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Toile Filante

Rencontres, mémoires, parcours ...

Cet ouvrage, à quatre mains, issu de la rencontre entre Lygia Segala et Henryane de Chaponay, et préfacé par Stéphane Hessel nous ouvre les archives vivantes et illustrées d’une traversée du siècle qui se poursuit,
celle  d’Henryane de Chaponay.
http://henryanedechaponay.free.fr/

Préface de Stéphane Hessel

La présentation originale de ce livre tissé d’apports extérieurs réside dans le fait qu’il est le fruit d’une collaboration sud-nord.
Henryane de Chaponay incarne une vie d’engagements enthousiasmants ! Une traversée du Siècle hors des sentiers battus ou qui lui étaient apparemment destinés, mais un exemple joyeux et courageux, à qui veut le suivre ?
Arrivée au Maroc avec ses parents pendant l’Occupation, elle participe avec eux à la lutte pour l’indépendance au Maroc puis coopère à plusieurs initiatives pour transformer ce pays dont la participation à un journal en tenant une rubrique sur la femme marocaine et à un journal pour néo-alphabètes en arabe et au lancement de l’Animation Rurale à partir de la Province de Marrakech, initiative étendue ensuite à d’autres pays d’Afrique puis d’Amérique du sud par l’Association IRAM.
En 1970, une mission lui est confiée par le Conseil Œcuménique des Églises en Amérique du Sud pour définir les critères de sélection des projets. Elle rentre ensuite au CCFD pour poursuivre le travail entrepris par Chico Whitaker. C’est le début de son engagement sur ce continent. Elle milite pour des émancipations individuelles et collectives et la lutte non-violente contre les oppressions. Elle est de plus en plus activement proche des collectifs qui luttent contre les dictatures et alliée active de mouvements d’éducation populaire d’Amérique latine.
En 1975, avec Paulo Freire entre autres, elle fonde le CEDAL (centre d’étude du développement en Amérique latine). Elle organise pendant quelques années des échanges d’expériences entre des acteurs sociaux (associations, syndicats, organismes de formations…) de différents pays d’Amérique du Sud et d’Europe de l’Ouest : une démarche de formations réciproques par des rencontres et imprégnations construisant ainsi une méthode rigoureuse, souple, ouverte, s’appuyant sur l’intelligence des participants.
Citoyenne active de sa vie, du Mouvement de Citoyenneté Active, au Collectif «richesses», aux Réseaux de Réciprocité des savoirs et du Cercle des pédagogies émancipatrices, elle contribue au lancement du processus du Forum Social Mondial et des Dialogues en Humanité avec cette perspective : celle d’agir sur nos comportements individuels et collectifs pour mieux vivre ensemble et changer notre regard sur la politique.
Elle est une précurseuse et une tisseuse de réseaux.
Elle apprend des peuples qu’elle a rencontrés en Amérique du sud, en Afrique ou en Inde :
«la réciprocité existe dans le temps long de l’histoire lorsque nous redécouvrons des richesses oubliées qui indiquent à quel point, tout au long du parcours à la fois dramatique et merveilleux de l’aventure humaine, des avancées positives ont lieu».
Intégrer le pari de l’incertitude et de l’inattendu dans nos rêves et nos manières de penser peut renforcer nos capacités de résistance et d’initiative » écrit-elle dans la conclusion du livre collectif qu’elle a contribué à élaborer avec 22 autres auteurs : «Parier sur la réciprocité ed Chroniques Sociales 2011…».
– Réciprocité entre les humains et réciprocité entre les humains et la nature, voilà le défi qu’elle nous aide à relever.
Ce qui fait du sens à sa vie :
«Je veux contribuer à lutter contre les inégalités, changer les rapports du vivre ensemble car il y a trop de dédain de la part de beaucoup envers les plus défavorisés. La question de la dignité et du respect est au coeur de ma réflexion, tout comme celle de la nécessité de la reconnaissance de la valeur de tout être humain.
A mon échelle, j’essaye de militer pour la capacité de chaque personne à se réaliser et je souligne notre responsabilité à nous, Européens, par rapport à des drames comme celui des migrations.
Nous vivons une époque de transformations profondes et de grands dangers menacent notre espèce et la planète, dus à la folie humaine et à l’argent roi. Je vois pourtant beaucoup d’initiatives qui donnent espoir mais qui sont dispersées et malheureusement peu valorisées. Il y a tant à faire !».

Henryane de Chaponay par dialoguesenhumanite

 

Au-delà du PIB

Préface de « Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse »

Par Dominique Méda
« Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse », Champs-Actuel, 2008. Extraits de la préface.
Au début de l’année 2008, alors que l’augmentation tant désirée du taux de croissance faisait défaut et que les revendications relatives au pouvoir d’achat s’intensifiaient, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, s’indigna, au cours d’une conférence de presse, de l’incapacité du Produit Intérieur Brut (PIB) à représenter les évolutions économiques et sociales et déclara qu’il était urgent d’élaborer d’autres indicateurs de croissance. Il précisa qu’il avait demandé à Amartya Sen et Joseph Stiglitz de constituer une Commission sur « les limites du produit national brut comme critère de mesure de la performance économique et du bien-être », dont il attendait des propositions.

 
Cet évènement fut peu commenté. Les journalistes revinrent notamment fort peu sur les origines intellectuelles d’une telle proposition, pas plus que sur le sort qui avait pu être fait à ses timides apparitions dans le débat public français dans la décennie précédente, sur les expériences étrangères ou encore sur les contradictions existant (ou susceptibles d’exister) entre le programme politique déjà mis en oeuvre par le Gouvernement de Nicolas Sarkozy et les conséquences de l’usage de nouveaux indicateurs. C’est ce à quoi je voudrais m’employer dans les pages qui suivent de manière à donner tout son sens à la question de savoir à quoi a réellement servi cette annonce et quel était le but qu’elle visait (…)
 
Une idée enracinée à gauche
 
Comme on le verra dans ce livre, les courants de pensée ayant remis en cause l’usage du PIB comme indicateur principal de l’évolution de la société se situent clairement à gauche, si l’on entend par là le fait de ne pas considérer le prix comme ultime signe de la valeur des choses, de penser que le fait d’être en société et particulièrement dans une société bien liée a une valeur particulière et de croire que la réduction des inégalités est souhaitable et possible, tout comme la diminution de la pression écologique des activités humaines (…) En 1999, paraît en France Qu’est-ce que la richesse ? L’ouvrage, dont on trouvera ci-après les principaux extraits, tente de comprendre comment nos sociétés ont pu accepter, pour se représenter leur progrès et leur situation, un indicateur qui ne prend en considération que les opérations de vente de biens et services et le coût de production des services non marchands. Comment nos sociétés ont-elles pu accepter que leur richesse soit réduite au seul échange de biens et services au mépris de toutes les autres activités, des autres formes de liens, des autres formes de progrès ou de mise en valeur du monde ? Quel rôle la science économique (et la volonté que celle-ci devienne une science exacte) a-t-elle joué dans ce processus ? De quelle preuve dispose-t-on qu’une société qui produit beaucoup et a un gros PIB est une société qui va bien, progresse et se dote des éléments susceptibles de la faire s’inscrire dans la durée ?
 
Le livre revient sur les insuffisances du PIB et les résume ainsi : le PIB ne valorise pas des types d’activité ou des temps essentiels pour la vie des sociétés : « temps avec les proches », « temps des activités citoyennes et démocratiques », « temps domestique »… Il ne s’intéresse pas à la manière dont la contribution à la production et les revenus issus de celle-ci sont répartis entre les membres de la société et ne peut donc pas donner de signaux sur d’éventuels facteurs de décohésion sociale. Il ne prend pas en compte les dégâts engendrés à l’occasion de la production, les atteintes au patrimoine collectif dont est dotée une société à un moment donné, notamment les déprédations opérées sur le patrimoine naturel par l’activité industrielle et commerciale.
 
Existe-t-il alors des indicateurs alternatifs au PIB qui seraient susceptibles de mettre en évidence, mieux qu’à l’heure actuelle, les facteurs de décohésion sociale ou de dégradation du patrimoine dont une société est dotée à un moment donné, qui pourraient nous être utiles pour évaluer à la fois la qualité de notre développement et celle des politiques (publiques et d’entreprises) mises en oeuvre ? Une telle ambition suppose que l’on ait une idée – à mettre en discussion – de ce que peut être un « bon » développement de la société, voire une « bonne société ». Ne faut-il pas substituer à l’objectif purement opératoire et processuel – sans aucun contenu – de mondialisation, dont on nous rebat les oreilles, un objectif de civilisation, reprenant à nouveaux frais l’idée kantienne d’une paix perpétuelle entre les Nations et visant à mettre en place l’ensemble des conditions sociales à l’autoréalisation des individus ? (…)
 
En mars 2003, c’est le Congrès de Dijon. Utopia décide de présenter une motion (1), qui sera l’une des cinq proposée au vote des militants. Elle est tout entière construite sur l’ambition de promouvoir une nouvelle société plus attentive à sa perpétuation et donc au développement de son patrimoine naturel et social (…) Bien que de nombreux témoignages d’intérêt soient parvenus aux tenants de la motion, celle-ci n’obtiendra qu’1% des suffrages…Il est difficile de savoir si, dans un autre contexte, à un autre moment, moins stratégique (car il ne s’agissait une fois de plus lors de ce Congrès que de se compter) ces idées auraient pu être plus amplement reprises par le Parti Socialiste. Je formule l’hypothèse que la volonté de ne pas écorner la réputation de sérieux et l’image d’un parti responsable et parfaitement capable de gouverner a grandement joué dans la méfiance dont cette organisation a fait preuve à l’égard d’idées qui apparaissaient encore comme largement iconoclastes. De même que l’idée de critiquer la place occupée dans nos sociétés par le travail à un moment où le chômage était au plus haut, un discours critique sur la croissance et la consommation devaient apparaître comme impossible à tenir pour un parti qui voulait éperdument renouer le contact avec les classes populaires. Comment remettre un tant soit peu en cause l’impérialisme de la croissance alors que celle-ci est absolument nécessaire, nous dit-on, à la création d’emplois ? Comment remettre un tant soit peu en cause l’obsession de la consommation alors que tant de personnes manquent de tout et aspirent au moins à accéder aux biens élémentaires ? Comment mettre en place des politiques taxant les entreprises polluantes si une telle opération a pour conséquences des fermetures d’entreprise ou des délocalisations ? Toutes ces questions étaient trop explosives. L’adoption de nouvelles perspectives de développement social intégrant la dimension environnementale et la question des inégalités, ainsi que l’adoption de nouveaux indicateurs auraient exigé la mise à plat de ces différents foyers de conflits. On préféra ne pas ouvrir la boîte de Pandore.
 
On touche néanmoins là à un point de doctrine très important : comment faire tenir ensemble dans un programme politique la volonté de tout mettre en oeuvre pour promouvoir le développement durable (ce qui implique clairement la mise en oeuvre de moyens de production plus économes en ressources naturelles et une consommation sans doute elle aussi moins gourmande en ces matières) et l’appel à la croissance qui continue d’être, sans doute encore pour un certain temps, selon la plupart des économistes, la clé de la lutte contre le chômage ? Ces réflexions proposaient de regarder en face cette contradiction et de tenter d’y apporter des réponses, avec les citoyens. Ces questions n’ont en tous cas, me semble-t-il, toujours pas été tranchées (…)
 
Travailler tous, consommer mieux, se civiliser
 
Tous les indicateurs alternatifs ou complémentaires au PIB mettent en évidence le fait que, alors que le PIB n’a cessé d’augmenter, on observe une évolution au mieux stable mais le plus souvent en régression, comme si le bien-être diminuait depuis le milieu des années 70. Ainsi ces indicateurs permettent-ils de conforter le sentiment que l’augmentation de la croissance et de la consommation ne s’accompagne pas toujours de gains de bien-être. Les classements auxquels aboutissent les comparaisons internationales sont par ailleurs édifiants : ce sont les pays qui consentent les plus gros efforts pour protéger leurs ressources naturelles, qui mettent tout en oeuvre pour maintenir une certaine égalité des conditions de vie, qui opèrent une redistribution massive des revenus et qui permettent à toute la population active d’accéder à l’emploi tout en reconnaissant la valeur du temps familial, domestique et de loisirs qui occupent les premières place des palmarès. Les pays nordiques y caracolent en tête. La capacité des indicateurs synthétiques à être déclinés en plusieurs sous-indices permet également de voir à quoi est due la dégradation de l’indice général. Ainsi, dans le cas de l’indicateur de bien-être économique d’Osberg et Sharpe, la dégradation des vingt dernières années apparaît-elle clairement due à la dégradation de l’indice de sécurité économique et notamment au recul de l’indemnisation du chômage et à la montée de la monoparentalité. Le programme politique qui découle de l’analyse de ces indicateurs est clair. C’est celui qu’indiquait déjà le Rapport mondial sur le développement humain de 1998 : il nous faut opérer une redistribution entre les consommateurs à hauts et bas revenus, abandonner les produits et procédés de production polluants, favoriser les marchandises donnant une place aux producteurs pauvres, faire en sorte que la consommation ostentatoire laisse place à la satisfaction des besoins essentiels (…)
 
Forums démocratiques et commission d’experts
 
J’en viens à ma seconde question, celle qui concerne la méthode adoptée par le Président de la République pour choisir de nouveaux indicateurs de croissance. C’est un gage évident de grande qualité que des prix Nobel d’économie, aussi ouverts que Sen ou Stiglitz, aient été choisis pour animer la Commission dont le Président de la République a souhaité la réunion. Elaborer un nouvel indicateur ou une nouvelle batterie d’indicateurs suppose en effet des compétences techniques et une expertise économique pointue. Mais l’essentiel n’est pas là (…) Si de nombreux économistes – et les institutions publiques dans lesquels où ils exercent – se sont le plus souvent déclarés réticents à la mise en place de tels indicateurs, on l’a dit, c’est parce qu’ils se heurtaient à la question de savoir qui peut décider légitimement des critères à prendre en considération pour déterminer ce qu’est une « bonne » société ou pour qualifier ses évolutions. Qu’est-ce que qu’une société riche ? Une société qui produit beaucoup en ne faisant participer qu’une petite partie de la population ? Une société qui répartit bien ses revenus, qui donne accès à tous aux principales ressources, qui équilibre ses temps entre les tâches rémunérées et les tâches de soins ? Qui va décider de cela ? Sommes-nous prêts à admettre que le fait même d’être en société nous importe et que la cohésion de cette société constitue un bien commun qui a une valeur ? Beaucoup d’économistes en doutent. Et s’interdisent même de parler de « la société », voyant dans cette expression une abstraction dangereuse et refusant a fortiori de qualifier la société ou ses évolutions (…)
 
Si la Commission mise en place par le Président de la République est constituée de la fine fleur de l’élite économique mondiale et se réunit en chambre pour nous délivrer sa formule magique, gageons que celle-ci, quelque soit sa perfection technique, ne nous sera d’aucune utilité, incapable qu’elle sera de rendre visibles les malaises de notre civilisation. En revanche, si, réunissant des savants de toutes disciplines, elle parvient à mettre en place les conditions d’une délibération publique éclairée et permet aux experts d’être les médiateurs du dialogue dont la société a aujourd’hui besoin avec elle-même pour concevoir les politiques publiques et les évaluer, mais aussi pour aider les citoyens à formuler ensemble les contours de la société dans laquelle ils voudraient vivre, alors cette Commission nous aura permis de faire un pas important dans la résolution de nos maux.

CHANGER LE MONDE, Chico Whitaker

CHANGER LE MONDE


C'est un morceau de mon livre sur le FSM ("Changer le monde"),
raccontant une experience menée au Forum de 2003 par tout un groupe animé par Patrick Viveret, autour d'un théme que nous avons commencé à debattre sous les arbres de Lyon :
comment reussir à echouer...

Chico Whitaker

 

 

Chapitre 6

8- Vers de nouvelles pratiques.

Si l'attraction exercée par les forums est due à leurs modalités d'organisation et aux règles qu'ils propose dans les relations entre participants, il est alors important de prendre conscience de ce qui fait leur originalité.

Sinon, l'invention politique qu'est le forum risque de se diluer dans l'ensemble des initiatives prises de par le monde pour le dépassement des dominations, et de perdre toutes ses potentialités.

Un groupe de personnes, en France et au Brésil - groupe dont je faisais partie - s'est emparé de cette question en octobre 2002, lors de la préparation du 3e FSM, et a pris l'initiative de lancer un processus de réflexion sur le Forum lui-même. Ce groupe avait l'intuition de la nécessité de changements dans les comportements, au niveau personnel. Des changements nécessaires pour l'organisation même des Forums, au niveau des organisateurs, et qui ouvrent la voie pour des pratiques politiques réellement nouvelles. En réalité ce sentiment se faisait sentir à l'aune des difficultés vécues au sein des Comités d'organisation et du comité international, à chaque fois que le tentacule du vieux monde faisait irruption dans ces instances.

Pour stimuler cette réflexion, le groupe a crée une liste de discussion par Internet - « WSFitself », le Forum en lui-même - ouverte à toutes les personnes intéressés par cette réflexion et voulant échanger analyses et idées. Tous les participants des Forums et du Conseil International, dans différents pays, qui avaient exprimé le même type de préoccupation ont été invités à participer à cette liste de discussion.

L'initiative a soulevé beaucoup d'intérêt, mais le débat qui a suivi a été insuffisant. Son lancement a cependant été utile pour mettre en évidence combien nous étions nombreux à avoir la même préoccupation.

Cette dynamique a débouché sur un certain nombre d'activités lors des FSM de 2003 à Porto Alegre et de 2004 à Mumbai. En 2003, l'association française « Interactions Transformation Personnelle / transformation sociale » a proposé un atelier autour du thème « Dépasser les logiques de rivalité et de pouvoir :  un enjeu pour le FSM ? ». En 2004, une table ronde sur « le futur du FSM » a été organisée.

L'atelier de 2003 à Porto Alegre a utilisé une méthode particulièrement intéressante. En amont du Forum, l'association Interactions TP/TS a envoyé à tous les participants des Forums l'invitation suivante :

« Afin de préparer les éléments à travailler collectivement à Porto Alegre dans l'atelier 'Se dégager des logiques de pouvoir et de rivalité, un enjeu pour le FSM ?' nous vous proposons une série de questions, dans l'idée lancer le débat et de recueillir les contributions de toutes les personnes intéressées : »

  1. Comment les mouvements réunis autour du thème "Un autre monde est possible" sont capables de faire de leur pluralisme un atout et d'éviter des logiques de suspicion et éclatement en leur propre sein ?
    Cette question revêt un éclairage d'autant plus important à l'heure actuelle, où les risques de guerre sont réels : comment les acteurs de la société civile sont en capacité de produire des processus de pacification ?
  2. Comment passer, pour soi même et collectivement, des logiques de "pouvoir de domination" à des logiques de "pouvoir de création" ?
  3. Comment les grandes idées préconisées à Porto Alegre sont-elles ou non infirmées quand il s'agit de les appliquer au processus du FSM lui-même, et aux différentes organisations que l'on construit ?
  4. Comment vivre (au-delà de appliquer) les notions de pluralité, diversité, démocratie qui sont exprimées dans la charte ?
  5. Quelles sont les principales histoires concrètes qui révèlent les difficultés à se dégager des logiques de rivalité et de pouvoir ? Qui illustrent que des logiques de coopération peuvent l'emporter ?
  6. Quelles sont les idées et préconisations pour dépasser ces difficultés ?

