3 juillet 2014

Dialogues "L'esprit de résistance et la résistance de l'esprit" au mémorial de la prison de Lyon Montluc

Pour l’ouverture des Dialogues en humanité 2014, le Mémorial de la Prison de Montluc nous invite à revenir sur un site marquant de l’histoire lyonnaise.
C’est à la Prison de Montluc que sont détenus et que transitent de nombreux Juifs et résistants de la région Rhône-Alpes, dont les enfants d'Izieux, durant l’Occupation et le Régime de Vichy. Mais la Prison de Montluc représente encore un haut lieu de la résistance : Jean Moulin, Marc Bloch, Raymond Aubrac en sont les figures les plus célèbres. D’autres évènements en font aussi un lieu de mémoire imposant : la présence des Algériens du FLN et du MNA pendant la guerre d’Algérie, suite à quoi elle devient prison pour les antimilitaristes (objecteurs et insoumis) dès la fin des années 60. Depuis 1955, la prison est le lieu d'excécution des condamnés à mort à Lyon, jusqu'en 1981. Les derniers prisonniers de droit commun sont des femmes, dont certaines avec leur enfant, jusqu’en 2009.
La Prison est reconvertie aujoud'hui en lieu de mémoire pour célébrer et entretenir la résistance de l’esprit, au fondement de la dignité humaine.

Qu’est-ce qui permet aux hommes et femmes de faire face, de garder leur dignité dans les situations les plus inhumaines ?

Les différents témoignages permettront de saisir l’importance de la résistance de l’esprit face à de telles épreuves.

16h30 - 17h : Accueil par les jeunes du projet Voix et Chemins d'Europe (VoCE)
Au cours de cette semaine le projet Voix et Chemins d'Europe organise une rencontre de jeunes issus de Pologne, Bosnie, Allemagne et de France. Au travers d'une création artistique, leur projet porte une réflexion sur la citoyenneté européenne ainsi que sur la commémoration commune et fraternelle que l'on peut imaginer au centenaire de la Grande Guerre. 

17h - 18h : Visite du mémorial de la prison du Fort de Montluc grâce à l'équipe de médiateurs du site. Les visiteurs pourront s'imprégner de l'esprit du lieu, qui a été, à la fois, une place de grandes atrocités mais aussi de grandes preuves de résistance. Cette visite présentera l'histoire générale du site avec une performance du chorégraphe et danseur Azdine Benyoucef, "expression artistique entre hier, aujourd'hui et demain".

18h30 - 19h45 : Mémoires Croisées de victimes de violences et d'enfermement. Les témoignages de rescapés de la prison de Montluc seront confrontés à ceux d'autres victimes de régime totalitaire ou de génocide sur le thème de la résistance de l'esprit. Ces témoignages donneront lieu à un dialogue sur ce qui permet à l'esprit de tenir face aux atrocités subies, ainsi que sur le pouvoir de reconstruction des hommes et des nations.

19h45 - 20h : Chant a cappela "Cum dederit", extrait de Nisi Dominus de Antonio Vivaldi
Par Malika Bellaribi-Le Moal : « la diva des banlieues ». Le parcours extraordinaire de cette chanteuse lyrique est une preuve de résistance et de détermination face au handicap et aux épreuves de la vie.

Lorque l’humanité laisse place à sa barbarie, il importe de réfléchir à la façon dont les hommes et les femmes résistent à la destruction de leur esprit et de leur dignité. Comment ils se reconstruisent ? Comment les nations se reconstruisent ?
Les Dialogues de Montluc entrent en résonnance avec le thème des Dialogues en humanité : comment les nations passent elles de la paix à la guerre, et surtout de la guerre à la paix ? Pour construire le 21ème siècle trouvons des alternatives à la peur, à la violence et à la guerre.

 

Au coeur des Dialogues en humanité, nous faisons nôtre la Déclaration de Porto Novo du 10 mai 2014

1ère édition des Dialogues en humanité au Bénin : Nous, participants des Dialogues en humanité réunis du 9 au 11 mai 2014 au Bénin, à Porto Novo, sous les arbres ancestraux du Jardin des Plantes et de la Nature, souhaitons faire ensemble la déclaration suivante:

En ce 10 mai, jour anniversaire de la terrible barbarie que représenta l'esclavage,

ici au Bénin, au cœur de cette Afrique, principale victime de cette barbarie inter humaine, mais aussi berceau de notre humanité, prenons conscience des risques qui pèsent sur le devenir de notre famille humaine, mais aussi des potentialités infinies qu'ouvrirait sa propre humanisation.

