Déclaration de Porto Novo

1ère édition au Bénin : du 9 au 11 mai 2014

Nous, participants des Dialogues en Humanité réunis au Bénin, à Porto Novo, sous les arbres ancestraux du Jardin des Plantes et de la Nature, souhaitons faire ensemble la déclaration suivante:

En ce 10 mai, jour anniversaire de la terrible barbarie que représenta l'esclavage,

ici au Bénin, au cœur de cette Afrique, principale victime de cette barbarie inter humaine, mais aussi berceau de notre humanité, prenons conscience des risques qui pèsent sur le devenir de notre famille humaine, mais aussi des potentialités infinies qu'ouvrirait sa propre humanisation.

Au moment où de nombreux rapports internationaux évoquent le risque d'un effondrement mondial dans les prochaines décennies si nos sociétés continuent à aggraver leurs inégalités et à détruire leurs écosystèmes, nous affirmons la nécessité de sortir de l'obsession compétitive pour développer des logiques coopératives tant à l'égard des humains que de la nature. Cette coopération s'inscrit dans la perspective de sociétés qui font de la convivialité et du "buen vivir" le cœur de leur projet.

Il est temps de déclarer suicidaire pour notre famille humaine toutes les formes de la guerre qu'elles soient économiques, politiques ou religieuses, toutes les logiques qui conduisent à imposer la loi des plus forts en éliminant ou en dominant les plus faibles. Loi terrible qui fut à la source de toutes les formes de maltraitance, voire d'esclavages d'hier comme d'aujourd'hui.

Nous affirmons également la nécessité de rompre avec un rapport guerrier et prédateur à la Nature dont l'expérience de ville verte rurale de Songhai montre la possibilité.

Nous déclarons qu'il est temps désormais de construire les conditions d'une pleine citoyenneté pour tous les membres du "peuple de la Terre".

Cette citoyenneté résultera de la pleine application des droits fondamentaux de chaque être humain proclamés après la seconde guerre mondiale, mais aussi de la reconnaissance de leurs droits civiques et de la nécessité de constituer désormais une communauté politique cohérente avec de tels droits.

Toutes les formes d'organisation humaine, qu'elles soient sociales, politiques, économiques, culturelles, n'ont de légitimité que pour autant qu'elles respectent ces principes et concourent au bien commun de l'humanité et à la préservation de la Nature dont elle est l'une des composantes. Il n'est pas acceptable que des nations, des entreprises, des religions, des familles ou toute autre forme d'organisation humaine, se réclament de leur identité ou de leur histoire pour dénier ces droits fondamentaux.

Nous avons besoin en revanche de replacer l'économie et la politique, la monnaie et le pouvoir, au rang de moyens et non de fins. De même, nous devons faire de la pluralité des traditions de sens et de sagesse non une cause de guerre de civilisation mais une chance et une source d'élévation de la conscience humaine.

Pour notre propre compte, nous participants à ces Dialogues en Humanité qui doivent se prolonger prochainement en Europe, au Brésil, en Inde, en Éthiopie, dans les prochains mois, prenons l'engagement d'œuvrer dans le sens des principes de cette déclaration.

Parmi les premiers signataires

Geneviève Ancel, Irène Koukoui Dehoumon, Christine Adjahi, Patrick Viveret, Shoki Ali Said, Talal Lafrie , Olabiyi B. Joseph Yai, Catherine André, Godffrey N'Zamudjo, Talal Lafrie, Karima Mondon, Léocadie Ligan, Rita Sodjiédo, Nadia Dohou, Michel Arthur Tévoedjre, Christian Epanya, Joseph Adjahi, Geneviève Bouchez Wilson, Evelyne Briois, Valérie Valette, Débora Nunes, Emerson Sales, Baba Kéita, Afiss Adamon, Franck Ogou, Judes Zounmenou, Richard Hounsou, Rachidatou Dougbe, Annabelle-Mauve Adjognon, Annie Gourdel, Henryane de Chaponay, N'dah Marcel Oya, Amjad Lafrie, Suleyman Mondon, Félicité Kougblénou, Michel Ahambada, Denise-Emma Achiata Mamah-Djiman, Antoine Bocco, Christian Dehoumon, Nouréini Tidjani-Serpos, Ludovic Couao-Zotti, Alphonse Gaglozoun, Olivier Hounga, Edith Couthon, Virgine Adjaho, Augustin Hontongnon Kouglo, Eric Akogbe, Tola Koukoui, Samuel Houssou, Augustin Houénou, ...