Durant le FSM, l'atelier, qui a réuni une cinquantaine participants, a utilisé la méthode d'inversion proposée par Paul Watslawick, de l'école de Palo Alto (californie, USA), qui a écrit un livre au titre provocateur :

Comment réussir à échouer ?

Son éditeur le présente ainsi :

« Paul Watzlawick nous avait enseignés, dans son précédent livre, 'Faites vous-même votre malheur', les moyens les plus raffinés pour devenir malheureux . Maintenant il cherche à comprendre et à approfondir les recettes qui mènent infailliblement à l'échec.
Comment réussir à échouer ?
C'est simple. À chaque problème, il suffit de trouver l'ultrasolution.
Qu'est-ce qu'une ultrasolution ?
C'est une solution qui nous débarrasse non seulement du problème mais aussi de tout le reste.
C'est un peu comme la vieille blague du carabin :  mission accomplie, patient décédé.
Il existe beaucoup d'ultrasolutions, étudiées et répertoriées dans ce livre : elles s'appliquent tout autant aux conflits conjugaux qu'aux relations internationales.
La règle est simple :
il faut que le jeu que l'on joue avec l'autre soit de somme nulle, c'est à dire que vous ne puissiez gagner que si l'autre perd, et vice versa. Il est par conséquent impossible que les deux gagnent, mais normal que les deux perdent. Personne n'aura pas de mal à trouver dans sa vie et dans celle de ces proches des ultrasolutions. Il suffit de lire les journaux ou d'écouter les informations, mais leur mécanisme est dans ce livre minutieusement détaillé et mis à la portée de tous
».

La proposition était présentée de la façon suivante :
« Le capitalisme, l'impérialisme, le G7, les grands médias et les multinationales n'ont pas réussi, malgré leurs moyens considérables, à empêcher l'émergence d'une société civile et civique mondiale et la réussite de ses rendez vous annuels dans le cadre du FSM à Porto Alegre. Pour réussir à faire échouer les prochains forums sociaux mondiaux, continentaux ou locaux, il nous faut donc compter sur nos propres forces. Il est donc temps d'en finir avec ces formes démocratiques nouvelles qui prétendent garantir le pluralisme, la créativité, l'indépendance à l'égard des partis, la transparence et la convivialité. La tâche semble à priori impossible tant sont considérables les acquis positifs des trois premiers Forums Sociaux Mondiaux ?
Des efforts louables dans la voie de l'échec apparaissent cependant de plus en plus. Exploités systématiquement, ils pourraient, contre toute attente, nous permettre de réussir à faire échouer la dynamique future des Forums.
»

À partir de là, les participants ont rédigé un texte indiquant ce qui devrait être fait pour faire imploser le FSM.

Cependant, une fois le texte rédigé, ils ont conclu que ce texte, diffusé en l'état, pourrait être source d'incompréhensions et de malentendus.

La démarche reproduirait alors les mêmes effets qu'elle voulait analyser :
installer des procès d'intention au lieu de construire les désaccords dans le cadre du pluralisme qui caractérise la dynamique du forum depuis son origine.

Ils ont donc pris l'option - après avoir travaillé sous forme humoristique autour de la méthode de Paul Watzlavick - de reprendre, de façon affirmative, quelques-uns uns des risques que leur semblait courir la dynamique des Forums, d'énoncer clairement leurs sources d'inquiétude et de proposer aux participants des forums, présents et futurs,

un débat autour des points suivants :

  1. L'organisation de centaines d'ateliers et séminaires permet l'expression de la diversité, l'échange, la créativité, la prise de parole des acteurs de terrain. C'est à partir de cette diversité foisonnante d'idées, de luttes, de propositions ou d'expérimentations qu'il nous faut organiser la transversalité des séminaires, panels, tables rondes et séances plénières afin d'éviter les risques de dispersion ou de cloisonnement.
    Le risque existe qu'un processus inverse se développe : une bataille plus ou moins feutrée entre organisations pour le partage des places dans des conférences magistrales et une relative marginalisation des ateliers et séminaires.
  2. L'absence de déclaration finale est une garantie d'ouverture, de pluralité, de diversité du Forum. Cette règle est désormais de plus en plus contournée par le statut ambigu de la déclaration dite "des mouvements sociaux ". Cette année, cette déclaration va plus loin en proposant la création d'une coordination. On peut s'interroger sur la réalité democratique de la représentation de ces mouvements dont les leaders sont le plus souvent autoproclamés. Mais le plus inquiétant est alors la constitution d'une sorte de direction de fait du mouvement qui a donné naissance au forum sans que les conditions de son pluralisme soient respectées.
    Allons-nous renouer, sans le dire et même sans le savoir, avec la vieille logique avant-gardiste dont l'échec historique est pourtant avéré ?
  3. La charte de Porto Alegre refuse l'entrée des partis politiques dans l'organisation du FSM pour échapper aux enjeux de pouvoir et aux risques d'instrumentation. Cette règle fondamentale est, elle aussi, de plus en plus détournée. La réussite du FSM et des forums continentaux serait gravement mise en cause si on devait assister aux retour des vieilles pratiques d'entrisme ou d'instrumentation.
  4. La dynamique du FSM est fondamentalement démocratique. Elle cherche à enrichir les formes démocratiques traditionnelles par une participation renforcée des citoyens et contribue à l'émergence d'une citoyenneté et d'une démocratie mondiale. La logique des forums civiques qui exprime cette exigence de citoyenneté active s'est exprimée mondialement aussi bien par les luttes démocratiques en Chine et en Europe de l'Est, face aux empires ou aux dictatures communistes, que face à la marchandisation du monde et au néo-impérialisme américain. Toute confusion avec les cultures autoritaires qui s'expriment encore dans nombre de nationalismes, de populismes ou d'intégrismes serait mortelle pour l'avenir de cette dynamique.
  5. La qualité relationnelle, la convivialité, la dimension festive ont été, dès l'origine, des raisons majeures de la réussite des forums. Elle serait gravement compromise par le retour aux pratiques du militantisme professionnel désespérément tristes des années soixante.

Sur tous ces points comme sur bien d'autres que l'atelier n'a fait qu'esquisser, il existe nombre d'antidotes aux toxines qui pourraient empoisonner la dynamique des forums. Dans la plupart des cas rester fidèle à l'esprit et pas seulement à la lettre de la Charte des principes du FSM pourrait suffire à garantir cette qualité démocratique et relationnelle qui a assuré la réussite des forums jusqu'ici. En tout état de cause il nous semble important d'en débattre ouvertement.

Et, en conclusion :

« C'est pourquoi nous invitons toutes celles et tous ceux que ce débat intéresse à le poursuivre avec nous en s'inscrivant sur la liste de discussion l'adresse suivante : wsfitself@no-log.org[# Cette liste existe toujours, même si elle est presque désactivée. Ses organisateurs pensent la réactiver, en se concentrant plus sur la discussion de l'expérience des forums sociaux mondiaux locaux.] »

 Quelles conclusions tirer de ces réflexions ?

La continuité de la « méthode forum » est à mon sens un élément très important. Ainsi, j'ai été marqué par le nombre important de personnes qui s'y intéressaient, qui s'engageaient cette réflexion, essayaient d'améliorer cette méthode en préservant sa continuité. À Mumbai, en 2004, une grande plénière a été organisée, dans une salle pouvant accueillir 300 ou 400 personnes, ainsi qu'un grand séminaire de 100 personnes. Il s'agissait de discuter simplement de ce que le Forum apporte de nouveau dans l'action politique, en tant qu' « espace ouvert ». À Porto Alegre, en 2003, il n'y avait eu qu'un seul atelier sur ce thème.

Cet atelier n'a réuni qu'une cinquantaine de personnes, et un nombre assez réduit de participants du Forum en a eu connaissance. Mais le moins que l'on puisse dire est que le travail explosif de ce petit atelier donne beaucoup de pistes pour ceux qui veulent approfondir la réflexion sur les nouvelles pratiques expérimentées dans les rencontres du FSM.

Forum social mondial

Qu’est-ce que le Forum Social Mondial ?

Le Forum Social Mondial peut se définir comme la convergence des mouvements sociaux dans un espace commun, au niveau mondial, en réponse à la mondialisation des marchés et à la logique économiciste qui continue de tout régir. En arrière des Forums Sociaux Mondiaux, il y a la volonté des mouvements féministes, écologistes, autochtones et antimondialistes de créer un espace commun où d’autres logiques pourraient être débattues et d’autres alternatives pourraient se créer.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Forum_social_mondial
http://www.forumsocialmundial.org.br/

C’est maintenant! 3 ans pour sauver le monde

Le constat est là, que nous cherchions à ne pas le voir ou à le nier, la fin de l’énergie gratuite c’est pour aujourd’hui et pas demain. La quasi totalité des cadres travaillant dans le domaine de l’énergie nous le disent : il ne reste pas 40 ans de pétrole, c’est une ineptie de parler en années de réserves, la réalité physique c’est le pic qui va intervenir entre aujourd’hui et 2020 (avec une plus forte probabilité pour aujourd’hui que 2020) et cela cassera nécessairement le mythe de la Sainte Croissance Éternelle du Grand PIB.

 Oui nous mangerons moins de viande rouge. Oui la voiture va être divisée par quatre (moins lourde, moins puissante, moins nombreuse et plus cher). Oui ceux qui habitent loin de leur travail devront déménager pour un appartement plus petit et plus cher ou changer de travail. Oui certains métiers comme chauffeurs routier ou pêcheur vont largement se réduire ! C’est une certitude physique, n’en déplaisent aux démagogues de tous bords, les discours ni changerons rien.

Alors quoi ? Que doit-on faire ? Rester là à pleurer ? Écouter nos vieux croûtons de politiques Saints Évêques de la Croissance éternelle continuer à nous endetter pour gaspiller ? Sombrer dans l’écologisme religieux, prêcher l’apocalypse face à toutes ces technologies du XXème siècle et vouloir revenir à l’âge préhistorique ? Profiter jusqu’au suicide de nos derniers instants d’énergies gratuites ? Débattre éternellement de savoir si dans 50 ans on pourra peut-être mettre sur le marché une machine merveilleuse capable de sauver notre mode de gaspillage ?

Non ! Ce dont nous avons besoin c’est d’une vraie vision d’avenir. Nous avons besoin de leaders qui soient capables de nous dire les choses en face, de tracer un cap à 50 ans et de s’y tenir. Nous devons revoir notre économie pour qu’elle ne soit plus centrée sur le seul PIB (les coquillages) mais inclure les vraies ressources physiques (les arbres et les poissons). 

L’union Européenne s’est constituée à la sortie de la guerre autour du commerce dans le but d’établir une paix durable et la démocratie. Devant le succès du commerce nous avons oublié le but premier ( la paix et la démocratie) au profit de la dévastation de nos ressources au nom de la Très Sainte Dé-régulation des marchés.

C’est au nom de cette même paix et démocratie que les pays européens doivent maintenant lancer un véritable plan Marshall pour reconstruire leurs pays autour d’une énergie dont la valeur réelle va augmenter (progressivement si nous prenons le problème à bras le corps, violemment si nous ne faisons rien).
Parce que c’est bien d’une reconstruction qu’il faut parler, dé-construire les habitats qui ne peuvent-être rénovés et rénover ce qui est rénovable,
déconstruire certaines autoroutes devenues inutiles et reconstruire les centres urbains des petites villes non plus autour de la bagnole mais de transports plus doux.

Alors vite, retroussons nos manches avant qu’un nouveau malade vienne réduire l’Europe à feu et à sang avec une idéologie nauséabonde récupérée sur le terreau fertile de la misère et du désespoir.

C’est avec force et conviction que nos deux compère A.Grandjean et JM.Jancovici nous livrent ici leur deuxième opus sur l’énergie et l’environnement. Lecture salutaire qui vous apprendra le fonctionnement de l’économie avec nos amis de l’île de Pâque intéressés par les coquillages peints, les arbres, les poissons et les énarques qu’ils sachent ou non compter. Cet ouvrage n’est pas un cri alarme mais un cri d’espoir !

Oui on peut faire quelque chose ! Oui on peut le faire vite ! Oui ! Il suffit de s’y mettre.

Introduction à la psychologie positive

La psychologie positive, initiée au début du nouveau millénaire, se développe rapidement dans de nombreux pays du monde.
Trois caractéristiques majeures de ce courant sont présentées dans cet ouvrage collectif. La psychologie positive est une discipline scientifique. Chaque chapitre constitue donc une synthèse des connaissances les plus récentes acquises dans ce domaine. Elle s'intéresse au fonctionnement positif, non seulement de l'individu, mais aussi des groupes humains, des institutions et de la société dans son ensemble.
Ce qui explique la division de cet ouvrage en trois parties : la psychologie positive comme art de vivre avec soi-même ; la psychologie positive comme art de vivre avec autrui ; la psychologie positive comme instrument de changement social. C'est ainsi que le lecteur découvrira entre autres des chapitres sur les émotions positives, le sens de l'existence, la gratitude, la vie de couple, ou encore la réconciliation après conflits meurtriers et la justice restauratrice.
Enfin, la psychologie positive est fortement orientée vers la recherche-action. La plupart des chapitres de cet ouvrage présentent des pistes d'action, scientifiquement validées, permettant d'améliorer la vie quotidienne des individus et des groupes humains. Cet ouvrage est destiné aux étudiants, chercheurs et praticiens, ainsi qu'à toute personne intéressée par le fonctionnement optimal des individus et des sociétés.

Sommaire

 

  • La psychologie positive : un art de vivre avec soi-même
  • La psychologie positive : un art de vivre avec autrui
  • La psychologie positive : instrument de changement social

Jacques Lecomte : Chargé de cours à l'Université Paris Ouest-Nanterre La Défense et à la Faculté de sciences sociales de l'UCP (Université Catholique de Paris), il est aussi membre de l'IPPA (International Positive Psychology Association).

La voie Edgar Morin

La Voie - Pour l'avenir de l'humanité

Paru le: 19/01/2011
Nb. de pages: 307 pages
Dimensions: 13,5cm x 21,5cm x 2,3cm
dernier opus d’Edgar Morin, la Voie www.rue89.com
(« pour l’avenir de l’humanité » - éditions Fayard, 19 €).
 

La voie :
Les réformes pour le XXIe siecle
Texte d'Edgar Morin version mars 2010.

[toc]

Sparsa colligo [1]

« La grande Voie n'a pas de porte. Des milliers de routes y débouchent ». Proverbe zen

« Il y a ceux qui voudraient améliorer les hommes et il y a ceux qui estiment que cela ne se peut qu'en améliorant d'abord les conditions de leur vie. Mais il apparaît que l'un ne va pas sans l'autre et on ne sait par quoi commencer. » André Gide Journal 1942-49, p.31

« Les forces "extérieures" du monde sont les memes que celles qui nous agitent intérieurement ; ses drames, ses tentations, ses lâchetés, ses cruautés procedent aussi de la vie intérieure de tous les autres etres humains..Les cruautés des tyrans leur viennent d'une vie intérieure qui nous est commune a tous. »  

« Il faudrait voir d'une part si le projet humain réalisé durant ces six millénaires par l'homo historicus est le seul projet humain possible et d'autre part voir s'il ne faudrait pas faire aujourd'hui quelque chose d'autre. » Raimundo Pannikar 

« Si le domaine des idées est révolutionné, la réalité ne peut demeurer telle qu'elle est. » Hegel

« Nous continuons a chercher des dépanneurs de la planete alpha, alors que nous sommes sur la planete beta. » Ph. Caillé

« Une terre finie peut-elle supporter un projet infini? » Leonardo Boff

« Quiconque croit qu'une croissance exponentielle peut durer toujours dans un monde fini, est ou un fou ou un économiste. » Kenneth Boulding

« Nous sommes condamnés a murir si nous ne voulons pas etre condamnés a mourir. » -xx

« Je ne cesse d'avoir de nouvelles preuves qu'un grand potentiel de bonne volonté sommeille en nous. Celle-ci n'est qu'atomisée, intimidée, piégée, paralysée et désemparée. Dans cette situation, il est du devoir des hommes politiques de ramener a la vie ce potentiel timide et sommeillant, de lui proposer une voie, de lui frayer un passage, de lui redonner assurance, possibilité de se réaliser, bref espoir. » Vaclav Havel

«Chaque chose en tout temps marche avec son contraire. » Les mille et une nuits

« Liez les extremes et vous aurez le véritable milieu. » Fiedrich Schlegel

« Pour atteindre l'humanité il faut le sens d'un au-dela de l'humanité. » Friedrich Schlegel

« Notre temps n'est pas assez mur pour cela, disent-ils toujours. Est ce une raison pour y renoncer? » Friedrich Schlegel

« La réalité envoie des signes annonciateurs a l'humanité. » Peter Sloterdyk

« Tout se passe comme si nous savions que quelque chose d'énorme va soit se produire, soit échouer lamentablement. » Mahaswata Devi

« La crise sociale, économique et spirituelle actuelle peut etre dépassée grâce a la science, la spiritualité et la fraternité. » Krishnammal Jagannathan

« Il ne s'agit pas de trouver des "solutions" pour certains "problemes" mais de viser a une alternative globale a l'état de choses existant, une civilisation nouvelle, un mode de vie autre, qui ne serait pas la négation abstraite de la modernité, mais son dépassement (aufhebung), sa négation déterminée, la conservation de ses meilleurs acquis, et son au-dela vers une forme supérieure de la culture - une forme qui restituerait a la société certaines qualités humaines détruites par la civilisation bourgeoise industrielle. Cela ne signifie pas un retour au passé, mais un détour par le passé, vers un avenir nouveau. » Michaël Lowy

Premiere partie:

La difficulté de penser le présent

  • « la conscience est toujours en retard par rapport a l'immédiat » (Ortega y Gasset)
  • il y a la rapidité des processus en cours
  • il y a la complexité propre a la globalisation: inter-retro-actions innombrables entre processus extremement divers (économiques, sociaux, démographiques, politiques, idéologiques, religieux, etc)
  • il y a nos carences cognitives :
    les cécités d'une connaissance qui, compartimentant les savoirs, désintegre les problemes fondamentaux et globaux qui nécessitent une connaissance transdisciplinaire
    l'occidentalo-centrisme qui nous situe sur le trône de la rationalité et nous donne l'illusion d'etre dans l'universel
    Ainsi ce n'est pas seulement notre ignorance, c'est aussi notre connaissance qui nous aveugle.

De la mondialisation a la globalisation

Le processus de mondialisation commence a la fin du XVe siecle avec la conquete des Amériques et la circumnavigation autour du globe.La globalisation commence en 1989 avec l'effondrement des économies dites socialistes, l'universalisation du marché et du capitalisme[2], la constitution d'un réseau de télécommunications immédiates sur tout le globe (fax, téléphone portable, Internet). Cette globalisation opere une unification techno-économique occidentalisante sur la planete en croissance rapide.

La globalisation a comporté, suite a l'effondrement de l'URSS et la déconfiture du maoisme, une vague démocratisante en diverses parties de la planete, une valorisation des droits de l'homme et des droits de la femme, dont les effets sont demeurés incertains et limités. Elle a comporté également trois processus culturels a la fois concurrents et antagonistes, d'une part un processus d'homogénéisation et de standardisation selon les modeles nord-américains, d'autre part un contre processus de résistances et de refloraisons de cultures autochtones, et, en meme temps, un processus de métissages culturels.

