Synthèse de l’atelier «La ville du 21ème siècle»
L’atelier a pris la forme d’une table ronde. Chacun a pu exprimer sa propre réponse à la question : « la ville demain, c’est quoi pour vous ? ». La séance a duré 2 heures environ. Nous étions une vingtaine au début, une cinquantaine à la fin. Chaque nouvel arrivant étant écouté, il n’y a pas eu de temps pour un réel débat.
Les idées émises font apparaître cinq « souhaits » ou « attentes » majeurs, apparemment assez largement partagés. Derrière ces cinq souhaits cependant, émergent des tendances différentes quant à la manière d’y parvenir.
« La ville, un espace convivial, un lieu où l’on se parle » est le souhait le plus fréquemment évoqué. Mais plusieurs tendances émergent sur la manière d’atteindre cette convivialité :
Est-ce une question de taille ?
- Il y a plus d’égoïsme à la ville qu’à la campagne.
- La ville, c’est la pollution, des odeurs désagréables.
- Il faut rechercher des villes plus petites à taille humaine : déserter les grandes villes.
- Quelles transitions entre quartiers et villes ?
Est-ce une question d’aménagement ou d’organisation des espaces de proximité ?
- La ville c’est un lien social. A travers le commerce de proximité par exemple.
- Favoriser les lieux de rencontre comme les cafés.
- A Auroville (ville expérimentale en Inde), il y a des cuisines communautaires pour se rencontrer : mutualiser les services, ou même créer des lieux de travail communautaires ?
- Les transports en commun : des lieux de rencontre.
- Permettre à la fois la rencontre et l’isolement, l’intimité.
- Le modèle ville/nature est déstructuré. Il faut le ré inventer et expérimenter.
- Ici à Lyon, on part sur de bonnes bases. Les espaces publics sont agréables.
- Des initiatives intéressantes qui facilitent le lien social : vélo, partage de voitures… A condition de partager les vélos, pas la publicité ! Et de créer plus de pistes cyclables.
D’art et de culture ?
- Les arts facilitent la communication interculturelle. La ville peut devenir un lieu de co-développement culturel.
Ou bien est-ce une question d’animation, d’éducation ?
- Il peut y avoir du lien dans les quartiers, même en ville : l’animation autour des enfants par exemple.
- En Suisse parfois, des concerts sont organisés chez les particuliers.
- Et l’intergénérationnel ?
- Quelles règles de vie commune ?
- Penser aux conséquences de nos actes : une clé de la convivialité
- Education : pour apprendre à vivre ensemble ?
- Parler aux agents de la propreté, c’est aussi ça la convivialité
« La ville, un espace sécurisant » apparaît en deuxième point, très en lien avec le précédent : « Ce qui empêche souvent l’échange et le dialogue, c’est la peur de l’autre ».
Une tension s’exprime cependant assez vivement sur ce qui permettrait de développer le sentiment de sécurité :
D’un côté, plus de surveillance, notamment par le biais de la vidéo :
- Comment éviter la violence urbaine ?
- La vidéo surveillance semble parfois donner de bons résultats.
- Elle a permis d’arrêter récemment des terroristes en Angleterre.
De l’autre, le développement de la responsabilité individuelle et collective :
- Des caméras partout, c’est épouvantable !
- Aujourd’hui nous sommes dans la mono-spatialité et la mono-fonctionnalité. Il faudrait plus de liberté, moins de contrôle.
- Les espaces trop artificialisés, trop réglementés, ne sont-ils pas générateurs de conflits ?
- Quelle place pour le non humain, où la nature n’est pas domestiquée ? Faut-il des espaces anarchiques ?
- Des espaces à « s’approprier ensemble » sans doute, mais plutôt « naturels » qu’ « anarchiques » !
- Comment assurer la coresponsabilité de l’espace public ? Devenir éboueur une semaine ?
Et enfin, une approche un peu différente du concept de sécurité :
- La ville, c’est un bien commun, un lieu où on recherche la sécurité, face à un monde complexe.
- L’identité territoriale : sécurité face à la mondialisation ?
- Retrouver sa propre ville, son propre choix, c’est retrouver sa propre vie.
« Limiter les déplacements domicile-travail » est un enjeu fort pour tous, vu sous l’angle social plutôt que sous l’angle de l’aménagement ou de l’environnement : « Aujourd’hui nous vivons dans deux mondes qui s’ignorent : le boulot, et la vie sociale ».
Cet enjeu partagé fait ici émerger deux visions prospectives très différentes de notre rapport au travail et de nos modes de vie, à l’échelle internationale.
Première vision : la « nomadisation ». C’est le lieu de travail qui devient fixe, non plus le lieu d’habitation. La mobilité résidentielle est facilitée voire généralisée.
- De plus en plus de gens se déplacent de ville en ville, et de pays en pays, au gré de leur travail. Quel est le temps de « passage » réel dans une ville ?
- Que faire pour ces gens « de passage » (de plus en plus nombreux) ?
- La ville de demain : un lieu de rencontre entre personnes nomades ?
- On peut développer des lieux d’accueil, de rencontre. Les chambres d’hôtes par exemple ?
- Faut-il envisager une ville 24/24 ? A quel coût ?
Deuxième vision : la « sédentarisation ». Le télétravail se développe et facilite le maintient des populations dans des espaces ruraux ou semi-ruraux.
Un participant vietnamien explique : « Au Vietnam, j’essaye d’expliquer que le développement du télétravail permet d’éviter l’exode rural. La ville c’est l’isolement, c’est plus difficile à vivre quand on a peu de moyens. Le village, c’est une communauté solidaire, c’est la sécurité sociale ».
Réaction d’un autre participant : « Le télétravail c’est horrible ! Le travail est un lieu fixe de socialisation ».
« Une ville qui préserve son environnement » est évoquée plus rarement.
- Rechercher l’autonomie énergétique
- Quel traitement des déchets ?
- Maintenir une agriculture périurbaine pour nourrir la population
Malgré l’approche de l’atelier qui invitait à « rêver » la ville de main, quelques angoisses ne peuvent être retenues :
- Où loger les 3 millions d’êtres humains à venir ?
- Est-ce qu’on a le temps de réfléchir ?
Au fil des échanges, il apparaît assez clairement que nos « représentations mentales » de la ville sont différentes, souvent négatives.
La nécessité de « penser la ville autrement et ensemble pour en faire un bien commun » revient souvent.
- La ville est perturbatrice, mais c’est aussi un facteur de croissance
- Nous sommes en pleine crise esthétique et symbolique.
- Il faut se connecter à soi pour s’adapter à la ville, et l’adapter à ce que l’on cherche (ex. d’Auroville). La ville est l’espace physique du vécu intérieur.
- La vraie question c’est : qu’est-ce qu’on demande à la ville ?
- RELIER = travailler tous ensemble. La ville comme projet commun.
- Construire la ville de demain : un travail à réaliser en commun.
- Il faut plus de spontanéité, plus de co-construction
Et pour terminer, quelques conseils aux professionnels de l’urbanisme :
- Votre titre est à revoir, plutôt « les villes » du 21ème siècle. Il n’y aura jamais un seul modèle.
- Un fil rouge pour penser la ville : l’écologie. Comment réduire les impacts environnementaux ?
- Une trame : la vie sociale.
- Plus d’ingénierie de la participation, moins d’ingénierie d’aménagement !
Le mot de la fin :
« Mon rêve pour la ville de demain : une ville où l’on voit le ciel, une ville qui fait fleurir l’enthousiasme ! ».