Démocratique du Congo, ses toiles chaleureuses sont des dialogues où formes et couleurs se répondent pour créer une oeuvre lumineuse et vibrante, bien éloignée du « coeur des ténèbres » auquel l’Afrique centrale est trop souvent associée.
Au Champs de Mars à Paris,
lors du Défestival en septembre 2011
(dimensions en centimètres)
Une œuvre, hors exposition, complète ce travail. Il s’agit de la toile de 60x 60 utilisée comme palette par Daniel Kambere à l’occasion de la décoration de la caisse de transport pendant les Dialogues en Humanités de Lyon en juillet 2009.
A la sortie du Port de Dakar
Daniel Kambere (1964-2009) a vécu et travaillé en République Démocratique du Congo. Né à Oicha dans la province du Nord Kivu située à l’est du pays, il a étudié la peinture à l’académie des Beaux-arts de Kinshasa dont il était diplômé.
TRANSIT, fruit d’un séjour de Daniel Kambere à Dakar en 2006, est un ensemble de dix toiles dans lesquelles l’artiste évoque le long et incertain voyage qu’effectuent les migrants clandestins à la recherche d’une vie meilleure.
Dans ce travail qui nous invite à porter un regard nouveau sur l’émigration, les migrations, Daniel nous interroge, comment une pirogue peut-elle affronter la furie de la mer ?
Lors de son premier accrochage, à Kinshaha, c’est autour d’une véritable pirogue décorée par des artistes locaux que furent installées les toiles de l’exposition TRANSIT. Ici, le centre de la présentation est une caisse de transport décorée par l’artiste avec la complicité du public à l’occasion de son dernier séjour en Europe en juillet 2009.
Année | Ville | Pays | Lieu |
1991 | Bata | Guinée Equatoriale | Art Bantou Contemporain |
1992 | Kinshasa | RD Congo | Musée National |
1994 | Brazzaville | RD Congo | Art Bantou Contemporain |
1995 | Kinshasa | RD Congo | Centre Culturel Français |
1996 | Dakar | Sénégal | Biennale de Dakar |
1997 | Kinshasa | RD Congo | CCI Franco-Congolaise |
1998 | Kinshasa | RD Congo | Ambassade Britannique |
1999 | Louvain la Neuve | Belgique | Université Catholique |
2000 | Kampala | Ouganda | Tulifanya Gallery |
2000 | Pinerolo | Italie | Palazzo Vittone |
2001 | Thiene | Italie | Galleria d'Arte Moderna |
2002 | Louvain la Neuve | Belgique | Université Catholique |
2003 | Lyon | France | Galerie du Tremplin |
2004 | Grenoble | France | Ecole de la Paix |
2005 | Laval | France | Crédit Mutuel |
2006 | New-York | Etats-Unis | Sankaranka Gallery |
2007 | Lyon | France | Le Chalet du parc |
2008 | Lyon | France | Dialogues en Humanité |
2008 | Lyon | France | Semaine Solidarité Internationale |
2009 | Grigny | France | Couleurs d'Afrique |
2009 | Lyon | France | Le Monde nous inspire |
2009 | Lyon | France | Dialogues en Humanité |
2010 | Lyon | France | Africa 50, Eglise Saint Bonaventure |
2010 | Lyon | France | Mairie du 4ème |
2010 | Lyon | France | Dialogues en Humanité |
2011 | Roanne | France | Dialogues en Humanité |
2011 | Paris | France | Défestival |
2011 | Baccarat | France | Semaine Solidarité Internationale |
Depuis 2002, Daniel bénéficiait du soutien du COSI1, une association qui œuvre à promouvoir et défendre les droits de l’Homme, l’état de droit et la démocratie, spécialement en Afrique centrale où il soutient plusieurs acteurs de la société civile engagés dans ce combat, à partir de son bureau de Kinshasa (RD Congo).
Fort de cette présence, il a choisi de faire connaître des artistes locaux que, dans la plupart des cas, un simple coup de pouce suffit à rapprocher d’un public vite conquis par le talent conjugué à des trajectoires individuelles peu banales.
Daniel Kambere était l’un d’eux. Peintre accompli dont l’œuvre s’insère dans ce que la création contemporaine a de plus abouti, il avait choisi de mettre son talent au service de la paix depuis 1996, date du début du conflit qui bouleverse son pays.
Le 11 octobre 2009, après une courte hospitalisation, il a été emporté par la maladie et laisse dans la peine son épouse et ses deux jeunes enfants qui ont besoin de nous.
Pour permettre à sa famille de faire face à cette situation, nous avons décidé de mettre en vente, à son bénéfice exclusif les toiles que nous conservions à Lyon et d’assurer la promotion de l’exposition TANSIT.
Depuis janvier 2010, le grand public a eu la possibilité de découvrir le travail de Daniel lors de plusieurs moments d’exposition.