Enfin la globalisation a produit comme l'infra-texture d'une société-monde. Une société nécessite un territoire comportant de permanentes et innombrables intercommunications, ce qui est arrivé a la planete; elle nécessite sa propre économie, ce qui est la cas de l'économie mondialisée; mais il lui manque le contrôle de l'économie; il lui manque les autorités légitimes dotées de pouvoirs de décision ; il lui manque la conscience d'une communauté de destin, indispensable pour que cette société devienne Terre Patrie. Aussi ce ne sont pas seulement les souverainetés absolues des Etats-Nations, c'est aussi le mouvement techno-économique de la globalisation qui, parce qu'incontrôlé, empeche la formation d'une société monde

La crise planétaire

  1. La crise de l'unification
    L'unification techno-économique du globe coincide des 1990 avec des dislocations d'empires et de nations aggravant la balkanisation de la planete: dislocation de l'Union soviétique, de la Yougoslavie, de la Tchécoslovaquie, pulsions multiples d'ethnies vers des micros nations (Ossétie du Sud, Abkhazie en dernier lieu), tout cela dans le déchaînement des identités nationales, ethniques, religieuses. D'ou l'accroissement d'un chaos en meme temps que celui des interdépendances. La coincidence n'est pas fortuite. Elle s'explique a) par les résistances nationales, ethniques, culturelles a l'homogénéisation civilisationnelle et a l'occidentalisation , b) par l'effondrement d'un Progres conçu comme Loi du devenir humain[3] et l'accroissement des incertitudes et menaces du lendemain. Ainsi dans la perte du futur, jointe a la précarité et aux angoisses du présent, s'operent les reflux vers le passé c'est a dire les racines culturelles, ethniques, religieuses, nationales.
    Il y a a la fois une relation inséparable et une contradiction formidable entre l'unité techno-économique du globe et la prolifération d'Etats souverains.
    En meme temps, et en dépit de l'hégémonie techno-économico-militaire des Etats-Unis se développe un monde multipolaire dominé par de grands blocs aux intérets a la fois coopératifs et conflictuels, ou les crises multiples augmentent a la fois les nécessités de coopération et les risques de conflit.
    Ainsi la globalisation, a la fois Une et Plurielle, subit sa propre crise de globalité, qui a la fois unit et désunit, unifie et sépare[4].
  2. Les poly-crises
    La globalisation ne fait pas qu'entretenir sa propre crise. Son dynamisme provoque de multiples crises a l'échelle planétaire,

    • crise de l'économie mondiale, dépourvue de véritables dispositifs de régulation[5]
    • crise écologique, issue de la dégradation croissante de la biosphere, qui elle-meme va susciter de nouvelles crises économiques sociales et politiques
    • crise des sociétés traditionnelles, désintégrées par l'occidentalisation ininterrompue
    • crise de la civilisation occidentale, ou les effets négatifs de l'individualisme et des compartimentations détruisent les anciennes solidarités, ou un mal-etre psychique et moral s'installe au sein du bien etre matériel, ou se développent les intoxications consuméristes des classes moyennes, ou se dégrade la sous-consommation des classes démunies, ou s'aggravent les inégalités
    • crises démographiques produites par les surpopulations des pays pauvres, les baisses de population des pays riches, le développement des flux migratoires de misere et leur blocage en Europe
    • crise des villes devenues megapoles asphyxiées et asphyxiantes, polluées et polluantes, ou les habitants sont soumis a d'innombrables stress, ou d'énormes ghettos pauvres se développent et ou s'enferment les ghettos riches
    • crise des campagnes devenant déserts de monocultures industrialisées, livrées aux pesticides, privés de vie animale, et camps de concentration pour l'élevage industrialisée producteurs de nourritures détériorées par hormones et antibiotiques
    • crise de la politique encore incapable d'affronter la nouveauté et l'ampleur des problemes
    • crise des religions écartelées entre modernisme et intégrisme, incapables d'assumer leurs principes de fraternité universelle
    • crise des laicités de plus en plus privées de seve et corrodées par les recrudescences religieuses
    • crise de l'humanisme universaliste, qui d'une part se désintegre au profit des identités nationales-religieuses, et d'autre part n'est pas encore devenu humanisme planétaire respectant le lien indissoluble entre l'unité et la diversité humaines.

La crise du développement

L'ensemble de ces multiples crises interdépendantes et interférentes est provoqué par le développement, qui est encore considéré comme la voie de salut pour l'humanité.

Le développement a certes suscité sur toute la planete des zones de prospérité selon le modele occidental et il a déterminé la formation de classes moyennes accédant aux standards de vie de la civilisation occidentale. Il a certes permis des autonomies individuelles délivrées de l'autorité inconditionnelle de la famille, l'accession aux mariages choisis et non plus imposés, l'apparition des libertés sexuelles, des loisirs nouveaux, la consommation de produits inconnus, la découverte d'un monde étranger magique, y compris sous l'aspect du Macdonald et du Coca-cola, et il a suscité de grandes aspirations démocratiques.

Il a apporté aussi, au sein des nouvelles classes moyennes, les intoxications consuméristes propres aux classes moyennes occidentales, l'accroissement de la composante imaginaire des désirs ainsi que l'insatiabilité de besoins toujours nouveaux.

Il a apporté aussi les côtés sombres de l'individualisme, c'est-a-dire l'égocentrisme, la soif du profit, et l'autojustification (qui suscite l'incompréhension d'autrui) . Le développement a créé de nouvelles corruptions dans les Etats, les administrations, les relations économiques. Il a détruit les solidarités traditionnelles, exacerbé les égoismes sans récréer de nouvelles solidarités et de nouvelles communautés. D'ou la multiplication des solitudes individuelles.

De plus, le développement a créé d'énormes zones de misere, ce dont témoignent les ceintures démesurées de bidonvilles qui auréolent les mégapoles d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine. Comme l'a dit Majid Rahnema, la misere y chasse la pauvreté des petits paysans ou artisans qui jouissaient d'une relative autonomie en disposant de leurs polycultures ou de leurs outils de travail. Je ne sais qui a dit « le développement est un voyage qui comprend plus de naufragés que de passagers ».

Le moteur du développement est techno-économique. Il est censé entraîner les wagons du bien-etre, de l'harmonie sociale, de la démocratie. De fait, il est compatible avec les dictatures pour qui le développement économique comporte l'esclavagisation des travailleurs et la répression policiere comme ce fut le cas au Chili et au Brésil et comme le montre l'hyper développement de la Chine actuelle..

D'autre part, le développement instaure un mode d'organisation de la société et des esprits ou la spécialisation compartimente les individus les uns par rapport aux autres et ne donne a chacun qu'une part close de responsabilité. Et, dans cette fermeture, on perd de vue l'ensemble, le global, et la solidarité. De plus, l'éducation hyper spécialisée remplace les anciennes ignorances par le nouvel aveuglement.

Cet aveuglement vient également de la conception techno-économique du développement qui ne connaît que le calcul comme instrument de connaissance (indices de croissance, de prospérité, de revenus, statistiques qui prétendent tout mesurer). Autrement dit, il ne fonctionne qu'avec le quantifiable. Il ignore non seulement les activités non monétarisées comme les productions domestiques et/ou de subsistance, les services mutuels, l'usage de biens communs, la part gratuite de l'existence, mais aussi et surtout ce qui ne peut etre calculé: la joie, l'amour, la souffrance, l'honneur c'est-a-dire le tissu meme de nos vies.

Le développement est une formule standard qui ignore les contextes humains et culturels. Il s'applique de façon indifférenciée a des sociétés et cultures tres diverses, sans tenir compte de leurs singularités, de leurs savoirs, savoir-faire, arts de vivre, présents aussi chez les peuples que l'on réduit a leur analphabétisme, et dont on ignore par la meme les richesses de leurs cultures orales traditionnelles. Il constitue un véritable ethnocide pour les petits peuples indigenes sans Etats.

Le développement, promu comme vérité universelle pour la planete, est en réalité pseudo-universaliste, puisqu'il donne le modele occidental comme modele universel. C'est un produit du sociocentrisme occidental et c'est aussi un moteur d'occidentalisation forcené. Il suppose que les sociétés occidentales sont la finalité de l'histoire humaine.

Or le développement-solution ignore que les sociétés occidentales sont en crise du fait meme de leur développement. Celui-ci a produit un sous-développement intellectuel, psychique et moral. Intellectuel parce que la formation disciplinaire que nous recevons, en nous apprenant a séparer les choses, nous a fait perdre l'aptitude a relier, et du coup l'aptitude a penser les problemes fondamentaux et globaux. Psychique parce que nous sommes dominés par la logique purement économique et quantitative, qui ne voit comme perspective politique que la croissance et le développement, et que nous sommes poussés a tout considérer en termes quantitatifs et matériels. Moral parce que partout l'egocentrisme prime la solidarité. Il faut dire aussi que l'hyper-spécialisation, l'hyper-individualisme, la perte de solidarité, tout ceci conduit a un mal-etre, y compris au sein du bien-etre matériel. Et ainsi nous vivons dans une société ou les solutions que nous voulons apporter aux autres sont devenues nos problemes.

Aussi, l'occident ressent en lui un vide et un manque, puisque de plus en plus nos esprits désemparés font appel aux psychanalyses et psychothérapies, au yoga, au bouddhisme Zen, aux marabouts; on essaie de trouver dans les cultures et les sagesses d'autres continents, des remedes a notre vide créé par le caractere quantitatif et compétitif de nos vies.

La conscience de la crise du développement n'est arrivée que de façon partielle, insuffisante, limitée a la problématique écologique, ce qui a conduit a attendrir la notion de développement en lui accolant l'épithete « durable ». Mais l'os demeure.

Enfin, si l'on considere que le développement, l'occidentalisation et la globalisation sont les moteurs l'un de l'autre, alors toutes les crises que nous avons énumérées peuvent etre considérées aussi comme les composantes d'une mega-crise a trois visages inséparables: crise du développement, crise de l'occidentalisation, crise de la mondialisation

Crise cognitive/crise politique/sociale

La crise de l'humanité

La globalisation, l'occidentalisation, le développement sont donc les trois faces du meme dynamisme qui produit une pluralité de crises interdépendantes et enchevetrées, et qui elles-memes produisant la crise de la globalisation, celle de l'occidentalisation, celle du développement. Mais comme ce caractere complexe meme de la crise planétaire est généralement ignoré, cela indique que la multi crise est aussi cognitive.. La gigantesque crise planétaire n'est autre que la crise de l'humanité qui n'arrive pas a accéder a l'humanité.

Vers l'abîme ?

Le développement du développement développe la crise du développement et conduit l'humanité vers de probables catastrophes en chaînes.

Le vaisseau spatial terre est propulsé par quatre moteurs incontrôlés: la science, la technique, l'économie, le profit. Leurs effets sont ambivalents. La science a produit non seulement des élucidations et suscité des applications bénéfiques, mais a produit aussi les armes de destruction massive, notamment nucléaires, et des possibilités inconnues de manipulation des genes et des cerveau humains. La technique, ambivalente par nature, a permis d'asservir les énergies naturelles mais aussi les etres humains a son service. L'économie a produit non seulement des richesses inouies mais aussi des miseres inouies, et son manque de régulation laisse libre cours au profit lui-meme propulsé et propulseur d'un capitalisme déchaîné hors de tout contrôle, ce qui contribue a la course vers l'abîme.

A cela se combine l'aggravation des diverses crises enchevetrées qui, dans un monde disloqué, aggravent les antagonismes, lesquels aggravent les déferlements idéologiques-politiques-religieux, lesquels eux-memes intensifient les manichéismes et les haines aveugles, suscitant des hystéries de guerre. Deux barbaries sont plus que jamais alliées. La barbarie venue du fond des âges historiques qui mutile, détruit, torture, massacre, et la barbarie froide et glacée de l'hégémonie du calcul, du quantitatif, de la technique sur les sociétés et les vies humaines.

L'issue catastrophique du cours actuel est ainsi hautement probable, la probabilité étant définie par ce qu'un observateur, en un temps et un lieu donnés, peut induire de la continuation des processus en cours.

Aussi peut-on dire que la globalisation constitue le pire qui soit arrivé a l'humanité.

Le meilleur

Mais il faut dire également qu'elle en constitue le meilleur. Le meilleur est que pour la premiere fois dans l'histoire humaine sont réunies les conditions d'un dépassement de cette histoire faite de guerres s'aggravant jusqu'au point de permettre le suicide global de l'humanité.

Le meilleur est qu'il y ait désormais interdépendance accrue de chacun et de tous, nations, communautés, individus sur la planete terre, et que se multiplient symbioses et métissages culturels en tous domaines, en dépit des processus d'homogénéisation qui par ailleurs tendent a détruire les diversités.

Le meilleur est que les menaces mortelles et les problemes fondamentaux communs aient créé une communauté de destin pour toute l'humanité.

Le meilleur est que la globalisation ait créé l'infratexture d'une société-monde. Le meilleur est que dans les conditions de communauté de destin et de possible société-monde nous puissions envisager la terre comme patrie, sans que cette patrie nie les patries existantes, mais au contraire les englobe et les protege.

Mais la conscience des périls est encore faible et dispersée. Mais la conscience de la nécessité de dépasser l'histoire n'a pas encore émergé. Mais la conscience de la communauté de destin reste déficiente. Mais la conscience d'une Terre Patrie est encore marginale et disséminée. Mais la globalisation techno-économique empeche la société-monde dont elle a pourtant créé les infratextures. Mais il y a contradiction entre les souverainetés nationales encore absolues et la nécessité d'autorités supra-nationales pour traiter les problemes vitaux de la planete.

Ainsi effectivement, la mondialisation est a la fois le meilleur (la possibilité d'émergence d'un monde nouveau) et le pire (la possibilité d'auto-destruction de l'humanité) Elle porte en elle des périls inouis. Elle porte en elle des chances inouies. Elle porte en elle la probable catastrophe. Elle porte en elle l'improbable donc possible espérance.

Tous les processus actuels portent en eux des ambivalences. Toute crise, et la crise planétaire de façon paroxystique, porte en elle risque et chance. La chance est dans le risque. La chance s'accroît avec le risque. « La ou croit le péril aussi ce qui sauve » (Holderlin).

La voie: tout est a recommencer, tout est a repenser

Epoque qui devrait etre comme la renaissancce et plus encore l'occasion d'une repensée reproblématisation généralisée

Mais la chance n'est possible que s'il est possible de changer de voie. Est ce possible ?

Vers la métamorphose ?

Quand un systeme est incapable de traiter ses problemes vitaux, il se dégrade, se désintegre ou alors il est capable de susciter un meta-systeme capable de traiter ses problemes: il se métamorphose

Le systeme terre est incapable de s'organiser pour traiter ses problemesvitaux:

  • périls nucléaires qui s'aggravent avec la dissémination et peut etre la privatisation de l'arme atomique
  • dégradation de la biosphere
  • économie mondialisée dépourvue d'un systeme de contrôle/régulation
  • retour des famines
  • conflits ethno-politico-religieux pouvant se développer en guerres de civilisation.

L'amplification et l'accélération de tous ces processus peuvent etre considérés comme le déchaînement d'un formidable feed-back négatif, processus par lequel se désintegre irrémédiablement un systeme.

Le probable est la désintégration.

L'improbable mais possible est la métamorphose.

Qu'est ce qu'une métamorphose? Nous en voyons d'innombrables exemples dans le regne animal notammentchez les insectes. Une chenille s'enferme dans une chrysalide. Elle commence alors un processus qui est a la fois d'autodestruction et d'auto-reconstruction selon une organisation et une forme différentes. Quand la chrysalide se déchire, il s'est formé un papillon, qui est autre que la chenille, tout en demeurant le meme. L'identité s'est maintenue et transformée dans l'altérité.

La naissance de la vie peut etre conçue comme la métamorphose d'une organisation physico-chimique, qui, arrivée a un point de saturation, a créé une méta-organisation, l'auto-éco-organisation vivante, laquelle, tout en comportant exactement les memes constituants physico-chimiques, a produit des qualités nouvelles, dont l'autoreproduction, l'autoréparation, l'alimentation en énergie extérieure, la capacité cognitive.

La formation des sociétés historiques, au Moyen-Orient, en Inde, en Chine,au Mexique, au Pérou constitue une métamorphose a partir d'un agrégat de sociétés archaiques de chasseurs-cueilleurs, qui a produit les villes, l'Etat, les classes sociales, la spécialisation du travail, les grandes religions, l'architecture, les arts, la littérature, la philosophie. Et cela pour le meilleur comme aussi pour le pire: la guerre, l'esclavage, la barbarie.

A partir du XXIe siecle se pose le probleme de la métamorphose des sociétés historiques en une société-monde d'un type nouveau, qui engloberait les Etats-nations sans les supprimer. Car la poursuite de l'histoire, c'est-a-dire des guerres, par des Etats disposant des armes d'anéantissement, conduit a la quasi-destruction de l'humanité. Il y a la nécessité vitale d'une métahistoire. Alors que pour Fukuyama les capacités créatrices de l'évolution humaine sont épuisées avec la démocratie représentative et l'économie libérale, nous devons penser qu'au contraire c'est l'histoire qui est épuisée et non les capacités créatrices de l'humanité.

C'est dans la métamorphose que se régénéreraient les capacités créatrices de l'humanité. L'idée de métamorphose est plus riche que l'idée de révolution. Elle en garde la radicalité novatrice, mais la lie a la conservation (de la vie, des cultures, de l'héritage des pensées et des sagesses de l'humanité).

Pour aller vers la métamorphose, il est nécessaire de changer de Voie. Mais s'il semble possible d'en modifier certains cheminements, de corriger certains maux, il est impossible de meme freiner le déferlement techno-scientifico-économico-civilisationnel qui conduit la planete aux désastres

Et pourtant l'Histoire humaine a souvent changé de voie. Comment? Tout commence, toujours, par une initiative, une innovation, un nouveau message de caractere déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains. Ainsi ont commencé les grandes religions. Le prince Sakyamuni a élaboré le bouddhisme au terme d'une méditation solitaire sur la vie puis a partir de quelques disciples s'est développée une religion qui s'est répandue en Asie. Jésus était un chaman galiléen qui énonça sa prédiction sans succes aupres du peuple juif, mais son message, repris et universalisé par un pharisien dissident, Paul de Tarse, se répandit lentement dans l'Empire romain pour devenir finalement sa religion officielle. Mahomet dut fuir La Mecque et se réfugier a Médine; le Coran se propagea de disciples en disciples, et devint le texte sacré d'innombrables populations en Afrique,Asie, Europe. Le capitalisme se développa en parasite des sociétés féodales pour finalement prendre son essor et, avec l'aide des royautés, les désintégrer. La science moderne s'est formée a partir de quelques esprits déviants dispersés, Galilée, Bacon, Descartes, puis créa ses réseaux et ses associations, s'introduisit dans les Universités au XIXe siecle, puis au XXe siecle dans les économies et les Etats pour devenir l'un des quatre puissants moteurs du vaisseau spatial Terre. Le socialisme est né dans quelques esprits autodidactes et marginalisés au XIXe siecle pour devenir une formidable force historique au XXe.

Aujourd'hui, tout est a repenser. Notre époque devrait etre, comme fut la renaissance, et plus encore, l'occasion d'une reproblématisation généralisée. Tout est a repenser. Tout est a recommencer.

Tout en fait, a recommencé mais sans qu'on le sache. Nous en sommes au stade de commencements, modestes, invisibles, marginaux, dispersés.

Mais il existe déja, sur tous continents, en toutes nations, un bouillonnement créatif, une multitude d'initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de vie. Mais leur dispersion est inouie. (Tout ce qui devrait etre relié est séparé, compartimenté, dispersé). Ces initiatives ne se connaissent pas les unes les autres, nulle administration ne les dénombre, nul parti n'en prend connaissance. Mais elles sont le vivier du futur. Le salut commencera par la base. Il s'agit de les reconnaître, de les recenser,de les collationner, de les répertorier, et de les conjuguer en une pluralité de chemins réformateurs. En chacun et en tous, il s'agit de relier, améliorer, stimuler. Ce sont ces voies multiples qui pourront, en se développant conjointement, se conjuguer pour former la Voie nouvelle, laquelle altérerait et décomposerait la voie que nous suivons, et nous menerait vers l'encore invisible et inconcevable Métamorphose.