Au moment où de nombreux rapports internationaux évoquent le risque d'un effondrement mondial dans les prochaines décennies si nos sociétés continuent à aggraver leurs inégalités et à détruire leurs écosystèmes, nous affirmons la nécessité de sortir de l'obsession compétitive pour développer des logiques coopératives tant à l'égard des humains que de la nature. Cette coopération s'inscrit dans la perspective de sociétés qui font de la convivialité et du "buen vivir" le cœur de leur projet.

Il est temps de déclarer suicidaire pour notre famille humaine toutes les formes de la guerre qu'elles soient économiques, politiques ou religieuses, toutes les logiques qui conduisent à imposer la loi des plus forts en éliminant ou en dominant les plus faibles. Loi terrible qui fut à la source de toutes les formes de maltraitance, voire d'esclavages d'hier comme d'aujourd'hui.

Nous affirmons également la nécessité de rompre avec un rapport guerrier et prédateur à la Nature dont l'expérience de ville verte rurale de Songhai montre la possibilité.

Nous déclarons qu'il est temps désormais de construire les conditions d'une pleine citoyenneté pour tous les membres du "peuple de la Terre".

Cette citoyenneté résultera de la pleine application des droits fondamentaux de chaque être humain proclamés après la seconde guerre mondiale, mais aussi de la reconnaissance de leurs droits civiques et de la nécessité de constituer désormais une communauté politique cohérente avec de tels droits.

Toutes les formes d'organisation humaine, qu'elles soient sociales, politiques, économiques, culturelles, n'ont de légitimité que pour autant qu'elles respectent ces principes et concourent au bien commun de l'humanité et à la préservation de la Nature dont elle est l'une des composantes. Il n'est pas acceptable que des nations, des entreprises, des religions, des familles ou toute autre forme d'organisation humaine, se réclament de leur identité ou de leur histoire pour dénier ces droits fondamentaux.

Nous avons besoin en revanche de replacer l'économie et la politique, la monnaie et le pouvoir, au rang de moyens et non de fins. De même, nous devons faire de la pluralité des traditions de sens et de sagesse non une cause de guerre de civilisation mais une chance et une source d'élévation de la conscience humaine.

Pour notre propre compte, nous participants à ces Dialogues en Humanité qui doivent se prolonger prochainement en Europe, au Brésil, en Inde, en Éthiopie, dans les prochains mois, prenons l'engagement d'œuvrer dans le sens des principes de cette déclaration.

Parmi les premiers signataires
Geneviève Ancel, Irène Koukoui Dehoumon, Christine Adjahi, Patrick Viveret, Shoki Ali Said, Olabiyi B. Joseph Yai, Catherine André, Godffrey N'Zamudjo, Talal Lafrie, Karima Mondon, Léocadie Ligan, Rita Sodjiédo, Nadia Dohou, Michel Arthur Tévoedjre, Christian Epanya, Joseph Adjahi, Geneviève Bouchez Wilson, Evelyne Briois, Valérie Valette, Débora Nunes, Emerson Sales, Baba Kéita, Afiss Adamon, Franck Ogou, Judes Zounmenou, Richard Hounsou, Rachidatou Dougbe, Annabelle-Mauve Adjognon, Annie Gourdel, Henryane de Chaponay, N'dah Marcel Oya, Amjad Lafrie, Suleyman Mondon, Félicité Kougblénou, Michel Ahambada, Denise-Emma Achiata Mamah-Djiman, Antoine Bocco, Christian Dehoumon, Nouréini Tidjani-Serpos, Ludovic Couao-Zotti, Alphonse Gaglozoun, Olivier Hounga, Edith Couthon, Virgine Adjaho, Augustin Hontongnon Kouglo, Eric Akogbe, Tola Koukoui, Samuel Houssou, Augustin Houénou, ...