Les ateliers ludiques surprennent petits et grands
L’architecte et urbaniste Emmanuelle Andreani a découvert les Dialogues en humanité en 2007, ainsi que ses deux filles. Toutes trois ont participé à des ateliers ludiques et instructifs... sur tous les plans. Emmanuelle Andreani en témoigne. (chapeau)
Françoise Nowak : Emmanuelle Andreani, vous êtes architecte et urbaniste. Les Dialogues en humanité de cette année 2007 sont les premiers auxquels vous participez. Comment avez-vous découvert cette manifestation, et qu’y avez-vous fait ?
Emmanuelle Andreani : Mon mari est lui aussi architecte et urbaniste. A ce titre, il a été invité à participer à un des grands débats programmés dans le cadre de cet événement, sur le thème du lien entre la nature et la ville. J’ai trouvé intéressant de venir voir de quoi il retournait, en participant hier à un atelier consacré à la ville de demain, organisé par EDF, et en revenant aujourd’hui avec mes deux filles. Elles ont pu ainsi profiter d’une proposition de l’association Quart Monde, qui tient un stand destiné à sensibiliser les enfants sur la thématique de la différence et la pauvreté, et nous avons également joué à un jeu associatif, ludique et instructif sur l’intérêt de s’unir pour réaliser des objectifs bénéfiques pour chacun.
F. N. : Qu’avez-vous retiré de votre atelier d’hier ?
E. A. : Ce jeu de rôle a fait en sorte que les personnes de milieux très différents qui étaient là se sont écoutées. Son objectif était de faire comprendre à tous comment fonctionne une ville, et de nous en faire imaginer ensemble une qui consommerait moins, et valorisait ses déchets en tenant compte des points de vue de chacun. Nous avons donc évidemment parlé de la maison individuelle et, au départ, deux camps se sont constitués. Les tenants de ce type d’habitat avaient une grande répugnance pour les barres d’immeubles. Les autres, dont je faisais partie, excluaient la solution pavillonnaire, parce qu’elle est créatrice d’étalement urbain, dévoratrice d’espace naturel, et qu’elle rend quasi incontournable le recours à la voiture dans la ville. Comme dans le cadre de mon activité, je donne des cours sur le thème du projet urbain à des étudiants, j’avais déjà réfléchi à cette question, et cet atelier m’a donné l’occasion de tester mes idées. J’ai réussi à convaincre la dame la plus violemment opposée, dans le groupe, à l’habitat collectif, du bonheur qu’elle pourrait éprouver à vivre dans ce que j’appelle un « immeuble-villa ». Dans une telle structure, les cages d’escalier permettraient un accès individualisé à des appartements différents les uns des autres, et toutes ces unités d’habitations donneraient sur un parc collectif, fait de terrasses-jardins, par un accès qui leur serait spécifique. J’ai été entendue ! De plus, cette dame et moi avons toutes deux retiré de cette conversation une sensation très positive. C’est très encourageant pour moi, sur le plan professionnel !
F. N. : Aujourd’hui, 7 juillet 2007, que s’est-il passé, pour vos filles ?
E. A. : Tout d’abord, elles ont suivi un atelier auquel je les ai simplement accompagnées. Dans un premier temps, les animateurs de l’association Quart Monde les ont invitées à regarder une exposition de dessins, en leur expliquant dans quel contexte ces dessins avaient été faits et ce qu’ils racontaient.
Il s’agissait de travaux d’enfants pauvres à qui l’on avait demandé, d’une part, de dessiner collectivement sur un même papier ce qu’ils voulaient, avec l’idée de réaliser quelque chose d’harmonieux ensemble, et d’autre part, en complément, d’écrire chacun, dans une forme de cœur figurée à un endroit précis « ce qu’on ne voit pas ». Puis les animateurs ont proposé aux enfants qui étaient présents de faire la même chose. La plus petite de mes filles m’a fait inscrire dans le cœur : « que les enfants pauvres puissent venir dans le parc », et elle pensait, bien sûr, au Parc de
En tout état de cause, elles ont couru ensuite chercher leur père pour lui raconter ce qu’elles avaient fait, et il ne fait aucun doute pour moi que grâce à cet atelier, l’une et l’autre ont été sensibilisées à ces enfants pauvres qu’elles ne côtoient pas, et plus généralement à « l’autre » : à tous les humains qu’elles ne connaissent pas.
F.N. : L’atelier que vous avez fait ensuite avec vos deux filles vous a-t-il apporté autre chose ?
E. A : Oui, car il s’agissait d’effectuer des action très physiques à plusieurs- comme gonfler une toile de parachute en la soulevant- sans se parler… C’était donc à la fois très drôle et bien moins évident qu’il n’y paraît ! Se mettre d’accord et se coordonner avec quelqu’un à distance, rien qu’au regard, demande beaucoup d’attention et d’engagement de soi, mais c’est réjouissant! Nous étions 10 personnes, et nous avons joué à faire rouler une balle sur cette toile puis à la faire passer dans le trou central de cette bâche, et même à passer tous nous-mêmes sous le tissu… J’ai éprouvé beaucoup de plaisir à chaque étape, et nous avons tous beaucoup ri. J’ai ainsi découvert qu’on pouvait donner envie d’être coopératif avec très peu de moyens, et que pour certaines choses qui paraissent simples de l’extérieur, une coopération d’au moins trois personnes s’impose. Seul ou même à deux, c’est l’échec assuré ! Réussir à plusieurs, avec du plaisir pour chacun. Que rêver de mieux ?
F. N. : Reviendrez vous en 2008 ?
E. A. A priori oui… et avec enthousiasme ! J’espère d’ailleurs qu’il y aura au programme davantage de propositions d’activités pour les enfants.
Propos recueillis le 7 juillet 2007 par Françoise Nowak