Pour élaborer les voies qui se rejoindront dans la voie, il nous faut nous dégager des alternatives bornées, auxquelles nous contraint le mode de connaissance et de pensée hégémonique:

Mondialisation/démondialisation

Croissance/décroissance

Développement/enveloppement

Il faut a la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et envelopper ou « introverser »

Disons rapidement ce qui apparaîtra nettement en cours d'exposé. L'orientation mondialisation/démondialisation signifie que s'il faut multiplier les processus de communications et de planétarisation culturelles, s'il faut que se constitue une conscience de « terre-patrie » qui est une conscience de communauté de destin, il faut aussi promouvoir, de façon démondialisante, l'alimentation de proximité, les artisanat de proximité, les commerces de proximité, le maraîchage périurbain, les communautés locales et régionales. Autrement dit il faut développer a la fois le global et le local sans que l'un dégrade l'autre. Du meme coup, le monde humain doit évoluer en spirale, retourner partiellement au passé pour repartir vers le futur: c'est a dire retourner aux paysans, aux villages, a l'artisanat.

L'orientation croissance/décroissance signifie qu'il faut faire croître les services, les énergies vertes, les transports publics, l'économie plurielle dont l'économie sociale et solidaire, les aménagements d'humanisation des mégapoles, les agricultures et élevages fermiers et biologiques, mais décroître les intoxications consommationnistes, la nourriture industrialisée, la production d'objets jetables et non réparables, le trafic automobile, le trafic camion (au profit du ferroutage).

L'orientation développement/enveloppement signifie que l'objectif n'est plus fondamentalement le développement des biens matériels, de l'efficacité, de la rentabilité, du calculable, il est aussi du retour de chacun sur soi, sur ses besoins intérieurs, de la stimulation de nos aptitudes a comprendre autrui, notre prochain et notre lointain, d'un retour au temps long et non strictement chronométré. L'enveloppement signifie le grand retour a la vie intérieure et au primat de l'amour et de l'amitié

Il ne suffit plus de dénoncer. Il nous faut maintenant énoncer. Il ne suffit pas de rappeler l'Urgence. Il faut savoir aussi commencer, et commencer par définir les voies qui conduiraient a la Voie. Le Message qui indique la Voie n'a pas encore été formulé, il est en cours d'élaboration, ce a quoi nous essayons de contribuer.

L'origine est devant nous disait Heidegger. La métamorphose serait effectivement une nouvelle origine.

Les raisons d'espérer

Quelles sont les raisons d'espérer? Nous pouvons formuler cinq principes d'espérance:

  1. Le surgissement de l'inattendu et l'apparition de l'improbable. Ainsi la résistance victorieuse par deux fois de la petite Athenes a la formidable puissance perse, cinq siecles avant notre ere, fut hautement improbable et permit la naissance de la démocratie et celle de la philosophie. De meme fut inattendue et improbable la congélation de l'offensive allemande devant Moscou en automne 1941, puis la contre-offensive victorieuse de Joukov commencée le 5 décembre, et suivie le 8 décembre par l'attaque de Pearl Harbor qui fit entrer les Etats Unis dans la guerre mondiale.
  2. Les vertus génératrices/créatrices inhérentes a l'humanité. De meme qu'il existe dans tout organisme humain adulte des cellules souches dotées des aptitudes polyvalentes (totipotentes) propres aux cellules embryonnaires, mais inactivées, de meme il existe en tout etre humain, en toute société humaine des vertus régénératrices, génératrices, créatrices a l'état dormant ou inhibé. Dans les sociétés normalisées, stabilisées,rigidifiées, les forces génératrices/ créatrices se manifestent chez les marginaux souvent déviants que sont artistes, musiciens poetes, peintres, écrivains, philosophes, découvreurs, bricoleurs, inventeurs. Or la conscience que tous les grands mouvements de transformation commencent toujours de façon marginale, déviante, modeste, nous montre que meme (surtout?) dans les sociétés figées ou sclérosées peuvent apparaître les innovations créatrices
  3. les vertus de la crise : en meme temps que des forces régressives ou désintégratrices, les forces génératrices créatrices s'éveillent dans les sociétés en crise. La crise de la mondialisation, la crise du néo-libéralisme, la crise de l'humanité a l'ere planétaire sont riches de périls mais aussi riches de possibilités transformatrices. Ainsi, de Seattle a Porto Alegre et Belem s'est formée une volonté de répondre a la mondialisation techno-économique par un alter-mondialisme , terme a prendre a la lettre comme aspiration a un autre monde, et qui pourrait conduire a l'élaboration d'une véritable « politique de l'humanité »
  4. Ce a quoi se combinent les vertus du péril: « la ou croit le péril croit aussi ce qui sauve ». La ou croit la désespérance croit aussi l'espérance. La chance supreme est dans le risque supreme.
  5. L'aspiration multimillénaire de l'humanité a l'harmonie (paradis, puis utopies, puis idéologies libertaire/socialiste/communiste, puis aspirations juvéniles des années 60 (Peace-Love) et révoltes juvéniles de 68 ne peut mourir. Cette aspiration renaît et renaîtra sans cesse. Elle est présente dans le grouillement des initiatives multiples et dispersées a la base des sociétés civiles, qui vont pouvoir nourrir les voies réformatrices,elles-memes vouées a se rejoindre dans la Voie vers la métamorphose.

L'espérance était morte. Les vieilles générations sont désabusées des fausses promesses et des faux espoirs. Les jeunes générations sont en désarroi. Elles se désolent qu'il n'ait plus de cause a laquelle se vouer, comme fut celle de notre résistance durant le seconde guerre mondiale. Mais notre cause portait en elle meme son contraire. Comme disait Vassili Grossman de Stalingrad, la plus grande victoire de l'humanité était en meme temps sa plus grande défaite, puisque le totalitarisme stalinien en sortait vainqueur. La victoire des démocraties rétablissait du meme coup leur colonialisme. Aujourd'hui, la cause est sans équivoque, sublime: il s'agit de sauver l'humanité.

L'espérance est ressuscitée! L'espérance n'est pas illusion. L'espérance vraie sait qu'elle n'est pas certitude, mais sait que l'on peut faire un chemin en marchant (caminante no hay camino, se hace el camino al andar), l'espérance non pas au meilleur des mondes, mais en un monde meilleur, l'espérance qui sait que le salut par la métamorphose est possible.

Deuxieme partie:

Les voies de la Voie.

Les réformes politiques seules, les réformes économiques seules, les réformes éducatives seules, les réformes de vie seules ont été et seront condamnées a l'insuffisance et a l'échec. Chaque voie ne peut progresser que si progressent les autres. Les voies réformatrices sont corrélatives, interactives, interdépendantes.

Pas de réforme politique sans réforme de la pensée politique, qui suppose une réforme de la pensée elle-meme, qui suppose une réforme de l'éducation, laquelle elle meme suppose une réforme politique. Pas de réforme économique et sociale sans réforme politique qui elle meme suppose réforme de la pensée. Pas de réforme de vie ni de réforme éthique sans réforme des conditions économique et sociales du vivre, et pas de réforme sociale ni économique sans réforme de vie et réforme éthique.

Plus profondément encore la conscience de la nécessité vitale de changer de voie est désormais inséparable de la conscience que le grand probleme de l'humanité est celui de l'état souvent monstrueux et misérable des relations entre individus, groupes, peuples. La question tres ancienne de l'amélioration des relations entre humains, qui a suscité tant d'aspirations révolutionnaires et tant de projets politiques, économiques, sociaux, éthiques, est désormais indissolublement liée a la question vitale du 21eme siecle qui est celui de la Voie nouvelle et de la Métamorphose.

J'ai déja indiqué qu'a la base, dans toutes les sociétés civiles il y a multiplicité d'initiatives dispersées, ignorées des partis, des administrations, des médias. Tout est épars, séparé, compartimenté. Mais les reliances, développements et convergences des innombrables initiatives permettraient de frayer des voies qui convergeraient pour former La Voie.

La voie de la Réforme politique:

politique de l'humanité et politique de civilisation.

1 régénération de la pensée politique

L'action politique s'est toujours fondée, implicitement ou explicitement sur une conception de la société, de l'homme, et du monde, c'est a dire sur une pensée. C'est ainsi qu'une politique réactionnaire a pu se fonder sur Bonald, Joseph de Maistre, Maurras, qu'une politique modérée a pu se fonder sur Tocqueville, que des politiques révolutionnaires ont pu se fonder sur Marx, Proudhon, Bakounine. Une politique qui vise a l'amélioration des relations entre humains (peuples, groupes, individus) doit plus qu'une autre se fonder non seulement sur une conception de l'homme de la société et du monde (ou anthropologie) mais aussi pouvoir se baser sur une conception pertinente du monde contemporain et de son devenir.

C'est bien l'effort que j'ai tenté dans « Introduction a une politique de l'homme », « Pour une politique de civilisation », « Terre Patrie ».

Il nous faut plus encore: un diagnostic pertinent sur le cours actuel de l'ere planétaire qui emporte l'espece l'humaine: c'est ce que j'ai tenté dans « Vers l'abîme » et c'est un concentré de ce diagnostic qui se trouve présenté dans la premiere partie du présent document.

La régénération de la pensée politique suppose conjointement la réforme de la pensée que nous indiquons plus loin. La nouvelle politique obéirait a une double orientation, celle d'une politique de l'humanité et celle d'une politique de la civilisation. Et elle veillerait a penser en permanence et simultanément planétaire, continental, national et local.

2 Politique de l'humanité

La politique de l'humanité se justifie comme politique de la communauté de destin de l'espece humaine face a des problemes vitaux et mortels communs; elle concrétiserait cette conscience dans l'idée de Terre patrie, laquelle loin de nier les patries singulieres les intégreraient dans une patrie commune. Les internationalismes ignoraient l'importance des diversités culturelles et nationales. La « terre patrie » comporterait le souci de sauvegarder indissolublement l'UNITE/DIVERSITE humaine: le trésor de l'unité humaine est la diversité, le trésor de la diversité humaine est l'unité humaine.

Elle partirait du constat que la globalisation a créé le substrat d'une société-monde (reseau de communications multiples sur le globe et économie désormais planétaire) mais sans créer des institutions propres et une conscience commune. Elle ouvrerait pour la création d'institutions planétaires compétentes pour les problemes vitaux de l'économie, de la biosphere, des armes de destruction massive, de protection des richesses culturelles. Il devient désormais nécessaire, d'élaborer, a partir d'une ONU réformée, les premieres institutions d'une société-monde qui pourraient éventuellement par la suite constituer une premiere forme de gouvernance mondiale.

La politique de l'humanité opérerait le dépassement de l'idée de développement, meme soutenable (durable).

L'idée de soutenabilité, apporte au développement la prise en compte de la sauvegarde de la biosphere et corrélativement de la sauvegarde des générations futures. Cette idée a une composante éthique importante. Mais cette composante éthique ne peut améliorer profondément l'idée meme de développement.

La notion de développement appliquée a la société dérive de la notion de développement biologique, de l'embryon a la personne devenue adulte. Mais le développement biologique comporte corrélativement progres en qualités et en quantités, progres en complexité, dont en solidarité entre tous les éléments en développement, accroissement des communications entre les parties et le tout, accroissement corrélatif de l'unité et des diversités

Or l'idée admise du développement se fonde essentiellement sur le moteur techno-économique, conçu comme locomotive entrainant démocratie et vie meilleure. C'est une idée réductrice, privée de complexité et du sens des solidarités; elle est sous-développée..

Enfin, la notion de sous-développement a quelque chose d'injustement péjoratif, parce qu'on appelle sous-développées des cultures qui comportent des savoirs, des savoir-faire (en médecine par exemple), des sagesses, des arts de vivre souvent absents chez nous ; bien entendu, elles comportent des superstitions, des illusions, mais nous-memes nous avons nourri de nombreuses illusions, dont le mythe du progres comme loi de l'histoire, la derniere étant la capacité de l'économie libérale a résoudre tous les problemes humains. Nous avons a nous défaire de l'arrogance intellectuelle occidentalocentrique, et non des supposés sanglots de l'homme blanc.

Il ne s'agit nullement ici d'idéaliser les sociétés traditionnelles, qui ont leurs carences, leurs fermetures leurs injustices, leurs autoritarismes. Il faut voir aussi leurs qualités, et considérer leurs ambivalences. Nous devons également concevoir toutes les ambivalences du développement et promouvoir les aspects positifs de l'occidentalisation (les droits humains, les autonomies individuelles, la culture humaniste, la démocratie). Ces éléments positifs peuvent et doivent féconder une politique de l'humanité, tandis qu'une politique de civilisation devrait refouler au second plan le négatif, qui aujourd'hui est au premier plan, c'est-a-dire l'hégémonie de la quantité sur la qualité, la réduction de la politique a l'économie, la réduction de la connaissance au calcul, (lequel ignore la multi dimensionnalité de l'existence humaine), la domination de la rationalisation (qui écarte tout ce qui échappe a sa logique close), sur la rationalité ouverte. Cela nous confirme que le probleme désormais n'est pas de continuer sur la voie du développement, n'est pas meme de l'aménager avec quelques adoucisseurs qui le rendraient soutenable; il est de changer de voie.

Nous pouvons commencer a élaborer une voie nouvelle avec une politique de l'humanité et une politique de la civilisation. Une politique de l'humanité peut et doit prendre en charge des problemes que normalement devrait résoudre le développement, par exemple le probleme accru de la faim. Une politique de la santé devrait pouvoir fournir gratuitement les médicaments, notamment contre le Sida aux pays du Sud. Une politique de l'humanité devrait fournir gratuitement aux memes pays tous les dispositifs producteurs d'énergie verte , dont les centrales solaires et marémotrices. La politique de l'humanité, c'est aussi une politique humanitaire a l'échelle de la planete qui devrait mobiliser, non seulement les ressources matérielles, mais aussi la jeunesse des pays qu'on appelle développées, mobilisées dans un service civique planétaire, qui remplacerait les services militaires, afin d'aider sur place les populations dans le besoin. Une politique de l'humanité voit les différents problemes tels qu'ils se posent dans les différentes régions du globe, et au lieu d'une formule standard appliquée dans les contextes les plus divers, elle élaborerait des actions convenant a ces contextes. Une politique de l'humanité est surtout une politique de LA civilisation, qui serait la symbiose entre ce qu'il y a de meilleur de la civilisation occidentale, et les apports extremement riches des autres civilisations.

La politique de l'humanité comporte le respect des savoirs, savoir faire, arts de vivre des cultures y compris orales. Il integre ce qu'il y a de valable dans l'idée actuelle de développement mais pour le concevoir dans les contextes singuliers de chaque culture ou nation. De plus, comme je l'ai indiqué, il faut compléter la notion de développement par celle d'enveloppement, c'est a dire de sauvegarde des qualités que le développement tend a détruire, de retournement vers les valeurs non matérielles de sensibilité, de cour et d'âme.

La politique de l'humanité est une politique de symbioses planétaires: elle prône le grand rendez vous du donner et du recevoir dont parlait Senghor. Ainsi pour les médecines: elle comporte l'apport des médecines occidentales en hygiene, médicaments antisida, etc, mais l'intégration des médecines indigenes, non seulement dans les nations de traditions médicales millénaires, Inde et Chine, mais aussi dans les peuples archaiques d'Amazonie connaissant vertus et venins des plantes ainsi que les thérapies chamaniques.

Quant a la politique de civilisation, elle ne saurait etre limitée aux sociétés occidentales « développées »; elle vaut aussi pour toutes les parties occidentalisées du monde.

La politique de civilisation s'exercerait contre les effets négatifs croissants du développement de notre civilisation occidentale (cf mon diagnostic dans Politique de civilisation, Arlea). Elle viserait a restaurer les solidarités, a réhumaniser les villes, revitaliser les campagnes, renverserait l'hégémonie du quantitatif au profit de la qualité de la vie, prônerait le mieux plutôt que le plus, et contribuerait a la réforme de vie.

Elle dépasserait l'alternative croissance/décroissance dans la considération de ce qui doit croitre/décroitre/demeurer stationnaire

Tout en étant de portée planétaire, la politique de civilisation peut déja etre entreprise a l'échelle d'une nation et, du meme coup contribuer par l'exemple a développer, pour l'Europe ou l'Amérique latine, une réforme a l'échelle d'un continent

La Voie des Réformes économiques

L'établissement d'une institution permanente (conseil de sécurité économique) vouée aux régulations de l'économie planétaire et au contrôle des spéculations financieres

Le développement d'une économie plurielle comportant le développement des mutuelles, coopératives, entreprises citoyennes, agriculture fermiere, agriculture biologique, alimentation de proximité (en meme temps que régression de l'agriculture et de l'élevage industrialisés), généralisation du biochar[6] qui supprimerait la faim dans le monde, microcrédit, commerce équitable, entreprises citoyenne.

Le maintien ou la résurrection des services publics nationaux (poste, télécommunications, chemins de fer) et pour l'Europe, l'institution de services publics européens

Un new deal de grands travaux de salut collectif (énergies renouvelables, ceinture de parkings autour des villes, transports publics non polluants, aménagement des chemins de fer pour le ferroutage)

La voie des Réformes sociales

  1. En réponse a l'accroissement des inégalités, institution d'un observatoire des inégalités» déterminant les réductions progressives des inégalités par le haut et par le bas
  2. En réponse a l'accroissement de la misere, politique d'allocation de logement et nourriture aux démunis et politique d'aide et incitation aux métiers de solidarité et de convivialité; retour des contrôles humains dans le monde désertique de l'automatisation.
  3. Réforme des administrations. Débureaucratisassion des administrations devenues sous-efficientes et inhumaines (cf. les indications dans ma conférence de Madrid) Centrisme, hiérarchie, spécialisation, compartimentation corrigés par combinaison de centrisme/polycentrisme/acentrisme, hiérarchie combinée avec polyarchie et anarchie.
  4. régénération des solidarités par institutions de maisons de la solidarité dans les villes et d'un service civique de solidarité, l'aide a la formation de métiers de solidarité[7] et de convivialité
  5. résurrection et actualisation de la notion de bien commun naturel (eau, climat), de bien commun social (transports urbains) et conversion des biens culturels (via internet) en biens communs permettant de vastes démocratisations culturelles

La Voie de la Réforme de pensée.

Toutes les crises de l'humanité planétaire, dans la mesure ou elles sont mal perçues, sous-évaluées, disjointes les unes les autres sont en meme temps des crises cognitives. Nous sommes arrivés au paradoxe ou ce qui nous aveugle est notre systeme de connaissance.

Les aveuglements résultant d'une connaissance parcellaire, les illusions propres a une vision unidimensionnelle de toutes choses vont de pair avec le mirage que nous sommes arrivés a la société de la connaissance, alors que nous sommes arrivés a la société des connaissances séparées les unes des autres ,et que nous sommes inconscients notre aveuglement.

Nous nous croyons détenteurs d'une pensée rationnelle alors que nous ne savons pas distinguer rationalité et rationalisation ni reconnaître les limites de la raison.

Notre connaissance séparatrice a perdu l'aptitude a contextualiser l'information et a l'intégrer dans un ensemble qui lui donne sens. Le morcellement et la compartimentation de la connaissance en des disciplines non communicantes rendent inapte a percevoir et concevoir les problemes fondamentaux et globaux. La réforme de la pensée nécessité une pensée de reliance, qui puisse relier les connaissances entre elles, relier les parties au tout, le tout aux parties et qui puisse concevoir la relation du global au local et celle du local au global. Nos modes de pensée doivent intégrer un va et vient constant entre ces niveaux.[8]

Si nos esprits restent dominés par une façon mutilée et abstraite de connaître, par l'incapacité de saisir les réalités dans leur complexité et dans leur globalité, si la pensée philosophique au lieu d'affronter le monde, demeure enfermée dans des préciosités moliéresques, alors paradoxalement notre intelligence nous aveugle. Notre mode de connaissance parcellarisé produit des ignorances globales. Notre mode de pensée mutilé conduit a des actions mutilantes. Seule une pensée apte a saisir la complexité non seulement de nos vies, de nos destins, de la relation individu/société/espece mais aussi de l'ere planétaire, peut tenter le diagnostic de la course actuelle de la planete vers l'abîme et définir les réformes vitalement nécessaires pour changer de voie. Seule une pensée complexe peut nous nous armer pour préparer la métamorphose a la fois sociale, individuelle et anthropologique.

La voie de la Réforme de l'éducation

Un nouveau systeme d'éducation, fondé sur la reliance, radicalement différent donc de l'actuel, devrait s'y substituer. Ce systeme permettrait de favoriser les capacités de l'esprit a penser les problemes individuels et collectifs dans leur complexité. Il introduirait aux problemes vitaux, fondamentaux et globaux occultés par le morcellement disciplinaire.

La réforme introduirait a tous les niveaux de l'enseignement, depuis le primaire jusqu'a l'université, les matieres suivantes:

  • les problemes de la connaissance: l'erreur, l'illusion; qu'est ce qu'une connaissance pertinente?
  • la nature humaine comme trinité individu/société/espece
  • l'ere planétaire: de la conquete du monde a la globalisation
  • la compréhension d'autrui, compréhension entre personnes, entre peuples, entre ethnies[9].
  • l'affrontement des incertitudes

Elle introduirait un enseignement de civilisation portant sur les médias, la publicité, la consommation, la famille, les relations entre générations, la culture adolescente, les addictions et intoxications de civilisation (le consumérisme, l'intoxication automobile, etc...)

Une telle réforme d'éducation serait indispensable pour le développement des voies nouvelles. Elle est inséparable de la réforme de pensée. Paradoxalement l'une suppose l'autre. Seuls des esprits réformés pourraient réformer le systeme éducatif, mais seul un systeme éducatif réformé pourrait former des esprits réformés. Marx déja, se demandait « qui éduquera les éducateurs ». De fait ce sera par une multiplication d'expériences pilotes que pourrait naître la réforme de l'éducation, réforme particulierement difficile a introduire car aucune loi générale ne permettrait de l'implanter. C'est elle pourtant qui conduirait a créer la forme d'esprit capable d'affronter les problemes fondamentaux et globaux, de les relier au concret, et qui conduirait a réformer la pensée. Réforme de l'éducation et réforme de la pensée se stimuleraient l'une l'autre, en un cercle vertueux.[10]

La voie de la réforme de vie

C'est le probleme concret sur lequel devraient converger toutes les autres réformes.

Nos vies sont dégradées et polluées par l'état lamentable et souvent monstrueux des relations entre les humains, individus, peuples, par l'incompréhension généralisée d'autrui, par la prosaisassion de l'existence consacrée aux tâches obligatoires que ne donnent pas de satisfaction, au détriment de la poésie de l'existence qui s'épanouit dans l'amour, l'amitié, la communion, le jeu.

La recherche d'un art de vivre est un probleme tres ancien abordé par les traditions de sagesse des différentes civilisations et en occident par la philosophie grecque. Il se présente de maniere particuliere dans notre civilisation caractérisée par l'industrialisation, l'urbanisation, la recherche du profit, la suprématie donné au quantitatif. La mécanisation de la vie, l'hyperspécialisation, la chronométrisation, l'application du calcul et de la logique de la machine artificielle a la vie des individus, la généralisation d'un mal-etre au sein du bien-etre matériel provoquent en réaction une aspiration a la « vraie vie »

La réforme de vie vise a échapper a la vie soumise aux contraintes et obligations extérieures comme a nos intoxications de civilisation, elle est de chercher a vivre poétiquement, dans la dialogique permanente entre raison et passion.

La réforme de vie doit nous conduire a vivre les qualités de la vie, a retrouver un sens esthétique, a travers l'art bien sur mais également dans la relation a la nature, dans la relation au corps, et a revoir nos relations les uns aux autres, a nous inscrire dans des communautés sans perdre notre autonomie. C'est le theme de la convivialité évoqué par Illich dans les années 70. Il existe aujourd'hui, un peu partout, des germes de cette réforme. Ils apparaissent a travers l'aspiration a une autre vie, a travers les choix de vie visant a mieux vivre avec soi-meme et autrui, parfois le renoncement a une vie lucrative pour une vie d'épanouissement, ainsi que dans une recherche d'accord avec soi meme et le monde que l'on constate dans les attractions pour le bouddhisme zen, les sagesses orientales, dans la recherche de l'alimentation saine que proposent l'agriculture fermiere et l'agriculture biologique. Cette aspiration a vivre « autrement » se manifeste de façons multiples et l'on assiste un peu partout a des recherches tâtonnantes de la poésie de la vie, amours, fetes, copains, rave parties. Les vacances sont antidotes a la vie prosaique Une partie des citadins partage le temps entre, d'un côté une vie urbaine a laquelle ils sont soumis avec ses contraintes et obligations, et d'un autre côté une vie de week-end ou de vacances durant laquelle ils se déprogramment, échappent a la chronométrie, abandonnent les vetements citadins pour des rustiques, voire la nudité, et vivent librement pendant ce temps: le club méditerranée est l'utopie concrete d'une vie libérée meme de la monnaie (il faut évidemment payer au préalable pour y vivre sans argent) Le contraste est aussi fort que celui évoqué par Mauss lorsqu'il nous apprend que les esquimaux ont une religion d'été et une religion d'hiver, avec des dieux différents en fonction des saisons. Tout se passe comme si nous n'avions, nous aussi, des dieux différents en fonction des périodes de la semaine ou de l'année. Mais il ne suffit pas d'alterner : nous devons intégrer dans nos vies quelques-unes des vertus que nous pouvons trouver dans nos vacances et loisirs. Il y a mille ébauches de réforme de vie, d'aspirations a bien vivre, a échapper au mal-etre qu'a produit la civilisation du bien-etre matériel, a pratiquer la convivialité, qui ne sont pas encore reliées. Mais si on considere ensemble ces éléments qui, séparément, semblent insignifiants, il est possible de montrer que la réforme de vie est inscrite dans les possibilités de notre temps. Le dénominateur commun en est : la qualité prime sur la quantité, le besoin d'autonomie est lié et le besoin de communauté doivent etre associés, la poésie de l'amour est notre vérité supreme.

Relater ici l'expérience du Monte Verita, celle d'Auroville a travers ses problemes, celle de communes californiennes, qui ont voulu réaliser la réforme de vie, mais ont échoué, tous ces échecs étant dus, semble t'il a l'isolement de ces expériences de vie, a l'inconscience des difficultés a maintenir une continuité, et a l'absence d'une conjonction avec d'autres réformes qui leur auraient été solidaires
Parler du besoin d'harmonie qui traverse toute l'histoire humaine et s'est exprimé dans les paradis, les utopies, les idées libertaires-communistes-socialistes, les « communes » californiennes et autres, les explosions juvéniles de mai 68 et qui renaîtront sans cesse sous d'autres formes. Avec toujours les memes aspirations a l'autonomie, la communauté, l'aspiration a vivre poétiquement.

La prise de conscience que « la réforme de vie » est une des aspirations fondamentales dans nos sociétés est un levier qui peut puissamment nous aider a ouvrir la Voie.

Aller au dela de l'esprit de conquete, de domination, de réussite non pas l'annihiler, mais le réguler par le développement des valeurs féminines (amour, tendresse) Aller vers l'esprit d'épanouissement de communion de poésie (impossibilité d'éliminer la prose, mais la subordonner).

La réforme de pensée dépend de la réforme de l'éducation, mais celle ci dépend aussi d'une réforme de pensée préliminaire, ce sont deux réformes maitresses en boucle récursive l'une productrice/produit de la réforme de l'autre, et indispensable pour la réforme de la pensée politique laquelle commandera les réformes sociales, économiques, etc. En meme temps la réforme de vie est cruciale, en relation de boucle avec réforme de l'alimentation, de la consommation, de l'habitat, des loisirs/vacances. Ces trois méta-réformes permettent de concevoir la solidarité de toutes les réformes, lesquelles les nourriront...

La voie de la réforme morale

Constater la barbarie de nos vies. Nous ne sommes pas intérieurement civilisés. La possessivité, la jalousie, l'incompréhension, le mépris, la haine. L'aveuglement sur soi meme et sur autrui, phénomene général et quotidien. Que d'enfers domestiques, microcosmes des enfers plus vastes des relations humaines.

Nous retombons la sur une préoccupation tres ancienne puisque les principes moraux sont présents tant dans les grandes religions universalistes que dans la morale laique. Mais les religions qui ont prôné l'amour du prochain ont déchaîné des haines épouvantables, et rien n'a été plus cruel que ces religions d'amour.

Il semble donc évident que la morale mérite d'etre repensée et qu'une réforme doit l'inscrire dans le vif du sujet humain.

Si on définit le sujet humain comme un etre vivant capable de dire « je », autrement dit d'occuper une position qui le met au centre de son monde, il s'avere que chacun de nous porte en lui un principe d'exclusion (personne ne peut dire « je » a ma place). Ce principe agit comme un logiciel d'auto-affirmation égocentrique, qui donne priorité a soi sur toute autre personne ou considération et favorise les égoismes. Dans le meme temps, le sujet porte en lui un principe d'inclusion qui nous donne la possibilité de nous inclure dans une relation avec autrui, avec les « nôtres » (famille, amis, patrie), et qui apparaît des la naissance ou l'enfant ressent un besoin vital d'attachement. Ce principe est un quasi logiciel d'intégration dans un « nous », et il subordonne le sujet, parfois jusqu'au sacrifice de sa vie. L'etre humain est caractérisé par ce double principe, un quasi double logiciel: l'un pousse a l'égocentrisme, a sacrifier les autres a soi ; l'autre pousse a l'altruisme, a l'amitié, a l'amour... Tout, dans notre civilisation, tend a favoriser le logiciel égocentrique. Le logiciel altruiste et solidaire est partout présent, mais inhibé et dormant. Il peut se réveiller. C'est donc ce logiciel qui doit etre stimulé.

Il faut concevoir également une éthique a trois directions, en vertu de la trinité humaine: Individu/société/espece.

L'éthique individuelle

La réforme morale nécessite l'intégration, dans sa propre conscience et sa propre personnalité, d'un principe d'auto-examen permanent, car, sans le savoir, nous nous mentons a nous-memes, nous nous dupons sans cesse. Nos souvenirs se transforment, nous avons une vision de ce que nous sommes et des autres entierement pervertie par l'égocentrisme. Nous ne pouvons donc faire l'économie de pratiquer l'auto-examen et l'autocritique. Or, la encore, dans notre civilisation, il semble que nous ayons completement oublié cette possibilité, préférant confier la solution de nos maux moraux et psychiques a des tiers tels les psychiatres, les psychanalystes. Autrui est important pour nous connaître nous-memes, mais seul l'auto-examen nous permet d'intégrer le regard d'autrui, dans notre effort pour mieux nous comprendre nous-memes, avec nos carences, nos lacunes, nos faiblesses. . .

Aller vers les compréhensions mutuelles. Se comprendre est indispensable si l'on veut comprendre l'autre. Cette compréhension, nous l'avons potentiellement. Nous la manifestons lorsque nous sommes au théâtre, au cinéma, ou lorsque nous lisons un roman. Nous sommes alors capables de comprendre des personnages totalement éloignés de nous, vivant dans des mondes exotiques, ou de personnages ambigus, parfois criminels, comme le parrain de Coppola ou les personnages de Shakespeare. Nous comprenons la misere du clochard, nous comprenons un vagabond comme Charlot. Mais lorsque nous retournons dans la vie courante, nous perdons notre capacité a comprendre autrui. Alors que nous l'avons dans l'imaginaire, nous la perdons dans la réalité.

La réforme morale doit développer deux caractéristiques fondamentales chez tout etre humain: l'auto-examen permanent et l'aptitude a la compréhension d'autrui. La réforme morale doit bien évidemment etre conjuguée avec la réforme de l'éducation et avec la réforme de vie, qui elles memes doivent ere conjuguées av ec les autres réformes.

L'éthique civique

C'est l'éthique du citoyen qui, dans une société ou il dispose de droits, doit assumer ses devoirs pour la collectivité

L'éthique du genre humain

Autant une éthique universelle concernant tous les hommes était abstraite avant l'ere planétaire, autant la communauté de destin de tous les humains la rend concrete. Nous pouvons aujourdhui tenter d'agir pour l'humanité, c'est-a-dire d'abord contribuer a la prise de conscience de la communauté de destin humain et a notre inscription comme citoyen de la terre-patrie.

En conclusion,

Les réformes sont interdépendantes La réforme morale, la réforme de pensée, la réforme de l'éducation, la réforme de civilisation, la réforme politique la réforme de vie s'entr'appellent les uns les autres et par la meme leurs développements leur permettraient de s'entre dynamiser

Nous devons etre conscience de la limite des réformes ( de vie, éthique, donc aussi des autres) Homo est non seulement sapiens, faber, economicus, mais aussi demens mythologicus, ludens. On ne pourra jamais éliminer la capacité délirante, on ne pourra jamais rationaliser l'existence (ce qui serait la normaliser, la standardiser, la mécaniser) On ne pourra jamais réaliser l'utopie de l'harmonie permanente, du bonheur assuré,

Ce qu'on peut espérer c'est non plus le meilleur des mondes, mais un monde meilleur. Seul le cheminement des sept réformes régénérera assez le monde pour faire advenir la Voie vers la métamorphose. Seule la métamorphose pourra améliorer le monde.

Tout est a réformer et transformer. Mais tout a commencé sans qu'on le sache encore. Apportons la reliance, la conscience. Travaillons a diagnostiquer, réformer, transformer chacun dans sa voie

Travailler a relier, relier, toujours relier.

Répétons le les réformes sont solidaires : la réforme de pensée dépend de la réforme de l'éducation, mais celle ci dépend aussi d'une réforme de pensée, ce sont deux réformes maîtresses en boucle récursive l'une productrice/produit de la réforme de l'autre, et indispensables pour la réforme de la pensée politique laquelle commandera les réformes sociales, économiques, etc. En meme temps la réforme de vie est cruciale, en relation de boucle avec réforme de l'alimentation, de la consommation, de l'habitat, des loisirs/vacances. Ces trois méta-réformes permettent de concevoir la solidarité de toutes les réformes, lesquelles les nourriront...

Les chemins des réformes pourront se relier pour formerla Voie. C'est la Voie qui régénérera le monde pour faire advenir la métamorphose.


[1] « Je réunis ce qui est épars, je rassemble ce qui est dispersé. »

[2] Les conséquences de l'échec du communisme ont été énormes: déchaînement capitaliste, déchaînements ethno religieux (y compris et parfois surtout dans les pays ex-socialistes).

[3] Le Progres, grand mythe providentiel du monde occidental, avait envahi toute la planete: il prétendait apporter a l'Ouest avec les développements de la démocratie libérale, la meilleure société possible, a l'Est « l'avenir radieux » du socialisme et partout ailleurs les accomplissements heureux du développement. Partout science, raison, technique, économie libérale et capitalisme ici, socialisme la, semblait etre les moteurs d'un avenir humain d'harmonie. Nous avons eu l'illusion du progres mécanique, automatique de l'histoire et nous avons perdu cette illusion au cours des quinze dernieres années, quand nous avons commencé a comprendre que l'histoire n'allait pas vers un progres assuré, mais vers une incertitude extraordinaire - personne ne sait ce que sera demain, personne ne peut dire si dans un mois nous sommes en guerre avec l'Iran ou non, personne ne peut dire ce que sortirait de cette guerre éventuelle avec l'Iran, etc. Donc, une incertitude, mais pas seulement l'incertitude; c'est que tout ce qui était bénéfique pour nous, qui nous semblait raisonnablement bénéfique, c'est-a-dire le développement de la science, a montré son ambivalence. Effectivement la science produit des bienfaits considérables, mais elle produit aussi des menaces et des dangers a travers les armes ou les manipulations génétiques. La science produit des connaissances fabuleuses, que seule elle a pu provoquer. Mais aussi la science produit, avec ses compartimentations disciplinaires, des fermetures et des ignorances qui empechent de voir, je le répete, les problemes globaux. La technique elle-meme - parce que aujourd'hui le vaisseau spatial (la Terre) est emporté par un quadrimoteur, qui sont tous issus du développement, c'est-a-dire la science, la technique, l'industrie et l'économie. Ce sont des forces qui ont eu un aspect bénéfique, mais les aspects maléfiques, périlleux, voire mortels, ce sont développés de façon considérable et le vaisseau spatial n'a pas de pilote. Et, en plus, les passagers se disputent les uns avec les autres.

[4] Alors que le grand probleme posé par la globalisation est de sauvegarder inséparablement l'unité et la diversité humaines. Ce qui exige de comprendre que la trésor de l'humanité humaine est sa diversité que le trésor de la diversité humaine est sa diversité. Que le propre de l'unité humaine est de produire de la différence (entre individus, cultures, langues, cultures) et que le propre de la diversité humaine est d'etre produite par l'unité humaine ( cf plus loin réforme politique).

[5] Il suffit de citer deux auteurs qui parlent de l'intérieur du systeme puisqu'il s'agit de Patrick Artus directeur de la recherche de Natixis et Marie Paule Virard rédactrice en chef de Enjeux-les Echos de 2003 a 2008. Apres avoir écrit « le capitalisme est en train de s'autodétruire » , ils récidivent en 2008 avec: Globalisation le pire est a venir. Le livre est écrit, précisons le, avant la grande crise de septembre 2008 ouverte par la faillite de la quatrieme banque d'affaires américaines Lehman Brother. La page de garde de l'ouvrage est édifiante et pourrait relever de la littérature altermondialistesi elle n'émanait d'auteurs au cour du systeme: « le pire est a venir de la conjonction de cinq caractéristiques majeures de la globalisation: une machine inégalitaire qui mine les tissus sociaux et attise les tensions protectrices; un chaudron qui brule les ressources rares, encourage les politiques d'accaparement et accélere le réchauffement de la planete; une machine a inonder le monde de liquidités et a encourager l'irresponsabilité bancaire; un casino ou s'expriment tous les exces du capitalisme financier; une centrifugeuse qui peut faire exploser l'Europe ». Fermez le ban! ce sont la des avis venus de l'intérieur du systeme financier lui-meme tout comme ceux d'Alan Greenspan, l'ancien patron de la FED (la banque fédérale américaine) qui dans son livre « le temps des turbulences » montre a quel point la finance mondiale est devenue un bateau ivre ou Jean Peyrelevade, l'ancien patron du Crédit Lyonnais qui dresse un constat accablant dans son livre « le capitalisme total » de l'état d'un systeme financier incapable d'investir au-dela du court terme. Et le fait que l'on puisse, a juste titre, s'interroger sur la cohérence éthique de ces différents auteurs qui ont tres largement profité de rémunérations indécentes du systeme avant de le critiquer, ne retire rien a des analyses d'autant plus percutantes qu'elles viennent. Patrick Viveret dans , La découverte, 2009

[6] ce_nest-pas_comme_ca_quon_reglera_la_fain_dans_le_monde.pdf http://www.pronatura.org/

[7] sur l'aptitude a la solidarité, cf Réforme morale, les deux logiciels.

[8] Voir Edgar Morin « Introduction a la pensée complexe » ESF 1990.

[9] Tous ces points sont développés dans Edgar Morin, « les sept savoirs nécessaires a l'éducation du futur » éditions du Seuil, 2000.

[10] Une telle réforme intégrerait l'expérience des enseignements « d'éducation nouvelle » initiées par de grands pédagogues comme Decroly, Freinet, Montessori et autres.

Le compte à rebours a-t-il commencé ?

Albert Jacquard, Le pire n’est pas certain, mais le temps nous est compté.

Une première certitude :
les Terriens ne pourront pas quitter leur planète et s’installer sur une autre.
Une seconde certitude :
nous devons nous projeter dans le futur, car le futur c’est demain.
A partir de là, il faut dresser la liste des impasses où nous sommes engagés et montrer, si nous persévérons dans cette voie, quel type de catastrophe s’ensuit à chaque fois.

Longtemps, l'humanité a vécu en pensant qu'elle avait tout son temps, que le progrès n'en finirait pas de transformer le monde à notre avantage, que les hommes seraient toujours plus riches, plus beaux, plus performants, que l'on pouvait fabriquer indéfiniment des bombes nucléaires sans risquer de les employer et que nous avions le droit de prélever à l'envi toutes les richesses de la planète sans jamais entamer son capital.

Cette époque est révolue. Nous savons maintenant que le temps nous est compté et qu'à force de travailler contre nous-mêmes, nous risquons de fabriquer une Terre où aucun de nous ne voudra vivre.

Dans ce livre qui ressemble à un avis de tempête, Albert Jacquard passe en revue les questions à propos desquelles il est urgent de procéder à une refonte complète de nos habitudes.
Les questions traitées sont :

  • l’escalade nucléaire ;
  • la démographie ou l’impérieuse nécessité de l’ouverture des frontières ;
  • la redéfinition de l’évolution ;
  • l’intégrisme de l’économie ;
  • l’écologie.
  • Le dernier chapitre est consacré à montrer que le XXIe siècle sera le siècle de l’éducation généralisée ou ne sera pas.

Non, le pire n'est pas certain, mais nous devons nous hâter.

Les nouveaux collectifs citoyens

Pratiques et perspectives
Ivan Maltcheff Préface de Patrick Viveret

Ou comment développer l’intelligence émotionnelle collective pour lier le local et le global

Réflexion et expérimentation des
collectifs de citoyens engagés au niveau local

Aide dans les problématiques qu’ils rencontrent au quotidien

L’hypothèse de départ est simple : une vaste transformation citoyenne est en cours, encore peu visible. Or, cette transformation est certainement le creuset d’une nouvelle façon d’être et d’agir ensemble et peut¬être même d’un renouveau démocratique.
Basé sur les pratiques et observations de l’auteur sur l’accompagnement de nombreuses personnes et groupes, ce livre traite notamment de la gestion de projet, des écueils du travail en groupe, de l’animation de groupe, et bien sûr de l’interaction entre transformation personnelle et transformation du collectif.

Table des matières
Préambule : Regards sur un monde en gestation
Chapitre 1 : Ecueils et questions : « dissiper le brouillard »
Chapitre 2 : Expériences et recherches.« Dessiner un chemin »
Conclusion.
Annexe 1 : Enquête sur le militantisme juin 2010
Annexe 2 : Extrait des Textes fondamentaux de l’association interactions TP-TSR

Situé à la croisée de différents types de publication -développement personnel ou coaching d’une part, et de renouveau citoyen, de démocratie participative, de nouvelles valeurs, de nouveaux paradigmes (créatifs culturels, coopération, écovillages etc.) d’autre part-, cet ouvrage est concis, pratique, et centré sur l’action.

L’auteur, ancien DRH, coach et spécialiste en accompagnement des changements en entreprise, a co-animé le projet Interactions Transformation Personnelle-Transformation Sociale, initié la démarche Cercles bleus reliances citoyennes, et est proche de plusieurs initiatives ou projets portés par les associations ou collectifs suivants : Dialogues en humanité, Beija flor, Alliance pour la planète, Klub terre, Ecopsychologie au sein de la FNH, Nature Humaine, Pacte civique, Colibris, Emmaüs, Ecole de la nature et des savoirs...

Les nouveaux indicateurs de richesse

Ce petit livre donne la composition des principaux [indicateurs plus aptes que le PIB à calculer la véritable richesse des nations] : indice de bien-être économique durable, indicateur de progrès véritable, tout en faisant aussi allusion à d'autres (indicateurs de sécurité personnelle, indice de développement humain, de santé sociale, de la pauvreté humaine, baromètre des inégalités et de la pauvreté).
Le véritable intérêt du livre réside dans son grand souci méthodologique. Car tout indicateur repose sur une convention, qui reflète elle-même la culture dominante. De quoi ouvrir la carrière d'une recherche jamais achevée tout en étant nécessaire. On peut saluer un ouvrage clair et stimulant qui met l'accent sur les enjeux cruciaux liés aux nouveaux indicateurs de richesse. Mais ce qui fait selon nous la première force de cet ouvrage est de prendre à contre-pied les approches souvent essentiellement technicistes pour, au contraire, proposer et assumer un statut d'économistes citoyens.

Sommaire

  • A la recherche d'indicateurs alternatifs
  • Le PIB et la croissance en question
  • Développement humain, progrès social
  • Les premières extensions du PIB
  • PIB environnemental et empreinte écologique
  • L'indice de bien-être économique de Osberg et Sharpe
  • Evaluer les indicateurs
  • Le développement humain durable et les comptes du XXIe siècle

Jean Gadrey, professeur émérite d'économie à l'université Lille-1, est l'auteur ou le coauteur d'une vingtaine d'ouvrages portant sur les services, l'emploi et la mesure des performances économiques et sociales. II a également publié, dans la même collection, Socioéconomie des services (2003).
Florence Jany-Catrice, maître de conférences d'économie à l'université Lille-I et membre de l'Institut universitaire de France, est une spécialiste des comparaisons internationales portant sur l'emploi tertiaire, de l'emploi non qualifié dans les services, et des indicateurs sociaux. Elle est l'auteur ou la coauteur de cinq ouvrages sur ces questions.

Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur

Edgar Morin

Les "sept Savoirs fondamentaux nécessaires à l'homme du futur" issus de l'observation des "sept trous noirs" de l'enseignement ont pour visée d'exposer les problèmes fondamentaux totalement ignorés ou oubliés qui me semblent nécessaires pour que l'homme vive en paix, pour la pérennité de l'espèce. Ils s'organisent de la façon suivante :

  1. Les cécités de la connaissance :
    l'erreur et l'illusion sont des processus permanents qui parasitent le comportement, l'esprit humain et la société. Il s'agit d'armer chaque esprit dans le combat vital pour la lucidité.
  2. Les principes d'une connaissance pertinente :
    Il s'agit de remplacer une pensée qui sépare et qui réduit par une pensée qui distingue et qui relie. Il faut conjuguer l'analyse et la synthèse.
  3. Enseigner la condition humaine :
    Cela devrait déboucher sur la prise de connaissance, donc de conscience, de la condition commune à tous les humains et de la très riche et nécessaire diversité des individus, des peuples, des cultures et par conséquent de notre enracinement comme citoyens de la Terre.
  4. Enseigner l'identité terrienne :
    Civiliser et solidariser la Terre, transformer l'espèce humaine en véritable humanité nous conduisant à une solidarité, à une écoute, de chacun à chacun, de tous à tous. Tel devrait être l'objectif de toute éducation aspirant certes au progrès mais surtout à la survie de l'humanité.
  5. Affronter les incertitudes :
    S'attendre à l'inattendu, à l'improbable, sources de progrès.
  6. Enseigner la compréhension de soi, de l'autre :
    réduire l'égocentrisme et l'indifférence, acquérir l'esprit de tolérance sont les bases de l'éducation pour la paix.
  7. L'éthique du genre humain :
    L'éthique doit se former dans les esprits à partir de la conscience que l'humain est à la fois individu, partie de la société, partie d'une espèce. Le moyen de la développer se fera par l'usage de la démocratie. C'est un livre qui s'adresse à tous, car tout un chacun, à un moment donné, constitue un maillon de cette chaîne de l'éducation et chacun, en toute responsabilité, façonne l'homme du futur.

Pour une raison écologique,e Bernard Perret

Pour une raison écologique

L’objet de ce livre n’est pas de rappeler une nouvelle fois les périls qui nous menacent, mais de critiquer la raison qui les a rendus possibles. C’est toujours la raison économique qui gagne. Mais elle est incapable de donner son prix à la nature et d’intégrer les droits des générations qui viennent. Cette raison est sans avenir. Quelles valeurs, quelles règles sociales, quels modes de pensée peuvent alors nous donner le sentiment de vivre dans un monde cohérent ? Nous avons besoin de nouveaux repères qui nous indiquent, très concrètement et en toute situation, comment préserver la planète : alerte quotidienne sur notre empreinte écologique, généralisation des « comptes carbones », souci du monde naturel, culture de la complexité… Plaidoyer convaincant pour une raison écologique, définie comme une conversion de la raison économique, cet essai conçu comme un manifeste libère l’écologie de son ghetto idéologique afin d’en faire la préoccupation de tous.

Bernard Perret, ancien élève de l’École polytechnique, est ingénieur et socio-économiste. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels :
L’Économie contre la société (1993), L’Avenir du travail (1995), Les Nouvelles Frontières de l’argent (1999) ou, plus récemment, Logique de l’espérance (2005).

Pourquoi ça ne va pas plus mal

Pourquoi ça ne va pas plus mal (Patrick Viveret)

De multiples signaux alertent l’humanité sur les dangers qui la menacent, et tout se passe comme si, à l’échelle planétaire, l’espèce humaine ne se sentait pas concernée, comme si les voix de plus en plus nombreuses et inquiètes de groupes de citoyens n’étaient que le fruit de l’imagination de contestataires ignorants et irresponsables.
Et pourtant, contrairement à ce que pourrait laisser croire un certain fatalisme ambiant, l’essentiel des problèmes auxquels l’humanité est confrontée peut trouver des solutions. À condition de comprendre que la plupart des difficultés ne se situent pas dans l’ordre de l’avoir, celui des ressources physiques, monétaires, techniques, mais dans l’ordre de l’être, de la façon de concevoir sa place dans l’univers, de donner un sens à sa vie, de s’en sentir responsable et de se montrer solidaire de la vie des autres.

 Pourquoi ça ne va pas plus mal extraits (fichier pdf 2Mo).

Prospérité sans croissance, la transition vers une économie durable, Tim JACKSON

En s’appuyant sur la définition que le prix Nobel d’économie Amartya Sen donnait de la prospérité (opulence+utilité+capabilités d’épanouissement), l’auteur de cet ouvrage, Tim Jackson, professeur de développement durable à l’Université du Surrey et commissaire à l’économie de la très officielle Commission du développement durable du Royaume-Uni nous montre que la croissance continue est non seulement un mythe impossible mais qu’elle est à partir d’un certain point inutile voire nuisible.

L’intérêt de ce livre est qu’il montre surtout qu’un autre modèle est possible, qui n’est ni la décroissance, ni une « croissance verte » et dont on a encore du mal à définir les contours, pour peu qu’on accepte de changer de paradigme.

Le premier changement est évidemment de passer d’un modèle économique à deux dimensions Travail-Capital à un modèle macroéconomique à au moins trois dimensions introduisant le principal facteur de rareté qu’est notre planète elle-même dont les ressources sont par définition épuisables (du moins avec le mod’exploitation actuelle).

Le second changement est évidemment de modifier notre rapport au travail. Dans le système tel qu’il fonctionne actuellement, le travail est avant tout un coût de production qu’il convient de réduire (pour les entreprises) et le moyen d’assurer son existence, qu’il convient de conserver coûte que coûte (pour le travailleur). En introduisant la dimension sociale du travail comme un des éléments d’exister dans une société, il ajoute une nouvelle valeur à ce travail. Le travail devient du coup une valeur sociale centrale du modèle macroéconomique qu’il faut à tout prix préserver développer et PARTAGER.

Le troisième changement auquel il nous invite c’est de modifier notre rapport aux objets et, à travers cela, modifier notre façon de « consommer », c’est-à-dire passer d’un acte d’achat qui relève au moins autant de la représentation sociale que du besoin véritable vers un acte raisonné où le service rendu (la satisfaction du besoin réel) et la façon dont ce produit ou ce service est obtenu sont les principaux paramètres du choix.

Partant de là , il redéfinit les contours d’une nouvelle macroéconomie, que faute de mieux, il appelle écologique mais qui pourrait tout aussi bien s’appeler « durable » ou « soutenable » voire « responsable », où l’action politique reprend tous ses droits où l’Etat retrouve sa place d’investisseur de long terme et où le capitalisme (enfin une certaine forme de capitalisme, qu’il appelle entrepreneurial) aurait encore sa place pour peu qu’il accepte l’ensemble des paramètres définis ci dessus.

Certains parlent de ce livre comme d’un nouveau rapport Brundtland. C’est peut-être lui faire trop d’honneur.
Mais c’est certainement un livre à lire (collection etopia, éditions De Boeck)
Vous trouverez ci-dessous la lecture commentée des 200 pages de ce livres de 12 chapitres qui vous redonnent le moral (si vous l’aviez perdu)

[toc]

« Prospérité sans croissance, la transition vers une économie durable »

Tim JACKSON

Chapitre 1. La prospérité perdue

La prospérité comme croissance

La question des limites

Au-delà des limites

Prospérité =croissance du revenu, c’est vrai pour un milliard d’habitants de la Terre qui vivent avec moins de 1 dollar par jour. Pour les autres, et notamment le milliard le plus riche, cette équation n’est pas vraiment vérifiée

Les débats autour du peak oil et de tous les autres « peak » n’a pas grand sens. Tôt ou tard, ces points de rupture INELUCTABLEMENT seront atteints. Malthus avait certainement tort sur le moyen terme quand il écrivait sa théorie sur la rareté et l’appauvrissement car il ne tenait pas compte des gains de productivité ni de l’innovation technologique, mais sur le très long terme, il a indubitablement raison : aucun arbre ne montera jamais jusqu’au ciel.

« L’idée d’une économie qui ne croît pas est une hérésie pour un économiste. L’idée d’une économie en croissance continue est une hérésie pour un écologiste. » L’économie a failli dans sa tentative d’apporter la prospérité par la croissance continue de la richesse puisqu’elle a surtout produit inégalité et instabilité

Chapitre 2. L’âge de l’irresponsabilité

A la recherche de coupables

Le labyrinthe de la dette

L’ennemi intérieur

Dettes écologiques

Pourquoi l’économie a failli à sa double mission d’assurer la prospérité pour tous et la stabilité de cet état d’aisance universel ?

C’est à cause essentiellement du mythe de la croissance qui pousse les pays développés à vivre de plus en plus en plus à crédit [La question reste cependant posée du pourquoi il est nécessaire à ces économies développées de vivre à crédit pour soutenir « sa » croissance. La réponse est évidemment dans la répartition inégale de la richesse créée].

L’irresponsabilité ne vient ni du laxisme du contrôle, ni de la cupidité individuelle, encore moins de fautes professionnelles des banquiers. Cette irresponsabilité est systémique et tient à l’obsession de la croissance à tout prix y compris l’endettement inconsidéré. C’est par la croissance que le marché à finalement été défait. Cette dette financière dont nous n’arriverons pas à nous défaire à court terme ne doit pas masquer d’autres dettes à plus long terme, les dettes écologiques et c’est peut-être là qu’est la plus grande preuve d’irresponsabilité du marché

Chapitre 3. Redéfinir la prospérité

La prospérité comme opulence

La prospérité comme utilité

La prospérité en tant que capabilités d’épanouissement

Capabilités limitées

Le prix Nobel d’économie Amartya Sen définit la prospérité à partir de trois substantifs dont un néologisme : L’opulence, l’utilité et les capabilités d’épanouissement. Il précise aussi que la prospérité ne peut se concevoir que comme une condition incluant des obligations et des responsabilités avec autrui.

S’agissant de l’opulence, il note que « plus » peut parfois revenir à « moins » : l’épidémie d’obésité en est la manifestation la plus symbolique mais elle est loin d’en être la seule.

L’utilité se traduit comme étant le degré de satisfaction qu’on retire de son niveau de vie. La satisfaction n’a évidemment rien à voir avec le prix et la quantité de ce qu’on consomme puisqu’il peut y avoir des satisfactions gratuites, mais les études menées par la Commission pour le Développement Durable britannique montre que le lien entre niveau de vie et bien-être suit une courbe asymptotique qui montre qu’au-delà d’un certain niveau de revenu (environ 15.000 €uros en 1995), le sentiment de mieux-être ne progresse quasiment plus alors qu’en deçà la progression est très rapide.

En introduisant le concept de capabilités d’épanouissement, Sen veut indiquer qu’au-delà du revenu disponible, une autre dimension doit être prise en compte pour définir la prospérité : les possibilités qui sont offertes à chacun de trouver sa place dans la société où il vit. Cette définition des capabilités est complétée par la philosophe Martha Nussbaum autour de cinq éléments

La vie (durée de vie, santé corporelle)

L’intégrité corporelle (sécurité, sexualité)

La raison pratique : capacité de se forger une conception de la vie bonne

L’affiliation : vivre avec et tourné vers les autres

La maîtrise de son propre environnement

[Cela peut constituer les bases d’un « nouveau contrat social »]

Chapitre 4. Les dilemmes de la croissance

L’opulence matérielle comme condition de l’épanouissement

Revenu et droits élémentaires

La croissance des revenus et la stabilité économique

Dans ce chapitre, l’auteur se pose la question : « Et si à défaut de croissance, nos capabilités d’épanouissement diminuaient sensiblement ? » et il y répond en trois temps

L’opulence et la capabilité d’épanouissement : la propriété est un marqueur social fort tout comme notre mode de consommation

Trois courbes asymptotiques (PIB et espérance de vie, PIB et mortalité infantile PIB et accès à l’enseignement) montrent qu’il existe un niveau de revenu par tête (compris entre 15.000 et 20.000 €uros) au-delà duquel les gains marginaux sont quasiment nuls.

Dans une économie fondée sur la croissance, la croissance est essentielle pour la stabilité : c’est soit la croissance continue, soit l’effondrement. [Un peu comme à bicyclette : tu pédales ou tu te casses la figure]

D’où ce dilemme majeur puisque LA CROISSANCE CONTINUE EST IMPOSSIBLE.

Chapitre 5. Le mythe du découplage

Découplage relatif

Découplage absolu

L’arithmétique de la croissance

Choix austères

De ce dilemme est née l’idée du découplage, c’est-à-dire l’idée que la consommation des ressources peut ne pas suivre l’évolution du PIB avec deux niveaux possibles de découplage, le découplage relatif, qui n’est qu’un ralentissement de la croissance de la consommation des ressources en période de croissance et le découplage absolu, où la consommation des ressources diminue de toute façon. Pour l’instant, malgré la récession qu’ont connu la plupart des pays, nous n’avons la preuve ni de l’une, encore de l’autre : même les bilans carbone présentés comme positifs sont faux car fondés sur des données tronquées.

Une arithmétique simple permet de comprendre les données du problème :

Impact de la croissance = croissance de la population+croissance du revenu par tête-croissance de l’efficacité technologique

Si on considère que la population mondiale va augmenter au rythme de 1,3%, que le revenu par tête doit progresser de 1,4% et que l’efficacité technologique permet des gains de 0,7%, cela fait quand même un impact de 2% (1,4+1,3-0,7).

Cela souligne l’importance du saut technologique global qu’il conviendrait d’accomplir à partir du moment où l’évolution démographique est une tendance de long terme, où la croissance du revenu (hors OCDE) est une exigence démocratique.

Mais le rapport Stern montre que même en investissant 2% du PIB pendant au moins une décennie, le gain technologique qu’on en tirerait ne permettrait pas d’atteindre ce que l’AIE considère comme un objectif minimal.

Le découplage est donc un mythe : il ne se fera pas tout seul.

Chapitre 6. La « cage de fer » du consumérisme

Structures du capitalisme

Logique sociale

Nouveauté et angoisse

L’économiste William Baumol, dans un ouvrage collectif « Good capitalism, bad capitalism » identifie quatre types de capitalismes : le capitalisme dirigé (par exemple la France, l’Allemagne mais aussi évidemment la Chine et la Russie), le capitalisme oligarchique (l’Inde mais aussi évidemment la Chine et la Russie), le capitalisme des grandes entreprises et le capitalisme entrepreneurial qui n’ont en commun que le primat du droit de propriété et la propriété privé des moyens de production. Pour eux, le seul bon capitalisme est le dernier.

Mais

Le moteur de ce système, le profit ne peut fonctionner que par un abaissement continu des coûts de production et en l’occurrence du coût du travail via la productivité horaire. Cette efficacité croissante se fonde sur l’innovation mais celle-ci a ses limites sauf saut technologique, ce que Schumpeter appelle « la destruction créatrice ». Toutefois, on peut se poser légitiment la question de l’utilité (au sens Sennien) de la plupart de ces innovations.

C’est là dessus que vient se greffer un autre aspect de la question qui est le rapport que nous avons aux choses, cette forme d’attachement qui fait de la possession matérielle une sorte de « moi élargi ». Nous sommes ce que nous consommons et c’est cette consommation-spectacle qui crée une angoisse du vide. Pour reprendre l’expression que Max Weber utilisait pour définir la bureaucratie, l’auteur parle alors de la « cage de fer » du consumérisme.

La rencontre de la destruction créatrice et de l’angoisse née de cette consommation spectacle produit in fine une croissance sans fin [une croissance sans faim !]

Chapitre 7. Le keynésianisme et le « New Deal Vert »

Options de redémarrage de la croissance

New deal vert

Stratégie pour la création d’emploi

Le potentiel de la relance « verte »

Financer la reprise

Au-delà de la relance

A la base de ce New Deal vert, il y a la volonté affichée que La relance NE SOIT PAS le retour au « business as usual ». D’autant que ce retour au statu quo ante a été exprimé de façon très imagée par un éditorialiste de « the Independant on Sunday » de la façon suivante « Nous n’avons aucun désir de vivre dans une yourte sous un soviet de travailleurs » .Mais qui le voudrait ? Et qui même le propose ?

Quatre options se présentent pour la relance :

Ne rien faire, la main invisible du marché et les stabilisateurs vont faire repartir la mécanique. C’est risqué car rien ne prouve l’existence de l’une et des autres

Faire une relance monétaire par l’expansion du crédit. Guérir le mal par le mal en quelque sorte. C’est risqué, le malade est trop atteint et puis l’inflation, ni la BCE, ni le FMI n’en veulent…

Faire une relance budgétaire par des baisses d’impôts et une augmentation des prestations sociales. Avec des déficits publics qui frôlent déjà les 10% dans de nombreux pays, c’est osé.

Une relance keynesienne classique fondée sur les dépenses publiques d’investissement. C’est osé pour les mêmes raisons et ça ne rapporte qu’à moyen terme. Or il y a le feu à la maison.

Toutefois cette dernière option semble la moins mauvaise à condition de cibler l’investissement public sur des objectifs précis et dont le retour sur investissement est rapide et puissant. C’est ainsi qu’est né une sorte de consensus mondial autour d’un New Deal vert dont les 5 axes sont :

Pour le court/moyen terme

*La réduction des coûts énergétiques libèrent de suite du pouvoir d’achat des ménages

*La réduction des dépenses énergétiques réduit la dépendance extérieure et restaure la balance commerciale

*Les industries de l’environnement tirent l’emploi

Pour le plus long terme

*Faire des progrès en direction des objectifs exigeants de réduction des émission de GES nécessaires pours stabiliser l’atmosphère de la planète

*Protéger les actifs écologiques précieux et améliorer la qualité de notre environnement de vie pour les générations futures

Pour chiffrer les choses, l’AEI estime que les besoins d’investissements énergétiques de 2010 à 2030 seront de 35.000 milliards de dollars

De son côté l’université du Massachussets a calculé qu’investir en DEUX ans 100 milliards de dollars dans les bâtiments, les transports en commun, les énergies renouvelables permettrait de créer 2.000.000 d’emplois ( le même montant investit dans le pétrolier n’en créerait que 600.000 mois durable)

Malheureusement à quelques exceptions près (la Corée et la Chine), la plupart des pays ont proposé en 2009 des plans de relance qui ne font pas forcément la part belle aux investissements « verts ». Sur 2.796 milliards de financement public prévu, seul 435 (15.6%) sont des financements verts (dont 221 milliards pour la Chine -38% de son plan de relance et 80 milliards pour la Corée)

Compte tenu de l’état des finances publiques dans la plupart des pays, il faudra trouver de nouvelles sources de financement. Toutefois, sauf peut-être aux Etats Unis et en Grande-Bretagne, il existe une forte épargne disponible : l’idée est donc de l’ »éponger » en créant des produits d’épargne « verts », les « bons verts »(green bonds)

Chapitre 8. Une macroéconomie écologique

Théorie macroéconomique élémentaire

Changer « le moteur de la croissance »

Partager le travail

Investissement écologique

Fondements d’une théorie macroéconomique écologique

La théorie macroéconomique classique est actuellement incapable de résoudre ce dilemme entre la sécurité (symboliser par la stabilité économique) et la sûreté (rester à l’intérieur des limites écologiquement soutenables).

Le progrès technique n’y suffira pas, [encore qu’en y mettant les moyens (voir le rapport Stern précité)on pourrait améliorer le bilan global )] si on ne change pas simultanément la structure économique et la logique sociale.

1. C’est là qu’on se rend compte immédiatement que le P.I.B. n’est pas un bon outil de mesure

2. Le modèle classique ne connaît que deux facteurs de production, le capital et le travail, oubliant naturellement le troisième, la Nature.

3. Il faut changer le moteur de la croissance et ne plus raisonner en terme de produit mais en terme de services rendus par le produit

4. L’innovation technologique n’a de sens que si elle permet de rendre le même service avec une empreinte écologique globale plus faible. En la matière, les limites de la thermodynamique n’ont pas encore été atteintes et les potentialités de l’économie circulaire commencent à peine à être explorées.

De tels schémas de production existent déjà de façon embryonnaires mais actuellement ces expériences sont encore peu reconnues car elles cumulent tout ce que l’économie classique considèrent comme des défauts rédhibitoires : une productivité déplorable, une recherche de la qualité qui est même antinomique avec la notion de productivité (s’agissant en particulier de services à la personne), une conception du travail fondée sur la capabilité sociale et non sur la productivité individuelle. Pour toutes ces raisons, l’auteur l’appelle pour l’instant l’économie Cendrillon.[Notons que les champs d’activité de cette économie recouvre assez largement ce qui se développe actuellement en France dans le champ de l’Economie Sociale et Solidaire]

Le partage du travail est aussi un des paramètres de cette nouvelle macroéconomie, en partant justement du fait que le travail avant d’être un facteur de production est une capabilité sociale. Si les gains de productivité perpétuels ne sont plus dans ce schéma un impératif inéluctable, il n’en demeure pas moins qu’il sont pourtant utiles parfois.

Dans ce cas, à production constante, les gains de productivité se traduisent évidemment par une diminution de la masse de travail nécessaire . Deux options se présentent alors, soit diminuer le nombre de travailleurs, soit diminuer la quantité de travail de chacun. C’est évidemment vers la seconde solution qu’il faut et qu’on peut aller[voir à cet égard, les travaux de Pierre Larrouturou sur la semaine de 32 puis maintenant 28 heures]

Un investissement écologique suppose qu’on change les équilibres entre consommation et investissements, via l’épargne d’une part (par exemple dépenser plus pour construire son habitat de façon à dépenser moins en valeur et en quantité pour y habiter) et d’autre part qu’on choisisse judicieusement ces investissements :

*investissement qui améliorent l’efficacité dans l’utilisation des ressources (efficacité énergétique, réduction des déchets, recyclage)

*investissements qui substituent aux technologies conventionnelles des technologies plus propres et plus sobres

*investissements dans l’amélioration des écosystèmes (adaptation climatique, reforestation, renouvellement des zones humides)

Les fondements d’une nouvelle macroéconomie écologique sont

- une économie « résiliente », capable d’absorber des chocs éxogènes sans remettre en cause la stabilité

- la garantie de la sécurité des moyens de subsistance (niveau stable de flux de biens et service, répartition équitable et protection du capital naturel

- conservation des équilibres macro-économiques traditionnels (la transition ne peut être que progressive)

- introduction des nouvelles variables : dépendance énergétique, dépendance aux ressources naturelles, plafond d’émission de GES, valeur des services écosystémiques, valorisation du stock de capital naturel. [ces indicateurs existent mais ne sont pas pris en compte actuellement].

Chapitre 9. L’épanouissement –dans certaines limites

Une vie sans honte

Hédonisme alternatif

Le rôle du changement culturel

Dns ce chapitre, nous touchons à un des paradoxes de la société de consommation. Nous consommons parce que la consommation est un facteur d’intégration et pourtant jamais il n’y a eu un sentiment aussi fort de non-intégration. C’est le piège d’une « vie sans honte ». D’où l’appel à un hédonisme alternatif, c’est-à-dire une forme de simplicité volontaire que résume bien cette phrase de Gandhi « Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre. ».

Ce n’est pas actuellement le contenu des messages que ne cessent de nous envoyer le monde politique et les médias qui ne voient la fin de la crise que dans la reprise de la consommation. C’est dire la nécessité d’un changement culturel et l’importance que prend alors en terme d’exemplarité de ce que dans le chapitre précédent l’auteur a appelé l’économie Cendrillon. La stratégie vise alors à favoriser toutes les initiatives visant à modifier les rapports de consommation.[A titre d’illustration, la réintroduction de la blouse à l’école, à défaut de pouvoir introduire l’uniforme comme dans les écoles primaires et secondaires britanniques, serait un bon moyen de lutter contre la dictature des vêtements « de marque »et ce que cela entraîne en termes de gaspillages financiers et physiques]

Chapitre 10. Une gouvernance pour la prospérité

Le rôle de l’Etat

Egoïsme et altruisme

Les variétés du capitalisme

L’Etat schizophrène

Les deux composantes du changement sont d’une part le paradigme de la macroéconomie écologique et d’autre part un nouveau consumérisme.

Dans ce changement le rôle de l’Etat est d’abord de contribuer à changer les référents des représentations sociales et ensuite de réintroduire du long terme là où à présent, nous ne voulons que du court terme.

En dehors de l’Etat, il faut également que se constituent des institutions permettant un équilibre entre égoïsme et altruisme. Actuellement, il est grand temps de renvoyer le balancier vers la valorisation de l’engagement personnel [Les entreprises ont compris cela avant l’Etat en mettant en place des modes de rémunérations non financiers, comme justement l’engagement des cadres dans la société, notamment par le biais des fondations d’entreprises et cela les arrange bien puisqu’elles font d’une pierre trois coups : les cadres se sentent mieux « dans leurs baskets », cela leur évite une nièeme augmentation des primes et c’est bon pour l’image de la marque].

Pris entre ces deux exigences : la promotion de la consommation à outrance pour soutenir le court terme et promouvoir des changements culturels parce que c’est la condition d’un nouvel équilibre à long terme rend l’Etat schizophrène [Le gouvernement de François Fillon étant jusqu’à ces derniers mois caractéristique de cette schizophrénie avec d’un côté un Martin Hirsch, voire même un Fadela Amara et de l’autre une Christine Lagarde ou un Christian Estrosi, Jean-Louis Borloo étant à lui seul l’exemple parfait de l’Etat schizophrène, d’une part réussissant comme on l’a vu le Grenelle de l’Environnement et d’autre part sacrifiant sur l’autel de la rigueur budgétaire la plupart des incitations fiscales qui y étaient liées]

Chapitre 11. La transition vers une économie durable

Etablir les limites

Plafond de ressources et d’émissions – et objectifs de réduction

Réforme fiscale pour la durabilité

Soutien à la transition écologique dans les pays en voie de développement

Réparer le modèle économique

Développer une théorie macroéconomique écologique

Investir dans l’emploi, les actifs et les infrastructures

Accroître la prudence financière et fiscale

Réviser les comptes nationaux

Changer la logique sociale

Politique du temps de travail

Lutte contre les inégalités systémiques

Mesurer les capabilités et l’épanouissement

Renforcement du capital social

Démanteler la culture du consumérisme

Ce n’est pas une utopie

Ici , il est inutile de résumer ce chapitre les sous-titres et titres intermédiaires suffisent à comprendre le contenu déjà largement explicité dans les chapitres précédents.

La double crise économique et écologique va nous mettre de façon très crue face à l’incohérence de nos politiques consuméristes et nous faire redécouvrir les vertus de la frugalité dont l’auteur nous rappelle l’étymologie (le bon fruit).

Les défis sont au moins autant sociaux qu’économiques car il nous faut retrouver le sentiment mutuel de participer à une action commune, non seulement à travers ce que nous sommes mais aussi à travers de ce que nous faisons et produisons, « des citoyens embarqués dans une aventure commune » .

Pour cela, il faut un discours public plus robuste dans lequel le travail reste une valeur forte du modèle dans ces deux sens d’acception (moyen d’existence et moyen « d’exister »).

L’économie relationnelle et l’économie de recyclage nous rendent moins dépendant des activités d’extraction, donc de destruction, des ressources. L’économie classique sera elle-même profondément bouleversée (aller vers une économie circulaire)

Chapitre 12. Une prospérité durable

Visions de la prospérité

Cendrillon au bal ?

La fin du capitalisme ?

Il sera plus que temps…

Au point de départ est une vision de la prospérité conçue comme notre capacité à nous épanouir en tant qu’êtres humains- à l’intérieur des limites écologiques d’une planète finie.

Il convient de souligner que dans ce schéma trois facteurs vont limiter la croissance :

1. L’imposition de limites écologiques, à travers par exemple des budgets carbone
2. L’évolution structurelle vers des activités à faible croissance de productivité voire à productivité décroissante, conséquence d’une amélioration de la qualité d’un service mieux rendu
3. L’orientation des ressources vers des investissements écologiques moins « directement productifs », la productivité étant mesurée par le ratio médiocre profit financiers générés/capital financier investi

Et que parmi ces trois facteurs, il y a une contrainte extérieure et deux orientations politiques.

Il convient de noter également que le travail est une telle valeur qu’il faut apprendre à le partager.

La conséquence de ces choix est : les investissements écologiques étant de long terme et globalement moins productifs on doit assister à un glissement progressif de l’investissement privé vers l’investissement public, [c'est-à-dire l’évolution exactement inverse de ce qui se passe actuellement où même les économies d’énergie en matière d’éclairage public sont financés par le secteur privé via ce qu’on appelle pudiquement des partenariats publics privés, en abrégé PPP, qui sont façon trouvée par ces grands opérateurs de capter une part croissante des budgets des collectivités locales].

Plutôt que la fin du capitalisme, cela signifie une nouvelle approche du rapport entre public et privé dans la gestion des actifs et de l’investissement c’est-à-dire à la fois une « nouvelle gouvernance des territoires » et une « nouvelle gouvernance des entreprises »

C’est donc peut-être à terme, le triomphe de l’économie Cendrillon mais dans la période de transition, la question reste posée de comment organiser le transfert financier de l’économie « classique », même verdie, vers l’économie Cendrillon.

Reconsidérer la Richesse

Rapport Reconsidérer la Richesse (Patrick Viveret)

Préface à l’édition de l’automne 2008 de Reconsidérer la richesse, éditions de l’Aube.
La réédition par les éditions de l’Aube du rapport que j’avais présenté au gouvernement français en 2002 sous le titre «Reconsidérer la richesse» est une occasion de mesurer le chemin parcouru depuis cette date et de penser le nouveau paysage économique social, écologique et culturel dans lequel nous allons vivre désormais. Ce qui était encore il y a six ans une approche extrêmement marginale commence en effet à s’imposer dans le débat public international sous le double effet de la crise écologique et financière.

Ce ne sont plus les seules institutions les plus en pointe comme le Programme des Nations unies pour le développement, à l’origine des « indicateurs de développement humain », ou les courants «alternatifs» qui mettent en cause l’agrégat principal des comptabilités nationales connu sous le terme de PIB (produit intérieur brut).

Terre TV : Reconsidérons la richesse

 

Retrouvez l'interview de
Patrick Viveret, philosophe et auteur du rapport

«Reconsidérer la richesse»

 

 

 

Au cours des trois dernières années des institutions internationales comme la banque mondiale et l’OCDE ont commencé à réviser en profondeur leur position sur les indicateurs de richesse. Plusieurs conférences internationales ont lancé le débat sur la question du décalage entre les enjeux écologiques et sociaux d’une part et la description dominante de la richesse des nations. Le Parlement européen a organisé récemment une grande rencontre intitulée de manière significative « Beyond GDP » (« Au-delà du PIB »). Et il est significatif que cette rencontre ait été construite avec des acteurs importants de la société civile à l’instar de ce que nous avions entrepris en mars 2002 en co-organisant une rencontre internationale avec le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), le secrétaire d’état à l’économie solidaire de l’époque (Guy Hascoët) et le collectif richesse rassemblant des acteurs associatifs soucieux de donner un prolongement citoyen à la mission que je conduisais à l’époque.

Dernière évolution significative en date, l’acceptation par deux prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz et Amartya Sen, de conduire les travaux d’une commission internationale sur la question de nouveaux indicateurs de richesse à la demande du président français.

Sans doute cette dernière initiative montre à quel point cette question de la nature de la richesse des nations peut présenter des aspects contradictoires. Comme le note justement Dominique Meda dans la préface d’une réédition de son livre anticipateur « Qu’est ce que la Richesse1 », on peut se demander si le président de la République française a une claire conscience de ce que la plupart des nouveaux indicateurs de richesse actuellement développés sur le plan international auraient pour effet de mettre davantage en évidence les effets de creusement des inégalités sociales de sa propre politique économique. Mais si contradiction il y a, elle est préférable à la dénégation des problèmes de représentation et de calcul de la richesse qui restait dominante il y a encore quelques années.
 
La situation écologique, sociale et financière qui structure désormais l’horizon planétaire n’autorise plus sans conséquences aggravées, la position dénégatrice. C’est la même logique de démesure (ce que les grecs nommaient « l’ubris ») qui est à l’origine de la crise écologique (dérèglement climatique et risques majeurs pour la biodiversité), de la crise sociale (dont la forme la plus dramatique s’exprime par la crise alimentaire) et de la crise financière. Et cette démesure s’est trouvée accentuée par une représentation et un mode de calcul de la richesse qui en sous évaluant gravement les biens écologiques et sociaux non marchands a lancé le monde dans la course folle d’abord du productivisme industriel oublieux des enjeux écologiques, ensuite d’une financiarisation largement excessive par rapport à l’économie réelle2.

Les alertes de plus en plus fréquentes lancées par les grandes conférences internationales sur le climat, la biodiversité, les sommets de la terre comme ceux de Johannesburg dix ans après celui de Rio, resteront sans effet si nous continuons à être guidés dans le quotidien des entreprises et des institutions par des indicateurs construits dans une époque (l’après seconde guerre mondiale) où la question écologique était totalement ignorée, celle des services non marchands gravement sous estimée et où la vie associative et le travail domestique étaient considérés comme « improductifs ». Nous sommes dans la situation d’un marin qui aurait choisi un nouveau cap mais dont les instruments de bord resteraient réglés sur l’ancien, celui précisément qui nous mène droit sur l’iceberg !

Mais changer nos indicateurs de richesse ne suffit pas. C’est une réorientation en profondeur de nos modes de production, de consommation, de vie qui est en cause. Et cette question vaut à l’échelle mondiale car les pays du Sud sont aux premières lignes des conséquences écologiques et sociales dramatiques de la croissance insoutenable qui est aujourd’hui la nôtre. Le Brésil ne pourra supporter longtemps la destruction de la forêt amazonienne, la péninsule indienne la conséquence de la montée des eaux et la Chine les avancées de la désertification. Il faut cesser de croire que les préoccupations écologiques et de bien être seraient un luxe réservé à des sociétés occidentales tandis que le reste de la planète devrait, lui, parcourir le chemin de l’industrialisation à outrance. La théorie des prétendues étapes obligées du développement s’avère non seulement fausse mais dangereuse. La question écologique est mondiale comme est mondiale la question sociale sans laquelle le défi écologique ne pourra pas être pris à bras le corps car on ne peut demander à des humains dont le projet de vie est à 24 heures (pour reprendre l’expression forte de Bertrand Schwartz) de se soucier de l’avenir de la planète dans quelques décennies.

Il faudra aussi oser la même approche iconoclaste sur la question monétaire. Comme j’ai eu l’occasion de le souligner lors du colloque à l’initiative du Parlement européen, « Beyond GDP », les avancées sur la question des indicateurs devront s’accompagner d’avancées de même nature sur la question monétaire dans les prochaines années. On ne peut remettre en cause les thermomètres sans s’interroger sur la pertinence de leurs unités de graduation qui sont le plus souvent monétaires. Comme le souligne Bernard Lietaer, l’un des anciens directeurs de la banque de Belgique3, la crise financière actuelle va réouvrir le débat de Breton Woods sur la nécessité d’une monnaie réellement mondiale qui ne soit pas, comme le dollar aujourd’hui ou la livre sterling hier, une monnaie nationale. Au moment de la célèbre conférence d’après guerre, Keynes s’était fait le fervent défenseur de cette option également prônée en France par Pierre Mendès France. Une véritable régulation financière mondiale a besoin de cette monnaie mondiale mais celle-ci doit être alors conçue en cohérence avec les enjeux d’un développement écologique et humain réellement soutenable. Il nous faut traiter conjointement et de manière cohérente les problèmes de la crise financière, de la crise écologique et de la crise sociale.

L’ancien directeur de la banque de Belgique fait une proposition très originale pour traiter ce problème : celle d’une monnaie complémentaire mondiale qu’il nomme « la Terra » et dont la caractéristique est de s’appuyer sur un panier de ressources en matières premières afin d’éviter le décollage par rapport à l’économie réelle4. Cette monnaie mondiale aurait en outre l’avantage de favoriser les investissements à long terme par le biais d’un mécanisme théorisé par un ancien banquier Silvio Gesell : celui de la « monnaie franche » qui perd de la valeur au fil du temps si la monnaie n’est pas utilisée ce qui constitue un puissant outil d’évitement de l’emballement spéculatif à court terme. Cette monnaie mondiale complémentaire (car ne se substituant pas aux monnaies nationales) aurait aussi l’avantage de servir d’ancrage aux multiples expériences de monnaies ou de systèmes d’échange complémentaires ou alternatifs qui existent aujourd’hui à l’échelle locale, régionale voire nationale à l’instar du projet SOL que j’avais proposé dans le rapport « Reconsidérer la Richesse » et qui a depuis été expérimenté dans le cadre d’un programme Equal européen dans cinq régions françaises5.

En outre l’existence d’une telle monnaie complémentaire axée sur la valorisation des activités d’utilité écologique et sociale comme l’est aujourd’hui le SOL permettrait de proposer une solution tout à la fois radicale et libérale (au sens positif du terme) à des problèmes tels que les paradis fiscaux. Ceux-ci constituent le poumon financier de l’économie spéculative mondiale et le moyen privilégié de paupérisation des systèmes publics et sociaux du fait de l’évasion fiscale. Ils sont officiellement condamnés par tous les états démocratiques mais maintenus dans l’hypocrisie la plus totale au motif que si un état interdit les paradis fiscaux dans sa zone d’influence il va se trouver pénalisé par la concurrence des autres. Or si une telle monnaie mondiale existait il serait possible de décider que tout flux financier transitant par un paradis fiscal serait converti immédiatement en cette monnaie. Les sommes colossales (onze mille milliards de dollars alors que quelques centaines suffiraient selon les Nations Unies à traiter les problèmes vitaux de la planète comme la faim, l’accès à l’eau potable ou aux soins de base !) seraient alors recyclées dans une économie réelle d’utilité écologique et sociale. Le tout serait réalisé sans imposition et offrirait aux « ultrariches » de la planète6 la possibilité de réaliser plus simplement leurs rêves philantropiques dont la nouvelle mode a été lancée par Bill Gates. Ils auraient en effet le plein usage de cette monnaie dès lors qu’ils satisferaient aux critères écologiques et sociaux sur laquelle elle serait fondée.

Dans le même mouvement, d’autres propositions de mon rapport telle la création d’un plafond de revenu individuel par la création d’un « revenu maximal acceptable » indexé sur les minima sociaux pourrait utiliser ce mécanisme. Toute somme au-delà de ce plafond pourrait être converti en monnaie complémentaire qui n’aurait rien d’une monnaie de singe puisqu’elle serait utilisable partout sur la planète. Dans le même esprit la dette publique des Etats qui, pour l’essentiel, ne provient pas d’un gaspillage démesuré des 35 dernières années mais du changement de mode de création monétaire7, pourrait être libellée partiellement en monnaie complémentaire mondiale ce qui constituerait un fond d’investissement considérable au service de grands travaux d’utilité écologique et sociale.
 
Ce qui serait pénalisé dans une telle perspective, ce ne serait ni l’emploi ni l’investissement productif, ni l’habitat, ni les soins, ni l’éducation …ni aucun usage de la monnaie au service de ce fameux développement durable dont les conférences internationales font régulièrement la promotion. Les seules activités pénalisées par ce mécanisme seraient les activités mafieuses, le luxe démesuré, la spéculation sans rapport avec l’économie réelle, bref ce qui est officiellement condamné ou critiqué par la totalité des autorités morales et la quasi-totalité des personnalités politiques.

Certes les bénéficiaires du système actuel mobiliseraient des moyens de pression considérables pour maintenir un statu quo qui pénalise par ailleurs au moins 80% de la population mondiale. C’est bien pourquoi de telles réformes exigent le développement déjà bien entamé d’une société civile mondiale qui porte de tels projets. L’unification du mouvement syndical mondial saluée par Jacques Delors lors du forum pour un mondialisation responsable8, survenue depuis la première publication du rapport, est une étape importante réalisée dans cette direction. Le projet d’une banque solidaire mondiale qui doit être débattu lors du prochain forum social mondial en fait également partie. Les projets peuvent paraître ambitieux. Mais ils sont à la hauteur des rendez vous critiques auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée. Si la globalisation financière a été pour l’essentiel une arme pour déréguler les protections sociales mises en place à l’échelle des nations, la construction d’une véritable mondialité est aujourd’hui à l’ordre du jour. Et celle-ci passe par l’émergence d’une citoyenneté et d’une gouvernance démocratique terrienne dans laquelle la prise en compte des enjeux écologiques et humains est la seule manière d’éviter l’enchaînement systémique de drames liés aux crises climatiques, financières et sociales en cours.

C’est pourquoi il est nécessaire de porter les questions d’une nouvelle approche de la richesse à la fois dans l’espace des institutions internationales, dans celui des entreprises et bien sûr dans celui de la société civile mondiale. La création du réseau FAIR (forum pour d’autres indicateurs de richesse), destiné à provoquer un débat civique sur ces questions9, la préparation d’une rencontre lors du prochain forum social mondial de Belem, le débat public nécessaire avec la commission Stiglitz et les organisations financières internationales constituent des enjeux importants des prochaines années. Puisse la réédition de ce rapport contribuer à nourrir ce débat démocratique essentiel.

Patrick Viveret, Dinard, août 2008.

 Viveret rapport Reconsiderer la Richesse (fichier pdf 230Ko).

Viveret Reconsiderer la Richesse complet (fichier pdf 1,5Mo).


  1. Sous le titre « Au delà du PIB », éditions Champs. Flammarion, 2008.
  2. Moins de 5% des échanges quotidiens sur les marchés financiers correspondent à des biens et services réels : chiffres donnés par Bernard Lietaer, l’un des anciens directeurs de la banque centrale de Belgique lors de sa conférence à Lille : « mutation mondiale, crise et innovation monétaire » (éditions de l’Aube, juin 2008).
  3. Auteur de plusieurs ouvrages de référence dont « The Future of money » London, Random House, 2001.
  4. Une conférence en français sur ce thème est publiée par les éditions de l’Aube : Mutation mondiale, crise et Innovation monétaire, op cité.
  5. Voir des renseignements sur cette initiative portée par de grands acteurs de l’économie sociale française comme la MACIF, le Crédit Coopératif et le groupe « Chèque déjeuner » et expérimentée en Alsace, Bretagne, Ile de France, Nord Pas de Calais et Rhône Alpes sur http://www.sol-reseau.org/
  6. Selon le PNUD, la fortune de quelques deux cent personnes correspond aux revenus de deux milliards et demi d’êtres humains (cf rapport mondial sur le développement humain).
  7. Voir sur ce point « La dette publique : une affaire rentable », de André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder, éditions Yves Michel 2007, qui montre que l’essentiel de la dette publique vient du transfert du droit de création monétaire par le biais du crédit aux banques commerciales et l’obligation ainsi faite aux acteurs publics de payer des intérêts considérables, ce qui n’était pas le cas lorsqu’ils étaient eux-mêmes responsables de la création monétaire. Sans changement de mécanisme de création monétaire, un pays comme la France, au lieu de ses 1100 milliards de dette publique, serait aujourd’hui en équilibre ou avec une dette de l’ordre de 200 milliards d’euros suivant les scénarios étudiés par les auteurs.
  8. Forum tenu à Lyon en 2006.
  9. Le forum a co-organisé le 22 avril 2008 avec le député Pierre Alain Muet, président d’une commission parlementaire sur les indicateurs de richesse, une rencontre à l’Assemblée Nationale autour du thème : enjeux démocratiques d’une nouvelle approche de la richesse.

Regards sur la Terre 2009

Comment mettre en oeuvre le développement durable?

Plus de quinze ans après la conférence de Rio, la question se pose encore, renouvelée par l'intense mobilisation d'acteurs non étatiques, ONG, entreprises, communautés locales. Constater l'inadaptation du système de gouvernance actuel n'est pas suffisant et il convient d'identifier, parmi les nombreuses dynamiques en cours, les prémices d'une nouvelle gouvernance.
Regards sur la Terre a choisi la gouvernance du développement durable comme thème de son dossier 2009, avec l'ambition de contribuer à la réflexion en cours sur le système de gouvernance actuel et ses évolutions souhaitables.

Au sommaire de cette édition :

  • Le bilan des événements de l'année 2008 et l'agenda des grands rendez-vous de 2009.
  • Le dossier 2009 sur la gouvernance mondiale du développement durable composé de trois parties illustrées de graphiques, encadrés et interviews :
    1. Un système à l'épreuve du développement durable
    2. Dynamiques d'un monde changeant
    3. Gérer durablement la complexité
  • Les repères du développement durable, cartes, tableaux, chronologies, synthèses économiques, sociales et environnementales, offrent une cartographie inédite du développement durable dans le monde.

http://www.iddri.org/Publications/Ouvrages-en-partenariat/Regards-sur-la...

Une éthique pour l'économie, Hugues Puel

Une éthique pour l'économie
Ethos, crises, choix

Résumé

Depuis les années 1980, l'auteur est engagé dans de nombreux débats d'éthique de l'économie. Une évocation très concrète de diverses expériences constitue l'ouverture de ce livre. L'analyse opère ensuite une distinction entre l'ethos et l'éthique. Si l'éthique ou la morale concerne l'agir humain en tant qu'il se réfère à un sens, l'ethos est une représentation sous-jacente de nature plus implicite et collective qui façonne de manière plus ou moins consciente les comportements des acteurs de l'économie à travers les différents modes de penser la religion, le pouvoir ou l'individu.

L'économie étant un processus de destruction créatrice, il n'est pas étonnant que les acteurs de l'économie se trouvent bousculés par une multitude de crises où les facteurs techniques jouent un rôle essentiel. Mais intervient aussi fortement le grand mouvement de monétarisation et de « financiarisation » de l'économie. Cette dernière a pris des formes nouvelles depuis les années 1980 et les crises financières n'ont cessé de se répéter jusqu'à celle de 2007-2008 dont les répercussions se font encore sentir.

Une éthique pour l'économie procède donc d'un discernement complexe sur la réalité des changements en cours et propose des orientations pragmatiques, inspirées de la tradition sociale chrétienne, mais ouvertes à la rencontre d'humanismes divers. Cet ouvrage devrait intéresser les responsables d'entreprises, les militants sociaux, ainsi que tous ceux qui, à différents niveaux, sont concernés par les défis à relever par l'action publique.

Hugues PuelAuteur

Hugues Puel est un spécialiste reconnu par ses travaux en économie du travail et du développement. Frère dominicain depuis 1957, il a travaillé avec le Mouvement « Economie et Humanisme ». Il a été rédacteur en chef de sa revue éponyme de 1968 à 1979, puis secrétaire général de l’association de 1985 à l’arrêt de ses activités en 2007. Assistant de recherche à l’Université de Berkeley (Californie) en 1966-67, il a soutenu une thèse de doctorat d’Etat en sciences économiques sur le thème du chômage aux États-unis en 1968. Il a été maître de conférences à l’Université Lumière Lyon 2 de 1968 à 1993. Il publie régulièrement dans des revues comme « Lumière et vie » et la « Revue d’éthique et de théologie morale » et contribue au Forum du quotidien « La Croix ». Il a écrit une trentaine d’ouvrages seul ou en collaboration. Membre de l’Association des théologiens pour l’étude de la morale depuis son origine, il milite aussi dans plusieurs associations lyonnaises de défense des populations en difficulté.

Table des matières

Introduction 7

EXPÉRIENCES

Quand Wall Street subventionne Harvard 13
Quand un Premier ministre français soutient l'éthique économique 14
Quand la Lyonnaise des eaux et le groupe Schneider fondent une chaire d'éthique à l'École de management de Lyon 17
Quand un mouvement patronal traque la corruption 19
Quand un collectif d'ONG élabore un code de bonne conduite face à l'endettement du tiers-monde 20
Quand le milieu bancaire se soucie de déontologie 22
Quand des patrons français s'intéressent à l'exclusion sociale 24
Quand des chefs d'entreprises catalanes lancent le Manifeste pour des entreprises de qualité humaine 26
Quand des universitaires suisses élaborent une charte des responsabilités communes dans l'activité économique 28
Quand des gaullistes de gauche, des syndicalistes salariés et des chrétiens sociaux promeuvent la société à gestion paritaire 29
Questions et débats 31

PREMIÈRE PARTIE

LA RECONNAISSANCE DES ETHOS

Avant-propos. Qu'est-ce que l'ethos ? 35
Chapitre premier. Les représentations de la religion 43
   La prise en compte de l'ethos relativise la place de l'économie 43
   Évolution des représentations religieuses 45
   Ethos religieux ou ethos séculier ? 49
Chapitre II. Les représentations du pouvoir 57
   Le pouvoir substantiel 59
   Le pouvoir totalitaire 63
   Le pouvoir vide 66
   Le pouvoir relatif 67
   Le pouvoir démocratique 68
Chapitre III. Les représentations de soi 75
   L'émergence du sujet 76
   Entre émancipation et aliénation 80
   Le sujet et sa conscience 83
   Les représentations de soi de l'homme économique 86
   « Homo oeconomicus » « versus » « homo donator » 89
   Représentations anthropologiques et transformation de l'ethos 94

DEUXIÈME PARTIE

UN MONDE EN CRISES

Introduction. Crises et temporalités 101
Chapitre premier. Les figures bousculées des acteurs de l'économie 105
   De l'entrepreneur au financier 105
   Travailleur, prolétaire, salarié 110
   Du consommateur de l'opulence à celui de la décroissance 116
Chapitre II. La technique entre bienfaits et catastrophes 123
   Les révolutions techniques 124
   Les effets de la technique sur le travail humain 125
   Le débat sur la nature de la technique 131
   Techniques et catastrophes 133
   Une économie de l'information 135
Chapitre III. De l'économie naturelle à l'économie monétarisée 143
   L'ethos catholique nostalgique de l'économie naturelle 145
   La monétarisation de l'économie 149
   De la monétarisation à la financiarisation 154
Chapitre IV. Les crises de l'économie financiarisée 159
   Le système monétaire de Bretton Woods et son effondrement 160
   Première conséquence : le tiers-monde et le poids de la dette 162
   Deuxième conséquence : les crises financières à répétition 164
   Le scandale d'Enron 166
   2007 : les prodromes d'une nouvelle crise 171
   Titrisation et dissémination du risque 172
   Les calamités de l'année 2008 175   La crise est systémique 177

TROISIÈME PARTIE

LES CHOIX

Introduction. Le discernement des choix 183
Chapitre premier. Une économie au service de l'homme 187
   Étude de cas : les actions de groupe 187
   Libéralisme, capitalisme, démocratie 190
   Socialisme, totalitarisme, économie de marché 193
   Le socialisme et le libéralisme sont-ils associables ? 196
   Où sont les vrais défis à relever ? 197
   L'apport de la tradition sociale chrétienne 200
Chapitre II. L'entreprise, lieu de production des biens et des services 203
   L'enseignement social catholique 203
   L'entreprise est un lieu de fictions juridiques qui défient l'éthique 208
   Une pédagogie d'éthique de l'entreprise 213
   Crise financière et économie cognitive 215
   Des voies nouvelles sont à trouver 220
Chapitre III. Ancrages territoriaux 223
   Qu'est-ce qu'un territoire ? 224
   L'intégration économique 227
   La dynamique urbaine 232
Chapitre IV. L'État entre violence et fraternité 241
   L'État a-t-il le monopole de la violence légitime ? 242
   Reconnaissance et limite de l'État 245
   Un code de déontologie de l'action gouvernementale 247
   L'État, la nation, la République 251
Chapitre V. Interdépendances et ouverture au monde 255
   Entre inscription dans le quotidien et apocalypse écologique 256
   Les dimensions économiques de la mondialisation 260
   Les acteurs de la gouvernance mondiale 265
   Une humanité en mouvement 274
Chapitre VI. Humanisme séculier et personnalisme chrétien 281
   Un humanisme ordinaire 281
   L'humanisme séculier 284
   Le personnalisme chrétien 287
   Témoignages d'un humanisme évangélique 291
Conclusion 297
Index des noms propres 301